Emanuele Notarbartolo

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Emanuele Notarbartolo
Fonctions
Directeur général
Banque de Sicile
-
Maire de Palerme
-
Titre de noblesse
Marquis
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
TrabiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
italienne ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Parti politique

Emanuele Notarbartolo, marquis di San Giovanni, né à Palerme le , mort à Termini Imerese le est un aristocrate est homme politique italien.

Maire de Palerme puis administrateur général de Banco di Sicilia, il est le personnalité publique assassinée par la mafia sicilienne, et le seul jusqu'en 1971.

Biographie

Carrière

Emmanuele Notarbartolo est issu d'une puissante famille aristocratique, proche de la couronne d'Italie[1].

Il est maire de Palerme de 1873 à 1876[2].

Il est ensuite directeur de Banco di Sicilia de 1876 à 1890. Administrateur honnête, il repousse des tentatives de spéciations au détriment de la banque[3] et refuse d'aider financièrement la Navigation générale italienne d'Ignazio Florio Jr. et Raffaele Rubattino, soutenue par Francesco Crispi. Connu pour être proche de la mafia, le député sicilien Rafaele Palizzolo attaque Notarbartolo, estimant que ce refus fragilisait l'économie méridionale au profit des entreprises du nord de l'Italie[2].

Notarbarloto est démis de ses fonctions par Crispi, ce qui permet à la NGI d'obtenir le soutien attendu de la Banco di Sicilia[2].

Après le Scandale de la Banca Romana en 1892, le nom de Notarbartolo circule pour reprendre son poste en Sicile à la faveur d'une volonté de moralisation du secteur bancaire italien[2].

Meurtre

Deux mafieux de Villabate, Matteo Filippello et Giuseppe Fontana[2] le tue le dans le train reliant Termini à Palerme[1]. La culpabilité de la mafia fait peu de doute, même si l'assassinat est inédit par la cible (un haut dignitaire de l’État italien) et par la méthode (assassinat au couteau et dans un train)[1].

Les assassinats sont identifiés et la rumeur publique désigne le député Raffaele Palizzolo comme commanditaire[4]. L'enquête menée par l’inspecteur Di Blasi est bâclée avec l'assentiment du préfet de police de Palerme, Ballabio[1].

Un premier procès en 1898 à Milan ne concerne que deux cheminots jugés comme complices[2]. Le fils de Notarbartolo accuse à la barre le député Palizzolo d'être le commanditaire et les autorités de le protéger. L'audience devient une contre-enquête qui me en lumière les manquements des investigations de Di Blasi, proche du parlementaire, qui est finalement arrêté pour parjure. Il s'était lui-même porté candidat pour mener l'enquête qu'il avait noyé par de multiples pistes sans fondements. Les débats alimentent, sous les plumes entre autres de Napoleone Colajanni, Gaetano Mosca et Giuseppe de Felice, les interrogations sur l'ampleur de la corruption et l'amoralité de la sphère politique et administrative italienne[4].

La famille Notarbartolo est suivie par des personnalités de premier plan, comme le ministre de la Justice Emanuele Gianturco, le marquis Antonio di Rudinì et le général Luigi Pelloux, mais aussi le roi Umberto Ier[1]. Palizzo lui est soutenu par le riche industriel Ignazio Florio Jr., grâce à qui le procureur général de Palerme, Vincenzo Cosenza, bloque les actions judiciaires demandées par le gouvernement, et qui convainc l'avocat de la famille Notarbarloto, Giuseppe Marchesano, d'abandonner la cause en échange d'un appui à son élection comme député[1].

Le Parlement autorise en 1899, l'arrestation du député, le chef du gouvernement[1]. Le 17 décembre 1899 à Palerme, près de 30000 manifestants expriment leur soutien à la famille Notarbarloto[3].

Un deuxième procès se tient en 1902 à Bologne. Il condamne Palizzolo et Fontana à trente ans de prison[2]. A l'annonce du verdict, des tracts à Palerme appelle au deuil citoyen, des commerces baissent leurs rideaux, et un comité de défense, Pro-Sicilia est créé sous l'impulsion d'Ignazio Florio Jr.. L'un de ses membres, le folkloriste Giuseppe Pitrè attaque le jugement en déclarant le 7 août dans les colonnes du Giornale di Sicilia, que la condamnation de Palizzolo et la dénonciation des agissements mafieux sont un dénigrement de la Sicile[3]. Cette condamnation d'un député sicilien par des juges du Nord alimente ainsi le discours sicilianiste d'un sud économiquement sacrifié et politiquement méprisé par l'élite septentrionale que porte le comité Pro Sicilia, qui compte jusqu'à 200 000 adhérents[2]. Selon Jacques de Saint Victor, Palizzolo bénéficie de la protection des Florio pour avoir couvert les malversations financières et juridiques en faveur de l'empire financier et industriel que le marquis Notarbartolo voulait dénoncer[1].

Le verdict de Bologne est finalement cassé pour vice de forme puis, le 23 juillet 1904, la cour de Florence acquitte les accusés pour insuffisance de preuves[2]. Palizzolo est accueilli en héros à Palerme[3]. Le crime est depuis resté impuni, illustrant les limites du droit commun pour sanctionner les crimes mafieux et surtout leurs commanditaires. Les assassins s'exilent aux États-Unis, où ils deviennent les premiers membres d’une famille mafieuse de La Nouvelle Orléans[1].

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Jacques de Saint-Victor, « Justice et politique en Italie : les procès de mafia (xixe-xxe siècle) », Histoire de la justice, vol. 2017/1, no 27,‎ , p. 115-132 (lire en ligne)
  2. a b c d e f g h et i Jean-Yves Frétigné, Histoire de la Sicile : des origines à nos jours, dl 2018 (ISBN 978-2-8185-0558-8)
  3. a b c et d Umberto Centro siciliano di documentazione Giuseppe Impastato, Mafia et antimafia hier et aujourd'hui, Arti grafiche palermitane, (ISBN 88-97559-48-4 et 978-88-97559-48-1, OCLC 1141571661, lire en ligne)
  4. a et b Salvatore Lupo, « Tra banca e politica : il delitto Notarbartolo », Meridiana, n°7/8, 1989-1990, p. 119-155.

Bibliographie

  • Leopoldo Notarbartolo, Memorie della vita di mio padre. Emanuele Notarbartolo di San Giovanni, Tipografia pistoiese, Pistoia, 1949

Liens externes