Wikipédia:Lumière sur/Conspirations dans l'Égypte antique

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Momie de Ramsès III, pharaon égorgé lors d'une conspiration.
Momie de Ramsès III, pharaon égorgé lors d'une conspiration.

Dans l'Égypte antique, il est attesté que des conspirations ont été fomentées au sein du palais royal afin de mettre à mort le souverain régnant. Les textes sont généralement muets à propos des luttes d'influence mais quelques sources historiques, soit indirectes, soit très parlantes, dépeignent une famille royale désunie et agitée par de basses rancœurs. Grand polygame, Pharaon dispose de nombreuses concubines logées dans les bâtiments du harem. À certains moments de l'histoire, autour de femmes animées par l'ambition et la jalousie, se sont agrégées des coteries prêtes à sacrifier l'intérêt général pour les besoins particuliers de princes et de courtisans en manque de reconnaissance. Dans les cas les plus graves, ces factions se sont manifestées en fomentant des conspirations et la vie du souverain s'en est trouvée menacée voire abrégée — tout ceci au bénéfice espéré d'une épouse secondaire et de l'aîné de ses fils en compétition avec celui, plus légitime, de la Grande épouse royale.

Sous l'Ancien Empire, la VIe dynastie a connu plusieurs soubresauts de ce genre. Selon l'historien Manéthon, le pharaon Téti a été assassiné par ses gardes du corps. Une vaste campagne de damnatio memoriae révélée par l'archéologie semble confirmer ce dire. Plus méfiant, Pépi Ier a échappé à un complot qui, comme le rapporte le juge Ouni, a été fomenté par une épouse royale. Quant à la reine Nitocris, selon une légende rapportée par Hérodote, elle aurait vengé l'assassinat de son frère Mérenrê II en noyant les conspirateurs. Sous le Moyen Empire, le complot qui mit fin à la vie d'Amenemhat Ier est documenté par deux textes littéraires d'importance, l'Enseignement du roi Amenemhat à son fils et le Conte de Sinouhé. Les deux montrent clairement que le proche entourage royal est impliqué, gardes du corps, femmes du harem et fils royaux. Tous semblent avoir été animés d'un profond ressentiment envers Sésostris Ier, l'héritier légitime.

Durant le Nouvel Empire, la fin de la XVIIIe dynastie est marquée par l'affaire du meurtre de Zannanza-Smenkhkarê et par la possible élimination du prince Nakhtmin par Horemheb. Sous la XIXe dynastie, contrairement à ce qui a un temps été envisagé, Ramsès II n'est pas monté sur le trône en ayant éliminé un frère aîné rival. Il est cependant possible qu'il ait eu à craindre quelques agissements de la part du général Méhy, un proche conseiller de son père, le pharaon Séthi Ier. Après la mort de Mérenptah, la famille ramesside se déchire durant une quinzaine d'années dans une série de complots ; Amenmès tente de renverser son demi-frère Séthi II, le chancelier Bay place sur le trône le roi fantoche Siptah, la reine Taousert fait éliminer Bay avant de se faire éliminer elle-même par le vieux général Sethnakht, le fondateur de la XXe dynastie. Restaurateur de l'ordre, Ramsès III, après trente-deux ans de règne, est égorgé lors d'une conspiration née dans l'esprit de la reine Tiyi. Comme le révèle le Papyrus judiciaire de Turin, une trentaine de courtisans sont impliqués dans l'affaire, administrateurs du harem, militaires, prêtres et magiciens. La conjuration a cependant échoué dans son objectif principal et le prince Pentaour ne réussit pas à évincer Ramsès IV, le successeur désigné.