Sarmiza Bilcescu

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Sarmiza Bilcescu
Sarmiza Bilcescu.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 68 ans)
BucarestVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités

Sarmiza Bilcescu ( plus tard Bilcescu-Alimănişteanu) née à Bucarest et morte le en Roumanie, est la première femme docteure en droit dans le monde, ainsi que la première femme à suivre régulièrement les cours de la faculté de droit de Paris.

Biographie

Formation

Elle devient la première femme à être admise à la faculté de droit de Paris et obtient sa licence en droit le 17 juin 1887, avant de soutenir le 12 juin 1890 une thèse de droit ayant pour titre « De la condition légale de la mère »[1].

Issu d'une famille souvent associée à celle de l'homme politique Ion Brătianu[2], Sarmiza a été accompagnée en France par sa mère, une féministe autoproclamée[2].

Elle avait postulé pour intégrer l'Université en 1884 mais elle y est mal accueillie ; selon les mots d'Edmond Louis Armand Colmet De Santerre, professeur de droit civil, « Nous avons hésité à accorder à Mlle Bilcescu l'autorisation qu'elle demandait, craignant de devoir surveiller les amphithéâtres »[3]. Elle se plaignait même qu'après avoir finalement été acceptée, le portier ne l'a pas autorisé à entrer dans la salle universitaire (se sentant insultée, elle soulignait qu'un tel comportement contredisait la devise Liberté, égalité, fraternité, présente au-dessus du portail)[3].

Néanmoins, après avoir terminé sa première année d'études, Colmet De Santerre s'est adressé au corps étudiant, mentionnant « l'acharnement de Bilcescu au-delà de tout éloge et conduite exemplaire », remerciant les étudiants de l'avoir « accueillie comme une sœur » (le discours a été reçu avec applaudissements par le public)[3]. Elle a reçu un permis d'exercice en 1887[2],[3].

En 1890, alors que 71 % des étudiantes en France étaient d'origine étrangère[3], Sarmiza Bilcescu compte également parmi les non Françaises à obtenir un doctorat en droit, après Marie Popelin en 1888.

Sa thèse s'intitule « De la condition légale de la mère »[2],[4],[5]. Pendant les années 1880, une autre femme, Christina Cutzarida, avait été la première Roumaine à obtenir un doctorat en médecine[6].

Avocate et féministe

En 1891, à la suite de la campagne de Constantin Dissescu en sa faveur[7], elle est admise au barreau du comté d'Ilfov (qui, à l'époque, comprenait également Bucarest), alors présidé par le célèbre avocat et homme politique Take Ionescu[2],[5]. Son accession au poste d'avocate fait d'elle une pionnière dans son pays (où les femmes étaient traditionnellement rejetées sur des bases juridiques)[7] mais également en Europe, la plupart des pays européens ne le permettant alors encore pas[5],[2].

Cet évènement est notamment salué par l'avocat et homme politique libéral belge Louis Franck, qui voit là « une innovation majeure »[7]. Néanmoins, Sarmiza Bilcescu n'a jamais plaidé[2],[7].

Elena Popovici, la prochaine femme à postuler au barreau roumain et, incidemment, pour le même, à Ilfov, n'est pas acceptée (1901)[7].

Sarmiza Bilcescu épouse Constantin Alimănişteanu six ans après avoir été admise au barreau. Elle prend ensuite sa retraite, tout en restant active dans les cercles féministes ; elle compte ainsi parmi les membres fondatrices de la Societatea Domnişoarelor Române (Société des jeunes filles roumaines)[2].

Avec Ana Haret, Sabina Cantacuzino et Maria N. Filipescu, elle créé un comité présidé par la reine Marie, qui, pendant un certain temps en 1915, mène une campagne sans succès en faveur du développement d'une éducation complémentaire pour les femmes qui se sont vu refuser l'accès à l'enseignement supérieur[2].

Mihail Fărcășanu a publié une biographie à son sujet en 1947, sous le pseudonyme de Mihai Villara.

Bibliographie

  • Andreea Ofiţeru, « Vârsta de aur a avocaturii româneşti » (La Edad de Oro de la Práctica del Derecho rumano'), in Evenimentul Zilei, 3 de julio 2006 [1]
  • Sylvie Chaperon, « Une génération d’intellectuelles dans le sillage de Simone de Beauvoir » (« Una generación de intelectuales en la estela de Simone de Beauvoir »), in Clio, 13/2001 [2]
  • Carole Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l'étudiante », in Clio, 4/1996 [3]
  • Oana Sandu, « Educaţia feminină în societatea romanească a secolului XIX » (La educación femenina en la sociedad rumana del siglo XIX), en miculparis.ro [4]
  • Savoir et recherche : la place des femmes, Université du Littoral Côte d'Opale, Working Paper nº 16, janvier 2006, p. 7 [5]

Références

  1. SUDOC 047198656
  2. a b c d e f g h et i (ro) Alin Ciupala, Femeia in societatea romaneasca a secolului al XIX-lea, Bucharest, Editura Meridiane, , 80 p., p.59-60
  3. a b c d et e Carole Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l'étudiante », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 4,‎ (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.437, lire en ligne, consulté le )
  4. Sylvie Chaperon, « "Une génération d’intellectuelles dans le sillage de Simone de Beauvoir" », Clio 13,‎
  5. a b et c (ro) Oana Sandu, « Educatia feminina in societatea romaneasca a secolului XIX », sur miculparis.ro
  6. (ro) Amalia Vasilescu, « Imaginarul despre Femeie in Vechiu Regat intre pozitiv si negativ »
  7. a b c d et e (ro) Andreea Ofiteru, « Varsta de aur a avocaturii romanesti », Evenimentul Zilei,‎

Annexes

Articles connexes

Liens externes