Panis angelicus (Franck)

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Panis angelicus
pièce no 5 de l'op. 12
ou de CFF209
ou de FWV61
Image illustrative de l’article Panis angelicus (Franck)
Fresque de l'église Saint-Jacques à Unken.

Genre petit motet (Panis Angelicus) facultatif dans la messe
Nb. de mouvements en 2 parties
Musique César Franck
Texte Thomas d'Aquin
Langue originale latin
Durée approximative 3 ~ 4 minutes
Dates de composition [1872 ?]
Création [le 21 avril 1878 ?]
église Sainte-Clotilde de Paris
Interprètes César Franck

Le Panis angelicus est un petit motet composé par César Franck. Initialement inséré dans la messe à trois voix, op. 12, cette pièce est effectivement appréciée et admirée, tant dans la liturgie que lors des événements.

Historique[modifier | modifier le code]

Le motet Panis angelicus fut composé, par César Franck, pour la liturgie de l'église Sainte-Clotilde de Paris, à laquelle le compositeur était en fonction comme organiste titulaire de l'orgue de Cavaillé-Coll depuis 1858[1].

Compositeur du Panis angelicus le plus diffusé et le plus aimé, César Franck, jouant l'orgue de Cavaillé-Coll de la Sainte-Clotilde en 1888.

Dans sa publication sortie en 1897, Georges Servières attribuait cette composition à l'année 1872[2]. Afin de confirmer cette date, encore faut-il trouver, soit le manuscrit autographe soit une lettre de Franck.

Patrick M. Liebergen (université du Wisconsin–Stout) considère que l'origine de la pièce était une improvisation que Franck ait jouée à Noël de 1861, mais sans indice concret[1].

Ce qui reste assez certain est que la pièce fut exécutée en 1878, à l'église Sainte-Clotilde. Encore selon Georges Servières, il s'agissait de la messe solennelle de Pâques, y célébrée le dimanche 21 avril au matin. Dans cette optique, Franck avait remanié son ancienne messe à 3 voix, composée en 1860 ou 1861. Sans doute en raison de la disponibilité des musiciens, l'accompagnement avait-il été réduit en quelques instruments, orgue, harpe, violoncelle et contrebasse, à la place de l'orchestre. Pour une raison inconnue, le compositeur avait supprimé son O salutaris[3] et inséré le Panis angelicus[2],[4]. Cette représentation fut suivie de la publication de cette version de messe (voir Version originale et variants). Tels sont des témoignages, qui restent rares, de ce motet.

Compositeur décédé en 1890, l'ascension du motet Panis angelicus commença au début du XXe siècle. Le premier enregistrement remonterait en 1906. Accompagné du violon et de l'orgue, le bariton italien Ferruccio Corradetti l'interprétait, duquel le disque était sorti de la Società italiana di Fonotipia, fondée à Milan en 1904[5]. En 1909 chez Bornemann, une version de la messe, y compris Panis angelicus, fut publiée, en tant que version orchestrale[6]. Le Panis angelicus de Franck devint un phénomène.

En décembre 2021, la bibliothèque royale de Belgique acquit le manuscrit autographe complet de la messe à trois voix en la majeur, daté du 1860. À la différence de la publication posthume de 1909, ce manuscrit en version orchestre contient du motet O salutaris, au lieu du Panis angelicus[7]. D'où, ce manuscrit ne donne aucune datation du Panis angelicus.

Version originale et variants[modifier | modifier le code]

Les partitions publiées de Panis angelicus de Franck sont quasiment incomptables[4]. Il existe des versions vocales en solo, accompagnées par un instrument ou un orchestre, surtout préférées par les chanteurs de l'opéra. Parfois, la voix s'accompagne du chœur aussi. En faveur des amateurs de l'instrument, de nombreuses partitions instrumentales sont disponibles, pour le violon, la flûte, le hautbois, la clarinette ... avec l'accompagnement de l'orgue ou du piano. En effet, en dépit de la beauté de cette pièce, l'interprétation n'est pas trop difficile : « Laissez-vous bercer par sa douce mélodie, la conduite vocale et la simplicité de l'accompagnement en font un petit bijou » (Benjamin François, 2018[8]).

S'il est difficile à identifier la composition la plus ancienne de César Franck, la bibliothèque nationale de France conserve une partition importante, publiée en 1880, dix ans avant le décès du compositeur. Donc il est certain que cette publication fut effectuée sous l'autorisation du compositeur. Il s'agit d'une publication à Paris, chez Étienne Repos, Libraire-Éditeur de livres liturgiques et de chant romain. Le manuscrit autographe aussi est conservé à cette bibliothèque[7]. Dans cette version originale, la voix haute s'accompagne du violoncelle, de la harpe et de l'orgue. Organiste par excellence, l'accompagnement de l'orgue est très sophistiqué.

