Piliers de la création (astronomie)

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Piliers de la création, image du télescope spatial Hubble.
Piliers de la création, image du télescope spatial James Webb

En astronomie, les Piliers de la création (traduction en français de Pillars of Creation) font référence à une image célèbre de colonnes de poussières interstellaires prise le par Jeff Hester et Paul Scowen de l'Université de l'Arizona avec le télescope spatial Hubble.

La structure est située à environ 7 000 années-lumière de la Terre[1] dans la nébuleuse de l'Aigle, au cœur de l'amas ouvert M16. Les Piliers forment le talon de la forme d'aigle de la nébuleuse[2].

L'image fait référence à la forme de la structure ainsi qu'à la formation de nouvelles étoiles à la suite d'un effondrement gravitationnel engendré par la masse du gaz interstellaire aux extrémités, plus denses[3],[4]. La photographie a été classée parmi les dix meilleures photographies de Hubble par Space.com et est l'une des œuvres les plus connues du télescope[5],[6].

Observations[modifier | modifier le code]

La Wide Field and Planetary Camera 2 (en) (WFPC2) est une caméra qui fonctionne à la manière d'une caméra numérique, c'est-à-dire qu'elle utilise un capteur photographique CCD. Cette caméra équivaut à 2,5 mégapixels d'une caméra numérique conventionnelle. Elle est composée de quatre caméras indépendantes qui comptent chacune quatre filtres. Chacune d'elles a photographié une partie de l'image des Piliers de la création. L'une des caméras ayant un champ d'observation plus précis, son image a dû être rétrécie pour être correctement associée aux autres, ce qui explique la forme en « escalier » caractéristique des images de WFPC2[3]. L'image finale est composée à partir de 32 images différentes[7].

En 2015, de nouvelles observations permettent de constater une évolution des Piliers avec le temps. Ainsi, par exemple, l'un des Piliers s'est élargi d'environ 0,01 années-lumière[8]. Une autre petite colonne de poussière d'une taille du même ordre de grandeur est également apparue[9].

Les nouvelles observations permettent également de réaliser un visionnement en trois dimensions des Piliers[10]

En 2022, la caméra NIRCam du téléscope spatial James-Webb capture une nouvelle image prise dans l'infrarouge proche, qui montre de nombreuses étoiles jeunes et en cours de formation[11].

Caractéristiques physiques[modifier | modifier le code]

Les Piliers sont composés de nuages d'hydrogène moléculaire froids et de poussières qui sont érodés par photo-évaporation engendrée par l'intense lumière ultraviolette des étoiles à proximité. Le pilier le plus à gauche a une hauteur située entre 4 et 5 années-lumière[7] et l'ensemble des Piliers s'étendent sur 55 à 70 années-lumière de largeur[13]. Leur masse est estimée à 200 masses solaires (M) et ils perdraient l'équivalent de 70 M par million d'années[14],[3].

Formation et destruction[modifier | modifier le code]

Afin de comprendre l'apparition des Piliers de la création, le chercheur de l'Université de Cardiff Scott Balfour a réalisé une simulation de la naissance d'une étoile massive lors d'un effondrement gravitationnel. On y constate que les vents stellaires forment une bulle qui, lors de sa croissance, récolte des restes de gaz et de poussière. Selon l'expérience, lorsque le rayonnement de l'étoile est faible, cette bulle vient s'effondrer sur elle-même. Par contre, si son rayonnement est assez fort, la bulle grandit et crée des piliers de nuages gazeux, semblables à ceux des Piliers de la création[15].

Au milieu des années 2000, une onde de choc résultant d'une supernova est observée non loin de la nébuleuse de l'Aigle à l'aide du télescope spatial Spitzer[16]. Selon ces observations, cette onde de choc aurait possiblement soufflé les Piliers il y a environ 6 000 ans[17]. En raison de l'éloignement des Piliers, cet événement ne serait visible sur Terre que d'ici mille ans[18],[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Spectaculaire nouvelle image des piliers de la création en haute définition », sur journaldemontreal.com (consulté le )
  2. a et b (en) Martin Beech, The Pillars of Creation: Giant Molecular Clouds, Star Formation, and Cosmic Recycling, Springer, , 272 p. (ISBN 9783319487748, lire en ligne)
  3. a b et c (en) « The Piliars of Creation », sur www.nasa.gov (consulté le )
  4. Séguin Villeneuve, Astronomie et astrophysique, vol. 2, Éditions du Renouveau Pédagogique Inc., , 618 p. (ISBN 978-2-7613-1184-7), p. 267-270
  5. (en) Best Hubble Space telescope images [ copie archivée ].
  6. (en) « Hubble goes high definition to revisit iconic piliars of creation », sur nasa.org (consulté le )
  7. a et b (en) « NOVA | Origins | The Pillars of Creation image 1 », PBS (consulté le )
  8. (en) « The Piliars of Creation haven't been destroyed after all », sur www.forbes.com (consulté le )
  9. (en) « Hubble: Pillars of Creation are also Pillars of Destruction », Dr. Tony Phillips, NASA science, (consulté le )
  10. « Les Piliers de la création en 3D », sur www.radio-canada.ca, (consulté le )
  11. (en) Jamie Adkins, « NASA’s Webb Takes Star-Filled Portrait of Pillars of Creation », sur NASA, (consulté le )
  12. « Les piliers de la création révélés en trois dimensions », sur www.eso.org,
  13. (en) « A starry night in the Pillars of creation », sur www.astronomy.com, (consulté le )
  14. « Les piliers de la création révélés en trois dimensions », sur www.eso.org, (consulté le )
  15. (en) « Pillars of creation built by big stellar bubble », sur www.newscientist.com (consulté le )
  16. « Découverte d'une supernova dans la nébuleuse de l'aigle », sur www.ias.u-psud.fr (consulté le )
  17. (en) « "Piliars of creation" destroyed by supernova », sur www.newscientist.com, (consulté le )
  18. (en) « The Piliars of creation,or the Pillars of Destruction », sur www.futurism.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]