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'''Elisabeth Pungs''' '''Taaks''' (ou '''Li ou Liselotte'''), née le {{Date de naissance|20|05|1896}} à [[Brême]] et morte le {{Date de décès|28|08|1945}} à [[Berlin]] est une [[Résistance intérieure au nazisme|résistante allemande contre le nazisme]], communiste, proche de [[Hanno Günther]] avec qui elle rédige et diffuse les feuillets ''Das Freie Wort''. Elle est arrêtée par la Gestapo mais parvient à échapper à un procès, sans doute grâce aux interventions de plusieurs personnes, dont son avocat et ses frères. Elle meurt cependant peu de temps après la fin de la guerre.
'''Elisabeth Pungs''' '''Taaks''' (ou '''Li ou Liselotte'''), née le {{Date de naissance|20|05|1896}} à [[Brême]] et morte le {{Date de décès|28|08|1945}} à [[Berlin]] est une [[Résistance intérieure au nazisme|résistante allemande contre le nazisme]], communiste, proche de [[Hanno Günther]] avec qui elle rédige et diffuse les feuillets ''Das Freie Wort''. Elle est arrêtée par la Gestapo mais parvient à échapper à un procès. Elle meurt cependant peu de temps après la fin de la guerre.


== Biographie ==
== Biographie ==


=== Jeunesse et formation ===
=== Jeunesse et formation ===
Elisabeth Adelaïde Taaks est née le 20 mai 1896 dans une famille bourgeoise de [[Brême]]<ref name=":1">{{Lien web |langue=en |titre=Elisabeth Pungs - Biographie |url=https://www.gdw-berlin.de/en/recess/biographies/index_of_persons/biographie/view-bio/elisabeth-pungs/?no_cache=1 |site=Gedenkstätte deutscher Widerstand |consulté le=2023-09-13}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=de|titre=Historische Notizen zur Informatik|éditeur=Springer Berlin Heidelberg|date=2009|isbn=978-3-540-85789-1|isbn2=978-3-540-85790-7|doi=10.1007/978-3-540-85790-7|lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/978-3-540-85790-7|consulté le=2023-09-13}}</ref>. Son père, Georg Taaks est un ingénieur civil, associé dans une entreprise de génie hydraulique. Elle a trois frères et deux sœurs. Elle fréquente l'école secondaire pour filles « Roselius » à Brême, une école pour femmes, puis un internat suisse avant de revenir à Brême au début de la [[Première Guerre mondiale]]<ref name="BArch">Archives fédérales allemandes - Actes du procès du Volksgerichtshof contre le Groupe Rütli</ref>. Pendant la [[Première Guerre mondiale]], Elisabeth Taaks travaille dans une maison d'enfants, puis, en 1915 et 1916, comme aide de la Croix-Rouge à l'{{Lien|langue=de|trad=St. Joseph-Stift (Bremen)|fr=Hôpital St. Joseph Stift}}. Atteinte de [[tuberculose]], elle doit cesser de travailler et fréquente alors l'{{Lien|langue=de|trad=Hochschule für Künste Bremen|fr=Ecole des arts et métiers de Brême}}<ref name="BArch" />.
Elisabeth Adelaïde Taaks est née le 20 mai 1896 dans une famille bourgeoise de [[Brême]]<ref name=":1">{{Lien web |langue=en |titre=Elisabeth Pungs - Biographie |url=https://www.gdw-berlin.de/en/recess/biographies/index_of_persons/biographie/view-bio/elisabeth-pungs/?no_cache=1 |site=Gedenkstätte deutscher Widerstand |consulté le=2023-09-13}}</ref>. Son père, Georg Taaks est un ingénieur civil, associé dans une entreprise de génie hydraulique. Elle a trois frères et deux sœurs. Elle fréquente l'école secondaire pour filles « Roselius » à Brême, une école pour femmes, puis un internat suisse avant de revenir à Brême au début de la [[Première Guerre mondiale]]. Pendant la [[Première Guerre mondiale]], Elisabeth Taaks travaille dans une maison d'enfants, puis, en 1915 et 1916, comme aide de la Croix-Rouge à l'{{Lien|langue=de|trad=St. Joseph-Stift (Bremen)|fr=Hôpital St. Joseph Stift}}. Atteinte de [[tuberculose]], elle doit cesser de travailler et fréquente alors l'{{Lien|langue=de|trad=Hochschule für Künste Bremen|fr=Ecole des arts et métiers de Brême}}.


