Cité-jardin Ungemach

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Cité-jardin Ungemach
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Département
Commune
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Avenue Schützenberg
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La cité-jardin Ungemach est une cité-jardin créée au début des années 1920 et située dans le quartier du Wacken, au nord de Strasbourg. Quelques décennies plus tard, l'implantation, au fil des années, de constructions liées aux institutions européennes, dont le Parlement européen, fut conduite en bordure de cet ensemble de 140 pavillons, couleur rose ou paille, entourés de jardins.

Histoire[modifier | modifier le code]

Stèle de Léon Ungemach, datant des années 1950.

Réalisation du projet privé à partir de 1920[modifier | modifier le code]

Charles-Léon Ungemach (1844-1928)[1] conduisit une politique sociale pionnière au sein de son entreprise : restaurant du personnel, installation sanitaire, infirmerie et bibliothèque, colonie de vacances pour les enfants du personnel.

Vers 1900, il institua une participation de ses employés aux bénéfices de l’entreprise et même des tentatives de semaine de congés payés[2].

Un cadre de verdure

Engagé politiquement dans la gestion de la ville de Strasbourg en tant que membre du conseil municipal depuis 1904 et comme membre de la première chambre du Landtag depuis 1911, vice-président de la chambre de commerce depuis 1911, initiateur de nombreuses initiatives sociales, profitant de bénéfices réalisés pendant la guerre qui lui furent reprochés (il gagna un procès en appel à ce sujet), il décida de consacrer cet argent à une cité jardin pour de jeunes ménages. Il créa une fondation et obtint la mise à disposition de 12 ha de terrain par la mairie pour mettre en œuvre son projet.

Le programme d'un Concours pour la création d'une cité-jardin est publié le [3]. Les architectes Paul de Rutté et Jean Sorg sont chargés du projet définitif et signeront ensemble les plans d'architecture et d'urbanisme. Les travaux ont lieu entre 1923 et 1928[4].

Contexte idéologique[modifier | modifier le code]

Le projet de cette cité gérée dans les années 1920 par Alfred Dachert (1875-1972) s'inscrit dans le cadre du débat français sur l'eugénisme. À cette époque (l'immédiat après-guerre) l'eugénisme « positif » (politique nataliste par crainte d'une dépopulation) était dominant par rapport à l'eugénisme « négatif » (écarter les indésirables)[5],[6].

Selon une étude de Paul-André Rosental, ce projet relevait d'un idéal eugéniste, en se fondant sur le règlement initial d'attribution des logements à des couples choisis : vouloir des enfants, être en bonne santé et les élever dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité. Les familles devaient respecter un règlement comptant quelque 356 articles et faisaient l'objet de contrôle réguliers par un inspecteur[7]. Le fait de ne pas faire suffisamment d'enfants (le nombre était fixé à trois) impliquait à l'époque de devoir quitter la cité, ainsi que le fait d'avoir été recalé lors du contrôle surprise annuel du domicile[8].

Pour l'attribution d'un logement, chaque famille est cotée en points. Par exemple : 20 points par enfant, le total étant divisé par le nombre d'années de mariage des parents, plus des points bonus pour le nombre des frères et sœurs vivants des parents, afin de favoriser les jeunes couples censés être les plus féconds. Les logements des candidats font l'objet d'une visite obligatoire avec cotation de 1 à 10 pour « l'ordre et la propreté », un score inférieur à 6 ou 7 pouvait valoir un refus, ainsi que le fait que la mère travaille[5]. Ce questionnaire sera utilisé jusqu'aux années 1980. La question liée à la profession de la mère était une "question piège". Dès lors qu’une femme déclarait un emploi, son couple était mis à l’écart. Dans l’esprit des dirigeants de la fondation, la place d’une mère était au foyer afin de privilégier l’éducation de ses enfants, ceux-ci constituant l’élément clef du programme de la cité[7].

Aux États-Unis, en 1933, des eugénistes américains présentent la cité-jardin Ungemach comme un modèle d' « eugénique planifiée ». Cependant, cela a peu à voir avec l'exemple nazi du Lebensborn, la cité Ungemach n'appliquant aucun critère physique, d'ordre racial ou de nationalité d'origine[5].

