Oscar Gustave Rejlander

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Oscar Gustave Rejlander
Oscar Rejlander vers 1865
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signature d'Oscar Gustave Rejlander
Signature

Oscar Gustave Rejlander, également orthographié Oscar Gustaf Rejlander (Suède, Londres, ), est un photographe britannique d'origine suédoise.

Biographie[modifier | modifier le code]

Oscar Gustaf Rejlander nait le 19 octobre 1813[1] à Stockholm, en Suède, d'un tailleur de pierre et officier de l'armée suédoise, Carl Gustaf Rejlander, et d'une mère inconnue. Il est formé à la pratique du dessin et de la peinture en Suède[2] et aurait effectué un voyage à Rome dans la seconde moitié des années 1830[3] pour développer ses compétences.

Le 2 août 1839, âgé de 25 ans, il débarque à Kingston-upon-Hull, en Angleterre, et indique aux autorités portuaires qu'il est « comptable[4] ». Il s'arrête d'abord à Hull, mais déménage dès 1840 à Lincoln, où il s'installe au 7, Minster Yard[5], sur Castle Hill. Il gagne sa vie en réalisant de petits travaux de peinture, notamment des portraits, et des dessins.

En 1845, Rejlander quitte Lincoln pour Wolverhampton. Il se fixe au 42, Darlington Street et se présente, selon les annuaires locaux, comme un artiste[6]. Il est essentiellement portraitiste, et signe quelques représentations de figures locales. Fin 1840, la Royal Academy of Arts expose une de ses œuvres, intitulée Oh yes ! Oh yes ! Oh yes !.

En 1851, alors qu'il visite l'Exposition universelle de Londres, Rejlander observe quelques daguerréotypes, qui n'éveillent en lui « rien d'autre que de la curiosité[7] ». Ce n'est que l'année suivante, lors d'un supposé voyage à Rome, qu'il se rend compte de l'intérêt de la photographie, avant tout pour son travail de peintre. « Ce qui m’a vraiment poussé [vers la photographie] fut la vision de la photographie d’un gentleman, dont le pli que formait son manteau était ce dont j’avais alors besoin pour un portrait que je peignais alors chez moi, et ce détail me bloquait, justement. [...] C’était juste “la vie, exactement[8]” ! », explique-t-il quelques années plus tard.

Le 16 septembre 1852[1], Rejlander, de nationalité suédoise, prend la nationalité britannique.

En 1853, il se forme au procédé photographique à Londres, auprès de Nicolaas Henneman, en trois heures seulement. De retour à Wolverhampton, ses premiers essais ne sont pas vraiment concluants. « À cette époque, j’ai bien failli abandonner la photographie. J’avais l’impression d’écrire dans du sable[9] », se souvient-il. Il parvient peu à peu à produire des clichés et transforme son atelier de peintre de Wolverhampton en studio de photographie, avant de réaliser les portraits photographiques de nombreux notables. Il acquiert également une certaine expertise en matière de portraits d'enfants, un genre particulièrement demandé à l'époque victorienne. Il réalise bientôt des scènes de genre, inspirées de la peinture hollandaise, et s'applique même à raconter de petites histoires en faisant se suivre plusieurs clichés, participant au développement de la photographie narrative. Il rend enfin compte, par la photographie, de métiers des rues du XIXe siècle.

À cette époque, il rencontre Mary Bull, sa future épouse, qui l'assiste dans son studio.

Le mercredi 15 novembre 1854, Rejlander annonce, par un article[10] du Wolverhampton Chronicle, qu'il travaille à une amélioration du procédé du calotype. Il s'essaye en réalité à la composition photographique, ou photocomposition, procédé primitif permettant de réaliser un photomontage. Au départ, Rejlander s'en sert essentiellement pour corriger certains détails de ses photographies, mais l'utilise bientôt pour créer des scènes originales.

Il participe à l'Exposition universelle de 1855 à Paris, où il expose Old Mother Goose, traduit en La vieille mère l’Oie pour l'occasion, sous le nom Rylander[11], mais aussi Jane and Joe on Sunday Night, qui, à la suite d'une erreur, ne lui est pas attribuée[12]. Rejlander remporte une médaille de bronze pour Old Mother Goose[13]. En 1856, il participe aux expositions de la Société photographique de Londres et de la Société photographique de Manchester et devient membre de la Royal Photographic Society of London le 4 décembre 1856[14].

En 1857, il réalise un de ses travaux allégoriques les plus connus, The Two Ways of Life, résultant d'un photomontage de trente clichés[15]. Les dimensions de sa fresque sont hors normes, 36 pouces, soit 91,44 centimètres, sur 16 pouces, soit 40,64 centimètres. Il expose notamment cette œuvre au sein de l’Art Treasures Exhibition de Manchester, qui ouvre le 5 mai 1857, où elle cause bientôt un scandale en raison de la présence de femmes nues, accompagnées par des hommes, sur un même cliché[16] - alors que leur présence ensemble n'est que le fait d'un photomontage. Au-delà de la polémique puritaine, The Two Ways of Life suscite de nombreux débats, en particulier au sein des sociétés photographiques et de leurs publications, autour de la vérité et de la fidélité au réel des photographies.

Autour des années 1860, Rejlander produit un grand nombre de photographies, tout en participant à de nombreuses expositions, au Royaume-Uni, mais aussi en Belgique[17]. Il réalise à cette époque des portraits d'enfants, des scènes de genre, des images inspirées par des peintures classiques ou par l'iconographie chrétienne. En mars 1861, le Prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha fait appel aux services de Rejlander pour deux portraits[18], les dernières photographies de l'époux de la reine Victoria avant sa mort, le 14 décembre 1861.

Il s'installe à Londres en 1862, d'abord au 5, Haymarket[19], puis au 7 St. George’s Terrace[19], à Kentish Town, Camden. Il fait construire à l'arrière de cette maison un studio de photographie, un « tunnel studio » où le nombre et la dimension des fenêtres sont réduits pour concentrer la lumière en un point précis[20]. Rejlander y réalise « des études photographiques pour artistes - d’après leurs propres modèles - ou pour des cartes de visite[21] ». Parallèlement, il photographie les enfants des rues londoniennes, et poursuit son exploration des métiers urbains de l'époque : il immortalise un joueur d'orgue de barbarie, un cireur de chaussures, un vendeur de journaux ou encore un ramoneur, le plus souvent en créant une mise en situation dans son studio.

Rejlander et Mary Bull installent leur domicile au 129, Malden Road, à Londres, et se marient le 30 septembre 1862.

Il participe à l'Exposition universelle de Londres de 1862, en y exposant une trentaine d'œuvres[22]. Au cours de ces premières années de la décennie 1860, Rejlander se rend à plusieurs reprises[23] à Farringford, le domaine du poète Alfred Tennyson, sur l'île de Wight, pour réaliser des portraits de l'auteur et de sa famille. Il y rencontre Julia Margaret Cameron, elle-même photographe, avec laquelle il échange sur l'art photographique[24] et collabore, pour plusieurs clichés.

En 1863, Rejlander rencontre un autre photographe, Charles Dodgson, alias Lewis Carroll, qui fait aussi partie de ses admirateurs : en 1857, Carroll avait remarqué, dans l'exposition de la Société photographique de Londres, « quelques bonnes études de têtes[25] » de Rejlander. Le samedi 28 mars 1863[26], Dodgson se rend au studio de Rejlander, à Kentish Town, où ce dernier réalise plusieurs portraits de l'auteur, dont celui, resté célèbre, où il tient un objectif photographique.

Quelques jours après la disparition de la photographe Clementina Hawarden, le 19 janvier 1865, Rejlander signe un hommage à son œuvre dans The British Journal of Photography[27], témoignant de l'admiration qu'il lui portait.

Parallèlement à ses activités de photographe, Rejlander reste peintre portraitiste : en 1867, la Royal Academy of Arts expose deux de ses œuvres, un dessin au crayon de l'acteur John Brougham et le portrait d'un enfant, intitulé Oscar[28].

En 1869, Rejlander s'installe dans un nouveau studio, au 1, Albert Mansions[29], sur Victoria Street, à Londres. Il y retrouve une organisation plus conforme aux standards de l'époque, avec une large verrière pour faire entrer la lumière[30].

