Tableau de dévotion
Un tableau de dévotion, ou panneau de dévotion[1], est un tableau d'art sacré qui appartient[2] à un individu, ou à un groupe restreint, pour son usage de dévotion[3] personnel dans un oratoire privé. Ce peut être simplement une plaque décorée de motifs religieux ou d'une prière indiquant un lieu ou un objet de dévotion[1].
Description
[modifier | modifier le code]Le tableau de dévotion, constitué d'un ou de plusieurs panneaux[4], est de taille le plus souvent réduite. Ce format et le sujet religieux permettent de définir une œuvre comme tableau de dévotion. Ce n'est pas un objet de vénération comme peut l'être l'icône religieuse, mais de piété privée.
Destination
[modifier | modifier le code]S'il existe quelques exemples d'illustrations de dévotion privées dans certains manuscrits du Moyen Âge (les images pieuses, imago pietatis, les canivets brodés, la grande Pietà ronde, commandée par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne...), le genre pictural se développe réellement à la pré-Renaissance avec les primitifs italiens du Trecento et ensuite par les primitifs flamands du XVe siècle dans le besoin de communication directe, d'affectivité pure, dans la relation à Dieu.
Objet destiné à un individu ou à un groupe restreint, il représente une sorte d'intercession entre le croyant et Dieu dans l'intimité de la pratique de ses prières. Les commanditaires aisés s'adressent aux meilleurs peintres, qui peuvent également peindre des retables à vocation publique, et que seule la postérité a permis de découvrir.
« On en fit un usage subjectif donnant lieu à la projection dans l'image d'associations personnelles. Ainsi, la figure divine apparaissait comme un interlocuteur avec qui l'on pouvait exprimer son chagrin en manifestant de la compassion et échanger des consolations. La relation intersubjective entre Jésus et le croyant en contemplation présuppose ce qu'il est convenu d'appeler la dévotion (devotio), c'est-à-dire le dialogue religieux qu'une communauté ou un individu entretient avec un interlocuteur imaginé d'une certaine façon. Lorsque cette relation prend appui sur une image qui présente le personnage figuré comme un partenaire vivant, on peut parler de dévotion à l'image. »
— Hans Belting, L'image et son public au Moyen Âge.
Peintres du genre
[modifier | modifier le code]Ces peintres ont produit des tableaux de dévotion parallèlement à leur pratique du portrait et des scènes religieuses :
- Cimabue (vers 1240-1302)
Du diptyque de dévotion privée composé de huit panneaux peints vers 1280 par Cimabue et représentant huit scènes de la Passion du Christ seuls les quatre panneaux du volet de gauche sont connus[5] :
- La Flagellation du Christ, tempera et or sur peuplier, 25,2 × 20,3 cm, New York, The Frick Collection, 1950 (inv. 50.1.159), bas droit ;
- La Vierge à l'Enfant trônant et entourée de deux anges, tempera et or sur peuplier, 25,7 × 20,5 cm, Londres, National Gallery 2000 (inv. NG 6583), haut gauche ;
- Le Baiser de Judas (perdu), haut droit ;
- La Dérision du Christ, peinture à l'œuf et fond d'or sur panneau de peuplier 25,8 × 20,3 cm, Compiègne, collection privée Compiègne 2019, bas gauche.
-
Flagellation du Christ -
Vierge à l'Enfant -
Dérision du Christ
- Antoine van Dyck (1599 -1641)
- Jan Van Eyck (1390-1441) peint de très petits tableaux de dévotion.
- Fra Angelico (1400 -1455), s'il est d'abord un peintre public, à partir de son entrée comme moine dominicain, ne peint ensuite que pour les établissements de son ordre[6].
- Hans Memling (1435- 1494)
- Rogier van der Weyden (1435-1494)
- Lorenzo Lotto (1480 - 1556)
- Raphaël (1483 - 1520) peint, entre autres, La Vierge du duc d'Albe (National Gallery, Washington, N. G.), La Vierge à la chaise (Galerie Palatine du Palais Pitti, Florence) et La Vierge della Tenda (Alte Pinacothèque, Munich)
- Hans Holbein le jeune (1497/1498 - 1543)
- Luca Penni (1500 – av. 1557), peint pour la bourgeoisie parisienne[7].
La Contre-Réforme catholique renforce, au XVIe siècle, le besoin personnel de ces œuvres de piété :
- Le Caravage (1571 - 1610), grâce à la protection du cardinal Del Monte, en exécute un certain nombre, dont La Madeleine repentante (vers 1596-1597) conservée aujourd'hui à la Galerie Doria-Pamphilj de Rome.
- Antoine van Dyck (1599 -1641)
- Jacques Stella (1596 - 1657) produit de nombreux tableaux de dévotion illustrant la Vie de la Sainte Famille[8].
- Carlo Dolci (1616-1686)
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Vierge trônant, triptyque (1437), Collections nationales de Dresde
- La Vierge de Lucques Städel, Francfort
- Sainte Barbe (1437), Musée royal des beaux-arts, Anvers
- Vierge à la fontaine (1439), Musée royal des beaux-arts, Anvers
- Vierge dans une église, Gemäldegalerie Berlin
- L'Annonciation (1439), diptyque, Castagnola, Lugano[précision nécessaire]
- Les Vera Effigies, de Jan Van Eyck[Où ?]
- Madone Dreyfus (1470), National Gallery of Art
Collections publiques
[modifier | modifier le code]- Musée des beaux-arts de Nantes, salles des XIIIe et XVIIIe siècles.
- Vierge à l'enfant, Filippo di Giuliano, vers 1470, Musée Jeanne d'Aboville
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Panneau de dévotion. Thésaurus de la désignation des objets mobiliers », sur data.culture.fr
- Certains experts (comme André Balbo pour les expositions du Louvre en 2012[Lesquelles ?]) et ouvrages (Collectif, Fra Angelico et les maîtres de la lumière, éditions Fonds Mercator et Musée Jacquemart André, 2011, catalogue de l'exposition présentée au musée Jacquemart-André à Paris du 23 septembre 2011 au 16 janvier 2012.) ainsi que la base Joconde précisent « tableau de dévotion privée ».
- En religion, la dévotion est une manifestation de la piété privée
- En format diptyque ou triptyque, pour faciliter son transport.
- Diane Zorzi, « Une œuvre perdue de Cimabue découverte près de Compiègne », Le Magazine des enchères, (lire en ligne), Carole Blumenfeld, « Deux primitifs redécouverts : Cimabue et le maître de Vissy Brod », La Gazette Drouot, (lire en ligne), Rafael Pic, « Découverte d’un rarissime Cimabue », Le Quotidien de l'art, (lire en ligne)
- Voir les fresques des cellules individuelles des moines du couvent San Marco
- La Résurrection de Lazare, œuvre perdue.
- Exposition La Peinture à Lyon au XVIIe siècle au musée des beaux-arts de Lyon en 2007.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Collectif, Peintures du Grand Siècle au Château Royal de Blois, catalogue de l'exposition du au au Château de Blois. Les tableaux de dévotion (salle 1).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- « Liste des tableaux de dévotion inscrits ou classés au titre des monuments historiques ou recensés à l'inventaire général du patrimoine culturel », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
- « Liste des panneaux de dévotion inscrits ou classés au titre des monuments historiques ou recensés à l'inventaire général du patrimoine culturel », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture