Germaine Schrœder

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Germaine Schroeder
Germaine Schroeder et Jean Reutlinger en 1913
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Jeanne Germaine SchroederVoir et modifier les données sur Wikidata
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Enfant

Jeanne Germaine Schrœder (Châteaudun, Paris 6e, [1]) est une artiste-relieur française[2]. Elle a été un relieur d’art renommée à Paris entre 1918 et 1936.

Biographie[modifier | modifier le code]

Germaine Schrœder, d’origine suisse (Neuchâtel) était la petite fille de Philippe Godet, homme de lettres neuchâtelois. Elle a été active en 1913 et établit avant le début de la Première Guerre mondiale, son premier atelier à Paris 7 rue Bonaparte. Le couturier Jacques Doucet fait appel à elle pour réaliser les premiers décors créés par Pierre Legrain. Germaine Schrœder était alors fiancée au photographe français Jean Reutlinger. Ensemble, ils ont publié de la poésie dans la revue La Vasque. Reutlinger est mort au front dans les Ardennes le 22 août 1914.

Dès 1918 elle présentait des reliures originales ornées de papiers peints et décorés à la main, au Palais Galliera lors de l'Exposition de «L'art dans le livre français moderne».

En 1925, sa réputation lui a valu la clientèle de grands bibliophiles comme Louis Barthou, puis elle s'est distinguée par ses reliures Art Déco («rompre avec la tradition, s’inscrire dans la modernité» selon une formule de l'époque), originales et de qualité. Elle a été le relieur attitré de Jean Cocteau et de Coco Chanel. La même année elle présente son travail à l' Exposition internationale d'Arts Industriels et Décoratifs Moderne.

G.Schrœder a aussi participé à la renaissance du papier de reliure en France, avec notamment l'emploi de papiers gravés sur bois produits par Valentine Henches (1880-1952).

Germaine Schrœder a épousé Bernard Zimmer et continué d'exercer sous son nom de jeune fille. En 1930, elle a déménagé l'atelier au 3 rue des Grands-Augustins. En 1936, son assistante Mademoiselle Marie Magdelaine lui a succèdé jusque dans les années 70[3].

Germaine Schrœder a eu deux enfants de son mariage avec Bernard Zimmer: Paule (de Laroussilhe), née en 1926, puis Pierre Zimmer.

Germaine Schrœder s’est retirée à Vevey au bord du Lac Léman. Parmi ses amis, de jeunesse figurait René de Cérenville, amateur d’art qui lui a conseillé de faire don de ses collections au musée Jenisch Vevey.

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

«L'art dans le livre français moderne», Palais Galliera, 1918. Cette exposition regroupait les différents pans de l'art du livre français avec la reliure comme fer de lance. Y fut exposé un grand nombre de créations des grands relieurs de l'époque (comme Marius Michel, Mercier, Kieffer, Meunier, Lortic, Canape, Gruel, Prouvé, ainsi que Louise-Denise Germain et Germaine Schrœder) provenant des bibliothèques des bibliophiles tels que Henri Beraldi, Jean Borderel ou Louis Barthou.

"Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes", Paris 1925.

«Un demi-siècle de reliures d'art contemporain en France et dans le monde », Bibliothèque Forney - Hôtel de Sens, 1984. Exposition internationale organisée avec le concours de la société Les Amis de La Reliure Originale. Elle débutait par un hommage à François-Louis Schmied et Jean Dunand, René Kieffer, Laure Albin-Guyot, Jean Goulden, E.A. Séguy, Robert Bonfils, André Mare, Germaine Schrœder, Pierre Legrain, Paul Bonet, Rosa Adler, Georges Cretté, Geneviève Léotard, Henri Creuzevault, Claude Stahly, Henri Mercher.

Réception[modifier | modifier le code]

Selon l'écrivain et bibliothécaire Yves Peyré[4] , «Germaine Schroeder est l'un des premiers relieurs à se risquer sur la voie de l'Art déco. Praticienne remarquable , elle est un esprit aventureux, épris de recherche. [...] Germaine Schroeder est au premier plan des inventeurs de l'Art déco. »

En 1932, l' auteur et collectionneur d'art Ernest de Crauzat jugeait que les reliures de Germaine Schrœder étaient «brillantes dans leurs couleurs et bien exécutées» et «tenaient une place très honorable dans la production contemporaine».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A.Duncan, La reliure artistique Art Nouveau-Art Déco, ed l’amateur, Paris, 1989
  • Mel Byars, L'Encyclopédie du Design. Hoboken, John Wiley & Sons, 1994, (ISBN 9780471024552), page 504.
  • Gordon Norton Ray, George Thomas Tanselle (Eds.) : Le livre Art déco en France. Charlottesville, Société bibliographique de l'Université de Virginie, 2005 (ISBN 1883631122), pp. 100, 132, 157.
  • Reliure, Encyclopédie Universalis. Boulogne-Billancourt, 2017, (ISBN 9782341006958), p.36.

Quelques réalisations[modifier | modifier le code]

  •  Georges Duhamel: «La Pierre d'Horeb», Ed Henri Jonquières/Les beaux romans, 1928; in 8°, tirage limité, un des 1050 exemplaires numéroté 311 sur papier Velin de Rives, dessins et pointes sèches de Berthold Mahn ; reliure parchemin beige signée en 3ème page de garde. « GS porte l’art de la reliure sur parchemin à un degré d’invention rarement atteint. « (Y.Peyré)
  • Paul Morand, Rien que la terre, Grasset, 1926 ; plein cuir marron avec globe terrestre sur le plat, titre sur bandeau vert, tranche supérieure marron, signée en 3ème page de garde.
  • Jean Cocteau, Vaslav Nijinsky. Six vers de Jean Cocteau. Six dessins de Paul Iribe, Paris, Société générale d’Impression pour la revue Le Témoin, 1910.
  • PJ Toulet : « Mon amie Nane » ; EO achevée d'imprimer le 15 juin 1905. Exemplaire numéroté du premier mille, reliure de GS (sans doute postérieure à 1905): bradel papier

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris Acte de décès no 42 dressé au 6e arrondissement, vue 6 / 31
  2. Julien Fléty : Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours. Technorama, 1988, (ISBN 9782904918070).
  3. idref
  4. Yves Peyré, Histoire de la reliure de création, Paris, Faton, , 200 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]