Le scientifique Charles Darwin contacte en 1871 Oscar Gustaf Rejlander après avoir vu en vitrine une de ses photographiques, représentant un jeune garçon au visage boudeur[31]. En avril, le naturaliste se rend à Londres, chez Rejlander[32], pour lui présenter un projet de livre autour de l'expression des émotions par les êtres humains. « Ce qu’il voulait, il ne pouvait le trouver ailleurs qu’en photographie, et la photographie lui fournissait le moyen d’exposer quelques-unes de ses idées[33] », explique Rejlander. Le photographe s'investit considérablement dans le projet de Darwin en produisant des portraits de modèles - dont Rejlander lui-même - exprimant diverses émotions : une quinzaine d'entre eux seront reproduits dans L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux, qui parait en 1872.

À partir de 1872, Rejlander produit beaucoup moins en raison d'une maladie décrite comme « dégradante et douloureuse[34] », une insuffisance rénale chronique selon un article[35] de 1875. Il meurt le lundi 18 janvier 1875[36], à 8 heures du matin, à son domicile. Sa situation financière, d'après les nécrologies et hommages publiés, était mauvaise[37], et laisse Mary Bull dans une situation délicate. Cette dernière produit elle-même des photographies, développées à partir des négatifs de Rejlander, qu'elle expose en 1890[38]. Toutefois, en quelques années, de nombreux négatifs sont perdus ou vendus aux enchères « au même prix qu’un ensemble de fers à repasser rouillés[39] », selon une revue photographique.

Rejlander est inhumé au cimetière de Kensal Green, à Londres.

Expositions[modifier | modifier le code]

Collections[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Naturalisation Papers: Rejlander, Oscar Gustaf, from Sweden. Certificate 1446 issued 21 September 1852. » Inscription nécessaire, sur The National Archives, (consulté le )
  2. « The late O.G. Rejlander », The British Journal of Photography, n°769, vol. XXII, 29 janvier 1875, p.54.
  3. « Obituary : O.G. Rejlander », The British Journal of Photography, n° 775, vol. XXII, 12 mars 1875, p.128.
  4. England, Alien Arrivals, 1810-1811, 1826-1869, août 1839.
  5. 1841 Census, St Margarets’ Parish, Lincoln, Lincolnshire, p.24.
  6. (en) Edgar Yoxall Jones, Father of Art Photography : O.G. Rejlander, 1813-1875, Newton Abbot, David & Charles, (ISBN 978-0821205983), p. 12
  7. Antoine Oury, Des pinceaux de lumière – Une biographie d’O.G. Rejlander, Auto-édité (lire en ligne), p. 21
  8. Oscar Gustave Rejlander, « An Apology for Art-Photography », The Photographic News, vol. VII, 16 février 1863, p.88. Traduction d'Antoine Oury dans Des pinceaux de lumière - Une biographie d'O. G. Rejlander, auto-édité, p.22.
  9. (en) Oscar Gustaf Rejlander (trad. Antoine Oury), « An Apology for Art-Photography », The Photographic News, vol. VII,‎ , p. 88
  10. (en) « Improvement in Kalotypes, by Mr. O. G. Rejlander, of Wolverhampton », The Wolverhampton Chronicle,‎ , p. 6
  11. Paul Perier, Compte rendu de l'exposition universelle de 1855, Société française de photographie, (lire en ligne), p. 69
  12. Antoine Oury, Des pinceaux de lumière - Une biographie d'O. G. Rejlander, auto-édité, , 166 p. (lire en ligne), p. 55
  13. (en) « Awards to British Photographers at the “Exposition Universelle,” Paris, 1855 », The Liverpool Photographic Journal, vol. III, no 25,‎ , p. 13
  14. The Journal of the Photographic Society of London, n°49, vol.3, 22 décembre 1856, p.172.
  15. O.G. Rejlander, « On Photographic Composition with a Description of “Two Ways of Life” », Journal of the Photographic Society, n°65, 21 avril 1858, p. 193.
  16. Stephanie Spencer, O.G. Rejlander, Photography as Art, Studies in Photography n°8, Ann Arbor, UMI Research Press, 1985, p.103.
  17. Catalogue de la quatrième exposition instituée par l’Association pour l’encouragement et le développement des arts industriels en Belgique, deuxième édition, 1857, Bruxelles, imprimerie de E. Guyot, p.49.
  18. Antoine Oury, Des pinceaux de lumière - Une biographie d'Oscar Gustaf Rejlander, auto-édité, 2021, p.110.
  19. a et b « The late O.G. Rejlander », The British Journal of Photography, vol. XXII, n°769, 29 janvier 1875, p.55.
  20. « Glass Houses and Lightning », The Photographic News, vol.7, n°235, 6 mars 1863, p.109-110.
  21. (en) « Photographic Notice. » (trad. Antoine Oury), The Caledonian Mercury,‎ , p. 1
  22. « Mr. Rejlander, Darlington-Street », The Wolverhampton Chronicle, 16 avril 1862, p.4.
  23. Antoine Oury, Des pinceaux de lumière - Une biographie d'O.G. Rejlander, auto-édité, 2021, p.125.
  24. Joanne Lukitsch, Julia Margaret Cameron, Phaidon, 2006
  25. Lewis Carroll, Journaux, jeudi 22 janvier 1857, dans Œuvres, édition présentée et établie par Francis Lacassin, traduction de l’anglais par Philippe Blanchard, Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1989, p.556.
  26. Lewis Carroll, Journaux, samedi 28 mars 1863, dans œuvres, édition présentée et établie par Francis Lacassin, traduction de l’anglais par Philippe Blanchard, Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1989, p.596.
  27. O.G. Rejlander, « Obituary. In Memoriam. », The British Journal of Photography, vol. XII, n°247, 27 janvier 1865, p.38.
  28. Catalogue of the Exhibition, #46 et #744, Londres, 1867. Cité par Stephanie Spencer, O.G. Rejlander Photography as Art, Studies in Photography n°8, Ann Arbor, UMI Research Press, 1985, p.18-19.
  29. « Notice of Removal. », The Scotsman, 2 avril 1869, p.8.
  30. « Mr. Rejlander’s New Studio », The Illustrated Photographer, 18 juin 1869.
  31. Charles Darwin, The Expression of the Emotions in Man and Animals, D. Appleton and Company, New York, 1913, p.181.
  32. (en) Charles Darwin, « To H. E. Darwin 20 March 1871 » Accès libre, sur University of Cambridge - Darwin Correspondence Project, (consulté le )
  33. « South London Photographic Society Annual Meeting », Photo News 16, 6 décembre 1872, p.587.
  34. (en) « The late O.G. Rejlander » (trad. Antoine Oury), The British Journal of Photography, vol. XXII, no 769,‎ , p. 55
  35. A peripatetic Photographer, « Notes on passing events », The British Journal of Photography, vol. XXII, n°771, 12 février 1875, p.78.
  36. « The late O.G. Rejlander », The British Journal of Photography, vol. XXII, n°768, 22 janvier 1875, p.48.
  37. John Beattie, « Incidents of the past. », The British Journal of Photography, vol.XXII, n°770, 5 février 1875, p.65.
  38. « The Crystal Palace. », The Morning Post, 12 mars 1890, p.7.
  39. (en) « Rejlander’s Legacy » (trad. Antoine Oury), The Photogram, vol. 1, no 3,‎ , p. 59
  40. « Œuvres d'Oscar Gustave Rejlander », sur npg.org.uk (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Edgar Yoxall Jones, Father of art photography : O. G. Rejlander 1813-1875, Greenwich, New York graphic society publ., , 112 p. (ISBN 9780821205983, OCLC 469657500)
  • (en) Peter C. Bunnell, Oscar Gustav Rejlander et Alfred H. Wall, The Photography of O. G. Rejlander: two selections, New York, Arno Press, , 20 p. (ISBN 0-405-09637-2)
  • (en) Stephanie Spencer, O.G. Rejlander, Photography as Art, vol. Studies in Photography n°8, Ann Arbor, UMI Research Press, (ISBN 9780835716345)
  • (en) Leif Wigh, Oscar Gustave Rejlander 1813(?)-1875, Stockholm, Moderna Museet, , 63 p. (ISBN 9789171005878)
  • (en) Phillip Prodger, Victorian Giants: The Birth of Art Photography, Londres, National Portrait Gallery, , 240 p. (ISBN 978 1 85514 706 5)
  • Lori Pauli, Karen Hellman, Jordan Bear et Phillip Prodger, Oscar G. Rejlander. Artiste photographe, Milan, 5 Continents Editions, , 300 p. (ISBN 978-88-7439-839-3)
  • Antoine Oury, Des pinceaux de lumière - Une biographie d'O.G. Rejlander, auto-édité, , 166 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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