Paul Chater

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Paul Chater
Titre de noblesse
Knight Bachelor
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Hong Kong
Nom de naissance
Khachik Pogose Astwachatoor
Nationalité
Formation
Activités
Famille
Maria Christine Pearson (femme)
Conjoint
Maria Christine Chater (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions

Paul Chater (en arménien : Փոլ Չաթեր, en chinois : 遮打, - ) est un homme d'affaires britannique d'origine arménienne ayant vécu à Hong Kong la majeure partie de sa vie. Ses racines familiales sont à Calcutta.

Émigrant à Hong Kong en 1864 à l'âge de 18 ans, il contribue beaucoup au développement de la colonie en jouant entre autres un rôle déterminant dans le début de la création de terre-pleins sur la mer et en participant à la fondation de grandes entreprises hongkongaises comme la Dairy Farm, Hongkong Land ou la Hongkong Electric Company (en). Il est également membre du Conseil législatif et du Conseil exécutif.

Il fait construire Marble Hall, une grande demeure en marbre européen, et sa collection de porcelaines fines et de peintures et gravures est aujourd'hui le cœur du musée d'art de Hong Kong.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Chater est né sous le nom de Khachik Pogose Astwachatoor[1],[2] (Խաչիկ Պողոս Աստվածատրյան) à Calcutta en Inde britannique. Il est l'un des treize enfants d'un couple d'Arméniens nommés Miriam et Chater Paul Chater. Ce-dernier est membre de l'Indian Civil Service.

Chater devient orphelin à l'âge de sept ans et obtient une bourse pour entrer à l'école La Martinière de Calcutta. En 1864[3], il émigre à Hong Kong où il vit avec la famille de sa sœur Anna et le mari de celle-ci, l'Arménien Jordan Paul Jordan[4].

Carrière[modifier | modifier le code]

Portrait en pied de Chater (vers 1903).

À ses débuts à Hong Kong, il est assistant à la Banque de l'Hindoustan, de Chine et du Japon. Plus tard, avec l'aide de la famille Sassoon, il s'installe comme courtier en bourse, démissionne de la banque et échange des lingots d'or et des terres pour son propre compte[4]. Il effectue des sondages à main la nuit à bord d'un sampan et joue ainsi un rôle déterminant dans la planification de la création de terre-pleins dans Victoria Harbour[4]. Il tient également un rôle central dans le succès du gouvernement colonial dans l'acquisition de terres appartenant jusqu'alors à l'armée, pour un coût de deux millions de livres sterling[3].

En 1868, lui et Hormusjee Naorojee Mody fondent la société de courtage Chater & Mody, un partenariat commercial qui connaît un grand succès à Hong Kong, bien que la Hong Kong Milling Company (plus connue sous le nom de Rennie's Mill (en)) fait faillite en 1908, ce qui entraîne le suicide d'Albert Rennie[4].

En 1886, il aide Patrick Manson à fonder la Dairy Farm, et entre au Conseil législatif la même année, prenant la place de Frederick David Sassoon (en)[5]. Également en 1886, Chater fonde la Kowloon Wharf & Godown, ancêtre de la Wharf[6].

En 1889, il fonde le promoteur immobilier Hongkong Land avec James Johnstone Keswick (en)[7], une société pionnière dans la création de terre-pleins à Hong Kong avec le projet Praya (en) de 1890. Convaincu par la suggestion du conseiller temporaire Bendyshe Layton (en) que Hong Kong devrait avoir l'électricité, ils acquièrent secrètement un vieux cimetière à Wan Chai, où ils construisent l'une des premières centrales électriques au monde[8]. En 1890, la Hongkong Electric Company (en) commence sa production[9].

Chater est un grand amateur de deux sports : il joue 1er XI au club de cricket de Hong Kong, et suit avec attention les courses de pur-sang (en). Il n'aurait jamais manqué la course hebdomadaire à l'hippodrome de Happy Valley en 60 ans[8]. Il crée l'écurie Chater en 1872 qui remporte de nombreuses courses à Happy Valley[10]. La Hong Kong Champions & Chater Cup (en), la troisième étape de la course de groupe de la Triple couronne, est nommée en son honneur.

En 1896, Chater rejoint les rangs du gouvernement lorsqu'il est nommé au Conseil exécutif de Hong Kong où il siège jusqu'en 1926, l'année de sa mort[5]. Il est fait Knight Bachelor lors des distinctions honorifiques du couronnement de 1902 (en)[11], recevant l'accolade du roi Édouard VII en personne au palais de Buckingham le 24 octobre de cette année. En 1901, il fait construire une très belle maison en marbre européen importé au 1 Conduit Road à Hong Kong qu'il nomme Marble Hall[12] et où il installe sa collection de porcelaine fine. Pour commémorer le couronnement d'Édouard VII en 1902, il finance la création d'une statue en bronze du roi, exécutée par George Edward Wade (en) et installée sur Statue Square en 1907. En 1904, il finance à lui seul la construction de l'église Saint-André[3].

Quelques titres et postes occupés par Chater :

Philanthropie[modifier | modifier le code]

En mai 1923, Chater, alors trésorier de l'université de Hong Kong, fait un don de 250 000 HK$ à l'établissement à un moment critique de son histoire et permettant sa survie[14],:69.

