Onde monochromatique

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Une onde monochromatique, ou onde harmonique[1],[2] est une onde qui peut être décrite par une fonction sinusoïdale du temps[1]. Sa densité spectrale d'énergie ne présente qu'une seule fréquence, qu'une seule longueur d'onde. On parle également d'onde sinusoïdale[1], et, s'il s'agit d'une onde électromagnétique, d'onde monoénergétique[a],[2].

L'étude des ondes sinusoïdales a une grande importance dans les divers domaines d'étude des ondes et de leur propagation du fait de la simplicité de l'approche mathématique et parce qu'une onde quelconque peut être décomposée en une somme d'ondes sinusoïdales par l'analyse harmonique.

Le terme monochromatique[b] vient du domaine de l'optique : dans le cas d'un rayonnement électromagnétique monochromatique du domaine visible, on parle de couleur pure. Le terme harmonique vient du domaine de l'acoustique : dans le cas d'une onde de pression acoustique sinusoïdale, on parle d'un son pur[3] ; un son périodique est caractérisé par ses harmoniques. Par extension, ces termes sont également utilisés dans les domaines de l'électricité et de la mécanique.

En pratique, il n'existe pas d'onde parfaitement monochromatique, ne serait-ce que du fait qu'aucune source n'émet jamais de façon permanente : il y a toujours une dispersion autour de la fréquence ou de la longueur d'onde centrale du rayonnement. Aussi peut-on au mieux mesurer, produire, utiliser des ondes quasi-monochromatiques : leurs spectres n'occupent qu'une bande très étroite de fréquence (Dic. Phys.).

Modélisation analytique[modifier | modifier le code]

Vibration sinusoïdale[modifier | modifier le code]

Une vibration harmonique est la variation d'une grandeur physique autour d'une valeur moyenne suivant une fonction sinusoïdale du temps. Cette notion est particulièrement adaptée pour l'étude des oscillateurs mécaniques (pour lesquels il n'y a pas de propagation) et des circuits électriques (pour lesquels la propagation est considérée instantanée compte tenu des dimensions du circuit et des fréquences mises en jeu). On peut écrire[1] :

.
  • est l'amplitude et correspond à la valeur maximale prise par ,
  • est la pulsation en radian par seconde (rad s−1),
  • est le retard de phase en radian.

La pulsation est liée à la fréquence ou à la période temporelle par : .

La représentation complexe, également nommée représentation analytique, peut souvent simplifier les calculs. Selon les conventions utilisées on note :

  • soit ,
  • soit .

Dans tous les cas : .

Onde progressive sinusoïdale[modifier | modifier le code]

Dans le cas d'une onde sinusoïdale progressive, la vibration se propage à la vitesse , on peut écrire :

.
  • est le vecteur position du point étudié.
  • L'amplitude dépend de la position du fait d'une atténuation, d'une directivité de la source, etc.
  • est la phase à l'origine (pour et nuls).
  • Le vecteur est le vecteur d'onde. Sa norme est appelée nombre d'onde et s'exprime en rad m−1 ; elle est liée à la longueur d'onde (période spatiale) par : .

La célérité (vitesse de propagation) de l'onde permet de relier les grandeur temporelles et spatiales entre elles :

.

Onde stationnaire sinusoïdale[modifier | modifier le code]

Une onde stationnaire harmonique est la conséquence de l'interférence d'au moins deux ondes progressives harmoniques. C'est une vibration harmonique particulière. Ce type de phénomène est particulièrement étudié en mécanique, en acoustique ou dans le domaine des transmissions.

Illustration.
Exemple le plus simple de deux ondes planes se propageant en sens inverse :

La grandeur physique vibre sinusoïdalement en chaque point à la pulsation . Son amplitude dépend de sa position : des nœuds et des ventres se forment.

Vibration quasi-sinusoïdale[modifier | modifier le code]

On peut considérer une vibration ou une onde comme quasi-sinusoïdale si sa densité spectrale de puissance occupe une bande très étroite de fréquences.

Répartition spectrale de l'énergie.
Exemple d'un signal sinusoïdal tronqué :

Il faut déterminer sa transformée de Fourier :

,

pour connaître sa densité spectrale d'énergie :

On peut considérer la vibration comme quasi monochromatique si c'est-à-dire, étant la période du signal sinusïdal, si

Domaines d'application[modifier | modifier le code]

Optique[modifier | modifier le code]

L'optique s'intéresse à la propagation des ondes électromagnétiques. Dans ce cadre, une onde monochromatique désigne une onde électromagnétique dont le champ électrique et le champ magnétique varient selon une fonction sinusoïdale du temps. Cette dénomination peut être aussi bien utilisée pour les rayonnements du domaine visible que des domaines invisibles, notamment infrarouge et ultraviolet.

