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L'île Maurice est une territoire colonisé par les britanniques depuis 1810. Ces derniers y ont instauré le sport pour le maintient de la condition physique de ses soldats. Peu à peu, le sport devient un phénomène d'acculturation dans la société. L'objectif des britanniques est de diffuser le sport à l'élite de la population et notamment à la "population générale".

La colonie de Maurice se caractérise comme étant une société communautaire. Le sport structure la population en plusieurs catégories. Il y a les Franco-Mauricien qui font partie de l'élite colonial aux côtés des britanniques, les ouvriers de l'industrie et les créoles. Une discrimination est visible au sein de ces catégories de populations. En effet, les Franco-Mauriciens ont accès à tous les équipements sportifs ainsi qu'à tous les sports. Cela favorise leur niveau supérieur lors des compétitions. Les britanniques ne favorisent pas les autres communautés de la population. C'est pour cela que des associations et des clubs sportifs se créent en parallèles pour revendiquer leurs droits à pratiquer le sport. Ce sont notamment les Youth Federation et le Racing Club de Maurice.

La mise place du sport sur l'île se fait à travers l'éducation auprès des enfants à l'école. C'est une pratique très largement intégrée dans les établissements scolaires. Mais cela passe également par le gouvernement. Après l'indépendance de Maurice en 1968, le sport reste très largement ancré dans la société. En 1969, le gouvernement crée le ministère de la Jeunesse et des Sports pour la mise en place de lois qui structurent le domaine sportif sans les britanniques. Le but est de faire une nation sportive puissante au sein de l'île et cela passe par la création d'infrastructures sportives accessibles à toute la population pour s'entraîner. Enfin, l'organisation des Jeux de l'Océan Indien en 1989 montre la réussite du mouvement sportif sur l'île.

Le sport à l'époque coloniale[modifier | modifier le code]

Un mouvement sportif né au sein de l'élite coloniale[modifier | modifier le code]

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le sport moderne apparaît au Royaume-Uni et se diffuse largement dans les colonies de l'empire britannique[1].

L’objectif des Britanniques est d'abord de maintenir les soldats anglais dans une forme physique satisfaisante[2]. En effet, le climat des colonies tropicales n’est pas le même que celui de l’Angleterre et les dirigeants de l'armée estiment que l'exercice physique régulier permet de rendre le corps des troupes plus résistant aux conditions tropicales[2]. Le mouvement sportif se diffuse ensuite au sein de l'élite mauricienne, avant tout pour le loisir et les divertissements[3]. Les structures privées, dont des établissements scolaires, financent diverses structures sportives[3].

Lorsque les Britanniques prennent contrôle de l'île en 1810, Maurice est une société dominée par les Franco-Mauriciens et métisses, deux groupes qualifiés par les Britanniques de « population générale »[4]. Après leur installation, les Britanniques font venir des travailleurs engagés indiens, dont une grande partie reste dans l'île à l'issue de leur contrat[4]. La société mauricienne du second XIXe siècle est donc une société plurale[5]. Les dirigeants coloniaux voient dans le sport un bon moyen de créer des liens entre les différentes communautés de l'île de de diffuser les valeurs impériales[2]. Le sport est alors un vecteur d’acculturation des populations colonisées[2].

Les Britanniques n'envisagent cependant pas une réelle démocratisation des disciplines sportives : elle vise à rassembler avant tout l'élite de la « population générale » derrière le colonisateur britannique pour faire de l'île Maurice une colonie puissante[3]. Le sport est ainsi intégré au programme des établissements d'enseignement secondaire anglophones qui cherchent à créer une élite mauricienne, comme le Collège royal de Port Louis (en)[6]. La « population générale » étant la seule à pouvoir accéder facilement aux infrastructures sportives[7], la diffusion du sport reste localisée[3]. Le cloisonnement des populations ethniques empêche également une diffusion plus large[7].

