Going postal

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L'expression going postal réfère à plusieurs événements tragiques impliquant des employés de la poste américaine (USPS).

Going postal est une phrase en argot américain faisant référence à une personne entrée dans une colère extrême et incontrôlable, souvent à la frontière de la violence et typiquement dans un milieu de travail. L'expression est tirée d'une série de tueries de masse réalisées par des employés de l'United States Postal Service (USPS) envers des supérieurs, des collègues et des membres de la police ou des civils. Ainsi, entre 1970 et 1997, environ 40 personnes ont été tuées par des employés et anciens employés d'USPS au cours d'une vingtaine d'événements de rage au travail (en).

Aux États-Unis, entre 1986 et 2011, les fusillades en milieu de travail se produisent en moyenne deux fois par année pour un total d'environ 11,8 morts par an[1].

Origine[modifier | modifier le code]

L'utilisation de l'expression la plus lointaine recensée est celle faite le 17 décembre 1993 dans le St. Petersburg Times:

« Le symposium était commandité par le service postal américain, qui a vécu tant de crises que dans certains milieux, on appelle le stress excessif « going postal ». Depuis 1983, trente-cinq personnes ont été tuées dans 11 fusillades ayant eu lieu dans des bureaux de poste. USPS n'approuve pas l'expression et a tenté d'arrêter les gens de l'utiliser. Cependant, certains employés des postes pensent qu'elle a sa place[trad 1]. »

Le , le Los Angeles Times publie :

« Contrairement aux fusillades de masse plus meurtrières à travers le pays, qui ont mené à une nouvelle expression qui associe les fusillades en milieu de travail à going postal[trad 2]. »

Analyse[modifier | modifier le code]

En 1998, le Congrès des États-Unis tient des audiences bipartisanes afin d'analyser la violence dans le service postal américain. Il est ainsi souligné que, bien que les employés du service postal représentent environ 1 % de la main d’œuvre civile à plein temps du pays, 13 % des homicides en milieu de travail se produisent dans les installations du service par des employés ou anciens employés[4].

En 2000, des chercheurs découvrent que le taux d'homicides dans les installations de la poste américaine sont plus bas que dans d'autres milieux de travail. Ainsi, dans les grands secteurs industriels, le plus haut taux d'homicides est enregistré dans le domaine de la vente au détail, avec 2,1 meurtres par 100 000 travailleurs. En comparaison, le taux d'homicide pour les employés des postes est de 0,22 par 100 000, alors que la moyenne se situe à 0,77[5]. Ainsi, l'image typique d'un employé des postes retournant au travail pour se venger de son patron serait surfaite. La recherche montre également que plus de la moitié des fusillades en milieu de travail sont effectuées par des employés (et non des anciens employés), dont un peu moins du quart sont faites par des employés ayant moins d'un an de présence à leur travail[1].

Impact culturel[modifier | modifier le code]

Une franchise de jeux vidéo controversée, Postal (en), s'inspire de l'expression. Le joueur tient le rôle d'un tueur de masse fou dans le premier jeu, puis, dans les suites, celui d'une personne ordinaire qui se retrouve dans des événements violents, le tout selon une vue à la première personne. En 1997, USPS poursuit les créateurs du jeu, RWS, pour l'utilisation du terme postal. RWS se défend en affirmant que, malgré son titre, le jeu n'a rien à voir avec USPS ou ses employés. La poursuite est abandonnée en 2003 par force de la chose jugée[6].

Le jeu vidéo Duke Nukem 3D (1996) met en scène un niveau nommé Going Postal, où le joueur combat des extraterrestres dans un bureau de poste américain.

L'épisode The Old Man (en) (1993) de Seinfeld fait référence à l'expression dans une scène entre les personnages George et Newman, qui est employé d'USPS.

La comédie Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? présente une scène où le personnage principal doit faire face à une série de menaces croissantes, dont l'apparition soudaine de dizaines d'employés des postes mécontents tirant dans tous les sens.

Le film Jumanji (1995) met en scène un vilain secondaire, le chasseur Van Pelt, qui tente d'acquérir rapidement un fusil. Le vendeur lui dit : « Vous n'êtes pas un employé des postes, non?[trad 3]. »

Dans l'univers des livres du Disque-monde de Terry Pratchett, l'expression going postal fait probablement référence à l'histoire de cette interprétation.

