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L'ozone troposphérique peut provoquer une irritation des yeux, des muqueuses et des voies respiratoires supérieures<ref>Mudway IS, Kelly FJ, [http://ajrccm.atsjournals.org/cgi/content/full/169/10/1089 ''An investigation of inhaled ozone dose and the magnitude of airway inflammation in healthy adults''], ''Am. J. Respir. Crit. Care Med.'', 2004, 169:1089-1095</ref>.
L'ozone troposphérique peut provoquer une irritation des yeux, des muqueuses et des voies respiratoires supérieures<ref>Mudway IS, Kelly FJ, [http://ajrccm.atsjournals.org/cgi/content/full/169/10/1089 ''An investigation of inhaled ozone dose and the magnitude of airway inflammation in healthy adults''], ''Am. J. Respir. Crit. Care Med.'', 2004, 169:1089-1095</ref>.


La présence d'une grande quantité d'ozone troposphérique peut provoquer aussi un [[Œdème aigu du poumon |œdème du poumon]], mais les problèmes les plus courants sont d'ordre respiratoires : [[asthme]]<ref>McConnell R, Berhane K, Gilliland F {{et al.}}, [http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(02)07597-9/abstract ''Asthma in exercising children exposed to ozone: a cohort study''], ''Lancet'', 2002, 359:386-391</ref> ou maladies pulmonaires nécessitant une hospitalisation<ref>Yang Q, Chen Y, Shi Y, Burnett RT, McGrail KM, Krewski D, [http://www.informaworld.com/smpp/content~db=all?content=10.1080/08958370390241768 ''Association between ozone and respiratory admissions among children and the elderly in Vancouver, Canada''], ''Inhal. Toxicol.'', 2003, 15:1297-1308</ref>. Il existe une discrète corrélation entre la mortalité due aux maladies respiratoires et la concentration en ozone. La mortalité cardio-vasculaire ne semble pas affectée<ref>Jerrett M, Burnett RT, Pope CA {{et al.}}, [http://content.nejm.org/cgi/content/abstract/360/11/1085 ''Long-term ozone exposure and mortality''], ''N. Eng. J. Med.'', 2009, 360:1085-1095</ref>.
La présence d'une grande quantité d'ozone troposphérique peut provoquer aussi un [[Œdème aigu du poumon |œdème du poumon]], mais les problèmes les plus courants sont d'ordre respiratoires : [[asthme]]<ref>McConnell R, Berhane K, Gilliland F {{et al.}}, [http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(02)07597-9/abstract ''Asthma in exercising children exposed to ozone: a cohort study''], ''Lancet'', 2002, 359:386-391</ref> ou maladies pulmonaires nécessitant une hospitalisation<ref>Yang Q, Chen Y, Shi Y, Burnett RT, McGrail KM, Krewski D, [http://www.informaworld.com/smpp/content~db=all?content=10.1080/08958370390241768 ''Association between ozone and respiratory admissions among children and the elderly in Vancouver, Canada''], ''Inhal. Toxicol.'', 2003, 15:1297-1308</ref>. Il existe une discrète corrélation entre la mortalité due aux maladies respiratoires et la concentration en ozone. La mortalité cardio-vasculaire ne semble pas affectée<ref>Jerrett M, Burnett RT, Pope CA {{et al.}}, [http://content.nejm.org/cgi/content/abstract/360/11/1085 ''Long-term ozone exposure and mortality''], ''N. Eng. J. Med.'', 2009, 360:1085-1095</ref>. Concernant la réponse et les cellules immuniaires, l'ozone impacte significativement les miRNA (en particulier : miR-143, miR-145, miR-199a*, miR-199b-5p, miR-222, miR-223, miR-25, miR-424), de façon directement proportionnelle à la concentration en ozone, causant une perturbation de la régulation immunitaire<ref>{{lien web|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4060009/ | titre=Air toxics and epigenetic effects: ozone altered microRNAs in the sputum of human subjects}}{{en}}</ref> et induisant des inflammations par activation des voies oxydatives<ref>{{lien web|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3488912/ | titre=Oxidative Stress in Asthma}}{{en}}</ref>.


