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Utilisateur:AlexdeMorcerf/Brouillon

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Château de Moruscles
Coordonnées 45° 18′ 51″ nord, 1° 09′ 18″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Région française Périgord
Région administrative Nouvelle-Aquitaine
Département Dordogne
Commune Génis
Géolocalisation sur la carte : Dordogne
(Voir situation sur carte : Dordogne)
Château de Moruscles
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Moruscles

Le Château de Moruscles, parfois orthographié Moruscle, était une place forte médiévale située au cœur des gorges du Dalon, sur l’actuelle commune de Génis, en Dordogne. Erigé au IXe siècle, il fut l’objet d’un chassé-croisé entre anglais et français au cours des guerres du Moyen Âge et fut rasé au début du XVe siècle, peu avant la fin de la Guerre de Cent Ans. Le château a par la suite été laissé à l’abandon et ne subsiste aujourd’hui qu’à l’état de vestiges.

La mémoire des lieux est ravivée en 1998 par les travaux de recherche reconnus du génissois Yves Décima (1926-2008) à qui l’on doit d’avoir agrégé la majorité des informations sur l’histoire du site.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château de Moruscles se situe au niveau du lieu-dit Moruscles sur la commune de Génis. Il est basé sur une butte rocheuse que contourne le Dalon, affluent de l’Auvézère. Le site est situé à une hauteur de 20 mètres par rapport au niveau du Dalon. Il est légèrement en amont du pont de pierre de Moruscles et se situe sur la rive droite du Dalon.

Les restes du château sont situés sur une propriété privée et ne se visitent pas.

Toponymie[modifier | modifier le code]

L’hypothèse la plus convaincante sur l’origine du nom « Morsucles » lui donne une origine celtique. Le terme « mor » ou « morus », qui signifie « lac, rivière », a formé avec le terme « cled », qui signifie « forteresse, château », le nom « Morus-Cled » devenu Moruscles.

Le patois local orthographie le nom « Moruscle » tandis que le français a présenté une concurrence entre « Moruscle » et « Moruscles » selon les textes. C’est la seconde graphie qui a prévalu et qui est employée pour le lieu-dit actuel – bien qu’un panneau du bourg de Génis indique la direction « Moruscle ». Certaines cartes et certains textes antérieures au XXe siècle ont pu utiliser les graphies « Morusèle », « Meuruscle », « Morisque » ou encore « Moraile ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Erection du château[modifier | modifier le code]

Le château est érigé au IXe siècle, probablement pour faire face aux invasions des Normands qui frappent le Périgord depuis 845. L’origine celtique du nom du château suggère que la place-forte a servi à protéger des Celtes et qu’une enceinte a pu leur servir de refuge à l’époque des invasions romaines. Le château était à l’origine fait de bois et bâti sur le modèle médiéval de la motte castrale autour de la roche schisteuse au cœur du site. Les historiens suggèrent qu’un barrage de bois élevant les eaux du Dalon d’environ 2,5 mètres au-dessus de leur niveau ordinaire était placé légèrement en aval, de façon à ce que les eaux encerclent la butte et placent ainsi le château au cœur d’une île. En aval du château, était situé un moulin, probablement l’un des plus anciens de la région.

Création de la châtellenie de Moruscles[modifier | modifier le code]

A la fin du IXe, la châtellenie de Moruscles est rattachée aux comtes de Limoges et appartient dans un premier temps au vicomte Foulques de Limoges, ce qui en fait une châtellenie vicomtale. A l’époque, ce domaine comprend les forêts dites de Génis, de Born et de Plagne, correspondant aux actuelles communes de Génis, Salagnac, Sainte-Trie, Saint-Mesmin et à une partie des communes de Savignac-Lédrier et de Lanouaille.

Première Guerre de Cent Ans (1159-1259)[modifier | modifier le code]

Au XIIe siècle, la pierre remplace le bois dans la construction des forteresses. Les fortifications de Moruscles sont donc réhabilitées, en s’appuyant toujours sur la roche centrale qui accueille le donjon. On sait peu de choses sur l’emploi du château de Moruscles lors la Première Guerre de Cent Ans. Il est seulement mentionné en 1183 lorsque Bertrand de Born perd le siège du Château de Hautefort face à Richard Cœur de Lion. Devenu vassal anglais, Bertrand de Born est alors contraint de céder à Richard Cœur de Lion les châteaux de Moruscles et de Badefols. Toutefois, des armes en cuivre et des médailles anglaises en bronze retrouvées à Moruscles suggèrent que Richard Cœur de Lion a pu prendre la forteresse en allant vers Hautefort, peut-être dans la crainte de trouver plus tard la garnison de Moruscles (estimée tout au plus à une soixantaine d’hommes) contre lui.

