Grégoire de Cappadoce

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Grégoire de Cappadoce fut évêque d'Alexandrie du à sa mort le , élu par les ariens.

Carrière[modifier | modifier le code]

Il fut nommé évêque d'Alexandrie par un concile arien réuni à Antioche pendant l'hiver 338/339 (probablement en janvier), alors que l'empereur Constance II résidait dans cette ville. Ce concile décréta la déposition d'Athanase, qui avait été rétabli à Alexandrie (), après la mort de Constantin Ier, grâce à l'appui de son fils aîné Constantin II, qui régnait désormais en Occident. Les ariens (Eusèbe de Nicomédie à leur tête) avaient protesté car une décision conciliaire (celle du premier concile de Tyr) avait été ainsi bafouée. Ils avaient déjà installé à Alexandrie un évêque concurrent d'Athanase en la personne de Pistus, mais celui-ci ne semble pas s'être imposé. Grégoire de Cappadoce participa lui-même au concile d'Antioche qui le nomma (comme deuxième choix, après le refus d'Eusèbe d'Émèse) et dont il signa les décrets comme « évêque d'Alexandrie »[1]. De sa vie antérieure, on sait seulement qu'il avait été étudiant à Alexandrie et était redevable à l'évêque Athanase[2].

Alexandrie était en proie au tumulte. Le dimanche , une troupe tenta d'appréhender Athanase alors qu'il procédait à des baptêmes dans l'église Saint-Théonas, mais il parvint à s'enfuir le lendemain matin. Le , Grégoire fit son entrée dans la ville comme évêque, escorté par une armée de cinq mille hommes[3]. Athanase resta encore dans la ville pendant quatre semaines, officiant dans d'autres églises, puis il prit la fuite à destination de Rome (). Pendant les troubles violents qui accompagnèrent le changement d'évêque, l'église Saint-Denys fut incendiée[3].

Grégoire, comme les autres évêques imposés en Orient par les ariens, fut excommunié par la faction majoritaire (occidentale) du concile de Sardique (été 343), mais les ariens présents se retirèrent à Philippopolis, sur le territoire de Constance II, et y organisèrent un contre-concile qui excommunia le pape Jules Ier. Cependant l'empereur d'Occident Constant Ier, soutien du pape et d'Athanase, envoya au début 344 une ambassade à son frère, prenant fait et cause pour les décisions du concile et présentant leur non-respect comme un casus belli. Constance II vint à composition, et en août 344 publia une lettre officielle ordonnant la cessation des persécutions contre les partisans d'Athanase à Alexandrie. Grégoire, qui était malade depuis plusieurs années, mourut dix mois plus tard, le [4]. Dès le printemps 345, Grégoire étant mourant, Constance II avait fait des démarches auprès d'Athanase en vue de sa restauration, qui eut lieu le .

Socrate de Constantinople prétend que les ariens, déçus par Grégoire, le déposèrent et le remplacèrent par Georges de Cappadoce[5]. Théodoret de Cyr affirme quant à lui que Grégoire, s'étant comporté avec une grande cruauté, mourut assassiné par la foule[6]. En fait, il y a eu dès l'Antiquité une confusion faite entre Grégoire de Cappadoce et Georges de Cappadoce : deux ariens, de même origine, ayant été substitués à Athanase sur le siège épiscopal d'Alexandrie, mais à deux époques différentes (339-345 et 356-361) ; de plus, leurs noms se ressemblent (et sont même en latin de quasi-anagrammes : Gregorius et Georgius).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique, II, 10.
  2. Grégoire de Nazianze, Discours XXI, 15.
  3. a et b Socrate de Constantinople, op. cit., II, 11.
  4. Index des lettres festales d'Athanase, XVIII.
  5. Socrate de Constantinople, op. cit., II, 14.
  6. Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, II, 3.