Antoine Meatchi

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Antoine Meatchi
Illustration.
Fonctions
Vice-président du Togo
Ministre de l'Économie et des Finances

(3 ans et 10 mois)
Président Nicolas Grunitzky
Gouvernement Grunitzky provisoire et I
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Fonction supprimée
Député togolais

(3 ans)
Élection 27 avril 1958
Circonscription Circonscription de Pagouda-Ouest
Ministre des Finances

(66 ans)
Premier ministre Nicolas Grunitzky
Ministre de l'Agriculture

(1 an)
Premier ministre Nicolas Grunitzky

(5 mois)
Gouvernement Grunitzky II
Biographie
Nom de naissance Antoine Idrissou Meatchi
Date de naissance
Lieu de naissance Sokodé
Date de décès (à 68 ans)
Nationalité Togolais
Parti politique Union des chefs et des populations du Nord (1951-1959)
Union démocratique des populations togolaises(1959-)

Antoine Idrissou Meatchi (né le à Sokodé et mort le ) est un homme politique et ingénieur agronome togolais. Il est vice-président du Togo et ministre de l'Économie et des Finances sous Nicolas Grunitzky (1963 - 1966) après le coup d'État de 1963 qui renverse Sylvanus Olympio[1]. Il est destitué en lors du putsch organisé par Étienne Eyadema.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Antoine Meatchi naît le à Sokodé[2] dans une famille kabyé[3] proche de la royauté locale. Il fait ses études primaires au Togo et en 1942, il part pour le Mali (école normale Frédéric Assomption de Katibougou) puis la France (écoles régionales d'agriculture d'Oudes et de Montargis, école nationale d'agriculture) pour étudier l'agriculture et se spécialiser en agriculture tropicale[4],[5].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Après son retour au Togo en 1953, Meatchi devient rapidement chef adjoint des services agricoles de Lomé, chef de la promotion agricole de Kluoto et directeur de l'école agricole de Tové. Toujours en fonction, Meatchi s'intéresse à la politique. Il est nommé pour la première fois en 1956, alors que Nicolas Grunitzky est le premier Premier ministre de l'histoire du Togo. Il est d'abord nommé ministre de l'Agriculture puis ministre des Finances un an plus tard[5]. Bien que les élections législatives de 1956 aient été contestées par le Comité d'unité togolaise (CUT) de Sylvanus Olympio et qu'elles aient dû être réorganisées sous la surveillance de l'ONU en 1958, Meatchi remporte un siège de député dans la circonscription électorale de Pagouda-Ouest[6].

Chef de l'opposition[modifier | modifier le code]

Après la retraite de Grunitzky de la politique et son départ pour la Côte d'Ivoire en 1961, Meatchi devient le président de l'Union des chefs et des peuples du Nord (UCPN) et le chef de l'opposition. Après l'indépendance du Togo, de nouvelles règles administratives sont adoptées.Tout foyer d'opposition est réprimé, ce qui fait perdre son siège à Meatchi lors des élections législatives de 1961. La même année, il se prononce contre le nouvel amendement à la constitution qui prévoit un système présidentiel fort, dans lequel la majorité du pouvoir exécutif est confiée au président. Par conséquent, il est arrêté et accusé de comploter contre le gouvernement. Après sa libération, il rejoint Accra au Ghana, où il reste en exil jusqu'au coup d'État de 1963[7]. Il y est membre du Bureau des affaires africaines[8],[9].

Retour d'exil et coup d'État de 1967[modifier | modifier le code]

Il revient au Togo en 1962, alors le pays est devenu un régime à parti unique (CUT). Cela conduit à un coup d'État en monté par des soldats dont Eyadéma et aboutissant à l'assassinat d'Olympio et à la prise de pouvoir de Grunitzky[10].

A son retour, il est nommé vice-président et ministre des Finances, des Travaux publics et des Postes et Télécommunications, et provisoirement de l'Éducation, dans le gouvernement provisoire de Grunitzky[11]. Après les élections de 1963, il assure la vice-présidence, avec la responsabilité des Finances, de l'Économie et du Plan. Le gouvernement tient quatre ans mais la nouvelle organisation des instituions s'avère dysfonctionnelle[5]. À cela s'ajoute une mésentente entre le président et son vice-président[12].

En , deux ministres démissionnent (Benoît Malou à l'Éducation nationale et Pierre Adossama au Travail)[13] et Meatchi limoge le ministre de l'Industrie (Mama Fousseni)[14]. Grunitzky décide alors de dissoudre le gouvernement. Il ne reste alors plus que lui et Meatchi au pouvoir, ce qui engendre une crise politique[13]. Une tentative de coup d'État a lieu à laquelle Meatchi prend part[12]. Le poste de vice-président est finalement supprimé[15] et Meatchi récupère le ministère de l'Agriculture[5] dans un nouveau gouvernement qui ne dure pas. Quelques semaines plus tard, en , le lieutenant-colonel Étienne Eyadema renverse Grunitzky lors d'un coup d'État militaire et Meatchi perd son poste[4],[16].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Après avoir perdu son poste de ministre, Meatchi perd toute crédibilité et soutien, ce qui le pousse à se retirer de la politique active. Il est toutefois reconduit dans ses fonctions de directeur des services agricoles, poste qu'il occupe pendant plusieurs années[4].

Il est arrêté en , officiellement pour détournement de fonds publics dix ans auparavant, officieusement pour son opposition au gouvernement Eyadema. Durant sa détention qui débute dans la prison de Lomé, il est privé d'eau et de nourriture[17], forcé de faire ses besoins dans sa cellule[18]. Il meurt finalement en 1984, dans la prison de Sansanné-Mango où il a été transféré en 1983[17].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Arranging things », sur time.com,
  2. Africa Report, (lire en ligne).
  3. Yves Marguerat, « Les stratégies scolaires au Togo à l'époque du mandat français : Le cours complémentaire de Lomé et la formation des élites modernes », sur journals.openedition.org (consulté le ).
  4. a b et c (en) Ralph Uwechue, Makers Of Modern Africa: Profile in History, United Kingdom, Africa Books Limited, , 475–476 p. (ISBN 0903274183).
  5. a b c et d « Antoine Idrissou Méatchi : Ancien vice-président du Togo, mort de diète noire », Le Médium,‎ .
  6. Essohanam Batchana, « Les rôles et les responsabilités des acteurs et partis prenants dans le processus des réformes : Approche du chercheur » [PDF] (consulté le ).
  7. « Togo : sous la férule du timonier national », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  8. (en) Willard Scott Thompson, Ghana's Foreign Policy, 1957-1966 : Diplomacy Ideology, and the New State, Princeton University Press, .
  9. (en) Willard Scott Thompson, GGhana Students in United States Oppose U.S. Aid to Nkrumah : Staff Conferences of the Subcommittee to Investigate the Administration of the Internal Security Act and Other Internal Security Laws of the Committee on the Judiciary, United States Senate, U.S. Government Printing Office, , p. 36.
  10. « Renversement du président Nicolas Grunitzky au Togo », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le )
  11. « Le comité insurrectionnel de Lomé ne participe pas au gouvernement de M. Grunitzky », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  12. a et b Tshitenge Lubabu M.K., « Togo : sous la férule du timonier national », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  13. a et b « Des manifestants réclament à Lomé la démission du président Grunitzky », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  14. Assiongbor Folivi, Gnassingbé Eyadema, vol. 1 : Discours et allocutions (1967-1975), L'Harmattan, , p. 11.
  15. « La chute du président togolais Nicolas Grunitzky », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en-US) « Togo: Arranging Things », Time,‎ (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le ).
  17. a et b « Togo : À l'heure des réformes, impunité pour les auteurs de violations des droits de l'homme », Amnesty International,‎ , p. 6.
  18. Léonard Katchekpele, Les enjeux politiques de l'Église en Afrique, Éditions du Cerf, .

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • « M. Antoine Meatchi », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  • « M. Grunitzky renforce son pouvoir aux dépens de M. Meatchi », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).