Dans l'épisode Les Prisonniers du stade (31 janvier 1999) des Simpson, l'école primaire de Springfield visite le bureau de poste lors d'une sortie scolaire et Nelson demande au directeur du bureau :

  • Nelson : Avez-vous déjà participé à une fusillade ?
  • Directeur des postes (riant) : Ho ho ho, nooon, noon

Dans l'épisode USPIS de Brooklyn Nine-Nine, un employés de l'United States Postal Inspection Service, passionné par son travail, est inébranlable sur son interprétation de going postal, qui, selon lui, est associé surtout à apporter du bon dans la vie des gens, interprétation qui n'est pas partagée par ses collègues[8]

Dans le film Les Aiguilleurs (1999), lors d'un BBQ dans la cour arrière du contrôleur, l'un des convives propose de réunir tous les postiers frustrés pour former une unité d'intervention d'élite.

Fusillades en milieu postal notables[modifier | modifier le code]

Los Angeles (Californie), 1970[modifier | modifier le code]

Le 13 août 1970, Harry Sendrow, un superviseur aux postes de 54 ans, se fait tirer dans le dos à trois reprises par Alfred Kellum, un employé de 41 ans que Sendrow avait renvoyé à la maison en invoquant qu'il était intoxiqué. Cinq heures plus tard, Kellum est retrouvé inconscient et est mis aux arrêts[9].

Edmond (Oklahoma), 1986[modifier | modifier le code]

Le 20 août 1986, au cours de la fusillade du bureau de poste (en) d'Edmond (Oklahoma), 14 employés sont tués et six sont blessés par Patrick Sherrill, un postier qui s'est suicidé par la suite[10].

Escondido (Californie), 1989[modifier | modifier le code]

Le 10 août 1989, le facteur d'Escondido (Californie) John Merlin Taylor tue sa femme, puis se rend au bureau de poste d'Orange Glen et tue deux collègues de travail avant de se suicider.

Ridgewood (New Jersey), 1991[modifier | modifier le code]

L'ancien employé des postes Joseph M. Harris tue son ancien superviseur Carol Ott ainsi que son petit ami Cornelius Kasten Jr. à leur domicile avec un katana. Le matin suivant, le 10 octobre 1991, Harris tire sur deux autres employés, Joseph M. VanderPaauw et Donald McNaught, au bureau de poste de Ridgewood (New Jersey)[11],[12].

Royal Oak (Michigan), 1991[modifier | modifier le code]

Bureau de poste de Royal Oak.

Le 14 novembre 1991, après avoir été suspendu, puis renvoyé pour insubordination, Thomas McIlvane tue quatre personnes et en blesse cinq autres, puis se suicide, lors d'une fusillade au bureau de poste de Royal Oak (Michigan)[13].

Avant la tragédie, ce milieu de travail avait été l'objet de plusieurs problèmes de gestion et plaintes de clients, ce qui a attiré l'attention des médias locaux. Une enquête du bureau du sénateur Carl Levin rapporte, le 10 septembre 1991, une certaine « culture de harcèlement, d'intimidation, de cruauté ainsi que des allégations de favoritisme au niveau des promotions et démotions[trad 5]. » prior to the McIlvane shooting[14],[15].

Dearborn (Michigan) et Dana Point (Californie), 6 mai 1993[modifier | modifier le code]

Le 6 mai 1993, à quelques heures d'intervalle, deux fusillades impliquant des employés des postes se produisent. La première, au poste de Dearborn (Michigan), où Lawrence Jasion blesse trois personnes et en tue une avant de se donner la mort. La seconde, à Dana Point, où Mark Richard Hilbun tue sa mère et le chien de celle-ci avant de tirer sur deux employés des postes, tuant l'un d'eux[16].

À la suite de ces deux fusillades, USPS crée, pour chacun de ses 85 districts, un poste d'analyste de l'environnement de travail afin d'aider à prévenir la violence et améliorer le milieu de travail. Ces postes seront coupés en février 2009 à la suite de restrictions budgétaires[17].

Goleta (Californie), 2006[modifier | modifier le code]

Le 30 janvier 2006, Jennifer San Marco, une ancienne employée des postes, tue six autres employés avant de se suicider à un centre de triage de Goleta[18]. Une septième victime est retrouvée plus tard dans un édifice à condos de Goleta où San Marco a déjà habité[19]. Selon des médias, le service postal a forcé la retraite de San Marco en 2003 en raison de l'aggravation de ses problèmes mentaux. Ceci serait la pire tuerie réalisée en milieu de travail par une femme aux États-Unis[20],[21].

Baker City (Oregon), 2006[modifier | modifier le code]

Grant Gallaher, livreur de courrier de Baker City, plaide coupable pour le meurtre de son supérieur le 4 avril 2006[22]. Il s'est rendu au bureau de poste de la ville avec un .357 Magnum en ayant l'intention de tuer ce dernier, ce qu'il fait dans le stationnement du bureau[23]. Gallaher avait un nouveau trajet de travail depuis trois semaines et ressentait du stress dû à une semaine d'étude sur son temps de travail et le temps supplémentaire qu'impliquait ce nouveau trajet[23].