Lors d'un séjour à [[Garmisch-Partenkirchen|Partenkirchen]] au début de l'été 1917, elle rencontre [[Arthur Scherbius]], un ingénieur, inventeur de la machine à chiffrer [[Enigma (machine)|Enigma]], la plus célèbre du {{s-|XX}}. Ils se marient le 10 novembre 1917, à Brême et s'installent à [[Berlin]]<ref name=":0">{{Lien web |titre=Hessische Biografie : Erweiterte Suche : LAGIS Hessen |url=https://www.lagis-hessen.de/pnd/127822089 |site=www.lagis-hessen.de |consulté le=2023-09-14}}</ref>. Le 15 janvier 1929, ils accueillent un enfant, et entament une procédure d'adoption. Le 13 mai 1929, Arthur Scherbius meurt accidentellement<ref>{{Article|langue=fr|titre=Aux origines de la machine de chiffrement Enigma|périodique=Le Monde.fr|date=2015-01-29|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/01/29/aux-origines-de-la-machine-de-chiffrement-enigma_4563357_4408996.html|consulté le=2024-03-15}}</ref>. En proie à des difficultés financières, Elisabeth Scherbius doit alors quitter la maison de Wannsee. Elle adopte l'enfant en 1930 sous le nom de Rainer Scherbius.
Lors d'un séjour à [[Garmisch-Partenkirchen|Partenkirchen]] au début de l'été 1917, elle rencontre [[Arthur Scherbius]], un ingénieur, inventeur de la machine à chiffrer [[Enigma (machine)|Enigma]], la plus célèbre du {{s-|XX}}. Ils se marient le 10 novembre 1917, à Brême et s'installent à [[Berlin]]<ref name=":0">{{Lien web |titre=Hessische Biografie : Erweiterte Suche : LAGIS Hessen |url=https://www.lagis-hessen.de/pnd/127822089 |site=www.lagis-hessen.de |consulté le=2023-09-14}}</ref>. Le 15 janvier 1929, ils accueillent un enfant, et entament une procédure d'adoption. Le 13 mai 1929, Arthur Scherbius meurt accidentellement<ref>{{Article|langue=fr|titre=Aux origines de la machine de chiffrement Enigma|périodique=Le Monde.fr|date=2015-01-29|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/01/29/aux-origines-de-la-machine-de-chiffrement-enigma_4563357_4408996.html|consulté le=2024-03-15}}</ref>. En proie à des difficultés financières, Elisabeth Scherbius doit alors quitter la maison de Wannsee. Elle adopte l'enfant en 1930 sous le nom de Rainer Scherbius.


En 1931, elle épouse Friedrich Joseph Pungs qui adopte son fils et lui donne son nom, Rainer Pungs. Sa situation financière est meilleure et elle fait construire une petite maison de style [[Bauhaus]] par l'architecte {{Lien|langue=de|trad=Paul Rudolf Henning|fr=Paul Rudolf Henning}} à [[Kleinmachnow]]<ref>{{Lien web |langue=de-DE |prénom=Heiko |nom=Haberle |titre=Sanierte Moderne: Haus Pungs in altem Glanz - kleines Einfamilienhaus |url=https://www.dabonline.de/2020/10/07/sanierte-klassische-moderne-haus-pungs-in-altem-glanz-bauhaus-kleinmachnow/ |site=DABonline {{!}} Deutsches Architektenblatt |date=2020-10-07 |consulté le=2023-09-13}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=de-DE |prénom=M. V. S. |nom=Import |titre=Das frivole Gelb ist wieder da |url=https://www.db-bauzeitung.de/bauen-im-bestand/projekte/haus-pungs-kleinmachnow/ |site=db deutsche bauzeitung |date=2021-07-11 |consulté le=2023-09-13}}</ref>.
En 1931, elle épouse Friedrich Joseph Pungs qui adopte son fils et lui donne son nom, Rainer Pungs. Sa situation financière est meilleure et elle fait construire une petite maison de style [[Bauhaus]] par l'architecte {{Lien|langue=de|trad=Paul Rudolf Henning|fr=Paul Rudolf Henning}} à [[Kleinmachnow]]<ref>{{Lien web |langue=de-DE |prénom=Heiko |nom=Haberle |titre=Sanierte Moderne: Haus Pungs in altem Glanz - kleines Einfamilienhaus |url=https://www.dabonline.de/2020/10/07/sanierte-klassische-moderne-haus-pungs-in-altem-glanz-bauhaus-kleinmachnow/ |site=DABonline {{!}} Deutsches Architektenblatt |date=2020-10-07 |consulté le=2023-09-13}}</ref>.


La maison est vendue en 1936 et la famille déménage au 45 Wiesbadener Straße à [[Berlin-Wilmersdorf|Wilmersdorf]].
La maison est vendue en 1936 et la famille déménage au 45 Wiesbadener Straße à [[Berlin-Wilmersdorf|Wilmersdorf]].


