Adrien Degbey

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Adrien Degbey
Illustration.
Fonctions
Ministre du Développement rural et de la Coopération

(1 an, 10 mois et 4 jours)
Président Sourou Migan Apithy (démission)
Justin Ahomadegbé (intérim)
Premier ministre Justin Ahomadegbé
Prédécesseur Sourou Migan Apithy
Successeur Antoine Boya
Ministre du Travail et Affaires sociales

(1 mois et 16 jours)
Président Hubert Maga
Premier ministre Hubert Maga
Prédécesseur Bertin Borna[1]
Successeur Justin Ahomadegbé[2]
Biographie
Nom de naissance Adrien Degbey
Date de naissance
Lieu de naissance Dogbo (Dahomey)
Date de décès (à 52 ans)
Nationalité béninoise
Parti politique UPD (1946-1951)
PDU (1960-1963)
PDD (1963-1965)
Diplômé de École normale William-Ponty
Profession Instituteur

Signature de Adrien Degbey

Adrien Degbey, né le à Dogbo et mort le , est instituteur, inspecteur principal de l'Enseignement primaire et homme politique.

Biographie

Études, carrière professionnelle

Adrien Degbey est né le à Dogbo[3] au Dahomey (ancien nom du Bénin). Il entre à l'École primaire supérieure (EPS) Victor Ballot à Porto-Novo en 1932. En 1935, il passe avec 5 autres élèves de sa promotion, dont Justin Ahomadegbé[4], le concours d’entrée à l'École normale William-Ponty. Ils intègrent l'école en réussissant à se classer aux six premières places à l’issue des épreuves du concours[5]. Cet établissement, situé à Gorée au Sénégal, est connu pour former une part importante des instituteurs, médecins et cadres d’Afrique-Occidentale française.

Grâce au directeur de l’école, Charles Béart[6], et au théâtre de Ponty[7], il s’initie au 6e art. En 1936, il joue dans une pièce intitulée Retour aux fétiches délaissés[8], au milieu d’une troupe composée d’autres élèves dahoméens notamment Hubert Maga, Émile Derlin Zinsou, François Djibodé Aplogan[9] et Antoine Boya[10], futures figures de la vie politique dahoméenne. La pièce, jouée à Gorée et à Dakar, connaît un franc succès.

Il sort de l’École normale avec un diplôme d’instituteur.

Le , alors instituteur principal de première classe, il est nommé inspecteur adjoint et affecté à l’Inspection primaire de la circonscription de Porto-Novo[11].

Il termine sa carrière dans l’Éducation nationale en tant qu’inspecteur principal de l'Enseignement primaire[12].

Carrière politique

En tant que membre de l’Union progressiste dahoméenne (UPD), premier parti politique au Dahomey, il est élu en au Conseil général[13]. Il y siège jusqu’en 1952 puis de nouveau entre 1959 et 1960[14].

À l'aurore de son indépendance, la République du Dahomey connait une longue période d’instabilité politique, émaillée par plusieurs coups d’État. C’est durant cet intervalle qu’Adrien Degbey participe à deux reprises à un gouvernement.

Il est nommé par le Président de la République Hubert Maga, le , ministre du Travail et Affaires sociales[15] et le demeure jusqu’au de la même année[16]. À cette date, l’armée sous la conduite du colonel Christophe Soglo, souhaitant éviter que les troubles sociaux et politiques agitant le pays ne se transforment en guerre civile, force Hubert Maga à quitter le pouvoir.

Un mois plus tard, il est convié par Christophe Soglo à prendre part à une commission constitutionnelle nationale, constituée « d’experts, de représentants de toutes les régions et de familles spirituelles du Dahomey, de représentants des Syndicats, des Mouvements de jeunesse » chargée d’étudier l’avant-projet de Constitution arrêté par le gouvernement provisoire[17].

Concernant cette période de transition militaire qui va faire basculer le Dahomey dans la Deuxième République, Bruno Amoussou, dans ses mémoires[18], aborde quelques confessions dont lui fait part Adrien Degbey. Ce dernier se montre acerbe quant aux décisions hâtives qui sont actées et pointe des errements, comme l’élaboration d’une nouvelle Constitution en seulement une dizaine de jours, la création d’un nouveau parti unique[19],[20] en 47 jours et l’organisation d’élections législatives où seul ledit parti unique est autorisé à participer.

Une nouvelle Constitution est adoptée par référendum le .

Lors de l’accession au pouvoir, le , de Sourou Migan Apithy, Président de la République et de Justin Ahomadegbé, Premier ministre et Vice-président, Adrien Degbey retrouve des fonctions ministérielles en obtenant le portefeuille du Développement rural et de la Coopération[21].

Cet exécutif bicéphale connait des tensions palpables jusqu’à un point de non-retour poussant Sourou Migan Apithy, le , puis Justin Ahomadegbé, deux jours plus tard, à donner leur démission. Tahirou Congacou, président de l’Assemblée nationale, prend alors les rênes du pays à partir du . Il forme un gouvernement restreint, composé de 5 membres. Adrien Degbey cède son poste à Antoine Boya nommé Secrétaire d’État aux Finances, à l’Économie, au Développement rural et à la Coopération[22].

