Pour (hebdomadaire)

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POUR
Image illustrative de l’article Pour (hebdomadaire)

Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Langue français
Périodicité Hebdomadaire
Genre politique et social
Date de fondation 1973
Date du dernier numéro 1982
Ville d’édition Bruxelles

Directeur de publication Jean-Claude Garot

POUR est un journal hebdomadaire belge fondé en 1973[1]. Il cesse de paraître en 1982. Il était édité par l'asbl POUR écrire la liberté.

Ses locaux, situés au 22, rue de la Concorde à Ixelles, furent incendiés par des militants d'extrême droite le .

Ligne éditoriale

Produit de la nouvelle gauche, sa ligne éditoriale était communément admise comme étant de gauche radicale[2].

Anti-stalinien, POUR se situait au confluent des idées libertaires[3] de Mai 68, d'un marxisme plus orthodoxe (bien que marqué par le basisme anti-léniniste, voire le conseillisme) et des nouveaux mouvements sociaux. L’essentiel du contenu du journal est fait de reportages sur le mouvement social bouillonnant des années 1970 : travailleurs en grève, féminisme, homosexualité assumée, comités de quartier, antimilitarisme, écologie politique, mouvement antinucléaire, etc.

Histoire

De 1973 à l'incendie

Affiche de lancement de l'hebdomadaire en 1973.

Après avoir lancé Le Point en 1965 (le premier numéro fut tiré à 35 000 exemplaires)[4], Jean-Claude Garot (initiateur du collectif « POUR écrire la liberté ») lance le 13 mars 1973 le journal POUR[5] qui se définit comme journal/acteur de la nouvelle gauche porteuse des valeurs de Mai 68[6].

Refusant la publicité (qui a étranglé précédemment le magazine Le Point), le journal est fortement déficitaire et financé par des emprunts personnels contractés par les membres de l'équipe et, surtout, par la vente d’œuvres d’art offertes par des artistes contemporains (dont Sol LeWitt[7], Hanne Darboven[8], etc) organisée par le collectionneur d'art et sympathisant Isi Fiszman[9] (notamment l'exposition sous chapiteau SaltoArte en 1975 à Ixelles)[10].

Pendant toute cette première période, les articles ne sont pas signés (refus du vedettariat), chaque membre de l'équipe assume une responsabilité de fabrication et de rédaction (refus de la séparation manuel/intellectuel) et tous reçoivent, en théorie, le même salaire (principe égalitaire)[11]. Les semaines font régulièrement 80 heures de travail.

Le journal élargit rapidement son audience grâce à la publication de scoops dont l’affaire dite des "Ballets roses"[12]. Celle-ci - aussi connue sous le nom d'affaire Pinon, du nom d'un psychiatre bruxellois qui serait à la base de la révélation de l'affaire - fait référence à des soirées et partouzes auxquelles des ministres, hauts fonctionnaires et gendarmes auraient participé en Belgique dans les années 1970 et où des mineures auraient été impliquées[13].

POUR dénonce également les agissements de l’extrême droite belge : camps d’entraînement du Vlaamse Militanten Orde (VMO) ou la présence de Paul Latinus, militant du Front de la Jeunesse, dans un cabinet ministériel. Il met à jour les barons du Cepic, l’aile très à droite du PSC. Il révèle les réunions de responsables de mouvements fascistes au château du baron Benoît de Bonvoisin.

Le journal mène l'enquête sur les tueries du Brabant[14].

Il rapporte, preuve à l’appui, le fichage des syndicalistes par des micro-fiches, utilisées par la gendarmerie et publie des documents prouvant la chasse aux militants de gauche, laissant l’extrême droite libre de ses mouvements[15].

C'est probablement l'enquête approfondie[16] menée sur l'affaire des ballets roses[17] qui explique l'attentat criminel de juillet 1981 (une des premières pistes suivies par les enquêteurs fut celle d'un incendie volontaire provoqué pour empêcher la parution d'articles sur les ballets roses[18]).

De l'incendie à 1982

Affiche éditée après l'incendie par Alternative Libertaire (1981).

Après l'incendie et l'énorme émotion qu'il provoque dans l'opinion, POUR reparaît avec une équipe renforcée de plusieurs journalistes "professionnels".

Dans les premiers mois, près de 40 000 exemplaires sont vendus en Belgique francophone.

En 1982, c'est par un numéro double (416-417) que POUR cesse de paraître[19].

Personnalités liées au journal

Jean-Claude Garot, fondateur du journal POUR, ici en 2009.