Propriété de la ville de Strasbourg à partir de 1950[modifier | modifier le code]

La cité-jardin devint propriété de la ville de Strasbourg en 1950, comme convenu à l'article 9 de l’acte de donation[Lequel ?].

Dans les années 1980, le règlement initial de la cité a été remplacé par celui des logements sociaux, sa gestion étant aujourd'hui attribuée à un organisme de logements sociaux, Habitation moderne. Auparavant, les règles initiales étaient appliquées par la municipalité[8].

Référence d'urbanisme[modifier | modifier le code]

La Cité Ungemach est étudiée par les architectes et visitée par les touristes comme étant un exemple de cités ouvrières[9].

Controverses[modifier | modifier le code]

Cette cité est enviée d'une part par ceux qui recherchent un pavillon avec jardin à prix modéré et d'autre part par les promoteurs immobiliers à cause de sa situation jouxtant le quartier européen et notamment le parlement européen entrainant des controverses récurrentes.

Rumeurs de cession à des promoteurs immobiliers[modifier | modifier le code]

La situation de la cité, voisine du parlement européen et du nouveau quartier d'affaires Archipel, éveille des tensions locales. Régulièrement des rumeurs strasbourgeoises insinuent que ces logements municipaux seraient cédés à des promoteurs privés. Ces rumeurs sont démenties avec constance par la municipalité qui rappelle que la cité Ungemach est protégée contre les projets immobiliers privés par la politique de la ville et le fait qu'elle est inscrite au patrimoine municipal[10].

Application du supplément de loyer de solidarité en 2015[modifier | modifier le code]

A la suite d'un projet important de rénovation énergétique de la cité, en 2015 Habitation moderne et la municipalité décidèrent d'appliquer le supplément de loyer de solidarité[11] à 31 familles de la cité. Cette décision fut jugée trop brutale par les familles concernées[12].

Documentaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Igersheim, « Léon Charles Ungemach », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 48, p. 4983
  2. Freddy Sarg, Le Wacken, Strasbourg, Oberlin, p. 48-57.
  3. Stéphane Jonas, « Les jardins d'Ungemach à Strasbourg : une cité-jardin d'origine nataliste » in L'urbanisme à Strasbourg au XXe siècle. Actes des conférences organisées dans le cadre des 100 ans de la cité-jardin du Stockfeld, Ville de Strasbourg, 2011, p. 84
  4. Stéphane Jonas, op. cit., p. 50
  5. a b et c (en) William Schneider, Quality and Quantity, The quest for biological regeneration in twentieth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press, , 392 p. (ISBN 0-521-37498-7), p. 122-128.
  6. « Un cas d’eugénisme à la française », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « Documentaire. Dans le laboratoire eugéniste de la cité Ungemach à Strasbourg », sur www.dna.fr (consulté le )
  8. a et b Paul-André Rosental, Destins de l'eugénisme, Paris, Seuil, , 553 p. (ISBN 978-2-02-095027-5, présentation en ligne, lire en ligne)
  9. Office du tourisme, Strasbourg, visite et conférences en 2016
  10. L'urbanisme à Strasbourg au XXe siècle
  11. [https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21051 Logement social : supplément de loyer de solidarité (SLS) (Gouvernement français)
  12. Hausse des loyers : big bang social à la Cité Ungemach (Rue 89)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Jonas, « Les jardins d'Ungemach à Strasbourg : une cité-jardin d'origine nataliste (1923-1950) » in Paulette Girard et Bruno Fayolle Lussac (dir.), Cités, cités-jardins, une histoire européenne (actes du colloque de Toulouse des 18 et , organisé par le Groupe de recherches Production de la ville et patrimoine des Écoles d'architecture de Toulouse et Bordeaux), Éd. de la Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, Talence, 1996, p. 65 et suiv. (ISBN 2-85892-215-2)
  • Freddy Sarg, Le Wacken, Éditions Oberlin, Strasbourg, 1985, 79 p. (ISBN 9782853690447)
  • Bernard Vogler, Elizabeth Loeb-Darcagne et Christophe Hamm (phot.), « Un Éden urbain », in Strasbourg secret, Les Beaux Jours, Paris, 2008, p. 138
  • Paul-André Rosental, Destins de l'eugénisme, Paris, Seuil, 2016  (ISBN 9782020950275)lire en ligne), l'intégralité de l'ouvrage.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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