Les pics d'ozone apparaissent généralement en aval des lieux d'émissions de précurseurs de l'ozone (par rapport au vent), et les masses d'air enrichies en ozone anthropique circulent. Cette pollution et ses effets en termes de mortalité peuvent être transfrontaliers, transocéaniques<ref>Cooper, O. R., Foster, C., Parrish, D., Trainer, M., Dunlea, E., Ryerson, T., et al. (2004). A case study of trans‐Pacific warm conveyor belttransport: The in fluence of merging airstreams on trace gas import to North America. Journal of Geophysical Research, 108, D23S08. https://doi.org/10.1029/2003JD003624</ref>, transcontinentaux ou intercontinentaux<ref>Anenberg, S. C., West, I. J., Fiore, A. M., Jaffe, D. A., Prather, M. J., Bergmann, D., et al. (2009). ''Intercontinental impacts of ozone pollution on human mortality''. Environmental Science and Technology, 43(17), 6482–6487. https://doi.org/10.1021/es900518z</ref>
Les pics d'ozone apparaissent généralement en aval des lieux d'émissions de précurseurs de l'ozone (par rapport au vent), et les masses d'air enrichies en ozone anthropique circulent. Cette pollution et ses effets en termes de mortalité peuvent être transfrontaliers, transocéaniques<ref>Cooper, O. R., Foster, C., Parrish, D., Trainer, M., Dunlea, E., Ryerson, T., et al. (2004). A case study of trans‐Pacific warm conveyor belttransport: The in fluence of merging airstreams on trace gas import to North America. Journal of Geophysical Research, 108, D23S08. https://doi.org/10.1029/2003JD003624</ref>, transcontinentaux ou intercontinentaux<ref>Anenberg, S. C., West, I. J., Fiore, A. M., Jaffe, D. A., Prather, M. J., Bergmann, D., et al. (2009). ''Intercontinental impacts of ozone pollution on human mortality''. Environmental Science and Technology, 43(17), 6482–6487. https://doi.org/10.1021/es900518z</ref>

Version du 23 juillet 2019 à 18:59

L’ozone est un polluant secondaire, formé dans la basse atmosphère à partir d’un mélange de précurseurs gazeux composé d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils.Ces polluants nécessaires pour produire l’ozone sont principalement émis par les activités humaines et aussi par la végétation.   Le rayonnement solaire contrôle l’intensité de la production d’ozone.

Les fortes concentrations en surface apparaissent donc en période estivale lorsque l’ensoleillement est important et lorsque les conditions climatiques sont peu dispersives et favorisent l’accumulation. Généralement c’est lors d’une situation météorologique sous influence anticyclonique que sont observés les épisodes de pollution à l’ozone. L’épisode sera d’autant plus important si la situation anticyclonique persiste.

L’ozone a une durée de vie de quelques jours dans les basses couches de l’atmosphère, de sorte qu’il peut être transporté loin de sa zone de production : cette pollution s’observe en général de manière plus intense dans les régions périurbaines et rurales sous le vent des agglomérations.

L’ozone de la basse atmosphère affecte les écosystèmes et la santé humaine. Il a donc un effet toxique qui est à opposer au rôle de l’ozone stratosphérique dont les concentrations importantes se situent à plus de 10 km d’altitude et qui filtre une partie nocive des ultra-violets du rayonnement solaire. L’ozone est un gaz agressif qui pénètre profondément dans l’appareil pulmonaire et peut réagir sur les composants cellulaires et affecter les capacités respiratoires. Ces effets sont accentués par la présence d’autres polluants tels les oxydes de soufre et d’azote, ou lors d’efforts physiques et d’expositions prolongées. L’ozone a un effet néfaste sur la végétation (le rendement des cultures par exemple) et sur certains matériaux.