Le sport à Maurice avant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Structuration du sport Maurice de la fin de la seconde guerre mondiale à l'indépendance[modifier | modifier le code]

Instauration du communalisme dans la société sportive[modifier | modifier le code]

Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Maurice n'accède pas à l'autonomie. Les Britanniques continuent à structurer l'économie sur des bases ethniques : les travaux ruraux sont assurés par les Hindous, la pêche pour les Créoles, et les Franco-Mauriciens dominent[7]. Le sport à l'île Maurice se diffuse cependant de plus en plus après la Seconde Guerre mondiale.

Cela se marque par deux événements majeurs. Le premier est le regroupement d'associations sportives franco-mauriciennes en 1946 pour permettre l'organisation plus soutenue d'activités sportives sur l'île[8]. Cette catégorie de la population continue à former l'élite sportive[9]. Ils ont accès à de nombreux sports comme le cricket, les courses de chevaux et le tennis[10].

Le second est la constitution de 1947 qui marque le début de l'autonomie avec l'instauration d'un conseil législatif et entérine la structuration de la société sur des bases communautaires, ce qui est appelé à Maurice le « communalisme »[11]. Des fédérations et des structures sportives s’organisent dans l’île sur les bases de la constitution[12]. Le communalisme permet la mise en place de clubs sportifs sur des base communautaires y compris pour les communautés d'origine indienne, alors que jusque-là c'était surtout la « population générale » qui disposait de clubs[13]. Quoique critiqué par certains, le communalisme reste la « ligne de conduite » de la colonie dans tous les domaines, sport compris[14].

Dans les années 1950, Franco-Mauriciens et Britanniques continuent à dominer la scène sportive. En 1952, ils forment la Mauritius Sports Association, une fédération sportive encore plus organisée que la précédente, qui vis à former des sportifs de hauts niveau[15].

Bien que la division ethnique de la société persiste, les Britanniques cherchent à diffuser plus largement le sport dans l'enseignement scolaire. L’éducation physique devient un des enseignements les plus importants. Des organismes sont créés pour organiser des rencontres entre établissements[16].

Pratiquants du sport : Industrie sucrière[modifier | modifier le code]

Après la Seconde Guerre Mondiale, le sport à Maurice se structure de plus en plus. Toutes les classes sociales de l'île souhaitent pratiquer du sport ; mais le sport de masse ne se développe que lentement. Le caractère exclusif de la Mauritius Sports Association mécontente une partie de la population. Cela conduit les travailleurs de l'industrie sucrière, un des principaux domaines d'activité de l'île, à réclamer leurs propres associations. Les Britanniques décident alors de créer la Youth Federation.

Ce système est mis en place dans les campagnes pour permettre aux plus démunis de se regrouper pour faire du sport[17]. Le sport est par ailleurs vu comme un moyen de faire oublier aux travailleurs de l’industrie sucrière les difficultés des conditions de travail[18]. Des rencontrent sont organisées avec d'autres usines pour faire vivre ce monde de l'industrie. Mais l’impact n’est pas aussi fort que pour les élites. Peu de moyens sont mis en place pour équiper les campagnes. Les ouvriers utilisent des friches ou des terrains de l’usine pour jouer au football[17].

Ces rencontres restent cependant limitées aux équipes des ouvriers agricoles, qui ne peuvent pas faire de matchs contre les équipes de l'élite, en une discrimination sportive qui reproduit les lignes de fracture communautaires[19]. Les compétitions des industries sucrières ne suscitent pas le même engouement que les championnats des élites[20]. Ce mouvement sportif de l'industrie sucrière est cependant de plus en plus structuré, et au fil des années, et des investissements de la part des propriétaires des usines, des équipements de meilleur qualité sont mis en place[21].

