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Cabaret neiges noires est une pièce de théâtre écrite en collaboration par Dominic Champagne, Jean-Frédéric Messier, Pascale Rafie et Jean-François Caron. Ce texte a été présenté en atelier ouvert par le Théâtre Il Va Sans Dire, en collaboration avec le CEAD, le 18 avril 1992. Elle a été jouée en coproduction du Théâtre Il Va Sans Dire et du Théâtre de la Manufacture, le 19 novembre 1992. Elle est d’une durée de deux heures et quarante-cinq minutes. L’article de la CEAD décrit ce texte comme : «une satire décapante du sens de la vie, de l'assassinat de Martin Luther King, de la solitude urbaine, de l'errance de Claude Jutra, de la passion amoureuse et de bien d'autres sources de désarroi, cette exaltante épopée tragico-comique allie allègrement les impitoyables chansons des « Joyeux Troubadours » au strip-tease intégral de Maria Casarès, la mort de Jacques Brel au fond de tonne de Jack Daniel's et au Manifeste du FLQ[1]

Résumé de la pièce[modifier | modifier le code]

Cabaret neiges noires est une des pièces phare du théâtre québécois et elle est le reflet d’une génération en quête de sens. Ce cabaret délirant emmène le spectateur sur un fond de musique et de chants, aux confins de la folie et de la nature profonde de l’humain, tout en dressant un portrait critique de la société québécoise autant à l’époque qu’actuellement.

La pièce met en scène des personnages éclatés: un Wajdi Mouawad perdu (Dans le rôle de Mario), une Prêtresse bavarde (interprétée par Catherine Pinard), Claude Jutra (interprété par Roger Larue), des Joyeux Troubadours qui chantent, un JeanJean (interprété par Norman Helms) qui interrompt le spectacle… Il y est question de rêves déchus, de projets abandonnés, d’amour impossible, de fatalité, de religion; bref, de ces questions intemporelles qui témoignent du désenchantement d’une jeunesse pour qui le rêve américain n’était que pur mirage.

Genèse[modifier | modifier le code]

Tout a commencé quand l’auteur de La cité interdite, Dominic Champagne, a rassemblé des artistes qui l’inspiraient : Jean-Frédéric Messier, Jean-François Caron, Pascale Rafie. C’est ces artistes qui allumaient l’auteur. Selon Dominic Champagne, dans l’article de La Revue, «Cabaret neiges noires»: le spectacle culte qui refuse de s’éteindre, il unissait : «une génération de créateurs qui avaient l’impression de ne pas avoir leur place dans les théâtres». [2]Celui-ci les réunit pour un exercice d’écriture qui les incite à nommer les neiges noires. (Voir l’annexe en bas) En d’autres termes, ce qui rend l’ambiance plus lourde, les sujets plus tabous ou même ce qui se dit dans les médias. Pour rendre l’exercice actuel. C’est au bout de quelque mois, que l’auteur se retrouve avec un peu plus de sept heures de courts textes, où les auteurs s’étaient approprié les personnages les uns des autres. Champagne voyait dans cette matière très éclatée la « possibilité de faire coexister le sublime et le grotesque », toujours dans le même article.


Ces textes étaient conçus pour jouer dans une forme libre qui se jouait des conventions et intégrait des décrochages. Le spectacle s’est créé avec les acteurs, dans un esprit d’essai, et a continué de se transformer au fil des représentations. Les deux anciens camarades de l’École Nationale de théâtre du Canada rappellent le « miracle » du soir de la première, où tout s’est mis en place. « On ne savait pas ce qu’était le show, il y avait des bouts de textes collés partout dans le décor, on avait coupé plein de scènes la veille. Puis, wow ! Tout se passe. Si je résumais par une formule : on était pertinents et impertinents. »Raconte Dominic Champagne.[3]

Dans l’article de La Revue : «Cabaret neiges noires»: le spectacle culte qui refuse de s’éteindre, l’auteur rend hommage à ceux qui dirigeaient alors le Théâtre de la Manufacture : « J’avais frappé à la porte des directeurs artistiques, et plusieurs n’étaient pas intéressés. Jean-Denis Leduc et Daniel Simard ont cru au projet. Et ils ont été les premiers à nous dire : vous tenez quelque chose, là. »[4]


Comparaison et réception[modifier | modifier le code]

Cet œuvre est souvent comparé à l’Osstidcho. Ce spectacle aussi utilise le chant et l’humour pour dépeindre une l’appartenance culturelle québécoise. La pièce Cabaret neiges noires fait, elle aussi, partie du patrimoine québécois. Ce texte rassemble une quarantaine de courtes scènes qui dépassent l’entendement. Cette pièce choque par ses sujets crus, mais elle est légère à la fois.

Dans sa préface, Catherine Pogonat, une animatrice québécoise de radio et de télévision à Montréal, écrit qu’elle a : «[…] reçu Cabaret neiges noires comme un polaroïd étincelant de ce qu’on a été, de ce qu’on est et de ce qu’on voudrait tellement devenir. En tant que Québécois, en tant que francophones d’Amérique. Je l’ai vécu comme un grand show rock. Un énorme fuck you en forme de party. Une fable fabuleuse qui se sert de l’imaginaire comme arme ultime contre le désespoir. Le cri d’une génération qui refuse à tout prix d’être désenchantée.»[5]

Personnages[modifier | modifier le code]

10 Personnages, 4 Femmes, 6 Hommes, 10 Acteurs.

Cabaret neiges noires suit de nombreux personnages dont les histoires sont entremêlées. La prêtresse se présente comme un genre de chef-d’orchestre, organisant et mettant en place les personnages au sein de ce fouillis. Elle affectionne particulièrement un certain JeanJean, soûlon de prédilection, dépressif et assuré de ne pas être « le trou de cul icitte ». À travers tout ça se mêlent les personnages de Claude et de Peste. L’un est totalement désemparé et dépourvu de repères face à son existence. L’autre est une prostituée déchaînée, vulgaire, mais tout aussi seule face à ce monde beaucoup trop grand pour elle. Les Joyeux Troubadours, eux, ne ratent pas une occasion pour faire une blague plate ou pour rire de la vielle dame et de ses récurrents appels aux services d’urgence. Cette dernière est aux prises avec un enfant suicidaire, Martin, qui, en mal d’identité, ne cesse de tenter de mettre fin à ses jours. Tout cela sans oublier Mario et Maria, deux amoureux fous qui, plus le récit avance, plus font face à la réalité de la vie à deux.

