Wikipédia:Oracle/semaine 40 2018

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Décryptage de dessin satirique (janvier 1881)[modifier le code]

Qui sont-ce et pourquoi s’opposent-ils ?

Bonjour tout le monde,

Sauriez-vous qui sont les deux personnages de ce dessin satirique signé Flem paru dans La Nouvelle Lune le 9 janvier 1881, et à quoi il fait référence ?

Les deux hommes ont l’air de se quereller. Ils sont tous deux représentés dans le costume emblématique des souteneurs parisiens de l’époque : casquette à pont, foulard et blouse bleue.

La légende dit : « J’ai tout fait, je ferais tout, excepté de l’espionnage ».

Visiblement c’est le plus jeune personnage, représenté de face, qui s’exprime.

Il tient une enveloppe décachetée et une lettre, du bout des doigts, comme on tiendrait un torchon sale. En agrandissant au maximum et en faisant pivoter le dessin de l’enveloppe j’arrive à lire en partie l’adresse : « Madame la Co(mm ?) (suite illisible) d’A(ng ?) (suite illisible) ».

Merci pour votre aide. --Patatruc (discuter) 5 octobre 2018 à 15:58 (CEST)[répondre]

Peut-être essayer de fouiller dans les [pages liées] à Janvier 1881? Ce serait amusant que ces liens souvent décriés servent à quelque chose. -- Xofc [me contacter] 6 octobre 2018 à 06:28 (CEST)[répondre]
Plutôt Décembre 1880 : La Nouvelle Lune n'a pas le don de prescience... --Serged/ 6 octobre 2018 à 08:11 (CEST)[répondre]
Il y a également la possibilité de consulter à rebours la page de Gallica d'où est extrait le fichier téléversé sur Commons. -- Doalex (discuter) 6 octobre 2018 à 09:45 (CEST)[répondre]
Peut-être Michel Strogoff et Garibaldi ? (voir dans le même numéro de La Nouvelle Lune : Henry Buguet, « Michel Strogui et Garibaldoff, Parodie panachée Châtelet et Nations », La Nouvelle Lune, vol. 2e année, no 2,‎ , p. 3 (lire en ligne)). Par ailleurs, je lis sur la page Michel Strogoff que « Jules Verne monta avec Adolphe d'Ennery une version pour la scène représentée en 1880. » dont la première a été jouée au Châtelet le 17 novembre 1880 - Cymbella (discuter chez moi). Mais aucun des deux protagonistes ne ressemble à Garibaldi… - 7 octobre 2018 à 14:49 (CEST)[répondre]

En magasin j’ai Ernest Courtot de Cissey, accusé fin 1880 « d'avoir aidé dans ses espionnages la pieuvre qui l'étreignait de ses mille pattes et de vivre maritalement avec une moucharde prussienne mariée à un de ses subordonnés » (l’Intransigeant, 16 octobre 1880, cité par le Figaro, 25 décembre) ; il s’agit de la baronne von Kaula. « On a bien prétendu qu'entre le commandant du 11" corps et la femme Kaulla, des tripotages financiers s'ajoutaient à des tripotages d'une autre nature. Non contente de livrer, sous la haute protection de son souteneur, nos intérêts à l'Allemagne, elle achetait à cette puissance, pour remonter notre cavalerie, des chevaux fourbus (...) » (l’Intran, 22 octobre, cité dans le Figaro, même numéro) — on voit que le mélange maquereau / espionnage convient au contexte. De Cissey serait le barbu ? pas évident d’identifier l’autre bonhomme. rv1729 8 octobre 2018 à 09:23 (CEST)[répondre]

PS Patatruc, chapeau pour avoir identifié le costume des souteneurs. D’où te vient cette science ? rv1729 8 octobre 2018 à 09:30 (CEST)[répondre]
J'ai un candidat sérieux pour le protagoniste trouvé en consultant cette page de Google il s'agit de Charles-Ange Laisant où il est écrit sous la section Carrière politique (1876-1893) : « En 1879, il devient directeur du journal Le Petit Parisien. À ce titre, il est condamné à une lourde amende pour avoir diffamé le général Courtot de Cissey. ». Il reste une interrogation sur la date de la diffamation car certainement celle-ci est postérieure à sa prise de fonction de directeur du journal Le Petit Parisien. -- Doalex (discuter) 8 octobre 2018 à 11:14 (CEST)[répondre]
Bravo, c’est bien le barbu — pourquoi est-il lui aussi en costume de maquereau, c’est un peu fort. rv1729 8 octobre 2018 à 11:10 (CEST)[répondre]
Du coup, la recherche sur Laisant dans le Figaro renvoie d’autres éléments passionnant, par exemple l’incident Girardin où on découvre un autre protagoniste de cette même affaire, Émile de Girardin dont la photo ressemble bien à l’autre personnage de cette caricature. rv1729 8 octobre 2018 à 11:16 (CEST) PS Notez que l’épisode fait bien intervenir une lettre entre les mains de Laisant.[répondre]
Je crois bien que c'est certainement Émile de Girardin après avoir consulté cette page de Commons. Bravo à toi également. -- Doalex (discuter) 8 octobre 2018 à 14:11 (CEST)[répondre]

Cette brève immersion dans l’ambiance revancharde de ces années-là était fort intéressante. Ma question sur le « costume type » des macs reste posée, sans ça la légende de la caricature est dure à comprendre (et même ainsi...!). J’espère une réponse de Notification Patatruc : sur ce point. rv1729 8 octobre 2018 à 16:35 (CEST)[répondre]

Merci beaucoup à Notification Herve1729 : et Notification Doalex :, vous êtes des champions. Pour répondre à la question, je travaille depuis une dizaine de jours à mes heures perdues sur un article pour Wikipedia concernant le couvre-chef dont le caricaturiste a affublé les deux protagonistes dans cette image, très oublié, appelé « casquette à pont » ou « à trois ponts », entre autre noms. Cette coiffe était typique du souteneur parisien entre 1875 et la première motié des années 1880, de même que la blouse bleue. Elle a pris surtout la valeur de cliché dans la presse et chez les caricaturistes, surtout en 1875-1885 mais même un peu au-delà jusque dans les années 1900, qui en ont coiffé notamment les têtes de Zola, Jules Ferry et quelques autres. Je suis tombé par hasard sur cette image pendant des recherches de personnalités « encasquettées » par la caricature, pour les autres c’était très clair ou rapidement résolu par une petite recherche, mais là... énorme point d’interrogation. Je vous ferai savoir quand j’aurai terminé l’article si ça vous intéresse, peut-être ce soir ou demain. Merci encore Émoticône sourire. --Patatruc (discuter) 8 octobre 2018 à 17:23 (CEST)[répondre]
Bravo Notification Herve1729. J'ai essayé, mais c'était un coup dans l'eau… - Cymbella (discuter chez moi) - 8 octobre 2018 à 20:27 (CEST)[répondre]
Je lirai avec plaisir ton article et ses sources ! L’iconographie s’en annonce délectable. rv1729 9 octobre 2018 à 09:08 (CEST)[répondre]

L’affaire Laisant - Girardin est bien résumée sur cette page, mais comme c’est un livre sur Google Books sa lecture n’est pas garantie.
Je viens de publier l’article sur la casquette à trois ponts. Je n’ai pas mis notre énigmatique caricature car ça m’aurait amené à des explications difficiles à résumer alors que l’article est déjà assez chargé. En revanche j’ai été assez prodigue en illustrations, références et citations parce que cette coiffe est très oubliée, les informations ne se trouvent que dans des ouvrages anciens (1880-1930) pas évidents à repérer. --Patatruc (discuter) 10 octobre 2018 à 17:11 (CEST)[répondre]

Merci, c’est très joli.
Tu aurais pu mettre l’illustration en nommant simplement les protagonistes, sans en dire plus — mais c’est comme tu veux, de toutes façons moi j’ai vu l’image et l’explication, je suis comblé ! rv1729 11 octobre 2018 à 22:47 (CEST)[répondre]
+ 1 C'est très intéressant mais ne manque-t-il pas des personnages de fiction comme Corto Maltese, peut-être que sa casquette est-elle hors norme pour l'article qui est dédié au couvre-chef comme accessoire de mode ?
Il semble qu'il n'existe pas beaucoup d'autres personnages de fiction portant cette casquette. -- Doalex (discuter) 12 octobre 2018 à 10:45 (CEST)[répondre]
Cette coiffe n’a eu aucune postérité et la guerre de 14-18 en a complètement balayé la mémoire, à part chez les spécialistes d’argot et de l’histoire du « milieu » parisien. Ce type de casquette - en-dehors de son utilisation campagnarde elle-même relativement brève - a été réellement portée par une micro-société, numériquement restreinte, de souteneurs et malfrats parisiens pendant un laps de temps assez court, grosso modo surtout entre 1875 et 1885-90. La fin est un peu floue à quelques années près, mais clairement constatée par les argotiers et autres observateurs. Après son usage s’est dilué, « folklorisé » et a été souvent motivé par la provocation.
L’imagerie associée au « souteneur - malfrat de barrière » à rouflaquettes, foulard rouge, blouse bleue et casquette à pont a aussi été occultée par celle plus tardive et bien plus retentissante des Apaches, avec laquelle elle a été d’ailleurs en partie abusivement amalgamée par la presse contemporaine. Dans la fiction, la casquette à pont a été surtout du ressort du roman-feuilleton de série B voire Z comme on dirait aujourd’hui (même si elle apparait ponctuellement chez Zola, Huysmans et quelques autres écrivains de premier plan), à quoi j’ajouterais en grande partie le fait-divers, qui était lui-même de nature très fictionnelle, voire fantasmatique, et romancée à l’époque. Ses occurences ont été nombreuses : environ 1 500 numéros de presse actuellement numérisés (recherche des dénominations principales sur Retronews) et plus de 200 livres (Gallica). Tout cela pour un oubli quasi total par la suite. --Patatruc (discuter) 13 octobre 2018 à 12:00 (CEST)[répondre]
Un grand merci pour ce complément d'enquête. -- Doalex (discuter) 13 octobre 2018 à 13:16 (CEST)[répondre]