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Utilisateur:Michudon/Brouillon

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L'Affaire des bijoux saoudiens[1] est un ensemble d’événements amorcés par le vol en 1989 d’un important lot de bijoux incluant un diamant bleu appartenant à la famille royale saoudienne par un employé de maison thaïlandais. Cette affaire a depuis envenimé les relations diplomatiques entre les deux pays.

Le vol et ses suites[modifier | modifier le code]

En juin 1989, Kriangkrai Techamong, un employé thaïlandais vole un lot de bijoux dans le palais du Prince Faisal bin Fahd où il travaille comme jardinier.[2] Kriangkrai réussit à s’immiscer dans la chambre à coucher de la princesse et à faire main basse sur près de cent kilos de bijoux incluant un rare diamant bleu. Il cache les bijoux d’une valeur de quelque 20 millions de dollars dans un sac d’aspirateur dans le palais puis expédie le tout chez lui dans la province de Lampang[3] dans le nord de la Thaïlande.

Rentré chez lui peu après, il enterre les bijoux sur sa propriété et commence à vendre des pièces à des prix dérisoires. Un bijoutier local, Santi Sithanakan, flaire la bonne affaire et acquiert la plus grande partie du butin.

Les autorités saoudiennes alertent la Police royale thaïlandaise qui lance une enquête menée par le lieutenant-général Chalor Kerdthes. Celle-ci conduit à l’arrestation de Kriangkrai en janvier 1990 et, en suivant la piste du bijoutier Santi, au recouvrement de la plus grande partie des bijoux volés. Kriangkai sera condamné à sept ans de prison, mais il sera relâché trois ans plus tard après avoir confessé son crime.

Trois diplomates saoudiens sont envoyés à Bangkok pour enquêter sur le cas ainsi que Mohammad al-Ruwaili,[4] un homme d’affaires saoudien proche de la famille royale. Le 1er février 1990, les trois diplomates saoudiens sont assassinés à Bangkok et ce même mois, Ruwaili disparaît, probablement assassiné. Ces meurtres et cette disparition ne sont toujours pas élucidés aujourd’hui.[5]

Soupçonnant la police thaïlandaise d’implication dans les meurtres, l’Arabie saoudite réduit ses relations diplomatiques avec la Thaïlande et envoie un chargé d’affaires, Mohammed Said Khoja, pour enquêter sur l’ensemble de l’affaire. Ses conclusions sont que les diplomates ont découvert des choses sur le vol et qu’ils ont été éliminés par les autorités thaïlandaises.

En mars 1990, le lieutenant-général Chalor annonce que l’ensemble des bijoux a été retrouvé et, avec une équipe de la police, il se rend en Arabie saoudite pour les rapporter. Ils organisent une cérémonie publique destinée à montrer à autorités saoudiennes l’efficacité de la police thaïlandaise et à renforcer les liens entre les deux pays. Les saoudiens découvrent cependant très vite que la plus grande partie des bijoux sont des faux et que le diamant bleu n’y est pas.

L’enquête est rouverte par la police thaïlandaise en juin 1991 et certains bijoux sont retrouvés et retournés à leur propriétaire. Quatre civils sont accusés, mais les Saoudiens ne sont pas impressionnés.

L’affaire traine et les autorités saoudiennes maintiennent la pression. En 1994, le bijoutier Santi est kidnappé et torturé sous les ordres de Chalor. Peu après, les corps de son épouse et de son fils de quatorze ans sont découverts dans leur Mercedes accidentée sur une autoroute au nord de Bangkok. La police conclut vite à un accident, mais des autopsies indépendantes montrent que les décès résultent clairement de coups à la tête.

L'opinion du chargé d'affaires saoudien à l'effet que les bijoux aient été détournés par la hiérarchie policière et distribués à d'importants politiciens semble s'avérer lorsque les bijoux réapparaissent lors de banquets. Sous le Premier ministre Chuan Leekpai, beaucoup des bijoux sont retrouvés alors que la police, disposant de vidéos, incite les personnes en faute à les restituer anonymement sous menaces de poursuites.[6]

En 1995, le lieutenant-général Chalor lui-même est accusé d’avoir ordonné le meurtre de l’épouse et du fils du bijoutier Santhi[7] et il est condamné à mort. La Cour suprême maintient la condamnation le 16 octobre 2009.[8] Six autres officiers sont aussi trouvés coupables de complicité dans ces meurtres. La sentence de Chalor sera par la suite réduite à cinquante ans de prison par le roi Bhumibol Adulyadej à l’occasion de son 84e anniversaire en 2011.[9]

En 2000, l’enquête est rouverte puis reprise en 2004 par le Service thaïlandais des enquêtes spéciales. Des conclusions préliminaires lient la mort des diplomates saoudiens à des conflits commerciaux sans rapport avec le vol des bijoux. En janvier 2010, le procureur général mets en accusation le lieutenant-général Somkid Boonthanom, chef de police de la Région 5, pour le meurtre de Ruwaili. La promotion de cet homme en septembre 2010 au poste d’assistant au chef national de la police offusque les autorités saoudiennes. Somkid refuse la promotion pour faire bonne figure, mais il est tout de même promu peu après à un poste de haut niveau.

Les répercussions diplomatiques[modifier | modifier le code]

En réaction à ce vol et aux complications qui s’en sont suivies, l’Arabie Saoudite a cessé d’émettre des visas de travail aux Thaïlandais en 1990 et a interdit à ses citoyens de visiter le pays. Les missions diplomatiques furent réduites à des missions commerciales. Le nombre de travailleurs Thaïlandais en Arabie Saoudite diminua de quelque 200,000 en 1989 à seulement 10,000 en 2010.

Les vols directs de Thai Airways International vers l’Arabie saoudite restent interdits à ce jour et les exportations de riz de la Thaïlande vers ce pays ont beaucoup souffert.

Références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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