Annexes

Bibliographie

Travaux universitaires

  • Courrier hebdomadaire du CRISP, Centre de recherche et d'information socio-politiques, Bruxelles, numéros 834 à 848, 1979.
  • Laurence Mundschau, Le dernier numéro, Le discours autoréférentiel de fermeture des hebdomadaires d'information générale en Belgique francophone (1950-2000), Presses universitaires de Louvain, Thèses de la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, 2007 Présentation en ligne.
  • José Gotovitch et Anne Morelli, Presse communiste, presse radicale, 1919-2000: passé, présent, avenir, Condé-sur-Noireau, Fil rouge / Aden, 2007 Lire en ligne.
  • Michel Bouffioux, Pour : sous la plage... les pavés, mémoire de licence en journalisme, ULB, 1988.
  • Astrid Waterinckx, Alternatieve pers in België na mei ’68 : Agence de Presse Libération-Belgique, licentiate Nieuwste Geschiedenis, UGent, master of Arts in European Studies, K.U.Leuven, 2006, page 31 lire en ligne

Filmographie

  • Document vidéo :
    • Journal POUR 1973-1982. WalkingVoice_TV, Pierre Clemens, soirée-débat (2h50) filmé le 03/09/2009 aux Établissements d'en Face (Bruxelles) à l’occasion de l'exposition "Nous les œuvres d'art" d'Angel Vergara et de l'exposition "POUR" qui l'accompagnait[20].

Télévision

Articles connexes

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Le journal "Pour", turbulent enfant de Mai 68 La Libre Belgique, 9 mai 2008
  2. Porte parole incisif d'une gauche pluraliste et libertaire, cet hebdomadaire né sur les cendres du Point en 1973, a œuvré à bâtir des ponts entre militants syndicalistes, intellectuels et artistes plasticiens les plus avant-gardistes., Angel Vergara Santiago Lire en ligne
  3. Viennent ensuite d'autres projets d'une gauche que l'on pourrait presque qualifier de libertaire: Pour (1973), qui « tente de rassembler autour du journal (...), Laurence Mundschau, Le dernier numéro, Le discours autoréférentiel de fermeture des hebdomadaires d'information générale en Belgique francophone (1950-2000), Presses universitaires de Louvain, Thèses de la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, 2007, Lire en ligne
  4. « Jean-Claude Garot, le désir d'entreprendre », La Libre Belgique, Christophe Lamfalussy,‎ (lire en ligne)
  5. Pour écrire la liberté a.s.b.l. POUR. Héritier de l'hebdomadaire Le Point né en 1965 à Bruxelles, Courrier hebdomadaire du CRISP, Centre de recherche et d'information socio-politiques, numéros 834 à 848, 1979, page 10 Lire en ligne
  6. PALLAS BRUDISC ULB/VUB
  7. Notice bibliographique BnF
  8. Hanne Darboven [Bruxelles] : POUR écrire la liberté, 1975 CDLA
  9. Pour écrire la liberté / Isi Fiszman, Jörg Immendorff, Hund stösst im Laufe der Woche zu mir, Moderna museet (Stockholm, Sweden), 1981, page 37, Lire en ligne
  10. SaltoArte 1975 a__/r__/c__/h__/i__/v__/e__/s__
  11. Pour a conjugué sens pratique et utopie : entreprise autogéréé, salaire égalitaire, remise en question de la division du travail, absence de publicité. De quoi se mesurer aux prétentions théoriques qui animaient une époque encore ouverte à tous les possibles., Angel Vergara Santiago Lire en ligne
  12. 1980 Dossier Pinon – voir affaire Pinon, Ballets Roses Affaire Pinon alias Ballets Roses
  13. L'ancien journaliste Jean-Claude Garot recherché pour fraude, agence BELGA, mis en ligne le 13/05/2011
  14. Les tueries du Brabant garot-jean-claude
  15. De 1975 à 1980, regard sur des luttes sociales en Wallonie et à Bruxelles entreleslignes
  16. Les doutes subsistent. Jean-Claude Garot a déposé son enregistrement à la police judiciaire (PJ) le 21 juillet 1981 Des Ballets Roses à l’affaire Dutroux
  17. « Des ballets roses au témoignage d'X1. L'enquête impossible ! », Alternative Libertaire,‎ (lire en ligne)
  18. Les tueries du Brabant forum sur les tueries du Brabant
  19. (...) un double numéro 416-417 où il écrit : « Plus que jamais, Pour continue son combat pour écrire la liberté », Laurence Mundschau, Le dernier numéro, Le discours autoréférentiel de fermeture des hebdomadaires d'information générale en Belgique francophone (1950-2000), Presses universitaires de Louvain, Thèses de la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, 2007, Lire en ligne
  20. Quel fût l’influence politique, sociale et culturelle de la presse indépendante en Belgique dans les années 70-80 ? Qu'en est-il aujourd'hui de l'absence du rôle critique dans le champ de la presse et de la culture ? Intervenants : Angel Vergara; Jean-Claude Garot, André Lahou, Alec De Busschère, Jean-Pierre Clemens, Isi Fiszman, Sandrine Rayée, Yuri Barcers, Daniel Franco, Étienne Wijnants dailymotion