Clubs sportifs : Racing Club Maurice[modifier | modifier le code]

En 1961, des populations créoles unissent six clubs pour former le Racing Club de Maurice, qui devient rapidement le plus populaire de l'île[22], en regroupant métis et gens de couleur[23]. La création du club a pour but de se faire entendre et de contester la domination des clubs franco-mauriciens sur le football local[24]. En effet, alors que les six anciens clubs n'étaient pas assez fort pour lutter, le Racing Club parvient très rapidement à un bon niveau[23], remportant notamment le championnat 1962-1963.

Dans les années 1960 et 1970, le Racing Club de Maurice suite parallèlement à ses objectifs sportifs des objectifs politiques et sociaux[25]. Il acquière les terres d’un château pour installer le siège du club, mais aussi, un collège ou encore un centre de vacances au bord de la mer[24]. Il crée des terrains de football d’entraînement pour encourager la pratique de ce sport dans des conditions convenables[25].

Si le club est parfois critiqué pour avoir contribué à renforcer les logiques communautaires, il a permis aux populations noires et métisses de s'affirmer au sein de la société mauricienne[26].

Le sport à Maurice depuis l'indépendance (1968)[modifier | modifier le code]

Création d'organismes sportifs : Jeunesse et Sport[modifier | modifier le code]

Pour impulser le sport à l’île Maurice, le gouvernement nomme un ministère de la Jeunesse et des Sports à partir de 1969. Le but est de mettre en place la loi sur le sport au sein de la colonie et ainsi de faire évoluer les structures du monde sportif[27].

Le ministère de la Jeunesse et des Sports se positionne sur le communalisme de la société. Le programme est basé sur la décentralisation et la démocratisation. Mais cet organisme est quelque peu bancal et manque de moyens compétents. Les enjeux du ministère de la Jeunesse et des Sports sont plus politiques que sociaux et cela ne permet pas de changer la vision et le mouvement du sport pour les populations mauriciennes. Le premier ministre de la Jeunesse et des Sports est Diwakar Dundlun, spécialiste de la médecine sportive. Son successeur est Sylvio Michel, novice dans le domaine. Tous deux ont structuré le mouvement sportif mais sans grande conviction. Leur manque de compétences explique le peu de changements occasionnés dans le domaine sportif[28].

C’est le ministère de Michael Glover, nommé en 1982, qui fait changer les choses pour le sport mauricien. C’est un ancien grand sportif du Stade Olympique en 1956 et membre de l’équipe de Racing Club de Maurice[29]. Glover bouleverse le mouvement sportif de la colonie. Il modifie la composition des groupes d'athlètes pour y intégrer des populations créoles ou musulmanes avec les athlètes de la population générale déjà présents[30].

Restauration du mouvement sportif sans les britanniques[modifier | modifier le code]

Après l'indépendance de la colonie en 1968, le sport mauricien se structure par la mise en place de réformes. La réforme la plus marquante est le Physical Education and Sports Act (Loi relative à l'éducation physique et aux sports) de 1984. Cette loi permet le développement des structures sportives de l’île. Le but est de faire de l’île Maurice une nation sportive au même niveau que les pays plus développés. Elle prévoit rendre omniprésent le sport dans l’éducation scolaire ainsi qu'une réorganisation du monde sportif mauricien[31].

La structuration du sport à l’île Maurice se forme autour de la ville de Curepipe. Notamment avec la création d'une commission locale, le Sports Commitee of Curepipe. L’objectif de cette commission est l’organisation de championnats de football sur la commune[32]. Le cas de la ville de Curepipe montre la volonté d’instaurer l’esprit sportif aux Mauriciens et met fin au communalisme sportif en intégrant dans ses équipes aussi bien les franco-mauriciens que les créoles[33].

Cependant, cette structuration du sport imposée par les Britanniques ne plaît pas à tout le monde. Cela, est dû à la prépondérance du football dont la compétition entre différentes communautés crées des tensions. Par exemple, l’athlétisme est une source de conflits. Le niveau national et les objectifs requis sont bien trop élevés pour les métis. Les britanniques et les sociétés mauriciennes mettent en place des meetings pour permettre la découvertes des athlètes aux sélections mauriciennes, élargissant ainsi la composition communautaire.

