Aplite

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Filon aplitique d'un granodiorite, Železné hory, République tchèque
Filons aplitiques traversant un erratique granitique (Institut de la Géologie à Varsovie en Pologne)

Aplite est l'appellation pour des roches filoniennes leucocrates de granulométrie très fine. Elles sont associées soit aux roches magmatiques soit aux roches métasomatosiques. Elles sont caractérisées par une teneur très basse en minéraux mafiques (normalement en dessous de 5 %).

Étymologie et terminologie

Le nom aplite est dérivé de l'ancien grec ἀπλος (haplos), signifiant simple. Cette appellation fut utilisée pour la première fois par A. J. Retz autour de 1800 et plus tard encore par Karl Cäsar von Leonhard, qui l'introduisit dans la littérature scientifique, probablement par analogie avec la structure simple de ces roches.

Le préfixe aplo- est utilisé pour les roches de couleur claire, d'une minéralogie simple et appauvries en minéraux ferromagnésiens, comme par exemple aplodiorite ou aplogranite. Le terme aplosyénite, introduit en 1935 par Walter Ehrenreich Tröger, n'est plus en usage.

Distribution géographique

À cause de leur association aux granitoïdes on peut rencontrer les aplites un peu partout où il y a des terrains de socle; mais également on les trouve dans les orogènes, les batholites, les intrusions et les provinces magmatiques.

Apparence

Les aplites sont des roches filoniennes de teinte claire ; ils sont compacts et de granulométrie fine à très fine, parfois même aphanitique. Leur couleur peut varier de blanchâtre à rougeâtre en passant par grisâtre. Les filons aplitiques peuvent être zonés. L'épaisseur des filons est centimétrique, plus rarement décimétrique. La texture des aplites est équidimensionnelle et non-porphyrique. La dimension des grains est submillimétrique, pour les identifier on a donc besoin d'une loupe. À cause de cette granulométrie fine et équidimensionnelle on peut envisager chez les aplites magmatiques une cristallisation rapide et simultanée. L'habit des cristaux est majoritairement hypidiomorphe et la texture prend l'allure d'une mosaïque. Parfois les aplites peuvent former des petits corps granitiques ou des amas irréguliers au sein ou au périmètre des plutons. Les pegmatites montrent souvent des bordures aplitiques.

Minéralogie

Filon aplitique rose associé à un microgranite, Granodiorite de Piégut-Pluviers

Les aplites sont constitués essentiellement de quartz, de feldspath alcalin (orthoclase ou microperthite) et de plagioclase. Ils sont très pauvres en minéraux mafiques (biotite d'habitude) et c'est pour cette raison que leur index de couleur est en dessous de 5, ils sont donc hololeucocrates. L'index des aplites liés aux intrusions plus basiques est un peu plus élevé, mais reste toujours en dessous de 10. Leur composition chimique est très similaire au matériel interstitiel des roches porphyriques, remarquablement semblable à la composition eutectique des granitoides. Le feldspath alcalin peut montrer des tendances porphyriques, mais quartz jamais. Ce fait souligne l'association des aplites aux granophyres, rhyolites et felsites. Les aplites en relation avec les diorites et les diorites quartziques ont une minéralogie un peu différente, ils sont dominés par le plagioclase; il s'y ajoute muscovite, apatite et zircon. Les aplites syénitiques consistent surtout de feldspath alcalin, occasionnellement apparaît aussi la néphéline (auparavant les aplites néphélinitiques étaient appelés aploïdes). Quand la teneur en silice augmente les aplites peuvent passer aux filons de quartz.

La biotite et les autres minéraux ferromagnésiens sont très rares à non existants.

À côté des minéraux pneumatolytiques comme topaze et fluorite peut aussi croître la tourmaline.

Les aplites possèdent souvent une forte teneur en éléments béryllium et lithium.

Formation

Lame mince d'un filon aplitique encaissé dans une granodiorite, agrandissement 1:50. Avec biotite chloritisée, quartz développant des sous-grains, microcline et plagioclase. Le plagioclase est coloré en rouge par de l'hématite (Fe-métasomatisme).

Les aplites sont engendrés par deux processus très différents :

  • processus magmatique
  • processus métasomatique

Processus magmatique

Si les aplites remplissent les critères du puzzle, ç.à.d. l'assemblage complet de l'hôte et la fermeture complète des filons, on est amené à penser que les aplites envahissaient à état liquide (comme dernière fonte) les fentes du corps plutonique s'ouvrant sous contraintes d'étirement. L'injection du magma aplitique se faisait probablement très tard dans l'évolution du pluton et sa composition chimique était eutectique. La granulométrie très fine plaide en outre pour un refroidissement très rapide.

Processus métasomatique

Si le critère du puzzle est négatif on doit considérer un processus métasomatique pour la formation de l'aplite, ç.à.d. une formation en place par des solutions chimiques chaudes, mais toujours à l'état solide (par différentiation métasomatique). L'hôte apparemment n'a pas bougé. L'échange chimique ne dépasse pas plusieurs centimètres ou décimètres. L'hôte (le paléosome) s'appauvrit en minéraux clairs comme les feldspaths (et devient ainsi un mélanosome), qui s'accumulent ensuite dans l'aplite métasomatique. Comparées avec leur hôte les aplites ainsi formées sont toujours enrichies en SiO2.

Variétés

Les aplogranites ou granites aplitiques sont des roches claires avec la même composition qu'un granite, mais ils ne contiennent pas (ou seulement très peu) de biotite. Il existe aussi des aplosyénites, des aplodiorites et même des aplogabbros.

Les microaplites sont des remplissages de granulométrie extrêmement fine ; ils apparaissent dans les fentes et les petites cavités des granitoïdes syntectoniques [1]. Si la déformation continue pendant la cristallisation des granitoïdes le processus de cristallisation est gêné à cause des contraintes distensives. En outre les grains déjà cristallisés peuvent rompre et devenir sujets à la cataclase. Le magma restant est forcé de cristalliser très vite dans les espaces créés par l'extension. Il résulte donc des grains minuscules de plagioclase (albite, oligoclase) et de quartz xénomorphique avec bordures sinueuses et dentelés. Typiquement ces remplissages microaplitiques ne contiennent pas des microclines de température plus basse et diaclasés.

Pierres décoratives

À cause de leur épaisseur limitée les aplites sont très rarement utilisées comme pierres décoratives ou pierres de taille.

Un exemple rare est le Grigio Argento, une aplite de la Sardaigne.

Notes et références

  1. Hibbard, MJ. (1986). Deformation of incompletely crystallized systems: granitic gneisses and their tectonic implications. J. Geol., 95, pp. 543-561

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • Chauris, L., & Lulzac, Y. (1973). Les aplites à topaze et les stockscheider du leucogranite de Scaër (Finistère). Bull. Soc. géol. minéral. Bretagne, C, V, 1, 21-30.
  • Dell'Angelo, L. N., & Tullis, J. (1986). A comparison of quartz c-axis preferred orientations in experimentally deformed aplites and quartzites. Journal of structural geology, 8(6), 683-692 (résumé).
  • Dell'Angelo, L. N., & Tullis, J. (1996). Textural and mechanical evolution with progressive strain in experimentally deformed aplite. Tectonophysics, 256(1), 57-82 (résumé).
  • Derry, D. R. (1931). The genetic relationships of pegmatites, aplites, and tin veins. Geological Magazine, 68(10), 454-475 (résumé).
  • Leake, B. E. (1968). Zoned garnets from the Galway granite and its aplites. Earth and Planetary Science Letters, 3, 311-316 (résumé).
  • Neiva, A. M. R. (1975). Geochemistry of coexisting aplites and pegmatites and of their minerals from central northern Portugal. Chemical Geology, 16(3), 153-177 (résumé).
  • Oversby, V. M. (1975). Lead isotopic study of aplites from the Precambrian basement rocks near Ibadan, southwestern Nigeria. Earth and Planetary Science Letters, 27(2), 177-180. (résumé)
  • Tsurumi, J., Hosonuma, H., & Kanagawa, K. (2003). Strain localization due to a positive feedback of deformation and myrmekite-forming reaction in granite and aplite mylonites along the Hatagawa Shear Zone of NE Japan. Journal of Structural Geology, 25(4), 557-574 (résumé).
  • Varlamoff, N. (1954). Transitions entre les aplites et les pegmatites dans les zones de contact des massifs granitiques des concessions de Symétain à Kalima (Maniema, Congo belge). Annales de la Société Géologique de Belgique, 77, 101-120.
  • Webber, K. L., Simmons, W. B., Falster, A. U., & Foord, E. E. (1999). Cooling rates and crystallization dynamics of shallow level pegmatite-aplite dikes, San Diego County, California. American Mineralogist, 84(5), 708-717.