En vertu du Traité de Paris de 1259, qui met officiellement fin à la Première Guerre de Cent Ans, une grande partie des territoires périgourdins passent sous domination anglaise. C’est le cas de Moruscles. Toutefois, le Périgord est repris une première fois en 1296 par Philippe le Bel puis une seconde fois en 1324 par Charles le Bel. Ces territoires passent à nouveau sous la couronne anglaise en 1325, à l’aube de la Deuxième Guerre de Cent Ans. Ces changements se font sans difficulté : ou bien le Périgord est cédé ou bien il est pris aisément. De fait, Moruscles n’a pas eu de rôle militaire majeur dans cette période.

Deuxième Guerre de Cent Ans (1337-1453)[modifier | modifier le code]

Moruscles fait partie des territoires qui constituent une marche entre les français et les anglais au cours de la Guerre de Cent Ans. Parfaite illustration de l’instabilité de ces territoires, le château de Moruscles change de suzerain plus de dix fois en cent ans, jusqu’à sa démolition.

En Dordogne, les conflits se bornent d’abord au bergeracois et n’atteignent le nord qu’en 1346. Moruscles constitue alors une cible secondaire : toute l’attention se porte sur le château d'Excideuil, dont la puissante garnison anglaise fait souffrir les territoires voisins et qui ne sera repris qu’en 1356.

En 1360, le Périgord redevient anglais avec le Traité de Brétigny, défavorable aux français et signé pour libérer le roi alors fait prisonnier : les anglais reprennent donc Périgueux et Excideuil et avec elles, les places fortes de la région, Moruscles inclus. Ainsi, de 1365 à 1368, le château de Moruscles est placé sous l’obédience d’Édouard de Woodstock, prince de Galles. Le 18 janvier 1369, le roi d’Angleterre, voulant se rapprocher de Bertrand de Born V, lui offre les châteaux de Moruscles et de Badefols. A partir de 1370, des bandes anglaises parcourent le Périgord et prennent momentanément certaines places-fortes qu’elles pillent et libèrent contre rançon. Ainsi, les anglais reprennent Moruscles dont ils sont délogés en 1375. La forteresse passe alors sous le contrôle de Jeanne de Bretagne, vicomtesse de Limoges, qui le fait garder par Bertrand de Born V.

On trouve ensuite des informations sur le château de Moruscles en 1388 : il est alors passé aux mains d’une troupe de pillards anglais appelés « routiers » et menés par Amanieu de Castillon. Jusqu’en 1391, ces bandes de malfaiteurs anglais pressurent les populations locales. On dit ces bandes originaires d’Hautefort, or, à cette époque, Hautefort est du parti des français ; il peut donc sembler vraisemblable que ces troupes aient pour repaire le château de Moruscles. Ces routiers saccagent régulièrement l’église de Génis, que le vicomte de Limoges entretient (conformément aux allégeances de la châtellenie de Moruscles à la vicomté de Limoges en vigueur depuis le IXe siècle).

En 1394, Hugues de Bruzac, capitaine français de la ville d’Excideuil trahit les français et est fait prisonnier. Son lieutenant, Hugues de Malet, le libère grâce à la puissante garnison anglaise de Moruscles, qui leur permet de s’emparer d’Excideuil, de Preyssac-d'Excideuil et de Clermont-d’Excideuil.

En 1399, le comté du Périgord passe entre les mains de Charles d’Orléans.

En 1406, les anglais tiennent toujours la forteresse de Moruscles dont Raymond de Montaut, cousin d’Amanieu de Castillon, a hérité. Cette même année, les français délogent les anglais de la plupart des places fortes locales avec une telle fureur que les anglais se rendent sans combattre : ceux qui occupent Moruscles, pris au dépourvu, se rendent dès la première charge française.

En 1416, une nouvelle bande de routiers réussit à prendre Moruscles et s’y établit. Deux versions entrent alors en concurrence : ou bien il s’agit de malfaiteurs vivant librement de pillages et de rançons en semant la terreur dans la région, ou bien il s’agit de mercenaires que les seigneurs à la solde des anglais emploient dans des opérations contre les français. La terreur qu’inspirent les routiers est telle que les capitaines de Moruscles et de d’autres forteresses qu’ils occupent obligent les habitants de Périgueux à payer pour obtenir la tranquillité.