Organisation d’événements sportifs : Jeux Océan Indien[modifier | modifier le code]

Après l’Indépendance de l’île, les mauriciens veulent prouver que le mouvement sportif est une réussite. Pour cela, le gouvernement organise les jeux des îles de l'océan Indien en 1985. Ils veulent faire mieux que les Jeux de 1979 à l'Île de la Réunion[34]. L’organisation de ces jeux de 1985 montre une évolution du mouvement sportif et permet d’affirmer les failles de la structure sportif comme le manque d’entraînement de la population [35]. Maurice organise à nouveau ces jeux en 2019.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Calvini 2008, p. 48.
  2. a b c et d Calvini 2008, p. 53.
  3. a b c et d Calvini 2008, p. 49.
  4. a et b Calvini 2008, p. 23.
  5. Calvini 2008, p. 47.
  6. Calvini 2008, p. 200.
  7. a b et c Calvini 2008, p. 119.
  8. Calvini 2008, p. 11-12.
  9. Calvini 2008, p. 132.
  10. Calvini 2008, p. 129.
  11. Calvini 2008, p. 120.
  12. Calvini 2004, p. 120.
  13. Calvini 2008, p. 19.
  14. Combeau-Mari 2004, p. 20-21.
  15. Calvini 2008, p. 128-130.
  16. Calvini 2008, p. 228.
  17. a et b Combeau-Mari 2004, p. 124.
  18. Combeau-Mari 2004, p. 125.
  19. Combeau-Mari 2004, p. 126.
  20. Calvini 2008, p. 164.
  21. Calvini 2008, p. 162.
  22. Calvini 2004, p. 130.
  23. a et b Calvini 2008, p. 103.
  24. a et b Calvini 2004, p. 129.
  25. a et b Calvini 2008, p. 104-105.
  26. Calvini 2008, p. 106.
  27. Calvini 2008, p. 178.
  28. Calvini 2008, p. 172.
  29. Calvini 2008, p. 182-183.
  30. Calvini 2008, p. 187.
  31. Calvini 2008, p. 12.
  32. Calvini 2008, p. 81.
  33. Calvini 2008, p. 83.
  34. Calvini 2008, p. 275.
  35. Calvini 2008, p. 277.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Jean-André Benoît, Sport colonial : Une histoire des exercices physiques dans les colonies de peuplement de l'Océan Indien : la Réunion-Maurice, des origines à la seconde guerre mondiale, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2-7384-4094-0).
  • Claude Calvini, Sport, Colonisation et Communautarisme : Ile Maurice (1945-1985), Paris, L'Harmattan, (ISBN 9782296075252).
  • Évelyne Combeau-Mari, Sports et Loisirs dans les colonies XIXe-XXe siècles, Paris, Le Publieur, (ISBN 2-35061-000-4).

Articles et Chapitres[modifier | modifier le code]

  • Claude Calvini, « Décolonisation et structuration du mouvement sportif mauricien (1947-1967) », dans Évelyne Combeau-Mari (dir.), Sports et Loisirs dans les colonies : XIXe-XXe siècles, Paris, Le Publieur, (ISBN 2-35061-000-4), p. 119-134.
  • Claude Calvini, « Sport, Communautarisme et Relations sociales dans l'île Maurice britannique : Le Rôle des Franco-Mauriciens », Outre-mers : Revue d'histoire, nos 364-365 « Le Sport dans l'Empire Français. Un instrument de domination coloniale ? »,‎ (lire en ligne).
  • Olivier Nara, « Les Pratiques sportives : À la conquête des îles de l'Océan Indien », Les Cahiers d'Outre-Mer, no 250,‎ , p. 275-290 (lire en ligne).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]