Polyctenidae

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Les Polyctenidae sont une famille d'insectes hémiptères, du sous-ordre des hétéroptères (punaises). Elle compte une trentaine d'espèces ectoparasites hématophages de chauves-souris, microchiroptères rencontrées surtout dans les zones tropicales et subtropicales. Il s'agit d'une famille peu étudiée, rare dans les collections, et rare sur les chauves-souris par rapport à d'autres parasites[2].

Description[modifier | modifier le code]

Punaises très particulières, n'ayant ni yeux composés ni ocelles, ni ailes (aptères). Le corps porte des ctenidia, sortes de peignes d'épines, sur les articles 1 et 2 des antennes, sur les gena, aur le bord postérieur de la tête, la marge postérieure du pronotum, le prosternum, etc. Les antennes ont 4 articles, les deux premiers élargis. Les organes génitaux du mâle sont asymétriques, le paramère gauche modifié en organe copulatoire, le paramère droit absent. La fécondation est hémocœlique, la pénétration se faisant dans la membrane métacoxale droite. Leur taille se situe entre 3 et 5 mm[3],[4].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Cette famille se rencontre sur l'ensemble des zones tropicales et subtropicales, bien que pratiquement absente de l'Océanie (1 espèce dans les îles Salomon). La sous-famille des Hesperocteninae est propre au Nouveau-Monde, du sud des Etats-Unis au Nord de l'Argentine. La sous-famille des Polycteninae est présente dans l'Hémisphère Est, qui semble le lieu d'origine du groupe[5], d'Afrique, et du Proche Orient jusqu'à l'Australie[6].

Elles vivent en parasites de chauves-souris du sous-ordre des Microchiroptera, dont elles ne comptent pas comme les parasites les plus fréquents. Dans une étude menée en Colombie, sur 251 chauves-souris étudiées, seule une (sur trois individus de cette espèce), portait des Polyctenidae (3 individus)[5]. Sur 16 familles de Microchiroptera, les Polyctenidae parasitent 6 familles (et dont seulement 9 genres sur 25): 4 familles présentes uniquement dans le Vieux-Monde (Nycteridae, Megadermatidae, Rhinolophidae, Hipposideridae), 1 présente dans le Vieux et le Nouveau Monde, mais ne servant d'hôte que dans le Vieux-Monde (Emballonuridae), et présente et parasitée tant dans le Vieux que le Nouveau Mondes (Molossidae). Aucune famille endémique du Nouveau Monde n'a été trouvée parasitée[7]. Huit espèces d'Hesperoctenes sont rencontrées en Argentine[8],[9].

Biologie[modifier | modifier le code]

Parasitisme[modifier | modifier le code]

Ces punaises se nourrissent de sang de chauves-souris, dont elles sont des ectoparasites obligés, exclusifs et permanents. Bien qu'on connaisse encore mal leur biologie, on observe que certaines espèces ne sont associées qu'à une seule espèce, comme Eoctenes spasmae (Waterhouse), 1879 avec la chauve-souris Megaderma spasma medium Andersen; d'autres sont associées à un genre (Eoctenes intermedius (Speiser), 1904 associée au genre Taphazous)[10]; et enfin, certaines sont associées à plusieurs genres, comme Hesperoctenes fumarius, qui selon une étude a été trouvé sur 13 espèces de 7 genres différents[11], et plus encore . Dans le Nouveau Monde, Hesperoctenes ne parasite que des espèces de la famille Molossidae[5]. Chaque espèce de chauve-souris n'est parasitée que par une seule espèce de Polyctenidae[7].

Ces punaises peuvent se placer n'importe où sur le pelage de leur hôte, mais surtout dans le creux entre la tête et les épaules, hors de portée des capacités de se gratter de l'hôte. Leur morphologie s'est adaptée à ce mode de vie: un corps aplati dorsoventralement, et couvert de poils tournés vers l'arrière et de peignes (ctenidia, qui leur donnent leur nom), de longues pattes, la disparition des ailes et des yeux et la viviparité[12].

Reproduction[modifier | modifier le code]

La reproduction des Polyctenidae est de type copulation traumatique. L'insémination se fait à travers la membrane métacoxale droite, et les spermatozoïdes sont conduits dans l'hémocœle jusqu'aux organes génitaux de la femelle. Le développement est vivipare avec pseudo-placenta[10]: les œufs pondus contiennent très peu de jaune, et les embryons sont nourris par un tissu s'apparentant à un placenta[13]. Comme on ne connaît que trois stades larvaires post-nataux[10], alors que les Hétéroptères ont 5 stades larvaires, il faut considérer que les deux à trois premiers stades se déroulent dans la poche abdominale de la femelle. Mâle et femelle présentent un certain dimorphisme sexuel[14].

Systématique[modifier | modifier le code]

Les Polyctenidae comptent deux sous-familles, les Polycteninae, avec 4 genres et 16 espèces, et les Hesperocteninae, avec un seul genre et 16 espèces également. On ne connaît pas de fossile de Polyctenidae, mais on constate une spécialisation croissante entre Eoctenes et Hesperoctenes, le genre qui semble le plus récent. On pense qu'ils ont évolué parallèlement à leurs hôtes[7].

La première espèce décrite l'a été en 1864 (Polyctenes molossus, par Giglioli), et la dernière en 1970 (Hypoctenes hutsoni Maa, 1970, dans les îles Aldabra), aucune autre n'ayant été trouvée depuis. La famille a été établie en 1874 par Westwood, et les sous-familles en 1964 par T. C. Maa.

Liste des sous-familles et des genres[modifier | modifier le code]

Selon ITIS (29 avril 2022)[1] :

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 29 avril 2022
  2. Ace Kevin S. Amarga et Sheryl A. Yap, « Search For The Blind Vampire: First Record Of Eoctenes Kirkaldy In Southern Luzon, (Hemiptera: Polyctenidae), With Key To The Cimicoidea, Ectoparasitic On Bats In The Philippines », HALTERES, vol. 8,‎ , p. 25-29 (DOI 10.5281/ZENODO.580473, lire en ligne [PDF], consulté le )
  3. Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 517, tome 2 pp. 210 et 253
  4. « Polyctenidae », sur ihs.myspecies.info (consulté le )
  5. a b et c Berta Calonge-Camargo et Jairo Pérez-Torres, « Ectoparasites (Polyctenidae, Streblidae, Nycteribiidae) of bats (Mammalia: Chiroptera) from the Caribbean region of Colombia », Therya, vol. 9, no 2,‎ , p. 171–178 (DOI 10.12933/therya-18-492, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Carl W Dick et Michael Bindokas, Checklist of World Polyctenidae (Hemiptera: Cimicoidea), , 2 p. (lire en ligne)
  7. a b et c (en) T. C. Maa, « A Review of the Old World Polyctenidae (Hemiptera: Cimicoidea) », Pacific Insects, vol. 6, no 3,‎ , p. 494-516 (lire en ligne [PDF])
  8. (en) Analía G Autino, Guillermo L Claps, Mariano S Sánchez et Rubén M Barquez, « New records of bat ectoparasites (Diptera, Hemiptera and Siphonaptera) from northern Argentina », Neotropical Entomology, vol. 38, no 2,‎ , p. 165–177 (ISSN 1519-566X, DOI 10.1590/S1519-566X2009000200002, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Analia G. Autino et Guillermo E. Claps, « Catalogue of the ectoparasitic insects of the bats of Argentina », Insecta Mundi, Museum, University of Nebraska State,‎ , p. 193-209 (lire en ligne [PDF])
  10. a b et c (en) T. C. Maa, « The Family Polyctenidae in Malaya (Hemiptera) », Pacific Insects, vol. 1, no 4,‎ , p. 415-422 (lire en ligne [PDF])
  11. (en) Norihiro Ueshima, « New World Polyctenidae (Hemiptera), with special reference to Venezuelan species », Brigham Young University Science Bulletin, Biological Series, vol. 17, no 1,‎ , p. 13-21 (lire en ligne [PDF])
  12. Adrian G. Marshall, « The Ecology of the Bat Ectoparasite Eoctenes spasmae (Hemiptera: Polyctenidae) in Malaysia », Biotropica, vol. 14, no 1,‎ , p. 50 (DOI 10.2307/2387759, lire en ligne, consulté le )
  13. (ca) Irene Lobato Vila, « pseudoplacental viviparity », sur All you need is Biology (consulté le )
  14. (en) T. C. Maa, « A New Hypoctenes from the Aldabra Atoll with Notes on Other Species and A Key To Adults and Nymphs of the Genus (Hemiptera: Polyctenidae)1 », Journal of Medical Entomology, vol. 7, no 6,‎ , p. 736–744 (ISSN 1938-2928 et 0022-2585, DOI 10.1093/jmedent/7.6.736, lire en ligne, consulté le )