La production chimique d’une molécule d’ozone (O3) est toujours issue d’une réaction entre une molécule de dioxygène (O2) et un atome d’oxygène (O). C’est la photodissociation du dioxyde d’azote (NO2) qui produit l’atome d’oxygène requis (O), à condition que le monoxyde d’azote (NO) réagisse en priorité avec un radical hydropéroxyle (HO2) plutôt qu’avec O3, ce qui aurait un bilan nul. Dans les zones peu polluées, le HO2 est issu de l’oxydation du monoxyde de carbone (CO) et du méthane (CH4) présents dans l’atmosphère naturelle. Mais dans les zones polluées, la production d’ozone est favorisée, car l’oxydation de composés organiques volatils (COV) est plus rapide que celle du CO ou CH4.Dans les zones fortement polluées, et sous certaines conditions d’insolation, les fortes concentrations de NOx, peuvent conduire à la destruction nocturne d’ozone (effet de titration).

La nocivité du smog est pour partie due à l'ozone.

L'ozone (O3) est dit troposphérique (ou « de basse altitude ») quand il est situé dans la troposphère. Dans cette dernière, l'O3 est un polluant produit principalement par la transformation, sous l’effet du rayonnement solaire, des oxydes d’azote (NOx) et des composés organiques volatils (COV) émis majoritairement par les activités humaines (mauvais ozone). À certaines concentrations, l'O3 troposphérique a des effets nocifs. Cet ozone, en tant que superoxydant, est un polluant majeur de l'air, nocif pour la santé de l'homme, de la faune et de la flore[1].

À haute altitude, la couche d'ozone a des effets positifs. Dans la stratosphère, l’ozone joue un rôle d’écran naturel et bénéfique vis-à-vis des ultraviolets solaires (UV) dangereux pour la matière vivante (bon ozone).

Origine

Nuage de fumée et d'ozone polluant l'océan Indien jusqu'en Afrique, induit par les incendies de forêt (culture ou sylviculture sur brûlis) d'Indonésie (1997). L'échelle colorée vert - jaune - rouge indique les taux d'ozone.

L'essentiel de l'ozone troposphérique est un polluant d'origine anthropique (généré suite aux activités humaines). Une petite partie est naturellement produite au-dessus des zones enforestées, ou après des incendies naturels de forêt.

La pollution par l'ozone au niveau du sol résulte d'un mécanisme complexe. L'ozone troposphérique est massivement formé à partir de polluants « précurseurs », sous l'effet du rayonnement solaire (UV) ; il s'agit notamment du dioxyde d'azote NO2 émis par les échappements des véhicules, des cheminées, incinérateurs et incendies de forêts (souvent volontaires, ou secondairement induits par le drainage et le réchauffement climatique). L'augmentation de la concentration en ozone troposphérique est la cause principale du smog photochimique.

Sous l'action de rayonnements solaires de courte longueur d'onde
NO2 → NO + O
puis O + O2O3
(en présence d'autres oxydants, sinon, NO2 se reforme : NO + O3 → NO2 + O2).

Les émissions directes d'ozone par des activités humaines n'ont lieu qu'en faible quantité :

  • l'« effet couronne » sur les lignes à haute tension, par temps humide ;
  • l'ozone produit par les moteurs électriques…

Pic d'ozone

Pollution à Paris.

Il apparaît si les conditions de formation de l'ozone sont réunies :

  • circulation automobile intense (ville) ;
  • temps ensoleillé (été, même sous ciel légèrement couvert, ou hiver sous ciel dégagé) ;
  • faible circulation atmosphérique (pas de vent ou vent faible, et notamment en condition d'inversion atmosphérique)

Les pics sont généralement plus forts dans les stations d'altitude, où l'ozone était jadis un argument publicitaire pour ses effets que l'on pensait alors bénéfiques sur la santé. Ceci s'observe notamment sur les relevés de l'arrière-pays niçois proche du Mercantour (où des apports de pollution littorale entrent également en jeu).

