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Suillus granulatus

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Bolet granulé, Pissacan, Vachette

Suillus granulatus, le Bolet granulé, Pissacan, ou encore Vachette[1], anciennement Boletus granulatus, est une espèce de champignons basidiomycètes du genre Suillus. Il est caractérisé par son pied blanchâtre orné de granulations, ses pores exsudant parfois des gouttelettes laiteuses et son habitat exclusivement sous pins.

Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Suillus granulatus (L.) Roussel, 1806[2].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Boletus sous le basionyme Boletus granulatus L., 1753[2].

Suillus granulatus a pour synonymes[2] :

  • Agaricus granulatus (L.) Lam., 1783
  • Boletus granulatus L., 1753
  • Boletus lactifluus With., 1796
  • Ixocomus granulatus (L.) Quél., 1888
  • Rostkovites granulatus (L.) P. Karst., 1881
  • Suillus granulatus var. granulatus (L.) Roussel, 1806
  • Viscipellis granulata (L.) Quél., 1886
  • Viscipellis granulata (Linnaeus) Quélet, 1886

Phylogénie

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Suillus granulatus a été décrit pour la première fois par Carl Linnaeus en 1753 comme une espèce de Boletus. Le naturaliste français Henri François Anne de Roussel lui a donné son nom actuel lorsqu'il l'a transféré au genre Suillus en 1796.

Étymologie

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L'épithète spécifique granulatus, signifiant "granuleux", fait référence aux granulations ornant le pied de cette espèce.

Publication originale

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Collection de spécimens de Suillus granulatus.

H.F.A. Roussel, Flore du Calvados et terrains adjacents, composée suivant la méthode de Jussieu, , p. 1-268

Noms vulgaires et vernaculaires

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Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Bolet granulé[3], bolet beurré[4], bolet granuleux[4], bolet vachette[4], vachette[4].

Suillus granulatus porte aussi le nom vernaculaire populaire de "Pissacan", du Provençal Pissa-can, signifiant une plante ou un champignon sur lequel les chiens urinent, en réfèrence à l'aspect gluant et à la comestibilité médiocre de cette espèce (et des espèces proches). Ce terme est souvent utilisé de façon vague et inexacte, il est aussi utilisé pour faire réfèrence à n'importe quel Suillus de la section Granulati (Suillus granulatus, Suillus collinitus, Suillus bellinii, Suillus mediterraneensis), ou encore à n'importe quelle espèce du genre Suillus, c'est-à-dire la plupart des bolets à l'aspect gluant et flasque. Néanmoins, il s'agit du nom sous lequel cette espèce et ses proches sont recherchées dans le Sud de la France à des fins de consommation.

Suillus granulatus est parfois aussi nommé à tort "Cèpe des pins", mais le Cèpe des pins est une tout autre espèce ; Boletus pinophilus.

Description du sporophore

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Granulations blanchâtres sur le pied de S. granulatus.
Pores exsudant un liquide blanchâtre.

Les bolets sont des champignons dont l’hyménophore, constitué de tubes et terminés par des pores, se sépare facilement de la chair du chapeau. Ce chapeau d'abord rond, recouvert d'une cuticule, devient convexe à mesure qu’il vieillit. Ils ont un pied (stipe) central assez épais et une chair compacte. Les caractéristiques morphologiques de Suillus granulatus, le Bolet granulé, sont les suivantes :

Son chapeau mesure 4 à 12 cm, il est visqueux, de couleur brun-roux à brun orangé ou jaune ochracé[5].

L'hyménophore présente des tubes jaune clair puis jaunes et enfin jaune verdâtre. Ses pores sont fins à moyens (jusqu'à 1 mm de diamètre) ; les jeunes sujets pleurent des gouttelettes opalescentes[5].

Son stipe mesure 4 à 10 cm x 1 à 3 cm, il est blanchâtre puis jaune clair, à base teintée de roussâtre, et à sommet couvert de granulations blanchâtres puis brunes ou rousses[5].

La chair est blanche dans le chapeau, jaune dans le pied, immuable. Sa saveur est douce et son odeur est faible, agréable[5].

Son mycélium est blanc[5]. Sa sporée est brun orange à reflet olive[6].

Caractéristiques microscopiques

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Ses spores sont elliptiques fusoïdes, lisses, brun jaunâtre, mesurant 7 à 10 µm x 3,5 à 4,5 µm. Ses basides sont tétrasporiques, non bouclées.

Ses cheilocystides sont clavées, brunes, fasciculées, mesurant 45 à 60 µm x 9 à 12 µm. Ses pleurocystides sont absentes[6].

Variétés et formes

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  • Suillus granulatus f. marchandii, méridional en sol calcaire, se distingue par son chapeau plus brun, ses pores hexagonaux plus grands et sa base du stipe brun sombre[6].
  • Suillus granulatus var. flavovirens, chapeau d'un magnifique jaune orangé[6].