En 1416, Charles d’Orléans vend le comté du Périgord à Jean de Blois-Bretagne dit Jean de L’Aigle. D’une grande valeur patriotique, il est le plus fervent ennemi des anglais dans le Sud-Ouest et n’hésite pas à engager sa fortune et ses biens dans le conflit qu’il veut mener contre l’ennemi. Il arme ainsi toutes ses forteresses, dont, vraisemblablement, Moruscles.

Démolition de Moruscles[modifier | modifier le code]

En 1420, Raymond de Montaut reprend le château de Moruscles (qu’il avait perdu en 1406). A partir de 1426, Jean de L’Aigle et ses alliés mènent de grandes offensives qui libèrent efficacement et totalement le Périgord. Le château de Moruscles est repris en 1430 mais on ignore si Jean de L’Aigle réussit à le prendre par la force ou s’il doit l’acheter à Raymond de Montaut. Afin d’éviter que Moruscles, peu aisé à prendre, ne tombe à nouveau entre les mains d’ennemis ou de brigands, Jean de L’Aigle le fait raser.

La châtellenie après la destruction du château[modifier | modifier le code]

Malgré la destruction du château, la châtellenie de Moruscles continue d’exister pendant plusieurs siècles pour devenir progressivement Moruscles-Génis.

Le site des ruines[modifier | modifier le code]

Le château[modifier | modifier le code]

Le château ne subsiste aujourd’hui qu’à l’état de vestiges. Les restes du château et les éboulis s’étendent sur une zone d’environ 8000 m2 autour de la roche centrale autour de laquelle l’enceinte de la forteresse avait été érigée. Des pans de murs mesurant au mieux 1,50 mètre de hauteur demeurent ça et là sur le site mais ne permettent pas de reconstituer l’agencement global de la forteresse. Ils sont recouverts par une végétation dense.

Le sommet de la roche centrale, rendu difficilement praticable par la végétation en toute saison, conserve des traces des fortifications du donjon qui ne permettent pas de rendre compte de sa forme.

Une salle d’environ 15m2, contiguë à la roche centrale (qui accueillait le donjon), demeure dans un état de conservation remarquable par rapport au reste du château. En dessous du niveau du sol, elle prend l’allure d’une fosse d’environ 1,20 mètre de profondeur et possède des murs dont la hauteur va de 2 à 3,5 mètres. Dans ces murs, ainsi que dans la roche attenante on distingue des trous de forme carrée peu profonds qui devaient servir à accueillir la charpente.

La partie ouest du château conserve les ruines de deux salles de forme rectangulaire et d’une surface de 15m2. Ces deux salles ont en commun d’utiliser la paroi rocheuse comme un mur et de conserver deux murs mesurant environ 1,70 mètre.

Au sud du site, on distingue encore une salle rectangulaire de 25m2 dont les murs, mesurant entre 1 et 1,50 mètre, forment encore des angles.

Enfin, il est possible de parcourir les restes d’une muraille, d’un mètre de hauteur moyenne, qui s’étend sur 48 mètres du nord au nord-est du site.

Le « Minage »[modifier | modifier le code]

Des sources du XIXe siècle, mentionnent une ruine au pied du château que les locaux appelaient « Minage » dans laquelle il était établi qu’on trouvait, gravée dans la roche, une mesure de capacité des grains. Cette mesure a été aperçue pour la dernière fois en 1907. La retrouver aujourd’hui permettrait de localiser le "Minage".

Un lieu non identifié[modifier | modifier le code]

En aval, à mi-chemin entre le site du château et le moulin de Guimalet, sur la rive droite du Dalon, se trouve un passage entre deux roche taillées droit. On distingue dans ces faces rocheuses des trous qui devaient recevoir une charpente. Guet ou moulin, l’utilité de cet endroit demeure inconnue.

Le souterrain[modifier | modifier le code]

Le chemin qui relie le château de Moruscles au moulin de Guimalet, là où le Dalon se jette dans l’Auvezère est connu à Génis sous le nom de « Chemin des Anglais ». Si l’on emprunte ce chemin par la rive gauche, il arrive un moment où la voie n’est plus praticable car la gorge est si étroite qu’il n’y a plus d’espace entre la falaise et la rivière. C’est à cet endroit qu’un boyau a été creusé dans la roche pour franchir l’obstacle. Ce tunnel atteint aujourd’hui une longueur de 18 mètres mais devait vraisemblablement mesurer une vingtaine de mètres dans la mesure où il s’est effondré au niveau de sa sortie en aval. Au niveau de l’entrée du tunnel située en amont, on note la présence de quatre emplacements, deux creusés dans le sol et deux taillés dans le plafond, qui devaient servir à condamner le tunnel avec une porte.

Archéologie[modifier | modifier le code]

On sait peu de choses sur les éventuelles fouilles organisées sur le site du château avant le XXe siècle. On sait seulement qu’elles auraient mis à jour quelques armes et médailles, de bronze et de cuivre.

Pour illustrer son article dans un bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord (SHAP), le comte de Saint-Saud visite les ruines en 1907 mais n’organise pas de fouilles. Il est la dernière personne à faire état de la mesure du grain gravée dans la roche du bâtiment nommé « Minage ».

Les dernières fouilles datées sont celles de 1954 ; elles ont été menées par des jeunes de Cherveix-Cubas et ont été concentrées sur le souterrain du « Chemin des Anglais ». Ils y ont découvert des pièces de bronze anglaises de l’époque médiévale, frappées du nom « Edwardus », identifié comme Edouard III d'Angleterre (1312-1377).

Littérature[modifier | modifier le code]

  • Dans le numéro des Annales Agricoles et Littéraires de la Dordogne de 1841, J.-B. Monteyrol propose , dans un style particulièrement littéraire, une visite du château de Moruscles, dans laquelle il relate la traversée du « Chemin des Anglais » et la découverte des ruines. Il entrecoupe son récit de commentaires historiques fondés sur les éléments historiographiques de l’époque.
  • En 1992, le génissois Henri Dumazeau écrit un poème sur la nostalgie qu’éprouvent les enfants du pays au nom de ce château dont ils savent si peu de choses. Ce poème sera par la suite repris dans les différents travaux publiés sur le château.

Cela fait soixante ans que j'aspire à Moruscles...
Mais mon désir s'accroît quand diminuent mes muscles.
Forteresse abattue et vieux remparts croulants,
Les rocs et les buissons arrêtent l'imprudent.
Et pourtant ce matin, où brillait le soleil,
Ma forte volonté triomphant du sommeil,
Souliers ferrés, bâton noueux, je partis seul,
Pour enfin du château soulever le linceul.
Je me souviens qu'enfant j'avais vu la poterne,
Qui commandait l'accès du second mur externe.
Elle n'existait plus que dans mon souvenir,
A moins que les buissons aient pu la recouvrir.
Mais le mur était là doublant le promontoire,
Défendant le château jusqu'à l'observatoire.
D'où le guetteur jadis voyait les assaillants,
Je grimpais sans effort, en ce jour de printemps.
Sans souci des halliers, sans crainte des vipères,
(Il est vrai qu'avec moi elles sont familières !).
M'en vins, longeant le mur, aux bases d'une tour,
Restes d'un bâtiment, ou peut-être d'un four.
Je trébuchais parfois dans les amas de pierres,
Schistes durs allongés et recouverts de lierre.
Escaladant enfin l'à-pic sur le Dalon,
Epuisé mais content, j'atteignis le donjon.
Me restait de rêver dans ce vaste silence.
Qu'ai-je voulu revoir ? Le passé de la France ?
Ou mes rêves d'enfant bercé de contes bleus
En tout cas j'ai vécu quelques moments heureux.
Le temps s'est arrêté, et cet instant suprême,
Je l'ai, comme un diamant, serti dans ce poème.
Fait à Génis le 12 mars 1992

Notes et référence[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Par ordre chronologique de publication :

  • J.-B. Morteyrol, « Notice sur le Château de Moruscles », Annales Agricoles et littéraires de la Dordogne, t. I, Imprimerie Dupont, Périgueux, 1840, p.185-192.
  • Léon Dessales, Histoire du Périgord, éd. R. Delage & D. Joucla, Périgueux, 1888.
  • Henri De Cuzon, Aymar De Saint-Saud, « Documents et notes sur Moruscles », Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, t. XXXIV, Imprimeries de la Dordogne, Périgueux, 1907, p.122-130.
  • Jean Masgnaux, Vu d’Anlhiac en Périgord, éd. P. Fanlac, Montignac, 1960.
  • Michel Maureau, Génis d’Hier à Aujourd’hui, 1970-1980.
  • Yves Décima, Génis et le Plateau de l’Auvézère, éd. Y. Décima, Génis, 1998, p.29-40.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées sur Géoportail