Géographie du phénomène

Tendance (sur 10 ans) pour 4 régions du monde concernant la teneur de troposphère en ozone
(a) Asie du Sud Est ; b) Afrique équatoriale ; c) Pacifique Nord-Est ; d) Atlantique Nord
En rouge : données mesurées ; en bleu : modélisation [2]

Globalement la teneur en ozone de la troposhère a augmenté depuis presque le début XXe siècle, pour des raisons anthropiques, principalement liées au transport, mais la vitesse et les taux d'augmentation varient selon les régions du monde[2].

Un bilan récent (2019) combinant les mesures satellitaires et un modélisation en chimie de l'atmosphère, montre que sur 40 ans environ (1979 à 2016) tous les instruments décrivent de fortes augmentations de l'ozone troposphérique, du Proche-Orient à l'Inde et à l'Asie de l'Est et plus à l'est au-dessus du Pacifique. (+ 15% à 20% en fond moyen)). L'augmentation la plus forte s'est faite dans la période la plus récente, entre 2005 et 2016 (voir graphique ci-contre). La modélisation montre et confirme que les plus fortes augmentations de (+6 à +7 UD) sont bien situées au dessus de l'Inde et de l'Est-asiatique[2].

Les mêmes sources révèlent aussi une augmentation de l'ozone troposphérique (+4 à +5 UD sur 38 ans d'enregistrement) en Afrique centrale et dans l'océan Atlantique tropical. Et en zone tempérée, l'atlantique nord et le nord-Est du pacigique n'ont pas été épargnés ( + 3 DU par décennie) [2].

Lorsque certaines conditions météorologiques sont réunies, de longues situations de pics d'ozone peuvent survenir, comme à Mexico au Mexique en mars 2016 avec un pic le 14 de ce mois (les stations au sol ont enregistré un record de 171 ppb [parties par milliards en volume] par heure à une station et les 150 ppb ont été dépassés dans six autres stations) ; une situation rare de dépression centrée sur cette région a littéralement permis une intrusion de la stratosphère dans la troposphère (du 9 au 12 mars, mais qui a été suivi d'une augmentation continue de l'ozone troposphérique durant quelques jours alors qu'une situation d'inversion atmosphérique se prolongeait, avec absence de vent[3]

Impact sur la santé

L'ozone troposphérique n'a pas la même origine ni le même impact sur l'environnement et la santé que l'ozone stratosphérique à haute altitude qui, lui, nous protège des ultraviolets (UV) nocifs du soleil. Dans les deux cas, il s'agit de la même molécule, ses impacts diffèrent selon l'altitude et sa teneur dans l'air. Le seuil d'ozone est un indicateur de pollution de l'air. Il indique la quantité d'ozone en microgrammes dans un mètre cube d'air. À partir de 180 µg d'ozone par mètre cube, pour les pays de l'Union européenne, les populations sont informées de la pollution, de même à partir de 240 µg/m3, une alerte à la pollution est lancée.

L'ozone troposphérique peut provoquer une irritation des yeux, des muqueuses et des voies respiratoires supérieures[4].

La présence d'une grande quantité d'ozone troposphérique peut provoquer aussi un œdème du poumon, mais les problèmes les plus courants sont d'ordre respiratoires : asthme[5] ou maladies pulmonaires nécessitant une hospitalisation[6]. Il existe une discrète corrélation entre la mortalité due aux maladies respiratoires et la concentration en ozone. La mortalité cardio-vasculaire ne semble pas affectée[7]. Concernant la réponse et les cellules immuniaires, l'ozone impacte significativement les miRNA (en particulier : miR-143, miR-145, miR-199a*, miR-199b-5p, miR-222, miR-223, miR-25, miR-424), de façon directement proportionnelle à la concentration en ozone, causant une perturbation de la régulation immunitaire[8] et induisant des inflammations par activation des voies oxydatives[9].

