Incident gréco-turc du 8 octobre 1996

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Incident gréco-turc du 8 octobre 1996
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Informations générales
Date
Lieu Mer Égée
Casus belli Violation de l'espace aérien grec par des avions militaires turcs
Belligérants
Drapeau de la Grèce Grèce Drapeau de la Turquie Turquie
Forces en présence
Drapeau de la Grèce 2 chasseurs Mirage 2000EG Drapeau de la Turquie 2 chasseurs F-16D Fighting Falcon
Pertes
Drapeau de la Grèce Aucune Drapeau de la Turquie 1 mort
1 chasseur F-16D Fighting Falcon détruit

Contentieux gréco-turc en mer Égée

Le , un incident de frontière a lieu entre la Grèce et la Turquie en mer Égée, entre les îles grecques de Chios et Samos, dans un contexte de tensions entre les deux pays. À l'issue d'un combat aérien, un Mirage 2000 grec abat un F-16 turc.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les eaux territoriales grecques et turques à 6 milles.

Le tracé contemporain de la frontière maritime entre la Grèce et la Turquie date de la cession du Dodécanèse à la Grèce par l'Italie en application du traité de Paris de 1947. Cependant, la majeure partie de cette frontière date, elle, du traité de Lausanne de 1923, signé à l'issue de la guerre gréco-turque qui voit la victoire de cette dernière.

Cette frontière donne lieu à des tensions entre les deux pays. En , une crise a lieu au sujet des îlots inhabités d'Imia contrôlés par la Grèce mais revendiqués depuis 1986 par la Turquie (qui les appelle Kardak).

Incident du 8 octobre 1996[modifier | modifier le code]

Un F-16D turc en 2016.

Le , quatre chasseurs-bombardiers F-4 Phantom II et deux chasseurs F-16D Fighting Falcon de l'armée de l'air turque effectuent des manœuvres d’entraînement au sud de l'île de Chios, à proximité des côtes turques, dans une zone que la Turquie considère comme faisant partie de l'espace aérien international[1].

Pour la Grèce, il s'agit de son espace aérien national. Deux chasseurs Mirage 2000EG reçoivent l'ordre de décoller et d'intercepter les avions turcs mais ces derniers refusent de quitter les lieux à leur arrivée et un combat aérien tournoyant, aussi appelé dogfight, s'engage entre les Mirage et les F-16[1].

Un des Mirage, piloté par le lieutenant Thanos Grivas, parvient à se placer derrière un des F-16 et l'abat avec un missile Magic 2, provoquant la fuite du deuxième F-16 vers l'est pour rejoindre la zone internationale. L'avion touché s'abîme en mer Égée et le capitaine Nail Erdoğan, qui était aux commandes, est tué. Son copilote, le lieutenant-colonel Osman Çiçekli, s'éjecte à temps[1].

Çiçekli est secouru une demi-heure plus tard par un AB 205 grec et reçoit des soins médicaux avant d'être renvoyé en Turquie à bord d'un C-130 Hercules[1]. Malgré des mois de recherches, le corps d'Erdoğan n'est jamais retrouvé[2].

Conséquences[modifier | modifier le code]

L'événement est gardé secret pendant des années par les deux pays qui invoquent officiellement une défaillance mécanique pour expliquer le crash du F-16. Osman Çiçekli remercie publiquement la Grèce pour l'avoir sauvé et soigné[3]. C'est seulement en 2003, après des fuites dans la presse grecque — qui affirment par ailleurs que le tir était accidentel[4],[5] —, que le ministre grec de la Défense, Giannos Papantoniou, déclare publiquement qu'il a bien été abattu par un avion grec[1]. En 2012, après la perte d'un RF-4E Phantom II abattu par la défense aérienne syrienne, le ministre turc de la Défense, İsmet Yılmaz, reconnaît deux cas similaires d'avions turcs abattus depuis 1965, dont le F-16 perdu en 1996[6],[Note 1].

À la suite de ces révélations, l'avocat Mehmet Emin Keleş, qui représente la famille de Nail Erdoğan, et le copilote Osman Çiçekli portent plainte. La justice turque requiert en 2016 l'emprisonnement à perpétuité pour le pilote Thanos Grivas, accusé d'« homicide volontaire » pour avoir tiré un missile « sans raison dans l'espace aérien international ». Il est demandé à la Grèce de coopérer, faute de quoi le procès aurait lieu en Turquie (par contumace), mais elle rejette la demande en [7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'autre cas est un F-100 Super Sabre abattu le 14 septembre 1983 par un Mirage F1 irakien.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) « F-16 Aircraft Database », sur f-16.net (consulté le ).
  2. (en) « Turkey may sue Greece over 1996 downing of fighter jet », sur dailysabah.com, .
  3. (en) A. Makris, « Turkish Authorities Seeking to Sue Greek Air Force Pilot for Downing Turkish F-16 in 1996 », sur greekreporter.com, .
  4. (en) « Deadly 1996 Aegean clash is confirmed », sur ekathimerini.com, (consulté le ).
  5. (en) Lieven Dewitte, « Deadly 1996 Aegean clash is confirmed », sur f-16.net, (consulté le ).
  6. (en) David Cenciotti, « 30 years later, Ankara admits Turkish Air Force jet was shot down by Iraq », sur theaviationist.com, .
  7. (en) « Court rejects Turkish request for trial of Greek pilot who allegedly shot down F-16 jet », sur ekathimerini.com, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]