San Francisco (Californie), 2017[modifier | modifier le code]

Le 14 juin 2017, Jimmy Lam tire (en) et tue trois collègues de travail à une installation d'United Parcel Service de Potrero Hill (San Francisco). Lam met fin à ses jours lors de l'arrivée de la police. L'événement fait également cinq blessés, dont deux par balles.

Columbus (Ohio), 2017[modifier | modifier le code]

Le travailleur des postes DeShaune Stewart assassine deux collègues, son supérieur et le chef de bureau le 23 décembre 2017 à Columbus (Ohio)[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Citations originales[modifier | modifier le code]

  1. (en) « The symposium was sponsored by the U.S. Postal Service, which has seen so many outbursts that in some circles excessive stress is known as 'going postal.' Thirty-five people have been killed in 11 post office shootings since 1983. The USPS does not approve of the term "going postal" and has made attempts to stop people from using the saying. Some postal workers, however, feel it has earned its place[2]. »
  2. (en) « Unlike the more deadly mass shootings around the nation, which have lent a new term to the language, referring to shooting up the office as "going postal"[3]. »
  3. (en) « You're not a postal worker, are you?"[7]. »
  4. (en) « 
    • Nelson: Have you ever gone on a killing spree?
    • Postmaster Bill: (laughing) Ho ho ho, nooo noo, the day of the gun toting disgruntled postman shooting up the place went out with the Macarena. »
  5. (en) « patterns of harassment, intimidation, cruelty and allegations of favoritism in promotions and demotions ... [and] testimony relating to wide-ranging delivery and service problems »

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Seungmug Lee et Robert McCrie, « Mass Homicides by Employees in the American Workplace »,
  2. Vick, Karl, "Violence at work tied to loss of esteem", St. Petersburg Times, Dec 17, 1993
  3. "The Year in Review 1993", Los Angeles Times, December 31, 1993
  4. Musacco 2009, p. ?.
  5. (en) « Permanent.access.gpo.gov Report of The United States Postal Service Commission On A Safe And Secure Workplace August 2000 »
  6. (en) Justin Calvert, « Postal court case dismissed » (consulté le )
  7. « Jumanji 1080p You're not a postal worker, are you? », sur YouTube (consulté le )
  8. (en) Allie Pape, « Brooklyn Nine-Nine Recap: Going Postal » (consulté le )
  9. (en) « Post Office Supervisor Shot to Death; Co-Worker Arrested », Los Angeles Times,‎ , p. 34 (lire en ligne).
  10. (en) « On August 20, 1986, a part-time letter carrier named Patrick H. Sherrill, facing possible dismissal after a troubled work history », The Journal of Employee Assistance,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Robert Hanley, « 4 Slain in 2 New Jersey Attacks And Former Postal Clerk Is Held », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « A former postal worker commits mass murder. », The History Channel website,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en)Doron P. Levin, « Ex-Postal Worker Kills 3 and Wounds 6 in Michigan », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Charlie Withers, « The Tainted Eagle »
  15. A post office tragedy:the shooting at Royal Oak, report of the Committee on Post Office and Civil Service, House of Representatives, 102 Congress, (ISBN 9780160386589)
  16. (en)Gregory K. Moffatt, Blind-Sided: Homicide Where It Is Least Expected, at 37 (2000).
  17. (en) Stephen Musacco, Beyond going postal: Shifting from workplace tragedies and toxic workplace environments to a safe and healthy organization, Booksurge, , p. 34 :

    « the notion of 'going postal' as a myth is not supported by the overwhelming evidence to the contrary »

  18. (en) John Holusha et Randal C. Archibold, « Ex-Employee Kills 6 Others and Herself at California Postal Plant », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (en) « Death Toll in Calif. Postal Shooting Rises: Calif. Sheriff's Deputies Say Woman Accused in Post Office Killings May Have Also Shot Her Former Neighbor », ABC News,‎ (lire en ligne [archive du ]).
  20. (en) « Seven dead in California postal shooting », CNN,‎ (lire en ligne)
  21. (en) « US ex-postal employee kills six », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) « Gallaher Sentenced in Baker County Circuit Court », Hells Canyon Journal,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le )
  23. a et b (en) « Gallaher sentenced for post office supervisor's murder », sur The Baker City Herald
  24. (en) « Enraged naked postal worker goes on killing spree, police say », Fox News,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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