=== Résistance contre le nazisme ===
=== Résistance contre le nazisme ===
Depuis sa jeunesse, Elisabeth Pungs a des convictions de gauche. Dans les années 1920, elle est membre de la [[Ligue allemande des droits de l'homme]] et participe aux campagnes pour l'abolition des articles 218 et 219 du code pénal concernant l'[[avortement]]<ref name=":1" />. À partir de 1931, elle est membre du [[Rote Hilfe]], une organisation d'aide politique proche du [[Parti communiste allemand]] et participe à des actions illégales de cette organisation<ref name=":5">{{Article|langue=de|titre=In Memoriam Hanno Günther|périodique=Rundbrief. BAG Antifaschismus der Partei Die Linke|date=2013|lire en ligne=https://www.yumpu.com/de/document/read/21979147/download-als-pdf-datei-die-linke}}</ref>{{,}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |langue=de |titre=Stolpersteine Olivaer Platz 5 (früher Pariser Str. 30/31) |url=https://www.berlin.de/ba-charlottenburg-wilmersdorf/ueber-den-bezirk/geschichte/stolpersteine/artikel.179402.php |site=www.berlin.de |date=2016-05-24 |consulté le=2023-09-13}}</ref>. Comme la Ligue allemande des droits de l’homme, celle-ci est interdite après la [[Machtergreifung|prise du pouvoir]] des nazis en 1933.
Depuis sa jeunesse, Elisabeth Pungs a des convictions de gauche. Dans les années 1920, elle est membre de la [[Ligue allemande des droits de l'homme]] et participe aux campagnes pour l'abolition des articles 218 et 219 du code pénal concernant l'[[avortement]]<ref name=":1" />. À partir de 1931, elle est membre du [[Rote Hilfe]], une organisation d'aide politique proche du [[Parti communiste allemand]] et participe à des actions illégales de cette organisation<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |langue=de |titre=Stolpersteine Olivaer Platz 5 (früher Pariser Str. 30/31) |url=https://www.berlin.de/ba-charlottenburg-wilmersdorf/ueber-den-bezirk/geschichte/stolpersteine/artikel.179402.php |site=www.berlin.de |date=2016-05-24 |consulté le=2023-09-13}}</ref>. Comme la Ligue allemande des droits de l’homme, celle-ci est interdite après la [[Machtergreifung|prise du pouvoir]] des nazis en 1933.


Dès le milieu des années 1930, Elisabeth Pungs accueille au domicile familial de Wilmersdorf, des groupes d'opposants au nazisme<ref name=":1" />. On y discute non seulement d'art et de culture, mais aussi de politique<ref name=":2" />. Elisabeth Pungs y rencontre [[Hanno Günther]] sur qui elle a une grande influence politique et qu'elle met en contact avec des communistes, notamment [[Herbert Bochow]] et {{Lien|langue=de|trad=Alfred Schmidt-Sas|fr=Alfred Schmidt-Sas}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name="Hoffmann 1992">Volker Hoffmann: ''Hanno Günther. Ein Hitler-Gegner 1921–1942. Geschichte eines unvollendeten Kampfes''. Berlin 1992, {{ISBN|3-89468-050-4}}, S. 45–48.</ref>{{,}}<ref name=":5" />.
Dès le milieu des années 1930, Elisabeth Pungs accueille au domicile familial de Wilmersdorf, des groupes d'opposants au nazisme<ref name=":1" />. On y discute non seulement d'art et de culture, mais aussi de politique<ref name=":2" />. Elisabeth Pungs y rencontre [[Hanno Günther]] sur qui elle a une grande influence politique et qu'elle met en contact avec des communistes, notamment [[Herbert Bochow]] et {{Lien|langue=de|trad=Alfred Schmidt-Sas|fr=Alfred Schmidt-Sas}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":5">{{Article|langue=de|titre=In Memoriam Hanno Günther|périodique=Rundbrief. BAG Antifaschismus der Partei Die Linke|date=2013|lire en ligne=https://www.yumpu.com/de/document/read/21979147/download-als-pdf-datei-die-linke}}</ref>.


==== Das Freie Wort ====
==== Das freie Wort ====
À la fin de l'automne 1939, après l'[[Campagne de Pologne (1939)|attaque contre la Pologne]], Elisabeth Pungs et Hanno Günther rédigent leur premier tract qu'ils distribuent à environ 100 exemplaires, sous forme de copies carbone. Jusqu'à la fin de l'année 1939, ils produisent également des autocollants qu'ils affichent au cours de sept ou huit campagnes à des endroits bien visibles<ref name=":1" />.
À la fin de l'automne 1939, après l'[[Campagne de Pologne (1939)|attaque contre la Pologne]], Elisabeth Pungs et Hanno Günther rédigent leur premier tract qu'ils distribuent à environ 100 exemplaires, sous forme de copies carbone. Jusqu'à la fin de l'année 1939, ils produisent également des autocollants qu'ils affichent au cours de sept ou huit campagnes à des endroits bien visibles<ref name=":1" />.


A partir de l'été 1940, dix brochures intitulées ''Das freie Wort'', (la parole libre) sont rédigées, imprimées et distribuées, parfois par la poste, dans les boîtes aux lettres ou sur les seuils de maisons, avec un tirage de 200 à 300 exemplaires chacun. Ils y donnent des informations sur la situation de guerre, réclament la paix et la liberté d'expression et appellent les travailleurs de l'armement au sabotage<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Peter|nom1=Steinbach|prénom2=Johannes|nom2=Tuchel|prénom3=Ursula|nom3=Adam|titre=Lexikon des Widerstandes, 1933-1945|éditeur=C.H.Beck|date=1998|isbn=978-3-406-43861-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=uiXMsTquwTAC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA168&dq=elisabeth+pungs&hl=fr|consulté le=2023-09-14}}</ref>{{,}}<ref name=":6">{{Article|langue=de|titre=Hanno Günther 1921-1942|périodique=Humanisten im Fokus|date=s.d.|lire en ligne=https://humanistisch.de/sites/humanistisch.de/files/hvd-berlin-brandenburg/docs/2016/10/tafeln_ausstellung-6_11.pdf|format=pdf}}</ref>.
Alfred Schmidt-Sas fournit, à sa demande, à Elisabeth Pungs un appareil à reproduire pour copier plus facilement les tracts mais après l'arrestation d'une connaissance, elle le rend sans l'avoir utilisée<ref name=":2" />.


