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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Onias III

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Le grand prêtre Onias III (hébreu חוניו), fils de Simon (probablement Simon le Juste) est un grand prêtre du Temple de Jérusalem au IIe siècle av. J.-C.. Il est le dernier des grands prêtres légitimes, car considérés comme descendants de la lignée de Sadoq. Onias III est déposé en -175. Son frère Jason qui est nommé par Antiochus IV, est considéré comme un usurpateur. Il est lui même très rapidement déposé et remplacé par Ménélas qui n'est pas Sadoqite.

Biographie[modifier | modifier le code]

Onias III est vraisemblablement le fils de Simon le Juste, et non d'un hypothétique Simon II comme le prétend Flavius Josèphe[1]. Selon l'opinion probablement exacte « de l'auteur du Livre de Daniel, Onias III, fils de Simon le Juste (un contemporain de Ptolémée V et d'Antiochos III), est le dernier grand prêtre légitime dans la succession sadocide (Dn 9, 25-26 et 11, 22)[1]. » L'auteur du deuxième livre des Maccabées s'attache à décrire Onias comme un homme bon et recherchant la justice[2]. Il semble qu'il ait adopté un parti pro-lagide[3] contrairement à son père qui paraît « s'être plus ou moins, assez tôt rangé du côté des séleucides — bien avant la défaite définitive des Lagides[4]. » Ce qui lui a permis d'être « confirmé dans ses pouvoirs sitôt après la victoire d'Antiochos III à Panion[5]. » La politique pro-lagide d'Onias III se reflète dans ses liens avec Hyrcan le Tobiade, un grand partisan du parti égyptien. Hyrcan avait même confié à Onias le soin de garder de grandes sommes d'argent déposées dans le Temple de Jérusalem. Toutefois, « à la mort de Simon le Juste on semble en être venu à une lutte ouverte[4] » entre la famille sacerdotale des Oniades et la famille aristocratique des Tobiades « pour le prélèvement des redevances fiscales mises en fermage[4] », mais probablement pas avec Hyrcan.

Onias, en tant que grand prêtre, concentrait dans ses mains à la fois une charge religieuse et un pouvoir politique civil dont étaient exclus ceux n'appartenant pas à la lignée des grands prêtres. Selon toutes apparences il n'a pas su aussi bien que son père s'affirmer face aux intrigues politico-religieuses[6]. « Il paraît, en effet, s'être assez vite brouillé avec son frère Jason / Jésus, plus nettement que lui orienté vers les compromis avec le pouvoir séleucide, et n'avoir pas été à la hauteur des influences et des manigances de certains Tobiades à la cour d'Antioche[7]. »

Lorsque Simon le Benjamite (de la tribu de Benjamin, donc pas de la descendance d'Aaron), intendant du Temple, cherche à obtenir une charge plus importante et qu'Onias lui refuse, il dénonce Onias au pouvoir séleucide. Il met au courant Apollonius, le gouverneur de Syrie et de Phénicie, qu'Onias dispose de réserves d'argent importantes en plus du trésor du Temple (l'argent déposé par Hyrcan notamment). Il convainc le gouverneur séleucide qu'il doit récupérer cet argent pour éviter qu'Onias ne s'en serve pour financer le parti pro-lagide contre le souverain séleucide Séleucos IV. L'action de Simon conduit à l'envoi à Jérusalem du général Héliodore pour inspecter le trésor du Temple. La suite des événements après l'arrivée à Jérusalem d'Héliodore n'est pas claire, mais il semble qu'il échoue et qu'il rentre à Antioche les mains vides[3].

La situation politique d'Onias est délicate : sa position en tant que dirigeant est affaiblie car contestée, le gouverneur de Syrie montre son intention d'intervenir dans les affaires intérieures de la Judée et le danger d'une guerre civile à Jérusalem devient imminent. Onias décide de se rendre à Antioche pour donner sa version des événements à Séleucos IV et pour renforcer sa position. C'est alors que Séleucos meurt, remplacé par son frère Antiochus IV (-175). Antiochus, engagé dans un conflit avec Rome (il était lui-même otage à Rome) et avec les souverains égyptiens, choisit de ne pas soutenir Onias, pro-lagide, et de vendre la charge de grand prêtre à Jason, le frère d'Onias. Onias est déposé en 174 av. J.-C.. À la suite de sa déposition, il semble qu'Onias s'enfuit à Sparte, avant de revenir à Antioche où il vit en exil. Il est assassiné à Daphné, dans la périphérie d'Antioche vers la fin 171 ou au début 170 av. J.-C.. Cet assassinat est évoqué dans le livre de Daniel (Da 9,26)[1].

Certains chercheurs considèrent[8] qu'il a été le fondateur de la mouvance des esséniens et voient en lui le « Maître de Justice » mentionnés dans les manuscrits de Qumrân. Les esséniens se sont toujours réclamés de leur fidélité à Sadoq, le grand prêtre de Salomon et donc premier grand prêtre, en date, du Temple. Les Oniades, cette famille à laquelle appartint Onias III, furent les derniers des sadocites connus. La communauté scientifique fut d'abord favorable à cette identification[8], puis l'a ensuite pratiquement abandonnée pour dater d'une époque plus récente l'apparition de la mouvance essénienne, mais sans parvenir à une proposition consensuelle. Selon une hypothèse, les Oniades auraient exercé le souverain pontificat de -159 à -152, période pour laquelle le nom du grand prêtre reste inconnu[9].

Identification avec le Maître de Justice[modifier | modifier le code]

Certains chercheurs considèrent[8] qu'il a été le fondateur de la mouvance des esséniens et voient en lui le Maître de Justice ou tout au moins le premier des ces "Maîtres" pour ceux qui estiment que les Manuscrits de la mer Morte évoquent plusieurs Maîtres de Justice successifs. Les esséniens se sont toujours réclamés de leur fidélité à Sadoq, le grand prêtre de Salomon et donc premier grand prêtre, en date, du Temple. Les Oniades, cette famille à laquelle appartint Onias III, furent les derniers des sadocites connus.

L’hypothèse d’Émile Puech, et d'autres, selon laquelle les Oniades auraient exercé le souverain pontificat de -159 à -152, période pour laquelle le nom du grand prêtre reste inconnu, si même il y en eut un[10], est arbitraire. Au surplus, Jonathan qui les aurait évincés en -152 ne saurait être considéré comme un prêtre impie, même de la part des esséniens, qui furent plutôt favorables à l’insurrection maccabéenne. D’ailleurs un éloge du roi Jonathan, trouvé parmi les Manuscrits de Qumrân (4Q448), ne va pas du tout dans le sens de cette thèse, si même il ne l’infirme pas complètement.

Les parallèles qu'on peut mettre en avant pour l'identification avec le Maître de Justice fondateur du mouvement des Esséniens sont les suivants
  • Onias III est florissant en -176 qui correspond à la date déduite par ce qui figure dans le Document de Damas (I, 5-11) : prise de Jérusalem par Nabuchodonosor -586 + 390 ans + 20 ans pour que Dieu leur suscite un (premier) maître de Justice;
  • Simon le Juste meurt vers -195[11] ce qui correspond à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor -586 + 390 ans ;
  • La même date correspond à la prise de contrôle de la région par Antiochos III et les séleucides. La lettre et l'édit que Flavius Josèphe dans le XIIe livre des Antiquités judaïques « montrent que les relations entre les Judéens de Jérusalem ont été excellentes » (dons et exemptions fiscales) (documents authentifiés par les recherches perspicaces d'Elias Bickerman) (Mimouni p. 291);
  • Onias III est appelé « le chef de l'Alliance » en 2 M 11, 22 (Mimouni p. 300)
  • Onias III est fils de Simon le Juste, le premier à qui ce qualificatif a été appliqué ; il n'est pas impossible qu'il ait lui aussi été qualifié de "Juste" ;
  • Le Maître de justice fut exilé (Commentaire d'Habacuc XI, 6) de même qu'Onias III (2 M 4,33).
  • Le prêtre Onias III a été assassiné « dans sa demeure d’exil »[12] (en -170), alors qu'il se trouvait à Daphné dans la Banlieue d'Antioche, à l’instigation d’un prêtre impie (qui serait alors Ménélas, comme il est dit en 2 M 4, 30-38), comme il est dit du Maître de justice.
  • Le Maître de justice a survécu en esprit (Commentaire du Psaume 37, IV, 7-9), de même qu'Onias III (2 M 15,12-14).
  • Le Maître de justice est apparu après sa mort (Commentaire d'Habacuc XI, 6-8) de même qu'Onias III (2 M 15,12-14).
  • Le Maître de justice fut le "Prince d'une Alliance" d'après le livre de Daniel (11,22) comme Onias III, qui fut grand prêtre (2 M 3,1).
  • Le Maître de justice fut victime d'un "prêtre impie" (Commentaire d'Habacuc IX, 9-10 ; XI, 2-6) comme Onias III fut victime du grand prêtre usurpateur Ménélas (2 M 4,23-38).
  • Ce "prêtre impie" fut victime de la "vengeance divine" "sur son corps de chair" (Commentaire d'Habacuc VIII, 16 - IX, 2), à l'instar de Ménélas, précipité dans une tour de cendres (2 M 13,3-8).
  • Le prophète Daniel (9,26) "annonçait"  [sic] qu'un Oint serait supprimé après l'expiration de la 62e semaine d'années qui suivrait la prophétie de Jérémie, en 605 (cf. Jr 25,1.11). [- 605 + (62 X 7) = - 171]. Ce qui correspond exactement à l'assassinat d'Onias III, en - 170.
  • Le Maître de justice est apparu avant la révolte maccabéenne, pendant l'ère post-exilique, avant -167, d'après I Hénoch XC, 8-13. De même qu'Onias III (2 M 8).
Coïncidences moins significatives
  • Le Maître de justice fut zélé pour la Loi d'après l'Écrit de Damas (VI 2-11), de même qu'Onias III (cf. 2 M 3,1 - 4,38).
  • Les ennemis du Maître de justice voulaient adopter les mœurs étrangères, ou païennes, (É. de Damas I, 18-19), comme ceux d'Onias III (cf. 2 M 4,10-20).
  • Les ennemis du Maître de justice furent "les bâtisseurs du mur" (É. de Damas VIII 12.18) comme ceux d'Onias III (1 M 1,33-36).
  • Les ennemis du Maître de justice furent mus par l'appât du gain (Commentaire d'Habacuc VIII, 3-13) comme ceux d'Onias III (2 M 3-4).
  • Le Maître de justice réprimanda ses ennemis avant sa mort (Hymnes P, IX, 8-9), de même qu'Onias III (2 M 4,33).
  • Le Maître de justice fut lié aux prophètes, d'après le Commentaire d'Habacuc (VII, 4-5), de même qu'Onias III qui fut lié au prophète Jérémie (2 M 15,13-16).
  • Le Maître de justice fut la victime d'un "vaticinateur" (É. de Damas VIII, 12-13 ; Commentaire d'Habacuc X, 5-13), comme Onias III fut victime de Jason (2 M 4,7-22).
  • Le "prêtre impie" est d'abord apparu sous un "nom de vérité" (Commentaire d'Habacuc VIII, 8-9) comme Ménélas apparut comme grand prêtre (2 M 4,24).
  • Ce "prêtre impie" fut mû par l'appât du gain (Commentaire d'Habacuc VIII, 3-13), exactement comme le fut Ménélas (2 M 4,23-50).
  • Le décès du Maître de justice fut suivi de la discorde civile (E. de Damas I, 20-21), de même que la mort d'Onias III (2 M 5,5-10).
  • Le décès du Maître de justice fut suivi d'une "vengeance divine", d'une "colère", sans doute une persécution (É. de Damas, II, 1 ; B, I, 31) comme le décès d'Onias III (1 M 1,64 ; 2 M 6,12-17).
  • Cette "vengeance divine" fut vraisemblablement la persécution d'Antiochus Épiphane (É. de Damas I, 17 - II, 1 et 2 M 5,11 - 9,29).
  • Une "souillure du Temple" fut consécutive à la mort du Maître de justice (É. de Damas, B, II, 23 ; Commentaire d'Habacuc XII, 8-9), comme à celle d'Onias III (1 M 1,36-64).

La communauté scientifique fut d'abord favorable à cette identification[8], puis l'a ensuite pratiquement abandonnée pour dater d'une époque plus récente l'apparition de la mouvance essénienne, mais sans parvenir à une proposition consensuelle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Mimouni 2012, p. 300
  2. Mimouni 2012, p. 330
  3. a et b Mimouni 2012, p. 304
  4. a b et c Mimouni 2012, p. 303.
  5. Mimouni 2012, p. 303.
  6. Mimouni 2012, p. 303.
  7. Mimouni 2012, p. 303-304.
  8. a b c et d R. Groosens, Onias le Juste, le Messie de la Nouvelle Alliance.., Nouvelle Clio, 1-2, 1949-50, p. 336-353 ; H.H. Rowley, The Zadokite fragments and the Dead Sea Scolls, Oxford, 1952. The History of the Q. Sect., Bulletin of the John Rylands Library, 49, 1966-7, p. 203-292. Opinion d'Édouard Dhorme, d'après les CRRI, 1951, p. 99s. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « moretsedeq1 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  9. Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987, page XXI.
  10. Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987, page XXI.
  11. Étienne Nodet, L'origine des Esséniens, 2013, p. 26, note no 200.
  12. Commentaire d'Habacuc XI, 4-6.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]