Les pics d'ozone apparaissent généralement en aval des lieux d'émissions de précurseurs de l'ozone (par rapport au vent), et les masses d'air enrichies en ozone anthropique circulent. Cette pollution et ses effets en termes de mortalité peuvent être transfrontaliers, transocéaniques[10], transcontinentaux ou intercontinentaux[11]

Impact sur l'agriculture

Nécrose cellulaire et décoloration typique causée par l'ozone troposphérique, ici sur feuille d'aulne rouge. Les feuilles de plants de tabac sont souvent utilisées pour la bioindication de l'ozone.

L'ozone pénètre dans les feuilles, à travers les stomates (flux stomatique), et se dégrade instantanément au contact des cellules, entraînant des réactions en chaîne pouvant aboutir à la mort de celles-ci. Les symptômes peuvent être des nécroses foliaires, une chute prématurée des feuilles, une modification de l’ouverture des stomates et donc une réduction du taux d’activité photosynthétique[12] qui nuit à de nombreuses plantes, et en particulier aux cultures (blé, pommes de terre[13]etc.) et aux rendements agricoles[14], même si les plantes peuvent dans une certaine mesure se défendre en produisant des antioxydants[15]. Ces pertes entraînent des diminutions de croissance et un affaiblissement des plantes, les rendant plus sensibles aux attaques parasitaires et aux aléas climatiques (sécheresse). Ces impacts pourraient être exacerbés dans un contexte de dérèglement climatique[16],[17].

Ainsi, au début des années 2000, les effets mesurables de l'ozone troposphérique sur le rendement des cultures à l'échelle régionale entraînaient en Europe[18],[19] des pertes économiques pour au moins vingt-trois cultures arables (de l'ordre de 5,72 à 12 milliards USD par année[20]. Certaines céréales et notamment le blé (y compris le blé d'hiver[21],[22], également exposé à l'ozone) y sont particulièrement sensibles[23]. Selon une méta-analyse[24] (basée sur trente-neuf études réalisées dans divers pays, dont en Chine), un taux élevé d'ozone dans l'air diminue le taux de chlorophylle du blé, les échanges gazeux de la plante et d'autres facteurs de rendement. Le rendement agricole peut chuter de 26 % en raison d'un moindre poids du grain (–18 %), d'un nombre de grains sur épi diminué (–11 %), d'un nombre d'épi diminué (–5 %) et d'un indice de productivité diminué de 11 % (par rapport à une culture non exposée)[24]. L'état physiologique des feuilles était encore plus affecté, avec un taux de photosynthèse en lumière saturée (ASAT), une conductance stomatique (Gs) et une teneur en chlorophylle (Chl) respectivement diminués de 40 %, 31 %, et 46 %. Les réponses à des taux élevés d'O3 étaient similaires pour le blé de printemps et celui d'hiver. Pour la plupart des variables, la tendance à la diminution était linéairement corrélée à l'augmentation des taux d'O3[24]. Les auteurs de cette méta-analyse ont estimé que l'augmentation du taux de CO2 pouvait en partie compenser les effets délétères de l'ozone troposphérique[24]. Une seule étude, en Grande-Bretagne, a trouvé qu'une augmentation de 10 % de l'AOT 40 ne causait que de faibles pertes de rendements (–0,23 %). Les auteurs concluent que via les parcelles d'essais, les sélectionneurs auraient ici involontairement sélectionné des souches de blés résistantes à l'ozone[25]. Certains cultivars de blé s'avèrent effectivement plus tolérants à l'ozone[26]. Si la pollution acide tend à diminuer dans les pays riches, d'autres polluants, dont les NOx, pourraient ajouter leurs effets à ceux de l'ozone[27],[28],[29].