Les deux premières brochures sont réalisée ensemble par Hanno Günther et Elisabeth Pungs. Le premier tract explique que chaque victoire militaire de Hitler entraîne davantage de guerres. Le deuxième démontre que les prestations sociales du gouvernement sont en réalité des restrictions, {{Citation|une couverture pour piller le peuple encore plus sans vergogne}}. Le troisième feuillet est réalisé par en décembre 1940 par Hanno Günther seul. Il traite des rationnements, de la hausse des prix et des charges que la guerre fait porter sur la population de Berlin. Le quatrième numéro, rédigé par Hanno Günther et Wolfgang Pander démonte les fausses informations de la propagande nazie sur la supériorité de la Luftwaffe. Il est distribué après un bombardement dans les quartiers les plus sévèrement touchés de Berlin. Ils rédigent également la brochure suivante, sous forme de « légende de Noël » dans laquelle [[Joseph Goebbels]] est dépeint comme un menteur et un fraudeur, dont les promesses creuses sont percées à la fin du texte<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Kurt|nom1=Schilde|titre=Jugendopposition 1933-1945: ausgewählte Beiträge|éditeur=Lukas Verlag|date=2007|isbn=978-3-86732-009-2|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=JPSYoJTQONkC&pg=PA43&lpg=PA43&dq=elisabeth+pungs&source=bl&ots=lpBbrgXifv&sig=ACfU3U3VXFirtcfHyeiCprMDFWDBgCrQSw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjqj4yZuaiBAxWQ5KQKHaDWBhU4KBDoAXoECAIQAw#v=onepage&q=elisabeth%20pungs&f=false|consulté le=2023-09-13}}</ref>{{,}}<ref name=":5" />.
A l'été 1940, après la victoire allemande sur la France, Hanno Günther obtient une nouvelle imprimante. Six brochures intitulées ''Das freie Wort'', (la parole libre) sont alors rédigées, imprimées et distribuées, parfois par la poste, dans les boîtes aux lettres ou sur les seuils de maisons, avec un tirage de 200 à 300 exemplaires chacun. Ils y donnent des informations sur la situation de guerre, réclament la paix et la liberté d'expression et appellent les travailleurs de l'armement au sabotage<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Peter|nom1=Steinbach|prénom2=Johannes|nom2=Tuchel|prénom3=Ursula|nom3=Adam|titre=Lexikon des Widerstandes, 1933-1945|éditeur=C.H.Beck|date=1998|isbn=978-3-406-43861-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=uiXMsTquwTAC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA168&dq=elisabeth+pungs&hl=fr|consulté le=2023-09-14}}</ref>{{,}}<ref name=":6">{{Article|langue=de|titre=Hanno Günther 1921-1942|périodique=Humanisten im Fokus|date=s.d.|lire en ligne=https://humanistisch.de/sites/humanistisch.de/files/hvd-berlin-brandenburg/docs/2016/10/tafeln_ausstellung-6_11.pdf|format=pdf}}</ref>{{,}}<ref name=":3">{{Lien web |titre=Deutschland: NS-Widerstandskämpfer {{!}} Länder {{!}} Persoenlichkeiten {{!}} Goruma |url=https://www.goruma.de/laender/europa/deutschland/persoenlichkeiten/deutschland-ns-widerstandskaempfer |site=www.goruma.de |consulté le=2023-09-13}}</ref>.

Les deux premières brochures sont réalisée ensemble par Hanno Günther et Elisabeth Pungs. Le premier tract explique que chaque victoire militaire de Hitler entraîne davantage de guerres. Le deuxième démontre que les prestations sociales du gouvernement sont en réalité des restrictions, {{Citation|une couverture pour piller le peuple encore plus sans vergogne}}. Le troisième feuillet est réalisé par en décembre 1940 par Hanno Günther seul. Il traite des rationnements, de la hausse des prix et des charges que la guerre fait porter sur la population de Berlin<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Kurt|nom1=Schilde|titre=Jugendopposition 1933-1945: ausgewählte Beiträge|éditeur=Lukas Verlag|date=2007|isbn=978-3-86732-009-2|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=JPSYoJTQONkC&pg=PA43&lpg=PA43&dq=elisabeth+pungs&source=bl&ots=lpBbrgXifv&sig=ACfU3U3VXFirtcfHyeiCprMDFWDBgCrQSw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjqj4yZuaiBAxWQ5KQKHaDWBhU4KBDoAXoECAIQAw#v=onepage&q=elisabeth%20pungs&f=false|consulté le=2023-09-13}}</ref>. Le quatrième numéro, rédigé par Hanno Günther et Wolfgang Pander démonte les fausses informations de la propagande nazie sur la supériorité de la Luftwaffe. Il est distribué après un bombardement dans les quartiers les plus sévèrement touchés de Berlin. Ils rédigent également la brochure suivante, sous forme de « légende de Noël » dans laquelle [[Joseph Goebbels]] est dépeint comme un menteur et un fraudeur, dont les promesses creuses sont percées à la fin du texte<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":5" />.


