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Françoise Henry (historienne de l'art)

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Françoise Henry (16 juin 1902 - 10 février 1982) est une spécialiste du début de l'art irlandais, une archéologue et une historienne de l'art. Lorsqu'elle était à l'University College Dublin (UCD), elle a fondé le département d'histoire de la peinture européenne en 1965, et en a été directrice jusqu'à sa retraite en 1974[1],[2].

Biographie

Françoise Henry est née à Paris le . Elle a grandi dans le Limousin. Elle était la seule enfant de Jeanne Henry (née Clément) et René Henry, chef de cabinet adjoint du président de la Chambre des députés, professeur à l'École libre des sciences politiques et écrivain. Son père a quitté la famille quand Françoise était jeune. Son grand-père, Charles Clément (1821-1887), était un écrivain sur l'art et philosophe, et son influence s'est fait sentir par le biais lors de visites à sa grand-mère, près de Paris[3].

Elle a fréquenté le lycée Molière à Paris de 1914 à 1920, puis est diplômé à la fois de l'École du Louvre, en 1925, et de l'université de Paris. Dans cette dernière, elle a assisté à des conférences données par Salomon Reinach, Robert Rey, et Henri Hubert. Elle a travaillé comme assistante de Hubert au musée des Antiquités nationales, avant de rejoindre son équipe en 1927. L'une de ses thèses est une étude complète des sépultures de la préhistoire en Côte d'Or. À cette époque, Henri Focillon, l'un de ses enseignants, devient son mentor.

Carrière

Elle vient pour la première fois en Irlande en 1926, alors qu'elle commence une thèse à l'École du Louvre sur la sculpture médiévale irlandaise. À partir de cette visite, elle est inspirée par l'étude des premiers monuments irlandais, en particulier par les hautes croix à Ahenny. Quand elle revient à Paris, Focillon l'encourage à poursuivre son étude des sculptures irlandaises. Elle obtient son doctorat sur ce sujet en 1932. Elle a publié La sculpture irlandaise pendant les douze premiers siècles de l'ère chrétienne en 1933, avec une dédicace à Focillon. L'ouvrage a été immédiatement reconnu comme la référence principale en la matière. Une bourse de la fédération des femmes universitaires lui a permis de voyager et d'étudier. Elle se rend souvent en Irlande, mais aussi en Écosse et dans certaines parties de la Scandinavie. Elle fait partie du nombre croissant de chercheurs en études celtiques, et a bénéficié du dynamisme de ce renouveau. À Dublin, elle a vécu au Trinity Hall.

Elle a travaillé pour le University College Dublin de 1932 à 1974[4], avec son premier poste au département français en 1932. Sa première œuvre majeure, Irish art in the early Christian period (l'art irlandais au début de l'ère chrétienne), a été publié en 1940, et porte sur une zone d'étude largement inexplorée depuis Margaret Stokes dans les années 1800. Le livre explore l'art irlandais de l'époque préhistorique jusqu'au douzième siècle, couvrant la sculpture, les manuscrits et la ferronnerie. Dans les années 1960, il a été enrichi et mis à jour en trois volumes, publié d'abord en français puis en anglais.

À partir de 1934, Françoise Henry a été nommée par donner des conférences dans le cadre de la bourse Purser–Griffith sur l'histoire de la peinture européenne. Elle est transférée au département français à celui d'archéologie en 1948, où elle devient directrice d'études en archéologie et en histoire de la peinture européenne. Elle a collaboré avec Cecil Curle et Geneviève Marais-Micheli. À l'University College Dublin, elle a travaillé aux côtés de Eoin Mac Néill, R. A. Stewart Macalister, Gérard Murphy, Sean P. Ó Ríordáin et Rúaidhrí de Valera. Parmi ses amis proches avec qui elle partage des intérêts mutuels de recherche sont Máirín Bean Uí Dhálaigh, Mairín Allen et Frank O'Connor.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle participe à l'évacuation des objets de musées français et de Londres, agissant à titre de secrétaire de la commission pour la préservation des œuvres d'art dans l'Europe occupée. Plus tard dans la guerre, elle travaille dans une usine militaire en Angleterre, avant d'être conductrice d'ambulance en France à partir de 1944. Pour ce travail, elle a reçu la légion d'Honneur en 1947.

À partir de 1946, Françoise Henry reprend son travail de terrain sur l'enregistrement des monuments et les fouilles sur des sites tels que les îles Inishkea et Glendalough. Résultat de son travail, le département d'archéologie dispose d'archives photographiques documentant le début de l'art chrétien irlandais. Ses œuvres les plus connues, notamment du grand public, sont Early Christian Irish art (1954), Irish high crosses (1964) et Book of Kells (1974). Lors de son départ à la retraite de l'UCD en 1974, un numéro spécial de Studies lui a été consacré. En plus de ses travaux archéologiques, elle a également été impliquée dans l'art contemporain. Elle a organisé une grande rétrospective de l'œuvre de Mainie Jellett en 1962, ainsi que conseillé un certain nombre d'institutions, siégeant au conseil des amis des institutions nationales et au conseil des gardiens de la Galerie nationale d'Irlande à partir de 1962.

Françoise Henry a été l'une des quatre premières femmes à devenir membres de l'Académie royale d'Irlande (RIA) en 1949. Elle a reçu un doctorat honorifique de l'Université de Dublin, en 1963, et de l'Université nationale d'Irlande. Après sa retraite, elle continue de partager son temps entre l'Irlande et la France. Elle meurt à Auxerre le 10 février 1982.

Distinctions

  • 1947 : chevalier de la Légion d'honneur
  • 1949 : membre de l'Académie royale d'Irlande
  • 1963 : docteur honoris causa de l'université de Dublin et de l'université nationale d'Irlande

Postérité

Les archives de Françoise Henry sont déposées à la Royal Irish Academy, les archives de l'UCD, et une partie en collection privée. Un buste de  Françoise Henry a été sculpté en grès de Cashel par Domhnall Ó Murchadha en 1982. Une salle de lecture de l'École d'histoire de l'art et de politique culturelle de l'UCD est nommée en son honneur. Celle-ci abrite une bibliothèque spécialisée en histoire de l'art[5].

Françoise Henry était parmi un groupe d'éminents érudits irlandais auxquels un hommage est rendu dans le cadre de la Royal Irish Academy, dans le cadre d'une exposition intitulée Women on Walls[6].

Références

  1. « Francoise Henry, Celtic scholar, dies aged 79 », The Irish Times,‎ (lire en ligne)
  2. « Ancient art in high crosses », Irish Times, (consulté le )
  3. Hilary Richardson, Dictionary of Irish Biography, Cambridge, Cambridge University Press, , « Henry, Françoise »
  4. « Henry, Françoise », sur Dictionary Of Art Historians (consulté le )
  5. « Françoise Henry Reading Room », sur UCD (consulté le )
  6. « Women on Walls », sur Royal Irish Academy (consulté le )

Liens externes