Métrologie

La métrologie est nécessaire à l'évaluation des pollutions et des risques pour la santé, ainsi que pour la prévision du déplacement des masses d'air pollué. Elle doit pour cela être faite à différentes hauteurs de l'atmosphère.

  • Dans la colonne d'air : elle est encore principalement faite par ballon sonde mais en 2008[30], une nouvelle méthode a été mise au point en France par le LISA dans le cadre d'un partenariat international[31]. Il s'agit d'une mesure par satellite (Instrument IASI en orbite, avec une couverture du globe deux fois par jour, depuis octobre 2006 à bord de MetOp) du signal spécifique de l'ozone dans l'imagerie infrarouge (pour des pixels de 12 km de diamètre et distants de 25 km, au nadir), aussi précise que par le ballon sonde, mais moins couteuse. Ceci devrait permettre une amélioration de la modélisation de l'ozone dans la troposphère, notamment dans le cadre de la plate-forme française Prev’Air et du programme Kopernikus[32].
    Cette méthode permet à échelle régionale et globale de suivre des panaches d'ozone troposphériques (dont la durée de vie est de plusieurs semaines) dans les trois premiers kilomètres de la basse atmosphère[33]. L'idée nouvelle a été d'associer un sondeurs IASI dans l’infrarouge et le capteur GOME-2[34] dans l’ultraviolet. Ces méthodes sont très efficaces pour la couche comprise entre 3 et 4 km au-dessus du niveau marin, mais l'est beaucoup moins pour l'ozone de la très basse troposphère. les tests faits en 2009 montrent que les taux d’ozone entre 2 et 2,5 km d’altitude peuvent être suivis avec une sensibilité au moins 40 % meilleure que celle de méthodes s'appuyant sur une unique bande spectrale[35]. Les nouvelles donnés sont utilisées par le programme ADONISS sur la surveillance de l'atmosphère[36].

Dispositifs pour limiter la pollution à l'ozone

Dispositifs réglementaires

Ils visent à limiter les émissions de précurseurs de l'Ozone. De nombreux pays et l'Union européenne ont produit des lois sur la qualité de l'air, et mettent à jour des normes de qualité de l'air et des seuils portant notamment sur l'ozone (par exemple la valeur seuil d'information est en Europe de 180 µg/m3, et il ne faut pas dépasser 120 µg/m3 sur plus de huit heures, seuil à partir duquel des dégâts sur la santé sont considérés comme certains)[37]. Ceci permet aux autorités nationales ou locales d'interdire ou de réduire certaines activités (combustion de fioul lourd par exemple), ou la vitesse des véhicules. L'OMS a également produit des recommandations (valeurs-guide).
Des systèmes d'amendes et/ou d'encouragements fiscaux ou de subventions encouragent localement les industriels, collectivités et particuliers à moins polluer. Certains aménagements du temps de travail, télétravail et dispositifs de fluidification de la circulation contribuent à diminuer les émissions de précurseurs de l'ozone aux moments où les UV solaires sont les plus actifs.
Des réseaux d'alerte et mesure de la qualité de l'air (Plus de 700 dispositifs de mesure dans l'UE en 2007[38]), avec la météorologie aident les responsables d'émissions à volontairement ou obligatoirement anticiper en limitant leurs activités polluantes les jours à risque de « pic d'ozone » ou aux heures critiques.

En Europe, ces dispositifs commencent à montrer leur efficacité globale ; en 2007, les taux estivaux d'ozone ont ainsi été parmi les moins élevés depuis dix ans, surtout dans les pays d'Europe du Nord où « aucun dépassement de la valeur seuil d'information n'a eu lieu ». L'Italie reste le pays le plus exposé (479 µg/m3 ont été mesurés en Sicile, le second record de 2007 étant 363 µg/m3 en Roumanie). Des taux de 300 à 360 µg/m3 ont été mesurés six fois en France, Grèce, Italie et Roumanie et le seuil prévu à long terme par la directive a été largement dépassé dans l'UE[39], comme dans d'autres pays européens (dont certains ont souvent dépassé la valeur-cible pour la protection de la santé humaine). En 2007, et en Europe : 45 % du total des dépassements du seuil d'information, 39 % des dépassements du seuil d'alerte et 12 % des dépassements de l'objectif à long terme ont été observés entre le 14 et le 21 juillet[40].

