Aller au contenu

Utilisateur:Leo Y. Er./Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Substance Spinozienne[modifier | modifier le code]

La Substance Spinozienne est un principe philosophique, majeur puisqu'autour duquel tout s'articule, dans l'œuvre l'Ethique de Baruch Spinoza. Celle-ci stipule l'existence d'un Tout, différent ceci dit de l'idée de Tout chez les philosophes antiques, à travers la mise en place d'un système de pensée unique (sur lequel l'auteur a passé l'entièreté de sa vie), prolongeant en quelques manières les travaux de Descartes et s'opposant de toute évidence à l'empirisme. Ceci est donc défini par la notion de "substance", dans l'Ethique. L'adjectif "spinozienne" y est rattaché en raison du fait que la notion de substance n'est pas uniquement employée dans la philosophie de Spinoza, mais aussi, par exemple, chez celle de Descartes ainsi que dans la pensée du philosophe Gottfried Wilhelm Leibniz.

La conception de la substance chez Spinoza la renvoie inévitablement à l'immanentisme et au panthéisme et demeure unique, ne pouvant qu'être difficilement rattachée à une autre conception puisqu'elle s'inscrit comme pièce-maîtresse, élément central, de tout le système de pensée développé par Spinoza.

Au sein de la première partie de l'Ethique : de Dieu.[modifier | modifier le code]

La subtilité de la notion de Dieu chez Spinoza[modifier | modifier le code]

Spinoza définit la substance comme étant Dieu ; ainsi que la Nature (Deus sive Natura). Toutefois, il ne faut pas se méprendre avec le sens commun que nous pouvons attribuer à l'image habituellement rattachée à celle de Dieu. Ce n'est absolument pas le même Dieu dont peut traiter le philosophe Blaise Pascal, ni le même que l'on peut retrouver dans la philosophie d'Averroès. Pour pleinement comprendre la notion de Dieu chez Spinoza, il faut entendre une définition totalement défaite des influences théologiques ou scolastiques (par extension, la philosophie de Spinoza va jusqu'à remettre en question la célèbre formule de Saint Thomas d'Aquin : veritas est adaequatio rei et intellectus[1]) ; le Rationalisme s'opposant à la Scolastique. Au contraire, Spinoza s'attaque à l'anthropomorphisme qui, à travers les religions, a caractérisé Dieu. Mais, au-delà de cela même, Spinoza s'est vu contraint de traiter de l'anthropocentrisme qui affecte, de par les hommes, l'image de Dieu tout autant ; afin de défaire tout préjugé quant à Dieu :

« Les hommes supposent communément que toutes les choses naturelles agissent, comme eux-mêmes, en vue d'une fin, et bien plus, ils considèrent comme certain que Dieu lui-même dispose tout en vue d'une certaine fin, car ils disent que Dieu a fait toutes choses en vue de l'homme [...] En outre, ils trouvent en eux-mêmes et hors d"eux-mêmes un grand nombre de moyens qui leur servent excellemment à se procurer ce qui leur est utile, comme, par exemple, les yeux pour voir, les dents pour mâcher, les herbes et les animaux pour s'alimenter, le soleil pour s'éclairer, la mer pour nourrir les poissons, etc., ils finissent donc par considérer toutes les choses naturelles comme des moyens pour leur utilité propre. Et comme ils savent que ces moyens, ils les ont trouvé, mais ne les ont pas agencé eux-mêmes, ils y ont vu une raison de croire qu'il y a quelqu'un d'autre qui a agencé ces moyens à leur usage. [...] Or, comme ils n'ont jamais eu aucun renseignement sur le naturel (ingenium) de ces êtres, ils ont dû en juger d'après le leur, et ils ont ainsi admis que les Dieux disposent tout à l'usage des hommes, pour se les attacher et être grandement honorés par eux. [...] » (l'Ethique, Appendice de la partie I)

Un autre extrait traite du finalisme qui est attribué à Dieu, par sa considération comme moyen ; tout en soulignant que Dieu peut être considéré comme exposé aux passions humaines à cause de cette vision de Dieu. Celle-ci alors impliquerait Dieu dans des affaires humaines, plaçant l'humain au centre de ses intérêts et affecté par les mêmes sentiments que celui-ci ; une vision qui ne peut perdurer dans le système de pensée spinozien.

«Mais en voulant montrer que la Nature ne fait rien en vain (c'est-à-dire qui ne soit à l'usage des hommes), ils semblent avoir uniquement montré que la Nature et les Dieux délirent aussi bien que les hommes. Voyez, je vous prie, où cela conduit ! Parmi tant d'avantages qu'offre la Nature, ils ont dû trouver un nombre non négligeable d'inconvénients, comme les tempêtes, les tremblements de terre, les maladies, etc., et ils ont admis que ces évènements avaient pour origine l'irritation des Dieux devant les offenses que leur avaient faites les hommes ou les fautes commises dans leur culte. [...] Si, par exemple, une pierre est tombée pour tuer l'homme de la façon suivante : Si, en effet, elle n'est pas tombée à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances (souvent, en effet, il faut un grand concours de circonstances simultanées) ont-elles pu concourir par hasard ? Vous répondrez peut-être que c'est arrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passait par là. Mais ils insisteront : Pourquoi le vent soufflait-il à ce même moment ? Si vous répondez de nouveau que le vent s'est levé parce que la veille, par un temps encore calme, la mer avait commencé par s'agiter, et que l'homme avait été invité par un ami, ils insisteront de nouveau car ils ne sont jamais à court de question : Pourquoi donc la mer était-elle agitée ? Pourquoi l'homme a-t-il été invité à ce moment-là ? et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sur les causes des causes, jusqu'à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance.» (l'Ethique, Appendice de la partie I)

Dans cette appendice, par ailleurs, Spinoza dégage une critique de la téléologie (extrait ci-dessus) ; attribuant la recherche de la cause finale (ou "des causes des causes" dans l'extrait) à l'ignorance des causes réelles qui provoquent les évènements[2]. Un autre extrait conclu l'appendice qui elle-même conclu la première partie sur Dieu. Celui-ci traite du caractère variable et relatif propre à l'homme et de leur capacité à juger, nécessaire, dans une approche apophatique, pour parachever la définition de Dieu, soulignant le relativisme propre aux "corps humains" — dont l'idée est "l'esprit humain" qui lui façonne des "images des choses" (l'Ethique, De la nature du corps et de l'esprit humain, partie II) — .

« Car, bien que les corps humains se ressemblent et s'accordent (conveniant) en beaucoup de points, ils diffèrent cependant sur beaucoup d'autres, et, par suite, ce qui paraît bon à l'un paraît mauvais à l'autre, ce qui est dans l'ordre pour l'un semble confus pour l'autre, ce qui est agréable à l'un est désagréable à l'autre, et ainsi du reste [...] Tout le monde, en effet, répète "Autant de têtes, autant d'avis ; chacun va dans son sens ; il n'y a pas moins de différences entre les cerveaux qu'entre les palais" Et ces adages montrent assez que les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les imaginent plutôt qu'ils ne les comprennent par l'entendement  »

Ceci établi, Spinoza assois à travers ces critiques l'idée de Dieu, la vision nécessaire pour comprendre entièrement l'idée de substance unique chez l'auteur à travers la manière dont il l'évoque.

  1. Marcos André Gleizer, « Remarques sur le problème de la vérité chez Spinoza », Philonsorbonne, no 5,‎ , p. 119–135 (ISSN 1255-183X, DOI 10.4000/philonsorbonne.361, lire en ligne, consulté le )
  2. « Téléologie », dans Wikipédia, (lire en ligne)