En 1924/25, il effectue le plus gros don à une institution ou à une organisation de son vivant, donnant 1,1 million de roupies à son alma mater, l'école La Martinière de Calcutta alors en difficulté, lui permettant ainsi d'éviter une fermeture certaine. Pour honorer sa contribution à l'école, le nom de Paul Chater est inclus dans la prière de l'établissement[15].

Postérité[modifier | modifier le code]

Marble Hall sur une carte postale de Noël de 1935.
Buste de Catchick Paul Chater à l'école La Martinière de Calcutta.

Chater meurt en 1926 et lègue Marble Hall et tout son contenu, y compris sa collection unique de porcelaine et de peintures, à la ville de Hong Kong. Le reste de sa succession va à l'Église arménienne de Nazareth à Calcutta, qui gère une maison pour personnes âgées arméniennes, appelée Résidence Sir Catchick Paul Chater[4]. Il est inhumé au cimetière de Hong Kong.

La femme de Chater vit à Marble Hall comme locataire à vie jusqu'à sa mort en 1935[12],[16]. La propriété passe ensuite au gouvernement et est renommée « Maison de l'Amirauté ». Elle sert de résidence officielle du commandant en chef de la marine avant d'être réquisitionnée par les Japonais pendant leur occupation. La demeure est victime d'un incendie accidentel en 1946 et des bâtiments gouvernementaux occupent le site après sa démolition en 1953. Les résidences du gouvernement nommées « Chater Hall Flats » sont aujourd'hui situées sur le site de Marble Hall[12].

Chater a amassé une grande collection de peinture et de gravures historiques relatives à la Chine qu'il a offertes à la colonie. La collection Chater fait l'objet d'un travail de son conservateur, James Orange, en 1924, date à laquelle la collection compte 430 pièces. Son épine dorsale est la collection Wyndham Law du Service des douanes maritimes chinois qui comprend des peintures à l'huile, des aquarelles, des croquis, des gravures et des photographies, dont la plupart montrent des scènes de paysage des ports de traités de la Chine méridionale aux XVIIIe et XIXe siècles, et des activités britanniques en Chine[3]. La collection est dispersée et en grande partie détruite pendant l'occupation japonaise, et seules 94 pièces (qui forment maintenant une partie importante de la collection du musée d'art de Hong Kong) sont connues pour avoir survécu[17].

Le neveu de Chater (le fils de son sœur Anna) Gregory Paul Jordan (en) joue un rôle déterminant dans le développement des services médicaux et de l'éducation à Hong Kong et dans la fondation de l'université de Hong Kong dont il est le deuxième vice-chancelier[14],:64.

En 2017, à l'occasion du 171e anniversaire de Paul Chater, un buste de Paul Chater est installé à l'école La Martinière de Calcutta[18].

Plusieurs lieux de Hong Kong portent également son nom :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Biography: Who Was This Man? CHATER. Liz Chater published 2010
  2. “This was such a fantastic discovery for me and the first I knew that I had Armenian ancestors in my family”, HETQ online, 29 March 2010
  3. a b c et d James Orange (1924). The Chater Collection: Pictures Relating to China, Hongkong, Macao, 1655–1860.
  4. a b c d et e England, Vaudine (16 December 2007) "Who was this man Chater?", Page 11, South China Morning Post
  5. a et b Vaudine England and Elizabeth Sinn, The Quest of Noel Croucher: Hong Kong's Quiet Philanthropist (Hong Kong University Press, 1998)
  6. Robert Nield, The China Coast : Trade and the First Treaty Ports, (ISBN 9789620429873, lire en ligne)
  7. a b et c Jason Wordie, Land-grabbing titans who changed HK's profit for good, 18 April 1999
  8. a et b "The Legacy of Sir Catchick Paul Chater", City Life. Retrieved 28 January 2011
  9. Wiltshire, Trea. [First published 1987] (republished & reduced 2003). Old Hong Kong – Volume Two. Central, Hong Kong: Text Form Asia books Ltd. Page 11. ISBN Volume One 962-7283-60-6
  10. Coates, Austin China Races, Oxford University Press (China) (2 February 1984) pp133-140
  11. (en) « The Coronation Honours », The Times, Londres, no 36804,‎
  12. a b et c « Marble Hall Gatekeeper's Lodge [1901– ] | Gwulo: Old Hong Kong », sur gwulo.com (consulté le )
  13. Congregation (1923) – Sir Catchick Paul CHATER, Doctor of Laws, University of Hong Kong
  14. a et b (en) Bernard Mellor, The University of Hong Kong: An Informal History, Hong Kong University Press, (ISBN 9789622090231)
  15. Armenians in India: Mesrovb Seth, P.551
  16. D'après sa pierre tombale, Dame Maria Christine Chater est née le 6 mai 1879 et décédée le 11 mars 1935 ; mais selon son acte de naissance, elle est née le 6 mai 1874 à Granberga, Heby en Suède.
  17. Press Release (23 March 2007). "Chater art collection goes on show", Hong Kong Museum of Art
  18. « A friend in need », The Telegraph, India,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. The Hong Kong Government Gazette, 19 March 1909

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]