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Synagogue de Rouen
Vue de la façade rue des Bons Enfants
Vue de la façade rue des Bons Enfants
Présentation
Culte Israélite
Rattachement Consistoire de Normandie
Fin des travaux 1950
Architecte François Herr
Style dominant Mouvement moderne
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Ville Rouen


La synagogue de Rouen est une synagogue consistoriale de rite sépharade, située au 55 de la rue des Bons Enfants à Rouen. Devant l’entrée, une stèle rend hommage aux morts en déportation de la communauté juive de la ville.

Historique[modifier | modifier le code]

Deux rues principales divisent au moyen-âge la surface de l'ancienne Rothomagus : du nord au sud le cardo (l'actuelle rue des Carmes) et de l’est à l’ouest le decumanus (l'actuelle rue du Gros Horloge). La Rue aux Juifs ou Vicus judaeorum, d'une longueur de plus de 200 mètres, se trouvait au cœur du secteur nord-ouest de la ville, tout près du decumanus. Cette rue était le centre du quartier qu'on appelait la terra judaeorum (terre des Juifs) ou le "clos aux Juifs." Au moyen âge, la superficie du quartier tout entier est estimée comme étant d'environ 28 500 m2. Cette superficie était habitée en permanence par une population juive considérable (environ 10% de la population totale de la ville) jusqu'à l'expulsion de 1306. [1]

Le cimetière principal se situait à l'extérieur des murs de la ville du XIIIème siècle, au-delà du présent boulevard de la Marne en montant vers Mont-Saint-Aignan. On l'appelait le “cimetière as Juieulz” ou le Mons Judaeorum. Ce terme s'appliquait souvent aux cimetières juifs en Europe du moyen âge.[2]

La synagogue de la ville se situait au 55 de la rue aux Juifs. On la trouve indiquée sur deux plans de la ville datant du XVIIIème siècle. Selon une description de Rondeau de Sétry (1782), il s'agissait d'un grand pavillon de style roman, presque carré, à demi enterré, avec deux étages voûtés. Sa tour est signalée dans le Livre des fontaines de Rouen de Jacques Le Lieur (1525) et 
son aspect est rendu par
 un 
dessin 
d’architecture
 du XVIIIème
 siècle
 conservé
 aux
 Archives
 départementales
 de
 Seine
 Maritime
 et
 intitulé Pignon 
de
 la 
synagogue. 
Dans le plan de Vernisse (1738) figure une représentation horizontale de l'édifice. Dans le mur est se trouve une abside courbe en saillie où étaient gardés les rouleaux sacrés de la Torah, comme dans toutes les synagogues de style roman. L'entrée du bâtiment est sur le côté ouest, c'est-à-dire en conformité avec la loi rabbinique, à l'opposé du mur auquel font face les fidèles en prière. Les murs ont deux mètres de largeur ; deux grandes fenêtres sont percées dans les murs ouest et sud, ce qui laisse entrer beaucoup de lumière, en conformité avec une autre tradition talmudique. Une autre description (1821) nous apprend que dans la voûte qui termine l'édifice peuvent être aperçus des fragments de peinture laissant supposer l'existence d'une fresque.[3]

Peu après sa destruction, Charles De Beaurepaire indique à son propos dans un
 article
 paru
 dans
 l’édition
 de
 1891‐1893
 du Bulletin
 de
 la Commission
 des 
antiquités
 de 
la
 Seine 
inférieure que 
« l’appareil
 des
 murs
 et
 plus encore 
la hauteur 
de
 ce 
caveau
 présentaient
 quelque
 chose
 d’extraordinaire, 
et 
c’est
 un 
sujet 
de regret
 pour
 moi
 qu’on 
n’en 
ait
 point
 relevé 
exactement 
les
 dimensions, 
qu’on 
n’en
 ait point
 pris
 un 
dessin
 pour 
l’album
 de 
la
 Commission 
des 
Antiquités 
du 
département ».[3]

A partir de 1869, la communauté juive rouennaise se réunit dans l'ancienne église Sainte-Marie-la-Petite, ainsi nommée pour la distinguer à la fois de la Cathédrale Notre-Dame et de l’église Notre-Dame-de-la-Ronde, comme elle dédiées à la Vierge. Déconsacrée et vendue au cours de la Révolution française, cette église avait servi successivement d’entrepôt puis d’école avant d'être affectée en 1865 au culte israélite. Devenue synagogue, elle fut fermée par les Allemands aux premières heures de l’Occupation et transformée en poste de secours. Le 31 mai 1944, une bombe anglaise de forte puissance la détruisit presque entièrement et la plupart des blessés réfugiés à l’intérieur des lieux avec le personnel médical trouvèrent la mort. Seul le porche subsista mais il fut rasé en décembre 1946 au cours de travaux de reconstruction de la ville.[4]

La synagogue actuelle fut édifiée au même emplacement et sa construction achevée le 17 décembre 1950.

Galerie[modifier | modifier le code]

L'histoire des Israélites de Rouen[modifier | modifier le code]

Dans son numéro du 19 mars 1905, le Journal de Rouen consacre deux pages aux "synagogues israélites à Rouen", brossant à grands traits l'histoire du judaïsme dans la capital normande.[5]

1) Période ducale.[modifier | modifier le code]

1010-1035. Des ducs de Normandie persécutent les Juifs. Le pape met fin à la persécution de 1010, mais plus tard le Juif rouennais Reuben ben Isaac doit s'enfuir vers la Palestine.

c. 1070. Guillaume le Conquérant emmène des Juifs rouennais à Londres, créant ainsi la nouvelle communauté juive de l'Angleterre médiévale.

1096. Les croisés normands persécutent les Juifs de Rouen, leur donnant le choix entre la mort et la conversion au Christianisme.

1099. Le duc Guillaume le Roux permet aux convertis le retour au Judaïsme. Suit une période de reconstruction de la communauté de Rouen et de ses institutions.

2) Période des Plantagenets-anglais.[modifier | modifier le code]

1131. Par l'intermédiaire du roi Henri, les Juifs donnent des cadeaux au pape Innocent II à Rouen.

1140-1200. Epanouissement des études hébraïques à Rouen. Des exégètes de la Bible produisent une foule de commentaires ; les grands tossafistes commentent et annotent le Talmud.

3) Période française.[modifier | modifier le code]

1204. Philippe Auguste conquiert Rouen. Les Juifs normands se trouvent sous la juridiction des rois français.

1220-1250. Le pouvoir royal commence à instaurer des restrictions contre les activités financières des Juifs.

1296-1299. Le Juif Calot de Rouen sert le roi Philippe le Bel comme procurateur (première autorité fiscale) des Juifs de France.

1306-7. Expulsion des Juifs de France. Le roi accorde à la ville le clos aux Juifs de Rouen avec toutes ses dépendances.

A la fin du XVIème siècle, quelques familles Marranes s'installèrent à Rouen suivies par plusieurs autres vagues. Certaines d'entre elles émigrèrent ensuite vers Amsterdam, Anvers, Hambourg ou Londres et dès le XVIIIème siècle, la communauté Marranne a presque entièrement disparu. Une nouvelle communauté juive, composée principalement de Juifs alsaciens, réapparaîtra après la Révolution et deux de ses représentants participèrent, en 1806, à la création du Consistoire central israélite de France par Napoléon Ier.

4) Période moderne.[modifier | modifier le code]

Vers la moitié du XIXème siècle, la communauté rouennaise comptait environ 300 membres.[5]

Sous l'Occupation 14 familles seront arrêtées et déportées.

La communauté actuelle, composée en majorité de Juifs d'Afrique du Nord, compte environ 700 âmes.[6]

[modifier | modifier le code]

  1. (en) Norman GOLB, The Jews in Medieval Normandy : A Social and Intellectual History, Cambridge University Press, , 654 p. (ISBN 1107406870)
  2. Cécile-Anne SIBOUT, Les Juifs à Rouen : du Moyen âge à nos jours, Rouen, Agglomération de Rouen, (ISBN 978-2-913914-36-0)
  3. a et b Norman GOLB, Les Juifs de Rouen au Moyen-Âge, Rouen, Publications Universitaires de Rouen,
  4. Jacques TANGUY, Rouen aux 100 clochers ; dictionnaire des églises et chapelles de Rouen (avant 1789), Rouen, Editions Des Falaises, , 200 p. (ISBN 2906258849)
  5. a et b « Journal de Rouen », sur Archives départementales de Seine Maritime : http://www.archivesdepartementales76.net/, (consulté le )
  6. « Rouen ; synagogue et Centre Communautaire », sur www.consistoirecentral.fr (consulté le )