Prélude no 15 de Chopin

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Première page de la partition autographe.

Le prélude no 15 en ré bémol majeur sostenuto de Frédéric Chopin, connu sous le nom de « La goutte d'eau », est l'un de ses Vingt-quatre préludes, opus 28 pour piano, publiés en 1839 et dédiés à ses amis Camille Pleyel et Joseph Christoph Kessler (en).

D'une durée généralement comprise entre cinq et sept minutes, il s'agit du plus long et l'un des plus connus de ces préludes. D'un climat de nocturne, ce prélude est réputé pour sa répétition opiniâtre d'un la bémol, qui apparaît tout au long de la pièce et sonne comme les gouttes de pluie pour de nombreux auditeurs[1].

Composition[modifier | modifier le code]

Incipit d'une édition urtext.

Fichier audio
Prélude op. 28 no 15
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Interprété par Giorgi Latso (en).
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Une partie de l'opus 28 a été écrit pendant le séjour de Chopin et George Sand au monastère de Valldemossa à Majorque en 1838[2]. Sand racontait dans Histoire de ma vie qu'un soir, elle et son fils Maurice, revenant de Palma après une terrible tempête de pluie, avaient trouvé Chopin, désemparé, qui s'était exclamé : « Ah ! je le savais bien que vous étiez morts ! » Il rêvait tout en jouant du piano :

« Il se voyait noyé dans un lac, des gouttes d’eau pesantes et glacées lui tombaient en mesure sur la poitrine, et quand je lui fis écouter le bruit de ces gouttes d’eau qui tombaient en effet sur le toit, il nia les avoir entendues. Il se fâcha même de ce que je traduisais par le mot d’harmonie imitative. Il protestait de toutes ses forces, et il avait raison, contre la puérilité de ces imitations pour l’oreille. Son génie était plein des mystérieuses harmonies de la nature, traduites par des équivalents sublimes dans sa pensée musicale, et non par une répétition servile des sons extérieurs[3],[4]. »

Sand n'a pas précisé quel prélude Chopin lui avait joué à cette occasion, mais la plupart des critiques musicaux supposent que ce fut le prélude no 15[5], à cause de la répétition du la bémol et sa suggestion d'un « doux tapotement » de la pluie[6]. Cependant, Peter Dayan souligne que Sand a accepté les remarques de Chopin selon lesquelles le prélude n'était pas une imitation du son des gouttes, mais une traduction des harmonies de la nature, selon le « génie » de Chopin[7].

Le prélude s'ouvre avec un thème « serein » en ré bémol. Il passe alors à un « intermède lugubre » en do dièse mineur, « avec la pédale dominante ne cessant jamais, un basso ostinato »[8]. La répétition la bémol / sol dièse entendu tout au long de la première section, devient ici plus insistante.

Ensuite, le prélude se termine par une répétition du thème initial. Frederick Niecks dit : « Cette partie en do dièse mineur… affecte comme un rêve oppressant ; le retour de l'ouverture en ré bémol majeur, qui dissipe le terrible cauchemar, s'abat avec la fraîcheur souriante d'une nature familière — et après seulement ces horreurs, l'imagination peut pleinement apprécier cette beauté sereine »[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Prelude, Op. 28, No. 15 (Chopin) » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Fishko, « The Fishko Files: Chopin's 'Raindrop' Prelude » [archive du ], WNYC, (consulté le )
  2. Huneker 1927, p. 165.
  3. George Sand, Histoire de ma vie, vol. 13, Paris, (lire en ligne), p. 193–194.
  4. Huneker 1927, p. 166.
  5. Ganche 1921, Précise que le sixième en si mineur a été désigné également, ainsi que, par Franz Liszt, le huitième en fa dièse mineur, p. 222.
  6. (en) Peter Dayan, Music Writing Literature, from Sand via Debussy to Derrida, Ashgate Publishing, , 141 p. (ISBN 0-7546-5193-2, lire en ligne), p. 8
  7. Dayan 2006, p. 6.
  8. Huneker 1927, p. 177.
  9. Niecks 2009, p. 493.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]