Habitat et distribution

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Il s'agit un champignon ectomycorhizien, poussant uniquement sous les pins, parfois en grand nombre, sur sol calcaire[6],[5].

Il est commun en Grande-Bretagne, en Europe continentale et en Amérique du Nord. Originaire de l'hémisphère nord, il a également été introduit en Australie dans les plantations de pins de Monterey (Pinus radiata) et à Madagascar[7].

Ce taxon se rencontre dans les pays suivants[8] : Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chine, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Norvège, Palestine, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Russie, Taïwan, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Suède, Tchéquie, États-Unis.

Comestibilité et toxicité

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Illustration de Suillus granulatus par Albin Schmalfuß.

En Provence, le Bolet granulé est très recherché, comme les autres bolets du même groupe (Suillus mediterraneensis, Suillus collinitus, Suillus bellinii), sous le nom de "pissacans".

Comme tous les bolets du genre Suillus, le Bolet granulé est plus au moins laxatif selon la tolérance individuelle, la quantité consommée et le degré de maturité des spécimens consommés. Pour cela il est préconisé de ne cueillir que des jeunes spécimens, de retirer le pied fibreux, de peler la cuticule et de consommer une quantité modeste la première fois pour évaluer sa propre tolérance aux effets laxatifs[9]. Néanmoins, la tendance laxative semble être bien plus forte sur cette espèce, pouvant aller jusqu'à entrainer des intoxications gastro-intestinales. En effet, Suillus granulatus peut provoquer une entérocolite nommée "entérite granulienne". Elle se traduit par une diarrhée abondante généralement bénigne. Parfois, elle peut cependant mener à une encoprésie. D'autres symptômes peuvent se manifester, tels que des crampes, des prurits, des paresthésies, des signes cardiovasculaires (tachycardie, précordialgies, dyspnée) et des troubles neuropsychiques (angoisse, tremblements, céphalées, anxiété). Des complications peuvent mener à une hospitalisation chez les sujets les plus sensibles[10], et l'ANSES recommande d'éviter sa consommation[11].

S. granulatus a provoqué des dermites de contact chez certaines personnes, néanmoins ces personnes étaient touchées par des allergies individuelles[12].

S. granulatus est parfois inclus dans les conserves de champignons produites commercialement[7].

Préconisations

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L'ANSES a émis l'avis suivant à propos de la consommation du Bolet granulé :

« Les données bibliographiques montrent que des champignons appartenant aux espèces Suillus granulatus, Russula olivacea et Armillaria mellea ont été notifiés comme responsables d’intoxications dans plusieurs pays (France, Italie, États-Unis, Suisse, Espagne). Concernant Suillus granulatus et Armillaria mellea, aucune information n’indique qu’un traitement particulier (telles qu’une cuisson prolongée ou une appertisation) permettrait d’éliminer le risque d’intoxication. Le CES ERCA estime que la consommation de ces deux champignons est susceptible de provoquer des intoxications y compris après appertisation. »

— ANSES, Avis de l'Agence national de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail relatif à l'évaluation des risques liés à la consommation des champignons dénommés Suillus granulatus, Russula olivacea et Armillaria mellea

Confusions possibles

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

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  1. Appelé parfois Cèpe des pins ou « Pissacan » en Provence.
  2. a b et c V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 24 mars 2024
  3. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 24 mars 2024
  4. a b c et d Base de données mondiale de l'OEPP, https://gd.eppo.int, consulté le 24 mars 2024
  5. a b c d e f et g Guillaume Eyssartier & Pierre Roux, Guillaume Eyssartier & Pierre Roux : France et Europe – 4ᵉ édition, Belin,
  6. a b c d et e « MycoDB : Fiche de Suillus granulatus », sur www.mycodb.fr (consulté le )
  7. a et b (en) Bart Buyck, « The Edible Mushrooms of Madagascar: An Evolving Enigma », Economic Botany, vol. 62, no 3,‎ , p. 509–520 (ISSN 0013-0001 et 1874-9364, DOI 10.1007/s12231-008-9029-4, lire en ligne, consulté le )
  8. UICN, consulté le 24 mars 2024
  9. italien, « GUIDA RAGIONATA ALLA COMMESTIBILITÀ DEI FUNGHI »
  10. Dr Lucien Giacomoni, « Boletus granulatus chef de file des Ixocomes à "toxicité variables" est peut-être le premier champignon victime de la pollution », Bulletin trimestriel de la Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie, vol. 77,‎ , p. 13-14 (ISSN 1771-754X, lire en ligne)
  11. Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) (Saisine n° 2014-SA-0256), Avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail relatif à l'évaluation des risques liés à la consommation des champignons dénommés Suillus granulatus, Russula olivacea et Armillaria mellea, Maisons-Alfort, , 11 p. (lire en ligne)
  12. ANSES, « relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation des champignons dénommés Suillus granulatus, Russula olivacea et Armillaria mellea »