  • César Franck, Messe à trois voix pour soprano, ténor et basse, avec accompagnement d'orgue, harpe, violoncelle et contrebasse, par César Franck, organiste de Sainte-Clotilde, professeur d'orgue au Conservatoire, Œuvre 12me : [lire en ligne]

Cette édition est, à l'origine, une réduction de la version orchestre de 1860, qui ne contenait pas le Panis angelicus[7].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

À la différence de la pratique traditionnelle de Panis angelicus, le motet de Franck fait chanter la sixième strophe seule de l'hymne Sacris solemniis, de laquelle Thomas d'Aquin était auteur, mais en répétition. Toutefois, il semble que le compositeur voulût éviter la doxologie (strophe VII), en raison du contexte liturgique. En effet, dans le rite parisien, cette doxologie était souvent remplacée ou supprimée, lors de l'élévation.

Un autre indice de la connaissance de Franck est celui de la composition. Dans cette œuvre, les accents latins de texte est entièrement respectés. Toutes les syllabes accentuées sont affectées aux notes importantes. D'où, lors de l'interprétation, il faut respecter ces accents, mais mélodiquement (en legato). La beauté du latin accentué sera obtenue, tout comme le chant grégorien[1].

Usage actuel[modifier | modifier le code]

Avant le concile Vatican II, ce motet était exécuté dans quasi-totalité des églises catholiques occidentales[9]. En admettant que la pratique soit devenue moins fréquente, ce motet est toujours chanté tant dans les églises catholiques qu'auprès des Anglicans, qui gardent le chant liturgique en latin.

En raison de sa popularité, dans les concerts, le Panis angelicus de Franck demeure plus important et plus fréquent. Il est à noter qu'en faveur de la célébration du mariage, il s'agit d'un chant préféré[10]. Ainsi, lors des noces du prince Joachim de Danemark tenues le 18 novembre 1995, une version instrumentale fut exécutée par l'orgue et des cuivres[11].

Exemples de l'exécution[modifier | modifier le code]

Dans la liturgie[modifier | modifier le code]

Concerts[modifier | modifier le code]

Noces[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Autour de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Avant qu'en France, le film Les Choristes ne connaisse une immense succès en 2004, l'émission de la série The Choir de BBC selon l'œuvre de Joanna Trollope devint un phénomène en Angleterre en 1995. Le Panis angelicus de Franck était, pour cette série, en usage dans sa bande-son. Soliste à 13 ans, Anthony Way jouant le rôle de Henry Ashworth gagna une excellent réputation avec cette pièce. Non seulement son album Panis angelicus connut plus de 350 000 exemplaires de vente, mais aussi resta le disque le plus vendu durant 15 semaines de UK Classical Charts (classement des disques de la musique classique au Royaume-Uni). Enfin, l'enregistrement fut récompensé, par British Phonographic Industry, comme disque platine[9].
[vidéo] Disponible sur YouTube (fin de cette série).

Cette pièce était préférée par célèbres Les Trois Ténors[12].

Dans sa publication effectuée en 2018, Benjamin François qualifiait cette pièce comme l'un des 100 chefs-d'œuvre de la musique classique[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Patrick M. Liebergen, Favorite Sacred Classics for Solo Singers, p. 56 Panis angelicus, 1995 (en)[lire en ligne]
  2. a et b Georges Servières, La Musique française moderne, p. 17, 1897 [lire en ligne]
  3. En France, selon une longue tradition, le motet O salutaris remplaçait le deuxième verset de Hosanna, après l'élévation (Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804, p. 77, 1993)
  4. a et b Nicolas Vardon, « Panis angelicus Archives », Schola Sainte Cécile,‎ (lire en ligne)
  5. Archives de la bibliothèque nationale de France [écouter en ligne]
  6. Benjamin François, Les 100 chefs-d'œuvre du classique pour les Nuls, p. 291, 2018 [lire en ligne]
  7. a b et c « KBR acquiert une partition autographe exceptionnelle de César Franck (1822 - 1890) », Bibliothèque royale de Belgique,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Benjamin François, Les 100 chefs-d'œuvre du classique pour les Nuls, p. 290, 2018 [lire en ligne]
  9. a et b Robert James Stove, César Franck : His Life and Times, p. 171, 2012 (en)[lire en ligne]
  10. Exemples des publications des partitions en version instrumentale : James H. Laser, Catalogue of music for Organ and Instruments, p. 220, 2005 (en)[lire en ligne]
  11. Claude Khazizian, Monsieur Claude : Mais qui c'est celui-là ?, p. 158, 1996 [lire en ligne]
  12. Exemple d'un disque consacré à Noël (sur le site de Discogs) : [lire en ligne] consulté en ligne le 1er août 2023

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]