Le sixième et dernier tract est rédigé par Elisabeth Pungs seule. Publié en janvier 1941, il s'adresse aux ouvriers allemands, leur demande de travailler plus lentement et rapporte l'exemple des ouvriers d'un grand chantier de construction à [[Teltow]] qui ont collectivement refusé de travailler une heure de plus chaque jour<ref name=":4" />.
Le sixième et dernier tract est rédigé par Elisabeth Pungs seule. Publié en janvier 1941, il s'adresse aux ouvriers allemands, leur demande de travailler plus lentement et rapporte l'exemple des ouvriers d'un grand chantier de construction à [[Teltow]] qui ont collectivement refusé de travailler une heure de plus chaque jour<ref name=":4" />.


==== Le groupe Rütli ====
==== Arrestation et prison ====
Durant l'été 1941, Hanno Gûnther est arrêté, puis les membres du petit réseau de résistance qu'il a constitué et qui sera appelé "groupe Rütli" par la [[Gestapo]], sont arrêtés les uns après les autres<ref name=":2" />.
A la fin de 1940, Hanno Günther rassemble autour de lui un groupe de personnes tout aussi jeunes, dont la plupart se connaissent depuis l'Ecole Rütli (de) de [[Berlin-Neukölln|Berlon-Neukölln]], qui appliquait des méthodes progressiste avant 1933<ref name=":2" />. Dans ce groupe figurent outre Elisabeth Pungs, Wolgang Pander, [[Dagmar Petersen]], Emmerich Scharper et Bernhard Sikorski<ref name=":3" />.

==== Arrestation et procès ====
Durant l'été 1941, Hanno Gûnther et les membres du petit réseau de résistance qu'il a créé, qui sera appelé "groupe Rütli" par la [[Gestapo]], sont arrêtés les uns après les autres<ref name=":2" />.


Elisabeth Pungs est elle aussi arrêtée le 11 août 1941<ref name=":4" />. Son appartement est fouillé, sa machine à écrire, six livres et trois brochures sont saisis et elle est placée en garde à vue.
Elisabeth Pungs est elle aussi arrêtée le 11 août 1941<ref name=":4" />. Son appartement est fouillé, sa machine à écrire, six livres et trois brochures sont saisis et elle est placée en garde à vue.


Le cas d'Elisabeth Pungs est dissocié du "groupe Rütli" mais elle comparaît comme témoin le 9 octobre 1942<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Manfred|nom1=Kuhnke|titre=Die Hampels und die Quangels: Authentisches und Erfundenes in Hans Falladas letztem Roman|éditeur=Federchen|date=2001|isbn=978-3-910170-49-0|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=tDnzAAAAMAAJ&q=elisabeth+pungs&dq=elisabeth+pungs&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjX5rWr6amBAxXE0wIHHQFSDzA4ChDoAXoECBAQAg|consulté le=2023-09-14}}</ref>. Le [[Volksgerichtshof]] condamne à mort Hanno Günther, Emmerich Schaper, Bernhard Sikorski et Wolfgang Pander. Emmerich Schaper meurt en prison, avant son exécution, des mauvais traitements qu'il a subi. Les autres sont exécutés. [[Dagmar Petersen]] est condamnée à sept ans de prison. Alfred Schmidt-Sas, qui n'est pas identifié comme membre du groupe, est également condamné à mort<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Wolfgang Pander {{!}} Stolpersteine in Berlin |url=https://www.stolpersteine-berlin.de/de/neue-grunstr/1/wolfgang-pander |site=www.stolpersteine-berlin.de |consulté le=2023-09-14}}</ref>.
Le cas d'Elisabeth Pungs est dissocié du "groupe Rütli" mais elle comparaît comme témoin le 9 octobre 1942<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Manfred|nom1=Kuhnke|titre=Die Hampels und die Quangels: Authentisches und Erfundenes in Hans Falladas letztem Roman|éditeur=Federchen|date=2001|isbn=978-3-910170-49-0|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=tDnzAAAAMAAJ&q=elisabeth+pungs&dq=elisabeth+pungs&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjX5rWr6amBAxXE0wIHHQFSDzA4ChDoAXoECBAQAg|consulté le=2023-09-14}}</ref>. Le [[Volksgerichtshof]] condamne à mort Hanno Günther, Emmerich Schaper, Bernhard Sikorski et Wolfgang Pander. Emmerich Schaper meurt en prison, avant son exécution, des mauvais traitements qu'il a subi. Les autres sont exécutés. [[Dagmar Petersen]] est condamnée à sept ans de prison. Alfred Schmidt-Sas, qui n'est pas identifié comme membre du groupe, est également condamné à mort<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":6" />.


Le procès principal contre Elisabeth Pungs est fixé au 14 novembre 1942 mais n'a pas lieu. Son avocat {{Lien|langue=de|trad=Walter Menzel|fr=Walter Menzel}} s'évertue de ralentir la procédure, fait reporter les interrogatoires et le procès en raison de son état de santé.
Le procès principal contre Elisabeth Pungs est fixé au 14 novembre 1942 mais n'a pas lieu. Son avocat {{Lien|langue=de|trad=Walter Menzel|fr=Walter Menzel}} s'évertue de ralentir la procédure et parvient à faire reporter les interrogatoires et le procès<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Felicitas Bothe-von Richthofen|titre=Widerstand in Wilmersdorf|éditeur=Gedenkstätte deutscher Widerstand|année=s.d.|pages totales=194|passage=92|lire en ligne=https://ulis-buecherecke.ch/pdf_deutscher_widerstand/widerstand_in_wilmersdorf.pdf}}</ref>.


En janvier 1943, le procureur {{Lien|langue=de|trad=Karl Bruchhaus|fr=Karl Bruchhaus}} fait réaliser une expertise médicale qui déclare Elisabeth Pungs apte à être interrogée et jugée, sous certaines conditions. Plusieurs personnes, dont Walter Menzel, Hermann Taaks, son plus jeune frère, Friedrich Pungs, son mari, les médecins [[Georg Groscurth]] et [[Ferdinand Sauerbruch]] mettent alors au point une stratégie. Le 3 août 1943, à l'aide d'une fiole de sang que son frère lui remet en cachette, elle simule une hémorragie et est conduite à l'hôpital. Les poursuites sont à nouveau interrompues.
En janvier 1943, le procureur {{Lien|langue=de|trad=Karl Bruchhaus|fr=Karl Bruchhaus}} fait réaliser une expertise médicale qui déclare Elisabeth Pungs apte à être interrogée et jugée, sous certaines conditions. Plusieurs personnes, dont Walter Menzel, Hermann Taaks, son plus jeune frère, Friedrich Pungs, son mari, les médecins [[Georg Groscurth]] et [[Ferdinand Sauerbruch]] mettent alors au point une stratégie. Le 3 août 1943, à l'aide d'une fiole de sang que son frère lui remet en cachette, elle simule une hémorragie et est conduite à l'hôpital. Les poursuites sont à nouveau interrompues{{Référence nécessaire|date=15 mars 2024}}.


Elle séjourne alors dans le sanatorium à Stahnsdorf. Son fils, Rainer Pungs, y vit avec elle après que son incorporation ait été reportée parce qu'il avait eu la tuberculose dans son enfance.
Elisabeth Pungs est finalement envoyée au sanatorium à Stahnsdorf<ref name=":3" />. Son fils, Rainer Pungs, y vit avec elle après que son incorporation ait été reportée parce qu'il avait eu la tuberculose dans son enfance.


Le 24 avril 1945, Stahnsdorf est prise par l'[[Armée rouge]]. Rainer Pungs est emprisonné quelques jours dans un camp près de [[Trebbin]]. Le 15 mai, ils quittent tous deux le sanatorium et retournent en ville, où ils arrivent le 15 mai. Elisabeth Pungs se présente au représentant du Parti communiste et propose de travailler à la reconstruction dans la mesure de ses forces, mais elle est accusée d'avoir contribué, par son témoignage, à la condamnation à mort d'Alfred Schmidt-Sas et d'avoir survécu grâce à « ses riches parents qui étaient nazis »<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Volker Hoffmann|titre=Der Dienstälteste von Plötzensee. Das zerrissene Leben des Musikerziehers Alfred Schmidt-Sas (1895–1943)|passage=237|lieu=Berlin|date=1998|isbn=3-89626-089-8}}</ref>.
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Version du 15 mars 2024 à 19:35

Elisabeth Pungs
Biographie
Naissance
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Nationalité
Domicile
Activité
Conjoint

Elisabeth Pungs Taaks (ou Li ou Liselotte), née le à Brême et morte le à Berlin est une résistante allemande contre le nazisme, communiste, proche de Hanno Günther avec qui elle rédige et diffuse les feuillets Das Freie Wort. Elle est arrêtée par la Gestapo mais parvient à échapper à un procès. Elle meurt cependant peu de temps après la fin de la guerre.

Biographie

Jeunesse et formation

Elisabeth Adelaïde Taaks est née le 20 mai 1896 dans une famille bourgeoise de Brême[1]. Son père, Georg Taaks est un ingénieur civil, associé dans une entreprise de génie hydraulique. Elle a trois frères et deux sœurs. Elle fréquente l'école secondaire pour filles « Roselius » à Brême, une école pour femmes, puis un internat suisse avant de revenir à Brême au début de la Première Guerre mondiale. Pendant la Première Guerre mondiale, Elisabeth Taaks travaille dans une maison d'enfants, puis, en 1915 et 1916, comme aide de la Croix-Rouge à l'Hôpital St. Joseph Stift (de). Atteinte de tuberculose, elle doit cesser de travailler et fréquente alors l'Ecole des arts et métiers de Brême (de).

Lors d'un séjour à Partenkirchen au début de l'été 1917, elle rencontre Arthur Scherbius, un ingénieur, inventeur de la machine à chiffrer Enigma, la plus célèbre du XXe siècle. Ils se marient le 10 novembre 1917, à Brême et s'installent à Berlin[2]. Le 15 janvier 1929, ils accueillent un enfant, et entament une procédure d'adoption. Le 13 mai 1929, Arthur Scherbius meurt accidentellement[3]. En proie à des difficultés financières, Elisabeth Scherbius doit alors quitter la maison de Wannsee. Elle adopte l'enfant en 1930 sous le nom de Rainer Scherbius.

En 1931, elle épouse Friedrich Joseph Pungs qui adopte son fils et lui donne son nom, Rainer Pungs. Sa situation financière est meilleure et elle fait construire une petite maison de style Bauhaus par l'architecte Paul Rudolf Henning (de) à Kleinmachnow[4].

La maison est vendue en 1936 et la famille déménage au 45 Wiesbadener Straße à Wilmersdorf.

Résistance contre le nazisme

Depuis sa jeunesse, Elisabeth Pungs a des convictions de gauche. Dans les années 1920, elle est membre de la Ligue allemande des droits de l'homme et participe aux campagnes pour l'abolition des articles 218 et 219 du code pénal concernant l'avortement[1]. À partir de 1931, elle est membre du Rote Hilfe, une organisation d'aide politique proche du Parti communiste allemand et participe à des actions illégales de cette organisation[1],[5]. Comme la Ligue allemande des droits de l’homme, celle-ci est interdite après la prise du pouvoir des nazis en 1933.

Dès le milieu des années 1930, Elisabeth Pungs accueille au domicile familial de Wilmersdorf, des groupes d'opposants au nazisme[1]. On y discute non seulement d'art et de culture, mais aussi de politique[5]. Elisabeth Pungs y rencontre Hanno Günther sur qui elle a une grande influence politique et qu'elle met en contact avec des communistes, notamment Herbert Bochow et Alfred Schmidt-Sas (de)[1],[6].

Das freie Wort

À la fin de l'automne 1939, après l'attaque contre la Pologne, Elisabeth Pungs et Hanno Günther rédigent leur premier tract qu'ils distribuent à environ 100 exemplaires, sous forme de copies carbone. Jusqu'à la fin de l'année 1939, ils produisent également des autocollants qu'ils affichent au cours de sept ou huit campagnes à des endroits bien visibles[1].

A partir de l'été 1940, dix brochures intitulées Das freie Wort, (la parole libre) sont rédigées, imprimées et distribuées, parfois par la poste, dans les boîtes aux lettres ou sur les seuils de maisons, avec un tirage de 200 à 300 exemplaires chacun. Ils y donnent des informations sur la situation de guerre, réclament la paix et la liberté d'expression et appellent les travailleurs de l'armement au sabotage[7],[8].

Les deux premières brochures sont réalisée ensemble par Hanno Günther et Elisabeth Pungs. Le premier tract explique que chaque victoire militaire de Hitler entraîne davantage de guerres. Le deuxième démontre que les prestations sociales du gouvernement sont en réalité des restrictions, « une couverture pour piller le peuple encore plus sans vergogne ». Le troisième feuillet est réalisé par en décembre 1940 par Hanno Günther seul. Il traite des rationnements, de la hausse des prix et des charges que la guerre fait porter sur la population de Berlin. Le quatrième numéro, rédigé par Hanno Günther et Wolfgang Pander démonte les fausses informations de la propagande nazie sur la supériorité de la Luftwaffe. Il est distribué après un bombardement dans les quartiers les plus sévèrement touchés de Berlin. Ils rédigent également la brochure suivante, sous forme de « légende de Noël » dans laquelle Joseph Goebbels est dépeint comme un menteur et un fraudeur, dont les promesses creuses sont percées à la fin du texte[9],[6].

Le sixième et dernier tract est rédigé par Elisabeth Pungs seule. Publié en janvier 1941, il s'adresse aux ouvriers allemands, leur demande de travailler plus lentement et rapporte l'exemple des ouvriers d'un grand chantier de construction à Teltow qui ont collectivement refusé de travailler une heure de plus chaque jour[9].

Arrestation et prison

Durant l'été 1941, Hanno Gûnther est arrêté, puis les membres du petit réseau de résistance qu'il a constitué et qui sera appelé "groupe Rütli" par la Gestapo, sont arrêtés les uns après les autres[5].

Elisabeth Pungs est elle aussi arrêtée le 11 août 1941[9]. Son appartement est fouillé, sa machine à écrire, six livres et trois brochures sont saisis et elle est placée en garde à vue.

Le cas d'Elisabeth Pungs est dissocié du "groupe Rütli" mais elle comparaît comme témoin le 9 octobre 1942[10]. Le Volksgerichtshof condamne à mort Hanno Günther, Emmerich Schaper, Bernhard Sikorski et Wolfgang Pander. Emmerich Schaper meurt en prison, avant son exécution, des mauvais traitements qu'il a subi. Les autres sont exécutés. Dagmar Petersen est condamnée à sept ans de prison. Alfred Schmidt-Sas, qui n'est pas identifié comme membre du groupe, est également condamné à mort[9],[8].

Le procès principal contre Elisabeth Pungs est fixé au 14 novembre 1942 mais n'a pas lieu. Son avocat Walter Menzel (de) s'évertue de ralentir la procédure et parvient à faire reporter les interrogatoires et le procès[11].

En janvier 1943, le procureur Karl Bruchhaus (de) fait réaliser une expertise médicale qui déclare Elisabeth Pungs apte à être interrogée et jugée, sous certaines conditions. Plusieurs personnes, dont Walter Menzel, Hermann Taaks, son plus jeune frère, Friedrich Pungs, son mari, les médecins Georg Groscurth et Ferdinand Sauerbruch mettent alors au point une stratégie. Le 3 août 1943, à l'aide d'une fiole de sang que son frère lui remet en cachette, elle simule une hémorragie et est conduite à l'hôpital. Les poursuites sont à nouveau interrompues[réf. nécessaire].

Elisabeth Pungs est finalement envoyée au sanatorium à Stahnsdorf[11]. Son fils, Rainer Pungs, y vit avec elle après que son incorporation ait été reportée parce qu'il avait eu la tuberculose dans son enfance.

Le 24 avril 1945, Stahnsdorf est prise par l'Armée rouge. Rainer Pungs est emprisonné quelques jours dans un camp près de Trebbin. Le 15 mai, ils quittent tous deux le sanatorium et retournent en ville, où ils arrivent le 15 mai. Elisabeth Pungs se présente au représentant du Parti communiste et propose de travailler à la reconstruction dans la mesure de ses forces, mais elle est accusée d'avoir contribué, par son témoignage, à la condamnation à mort d'Alfred Schmidt-Sas et d'avoir survécu grâce à « ses riches parents qui étaient nazis »[12].

Elisabeth Pungs meurt de la tuberculose le 28 août 1945. Le 26 septembre, son fils et son frère enterrent son urne au cimetière sud-ouest de Stahnsdorf.

Elisabeth Pungs laisse des journaux écrits en sanatorium et en prison, ils ne sont pas publiés mais parfois cités dans des sources secondaires..

Œuvres dans lesquelles Elisabeth Pungs est mentionnée

  • Hans Fallada : Seul dans Berlin . Elisabeth Pungs y apparaît sous le nom de « Anna Schönlein », une figure pitoyable et impuissante. – Fallada connaissait Alfred Schmidt-Sas (modèle du personnage « Dr. Reichardt") et sa fiancée Marga Dietrich, il a également entendu la version selon laquelle Elisabeth Pungs était complice de la mort de Schmidt-Sas.
  • Daniel de Duve, Un enfance au bord du Rhin. 1930-1945, Bruxelles, Racine, (ISBN 978-2-87386-648-8) (souvenirs d'enfance et de jeunesse de l'auteur).
  • Christian de Duve, Sept vies en une. Mémoires d'un prix Nobel, Paris, Odile Jacobs, (Premier chapitre «Première partie. Les années d’enfance. 1917–1934. Un héritage culturel)

Liens externes

Références

  1. a b c d e et f (en) « Elisabeth Pungs - Biographie », sur Gedenkstätte deutscher Widerstand (consulté le )
  2. « Hessische Biografie : Erweiterte Suche : LAGIS Hessen », sur www.lagis-hessen.de (consulté le )
  3. « Aux origines de la machine de chiffrement Enigma », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (de) Heiko Haberle, « Sanierte Moderne: Haus Pungs in altem Glanz - kleines Einfamilienhaus », sur DABonline | Deutsches Architektenblatt, (consulté le )
  5. a b et c (de) « Stolpersteine Olivaer Platz 5 (früher Pariser Str. 30/31) », sur www.berlin.de, (consulté le )
  6. a et b (de) « In Memoriam Hanno Günther », Rundbrief. BAG Antifaschismus der Partei Die Linke,‎ (lire en ligne)
  7. (de) Peter Steinbach, Johannes Tuchel et Ursula Adam, Lexikon des Widerstandes, 1933-1945, C.H.Beck, (ISBN 978-3-406-43861-5, lire en ligne)
  8. a et b (de) « Hanno Günther 1921-1942 », Humanisten im Fokus,‎ s.d. (lire en ligne [PDF])
  9. a b c et d (de) Kurt Schilde, Jugendopposition 1933-1945: ausgewählte Beiträge, Lukas Verlag, (ISBN 978-3-86732-009-2, lire en ligne)
  10. (de) Manfred Kuhnke, Die Hampels und die Quangels: Authentisches und Erfundenes in Hans Falladas letztem Roman, Federchen, (ISBN 978-3-910170-49-0, lire en ligne)
  11. a et b (de) Felicitas Bothe-von Richthofen, Widerstand in Wilmersdorf, Gedenkstätte deutscher Widerstand, s.d., 194 p. (lire en ligne), p. 92
  12. (de) Volker Hoffmann, Der Dienstälteste von Plötzensee. Das zerrissene Leben des Musikerziehers Alfred Schmidt-Sas (1895–1943), Berlin, (ISBN 3-89626-089-8), p. 237