Géoingénierie ?

En 2019, un auteur chinois (Shaocai Yu) a proposé de traiter l'ozone se produisant dans les zones urbaines et industrielles par une géoingénierie du brouillard via la pulvérisation d'une brume artificielle dans l’atmosphère. Il justifie le procédé par le fait que le niveaux d'ozone est naturellement moins élevé quand l'humidité relative de l'air augmente, « cette humidité abaissant la température de l'air, en diminuant la longueur de chaîne des amplificateurs chimiques à radicaux peroxy (HO2, RO2 et RC (O) O2), et en diminuant la la longueur de la chaîne de NO2 et en limitant la photo-chimie »[41] ; il estime que la réponse serait rapide, que la faisabilité technologique le permet à coût relativement bas. Il n'évoque pas le problème de la consommation d'eau dont les ressources sont au plus bas en été quand l'ozone est à son maximum. Pour des raisons sanitaires l'eau pulvérisée devrait en outre être très propre. De plus une grande partie de l'ozone (le pic) est produit sous le vent dominant des villes et non dans la ville elle-même.

Solutions technologiques

Sur les véhicules ont par exemple été installés les dispositifs anti-pollution suivants :

L'utilisation de véhicules 100 % électriques permettrait de limiter la formation, après réaction chimique, d'ozone troposphérique [pas clair].