Mais le , l’armée s’empare de nouveau du pouvoir et Christophe Soglo, promu depuis général, redevient Président jusqu'au , lorsqu’un groupe de jeune officiers le renverse à son tour pour placer le lieutenant-colonel Alphonse Alley à la tête du pays[23].

Le nouveau chef de l’État crée, le , un comité constitutionnel chargé d’élaborer un avant-projet de Constitution[24] ; 54 membres, dont Adrien Degbey, sont nommés en fonction de leur département d’origine et leurs compétences[25]. La nouvelle Constitution est approuvée par les urnes, le de la même année, par 846 521 voix contre 71 695[26].

Décès

Il meurt, le , dans un accident de la circulation. Des obsèques nationales sont organisées en son honneur[27].

Postérité

Un collège d’enseignement général (CEG) créé en 1972 à , dans le département du Mono, porte son nom[28].

Distinctions

Notes et références

  1. M. Chhabra, Africa diary, Africa Publications, 1963, p. 257, [lire en ligne]
  2. Ordonnance n° 1963-1 du 28 octobre 1963, sgg.gouv.bj
  3. Métinhoué 2006, [1], p. 137.
  4. Fifatin 1973, p. 190.
  5. Emmanuel Karl-August, Serpos Abdou Tidjani : l’homme et l’œuvre, Présence africaine, no 129, 1984, p. 142, [lire en ligne]
  6. Charles Béart initiateur du théâtre africain est mort, lemonde.fr, 3 juillet 1964
  7. Huannou 1984, p. 49.
  8. Retour aux fétiches délaissés, L’Écho d’Alger, 30 juillet 1937, retronews.fr
  9. François Djibodé Aplogan est ministre des Finances sous les gouvernements d’Hubert Maga et Justin Ahomadegbé.[lire en ligne]
  10. Antoine Boya est haut fonctionnaire et secrétaire d'État
  11. Décret n° 1961-81 du 16 mars 1961, sgg.gouv.bj
  12. Décret n° 1964-241 du 30 octobre 1964, sgg.gouv.bj
  13. Le Conseil général est rebaptisé Assemblée territoriale en 1952.[lire en ligne]
  14. Houngnikpo et Decalo 1973, [2], p. 136.
  15. Décret n° 1963-432 du 11 septembre 1963, sgg.gouv.bj
  16. Décret n° 1963-488 du 27 octobre 1963, sgg.gouv.bj
  17. Décret n° 1963-518 du 28 novembre 1963, sgg.gouv.bj
  18. Amoussou 2009, p. 125.
  19. Il s’agit du Parti démocratique dahoméen (PDD) créé par Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadegbé, le 15 décembre 1963. Il est dissous par Tahirou Congacou le 4 décembre 1965. Décret n° 1965-121-bis du 11 décembre 1965, sgg.gouv.bj
  20. Adrien Degbey est membre du bureau politique en tant que délégué des affaires sociales. CIA, Daily Report, Foreign Radio Broadcasts, N°244, Etats-Unis, 1963, p. I1, [lire en ligne]
  21. Dahomey : installation du premier gouvernement de la 11e République, lemonde.fr, 28 janvier 1964
  22. Décret n° 1965-119-bis du 11 décembre 1965, sgg.gouv.bj
  23. Philippe Decraene, « Une mesure d’apaisement », sur Le Monde, (consulté le )
  24. Décret n° 1967-441 du 22 décembre 1967, sgg.gouv.bj
  25. Décret n° 1968-19-bis du 25 janvier 1968, sgg.gouv.bj
  26. Philippe Decraene, « L’impasse est totale au Dahomey après les élections présidentielles », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  27. Pliya 1993, [3], p. 6.
  28. Annuaire répertoriant les établissements scolaires béninois, espeduc.net
  29. a b c d et e Towou 1973, p. 5.
  30. La distinction d'officier d'Académie a été remplacée par l'ordre des Palmes académiques par le décret du 4 octobre 1955 du Président du Conseil Edgar Faure.
  31. Il s'agit de la médaille de l'enseignement du premier degré, appelée plus communément « médaille des Instituteurs », elle s'obtient pour un minimum de 7 ans de services comme titulaire. [lire en ligne]
  32. Décret n° 1967-294 du 31 août 1967, sgg.gouv.bj

Voir aussi

Articles connexes

Annexes

Bibliographie

  • André Towou, Au clair de lune sous les tropiques : contes, Volume 1, Cotonou, Éditions A.B.M., (lire en ligne)
  • Agossou Maurice Fifatin, La société dahoméenne et ses institutions politiques (Thèse d'État en Droit), Montpellier, Université de Montpellier, , 295 p. (lire en ligne)
  • Jean Pliya, L'histoire de mon pays, le Bénin, Cotonou, La Librairie Notre-Dame, , 3e éd., 142 p.
  • Adrien Huannou, La littérature béninoise de langue française, Paris, Karthala Éditions, , 327 p. (ISBN 978-2865371051)
  • Pierre Goudjinou Métinhoué, Les ministres du Dahomey et du Bénin : mai 1957 - avril 2006, Bénin, Centre national de production de manuels scolaires, , 1re éd., 371 p. (ISBN 978-9991960388)
  • Bruno Amoussou, L'Afrique est mon combat, Paris, L'Archipel, , 1re éd., 216 p. (ISBN 978-2809801576)
  • (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717)