Dans le domaine de la photométrie et de la colorimétrie, qui se limitent à la partie visible du spectre électromagnétique, une couleur pure ou spectrale, est la sensation produite sur le système visuel humain par une onde électromagnétique monochromatique du domaine visible. Les couleurs perçues sont celles que l'on observe lors de la dispersion de la lumière par un prisme ou un réseau de diffraction dans une chambre noire, c'est-à-dire les couleurs de l'arc en ciel. Pour obtenir expérimentalement des ondes quasi-monochromatiques, on utilise généralement un monochromateur.

Spectre visible et dénomination des teintes[c],[4]
Couleur perçue[d] Longueur d'onde
dans le vide (nm)
Fréquence (THz)
infrarouge   > 780 < 385
rouge   622 - 780 482 - 385
rouge-orangé   605 – 622 482 - 496
orangé-rouge   593 – 605 496 - 506
orange   588 – 593 506 - 510
orangé-jaune   584 – 588 510 - 514
jaune-orangé   579 – 584 514 - 518
jaune   575 - 579 518 - 522
jaune-vert   573 - 575 522 - 524
vert-jaune   541 - 573 524 - 555
vert   510 - 541 555 - 588
vert-bleu   490 - 510 588 - 612
bleu-vert   483 - 490 612 - 621
bleu   478 - 483 621 - 628
bleu-violet   466 - 478 628 - 644
violet-bleu   449 - 466 644 - 668
violet   380 - 449 668 - 789
ultraviolet   < 380 > 789

Le terme monochromatique ne doit pas être confondu avec celui de monochrome, qui est un terme signifiant qu'une seule couleur, et souvent plus largement un seul champ chromatique est perçu sur l'ensemble d'une surface. Cette couleur ne correspond pas en général à une onde monochromatique.

Acoustique[modifier | modifier le code]

Les ondes acoustiques résultent la variation de la pression acoustique due à une source. Un son pur est une variation sinusoïdale de pression acoustique dans le domaine des fréquences audibles[3].

Exemple — Propagation d'un son pur émis par une source ponctuelle omnidirectionnelle :

Dans le cas d'une onde sphérique, étant la distance à la source et la pression acoustique efficace à 1 m de la source, le champ de pression acoustique est défini par :

.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eugène Hecht, Optique, Paris, Pearson Education France, , 4e éd., 724 p. (ISBN 2-7440-7063-7)
  • José-Philippe Pérez, Optique. Fondements et applications, Paris, Dunod, , 7e éd. [détail des éditions] (ISBN 2-10-048497-4)
  • Richard Taillet, Loïc Villain et Pascal Febvre, Dictionnaire de physique, Bruxelles, De Boeck, , p. 450 « monochromatique »

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les ondes électromagnétiques seules sont caractérisées de façon équivalente par la fréquence, la longueur d'onde ou l'énergie photonique.
  2. Du grec ancien μόνος, mónos, « seul » et χρῶμα, khrôma, « couleur ».
  3. Le nom des couleurs et les limites des intervalles de longueurs d'onde sont extraits de la norme AFNOR X 08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » ( annulée le 30 août 2014). Les noms de plage de couleur ne pouvant correspondre à des ondes monochromatiques (ligne des pourpres) ne sont pas donnés ici.
  4. Un écran d'ordinateur ne pouvant produire une lumière monochromatique, les cadres colorés donnent une référence approximative. Les tables des fonctions colorimétriques de la CIE XYZ donnent la position trichromatique des lumières monochromatiques. Elles sont (1) converties en coordonnées (positives et négatives) linéaires par la matrice de conversion sRGB, (2) ramenées à des valeurs positives par l'ajout de la quantité juste suffisante de lumière achromatique (gris de luminosité égale à celle de la couleur), sauf dans le cas du rouge-orangé (3) multipliées composante par composante par un coefficient pour obtenir une luminosité proportionnelle à l'indice d'efficacité lumineuse spectrale et (4) converties en code non-linéaire selon les prescriptions sRGB. Deux couleurs ont exigé des corrections, en raison des caractéristiques des primaires sRGB. La pureté maximale du rouge-orangé, région de la primaire rouge, est réduite à cause de la condition de luminosité, arrivant à une valeur intermédiaire entre les couleurs adjacentes. La pureté du bleu-violet a été réduite pour se trouver comme celle des couleurs voisines, afin de ne pas apparaître comme plus colorée que celles-ci.

  1. a b c et d José-Philippe Pérez 2005, p. 214-216
  2. a et b Eugène Hecht 2005, p. 16-18
  3. a et b Mario Rossi, Audio, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 1re éd., 782 p. (ISBN 978-2-88074-653-7, lire en ligne), p. 5-6
  4. Robert Sève, Science de la couleur : Aspects physiques et perceptifs, Marseille, Chalagam, , 374 p. (ISBN 978-2-9519607-5-6 et 2-9519607-5-1), p. 246-251