Notes et références

  1. (en) Sicard P., De Marco A., Dalstein-Richier L., Tagliaferro F. et Paoletti E., « An epidemiological assessment of stomatal ozone flux-based critical levels for visible ozone injury in Southern European forests », Science of the Total Environment, no 541,‎ , p. 729-741
  2. a b c et d Ziemke, J. R., Oman, L. D., Strode, S. A., Douglass, A. R., Olsen, M . A., McPeters, R. D., Bhartia, P. K., Froidevaux, L., Labow, G. J., Witte, J. C., Thompson, A. M., Haffner, D. P., Kramarova, N. A., Frith, S. M., Huang, L.-K., Jaross, G. R., Seftor, C. J., Deland, M. T., et Taylor, S. L. (2019) Trends in global tropospheric ozone inferred from a composite record of TOMS/OMI/MLS/OMPS satellite measurements and the MERRA-2 GMI simulation , Atmos. Chem. Phys., 19, 3257-3269, https://doi.org/10.5194/acp-19-3257-2019
  3. Barrett, B. S., Raga, G. B., Retama, A., & Leonard, C. (2019). A Multiscale Analysis of the Tropospheric and Stratospheric Mechanisms Leading to the March 2016 Extreme Surface Ozone Event in Mexico City. Journal of Geophysical Research: Atmospheres, 124(8), 4782-4799.
  4. Mudway IS, Kelly FJ, An investigation of inhaled ozone dose and the magnitude of airway inflammation in healthy adults, Am. J. Respir. Crit. Care Med., 2004, 169:1089-1095
  5. McConnell R, Berhane K, Gilliland F et al., Asthma in exercising children exposed to ozone: a cohort study, Lancet, 2002, 359:386-391
  6. Yang Q, Chen Y, Shi Y, Burnett RT, McGrail KM, Krewski D, Association between ozone and respiratory admissions among children and the elderly in Vancouver, Canada, Inhal. Toxicol., 2003, 15:1297-1308
  7. Jerrett M, Burnett RT, Pope CA et al., Long-term ozone exposure and mortality, N. Eng. J. Med., 2009, 360:1085-1095
  8. « Air toxics and epigenetic effects: ozone altered microRNAs in the sputum of human subjects »(en)
  9. « Oxidative Stress in Asthma »(en)
  10. Cooper, O. R., Foster, C., Parrish, D., Trainer, M., Dunlea, E., Ryerson, T., et al. (2004). A case study of trans‐Pacific warm conveyor belttransport: The in fluence of merging airstreams on trace gas import to North America. Journal of Geophysical Research, 108, D23S08. https://doi.org/10.1029/2003JD003624
  11. Anenberg, S. C., West, I. J., Fiore, A. M., Jaffe, D. A., Prather, M. J., Bergmann, D., et al. (2009). Intercontinental impacts of ozone pollution on human mortality. Environmental Science and Technology, 43(17), 6482–6487. https://doi.org/10.1021/es900518z
  12. Ashmore, M.R. (2002), Effects of oxidants at the whole plant and community level. In: Bell, J.N.B., Treshow, M. (éds.), Air Pollution and Plant Life, 2e éd., John Wiley & Sons, Chichester, p. 89–118.
  13. Pleijel, H., Danielsson, H., Embersson, L., Ashmore, M.R. et Mills, Q. (2007), Ozone risk assessment for agricultural crops in Europe: further development of stomatal flux and flux-response relationships for European wheat and potato, Atmospheric Environment, 41, 3022–3040.
  14. Mills, G., Buse, A., Gimeno, B., Bermejo, V., Holland, M., Emberson, L. et Pleijel, H. (2007), A synthesis of AOT40-based response functions and critical levels of ozone for agricultural and horticultural crops, Atmospheric Environment, 41, 2630–2643.
  15. Nataliya P. Didyk et Oleg B. Blum, Review Natural antioxidants of plant origin against ozone damage of sensitive crops, Acta Physiologiae Plantarum, vol. 33, no 1, 25-34, DOI 10.1007/s11738-010-0527-5 (Résumé)
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  30. Communiqués de presse, 30 octobre 2008
  31. LISA : Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques, France ; avec le Harvard-Smithsonian center for astrophysics (États-Unis), le Karlsruhe Institut für Technologie (Allemagne) et de la Chinese academy of sciences (Chine)
  32. Communiqué de presse, 30 octobre 2008 (consulté le 4 janvier 2009)
  33. Première observation de panaches d’ozone dans la très basse troposphère à partir de données satellitaires, 2 octobre 2013
  34. L'acronyme GOME-2 signifie « Global ozone monitoring experiment-2 ».
  35. Cuesta, J., Eremenko, M., Liu, X., Dufour, G., Cai, Z., Höpfner, M., von Clarmann, T., Sellitto, P., Foret, G., Gaubert, B., Beekmann, M., Orphal, J., Chance, K., Spurr, R. et Flaud, J.-M., Satellite observation of lowermost tropospheric ozone by multispectral synergism of IASI thermal infrared and GOME-2 ultraviolet measurements over Europe, Atmos. Chem. Phys., 13, 9675-9693, DOI 10.5194/acp-13-9675-2013, 2013.
  36. Assimilation de données de qualité de l'air in situ et satellite pour les services GMES Atmosphère ; programme préparatoire pour l'utilisation opérationnelle des observations innovantes de l'ozone troposphérique et notamment celle issues d'IASI et de la nouvelle synergie multispectrale de IASI et GOME-2. Ce projet est mis en œuvre par un consortium constitué de l'INERIS, du LISA, du CERFACS et du CNRM-GAME.
  37. Directive 2002/3/CE.
  38. Rapport EEA no 5 de 2007 cité ci-dessous
  39. Voir carte 2.2 du rapport EEA 2008
  40. Air pollution by ozone across Europe during summer 2007 [PDF], EEA Technical report, no 5/2008.
  41. Yu, S. (2019). Fog geoengineering to abate local ozone pollution at ground level by enhancing air moisture. Environmental Chemistry Letters, 17(1), 565-580 (résumé).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes