Sœurs Agazzi

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Rosa et Carolina Agazzi
Nom de naissance Agazzi
Naissance (Rosa) et en 1870 (Carolina)
à Volongo (Italie)
Décès (Rosa) et le 24 novembre 1945 (Carolina) (à 84 ans)
à Volongo, Italie (Rosa) et à Rome, Italie (Carolina)
Activité principale
Enseignantes, pédagogues et éducatrices spécialisées

Les sœurs Agazzi, Rosa Agazzi (née le à Volongo, dans la province de Crémone, en Lombardie et morte dans la même ville le ) et Carolina Agazzi (née en 1870 à Volongo et morte dans la même ville en 1945), sont deux enseignantes italiennes qui ont eu un rôle précurseur dans le domaine de l'éducation de la petite enfance en Italie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les sœurs Agazzi ont été les fondatrices d'une école maternelle pour les enfants pauvres, près de Brescia, accordant de l'importance à l'atmosphère affective dans laquelle se situe l'éducation des enfants. Il s'agit d'une approche née d'une critique de la méthode Fröbel, tout en reprenant certains éléments de celle-ci.

Méthode pédagogique[1][modifier | modifier le code]

La méthode des sœurs Agazzi est souvent assimilée à celle de Montessori[2], or, Rosa et Carolina en sont les pionnières, puisque leur méthode a vu le jour à la fin du XIXe siècle.

Leur méthode est basée sur le respect scrupuleux de la liberté et de la spontanéité des enfants au moyen de travail réalisé de façon indépendante et d'une présentation des contenus à travers des activités récréatives. Contrairement à la méthode Montessori, elle n'utilise pas de matériel perfectionné et couteux, mais plutôt des matériaux de récupération plus en relation avec les origines modestes des enfants auxquels elle s'adressait ; et surtout les sœurs Agazzi reprochent au matériel Montessori son caractère artificiel, préférant l'expérience directe[3].

La méthode Agazzi a influencé de façon significative l'éducation des enfants en Italie. Selon les données du ministère italien de l'éducation[réf. nécessaire], en 1948, 74 % des enfants de l'école italienne la suivaient.

Les points clés en sont les suivants :

  • Une éducation sensorielle fondé sur un travail sur les couleurs, les matériaux et les formes des objets.
  • Une éducation intellectuelle fondée sur l'exploration du monde et la perception naturelle des concepts.
  • Une éducation morale réprouvant l'agressivité et incluant la pratique de la religion et l'éducation physique.

Leur rôle a été un peu éclipsé par la suite, ce qui amène Daniel Hameline à interroger « Montessori n'a-t-elle pas assis sa réputation en gommant le rôle des sœurs Agazzi, en réécrivant à son seul profit l'histoire des premières case dei bambini romaines, et en verrouillant un mouvement à sa dévotion ? »[4]

La méthode se fonde sur deux aspects principaux : d’une part, que l’enfant n’est plus spectateur de sa vie, c’est-à-dire qu’il ne doit plus se laisser guider dans la vie comme c’était le cas auparavant, il devient donc acteur de ses propres actes. En effet, l’enfant n’aura plus affaire aux avis et aux choix des professeurs puisque ce sera à lui de prendre ses propres décisions (en ce qui concerne les activités ou le domaine personnel). D'autre part, Rosa et Carolina considèrent que le centre d’apprentissage de formation de l’enfant se fait à partir de son expérience personnelle ; ainsi, en se basant sur le deuxième principe, elles veulent créer dans l’école une ambiance "comme chez soi", avec sa famille même si cela restera une ambiance ordonnée, propre et organisée.

“Non si arriva allo spirito infantile se non passando per le vie dei sensi.”  Comme les enfants font eux-mêmes les choses, alors l’enseignant intervient seulement en cas de grosse difficulté de réalisation d’une tâche.

Création de l'école maternelle [1][modifier | modifier le code]

Sous l'encouragement de Pietro Pasquali, elles fondèrent en 1895, près de Brescia, la première école maternelle.

Cette nouvelle institution veut s’inspirer de l’ambiance familiale tout en restant dans un cadre structuré et harmonieux où l’on souhaite que les professeurs et autres adultes aident les enfants. Dans ce nouveau lieu, enfants comme adultes devront alors agir, parler et vivre comme s’ils étaient chez eux, c’est-à-dire en y donnant du respect pour chacun, de la bienveillance, mais aussi avoir une mentalité de groupe pour ne pas penser égoïstement puisqu’ici, l’entraide est un des facteurs de création de cette école.

Les sœurs proposent une transformation de l'école afin de la rendre plus adaptée aux enfants. L'enfant est dans un environnement qui a stimulé sa créativité et son dialogue avec l'adulte.

Cette école maternelle privilégie les exercices de la vie pratique comme les chants, les exercices de décoration basiques, les activités manuelles, le jardinage, les animaux, mais aussi du dessin spontané (on peut aussi parler d’éducation esthétique). Ainsi, en laissant place à leur imagination, ils pourront alors créer leurs propres expériences pour raconter à autrui ce qu’ils pensent du monde extérieur qui les entoure. Cette méthode prend pour matériaux des instruments des plus variés aux plus impensables ; ils apprennent à partir d’objets de la vie courante (à la différence de la méthode Montessori).

Cette école donne un rôle important au jardinage. En effet, Rosa Agazzi insiste sur le fait qu’il faut garder cette discipline en école maternelle puisque cela occupe les enfants agréablement dans un travail en plein air et non enfermé dans une salle ; ce travail est quelque chose d’utile puisqu'après les plantations qu’ils ont pu faire en début d’année, les enfants pourront déguster ou contempler le fruit de leur travail. Le jardinage permet aussi, selon Rosa Agazzi, de les instruire sur le cycle des saisons en rapport au cycle naturel, les plantes cultivées et de les éduquer sur le sens de la propreté et des responsabilités.

L’école maternelle communauté de type familial[modifier | modifier le code]

Les asiles comme école maternelle sont une grande maison bien aérée et pleine de lumière, dans laquelle les enfants se racontent leur journée qui est alternée entre les activités libres (chant, jardinage..) et les jeux.

Dans les asiles et dans l’école maternelle, nous trouvons ont un aménagement particulier, petites chaises, tableaux aux murs, fleurs, petites tables adaptées à la hauteur des enfants.

Les enfants utilisent l’entraide dans toutes les tâches possibles et imaginables.

Ainsi, l’enseignant doit être une personne observatrice, toujours prête dans les moments opportuns pour favoriser le développement libre des enfants qui suscite leur intérêt de connaitre de nouvelles choses en participant à leurs jeux.

L’ambiance pour l’éducation a un enjeu fondamental, non seulement parce que cela constitue l’espace matériel proportionné aux exigences de mouvement des enfants, mais surtout parce qu’elle exprime la personnalité et le monde intérieur du professeur. Elle satisfait les sentiments d’affection et de simplicité des enfants en les évoquant et en les ravivant dans l’atmosphère sereine autour d’une communauté familière.

La méthode des sœurs Agazzi[modifier | modifier le code]

La méthode des sœurs Agazzi n’est pas un système de procédés maniaques didactiques, mais sert à observer les enfants dans leurs pratiques éducatives personnelles. Le professeur doit construire sa propre méthode, jour pour jour, à travers l’expérience vive.

Parfois on ne parle pas de méthodes des sœurs Agazzi mais d’expériences didactiques. Si on parle de méthode, il faut parler d’une méthode de recherche c’est-à-dire qui n’impose pas de procédés rigoureux.

Les sœurs Agazzi ont une vision bien sereine qui n’a pas de complications intellectuelles. Elles voient l’ordre des choses par transparence puisqu’elles ont pour idée que nous connaissons les choses par intuition, ainsi la méthode évite aux enfants une vie trop sédentaire : il faut rester au minimum enfermé dans une salle (prières, réceptions, chants) et il est préférable pour tout le monde de profiter des activités en plein air (jardinage, jeux extérieurs..).

La didactique en action[modifier | modifier le code]

À la différence de Maria Montessori, Rosa et Carolina considèrent le langage comme un « pouvoir expressif ». L’activité qui se met en communication avec son apprentissage doit donc être comme une activité créatrice (comme la manifestation des besoins et l’expression des sentiments). L’enfant développe ainsi cette faculté spontanément en relation à la possession concrète de connaissances et aux actions qu’il accomplit.

Pour ce qui en est de l’enseignement de la langue, les deux sœurs imaginent un moyen qui se révèle pratique : étiqueter avec divers symboles, les objets uniques qu’ils constituent le trousseau de chaque enfant. Ainsi, lorsque les enfants répètent les noms des objets représentés par les symboles, ils les reconnaissent plus facilement tout en les distinguant des autres formes. Ce moyen original implique donc beaucoup de choses :

  • il clarifie le sens social du langage ;
  • il développe le sens juste de la propriété ;
  • il habitue à la précision et il élargit l'entourage des intérêts, puisqu'à chaque marque il paie l'objet représenté concrètement et il fait partie du matériel didactique.

La figure de l'éducatrice[modifier | modifier le code]

À partir du moment où elle vise avant tout à la formation de l'enfant, plutôt qu'à une éducation précoce, une nouvelle figure de l'enseignant se dessine aussi : l'éducateur. Elle est appelée ainsi pour souligner le fait que son activité est essentiellement orientée vers la sphère affective et éducative et non vers l'éducation. De plus, selon les sœurs Agazzi, l'activité de l'éducateur s'apparente à un apostolat : l'éducateur doit posséder une véritable vocation à éduquer, puisqu'il ne suffit pas de posséder une préparation psychologique, il faut savoir traduire sa connaissance en un travail éducatif imprégné d'un esprit d'initiative et d'organisation, de sensibilité et d'amour maternel.

En 1991, le terme d'éducateur sera remplacé par celui d'« enseignant ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (it) Barbara Leone, « Il metodo scolastico delle sorelle Agazzi », sur studenti.it, (consulté le )
  2. Monica Ferrari, « L’éducation préscolaire en Italie aux XIXe et XXe siècles », Histoire de l'éducation, vol. 82,‎ , p. 101-124 (lire en ligne)
  3. Histoire de l'éducation en Italie, Michel Ostenc Page 33
  4. Quinze pédagogues, leur influence aujourd'hui', sous la direction de Jean Houssaye, Bordas pédagogie, 2002

Liens externes[modifier | modifier le code]