Dans l’article Théâtre et réception: Cabaret neiges noires, collectif, Mégane Deslongchamps écrit : «Les personnages et les personnalités différentes abondent dans Cabaret neiges noires tout comme les thèmes d’ailleurs. Rien, ou presque, n’est mis de côté. On y dépeint l’état du monde, de la société, le malaise identitaire vécu par de nombreux personnages et leurs déboires. Par le biais d’une langue crue, mais visiblement poétique, les auteurs de cette pièce ont su donner vie à chacune de ces existences gribouillées.»[6]

Distribution[modifier | modifier le code]

André Barnard - Le Démon • Julie Castonguay - Maria • Dominic Champagne - Joyeux Troubadour • Estelle Esse, Catherine Pinard - Prêtresse • Norman Helms - JeanJean • Roger Larue - Claude Jutra • Suzanne Lemoine - Peste • Didier Lucien, Marc Béland – Martin Luther King • Jean Petitclerc, Wajdi Mouawad - Mario • Dominique Quesnel - Le Vieille Dame

Pourquoi Cabaret Neiges noires?[modifier | modifier le code]

Cabaret Neiges noires est un cabaret qui joue avec le réel et le surréalisme. Le but est de pousser la réalité jusqu'à en retirer des informations plus que réelles. La pièce s'inspire d'une oeuvre d'Hubert Aquin: Neige noire d'où il prend sa forme. Selon le mémoire d'Alain Warren: «[...] Cabaret Neiges noires joue sur la notion de réalité. En effet, dans Neige noir, le lecteur ne sait pas s'il fait face au véritable récit ou au scénario qu'écrit le personnage principal. Cabaret neiges noires joue, entre autres, sur la notion de réel en mettant en scène la folie de La Vieille Dame et ses hallucinations: « Que c'est qu'y se passe, là [...] C'est-tu l'heure de mes pilules, là? » (CN, p.149)[7]. À cette folie, on peut ajouter la consommation de drogue, la perte de réalité de Claude qui oublie tout petit à petit, les interruptions de Jean Jean, le théâtre dans le théâtre inversé dans une mise en abyme, le suicide à répétition de Martin par crème fouettée, etc.»[8]

Adaptation cinématographique[modifier | modifier le code]

Cabaret Neiges noires a aussi le droit à son adaptation cinématographique. Un film de Raymond Saint-Jean de 1997. Le réalisateur a travailler en collaboration avec Dominic Champagne, un des auteurs du texte et ils ont remaniés les numéros spécialement pour le rendu caméra. Raymond Saint-Jean a su rendre un résultat semblable à la vision de l’œuvre collective, par son non-conformisme, sa forme éclatée (coupures étranges, plans de caméras hors-normes) et met en avant les performances musicales et les monologues au premier plan.

Selon l’article Cabaret Neiges noires-Film de Raymond Saint-Jean, Films du Québec, de Charles-Henri Ramond : «Le film est dédié à la mémoire du « jeune réalisateur Claude Jutra », qui en août 1963 était parti à Washington écouter le discours de Martin Luther King. Le comédien Roger Larue incarne un personnage représentant Jutra, perdu dans les rues de Montréal à la recherche de sa propre personnalité.»[9]

Malgré que Cabaret Neiges noires soit une œuvre exclusivement théâtrale, le film de Raymond Saint-Jean réussit à transmettre l’esprit d’événement grotesque de la pièce et parcours le récit dans sa presque intégralité.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. 1.Centre des auteurs dramatiques, Soutenir, promouvoir et diffuser les écritures dramatiques francophones du Québec et du Canada, «Cabaret Neiges noires », En ligne: [1] (consulté le 9 novembre 2019)
  2. 4.Labercque, Marie, La Revue, «Cabaret neiges noires : le spectacle culte qui refuse de s’éteindre», le 23 décembre 2017, En ligne : [2] (consulté le 8 novembre 2019)
  3. 4. Ibid.
  4. 4. Ibid.
  5. 2.JEU, Revue de théâtre, «Cabaret Neige noires», 6 décembre 2017, En ligne : [3] (consulté le 8 novembre 2019)
  6. 3.Deslongchamps, Mégane, Théâtre et réception: Cabaret neiges noires, collectif, En ligne : [4] (consulté le 10 novembre 2019)
  7. Dominic Champagne, Jean-Frédéric Messier, Pascale Rafie, Jean-François Caron, Cabaret neiges noires, Montréal, VLB éditeur, 1994.
  8. 4.Warren, Alain, De l’autre côté du miroir, L’imaginaire, le rêve et le vide dans Cabaret Neiges noires, janvier 2011, Mémoire en ligne : (p. 14) (consulté le 10 novembre)
  9. Ramond, Charles-Henri, Cabaret Neiges noires-Film de Raymond Saint-Jean, Films du Québec, 8 janvier 2009, En ligne : [5] (consulté le 27 novembre 2019)