Nouvelles chaussures le jour du budget
Le port de nouvelles chaussures le jour du budget est une tradition en politique canadienne. Elle veut que le ministre des Finances choisisse une paire de chaussures pour le dévoilement du budget de l'État.
Fonction
[modifier | modifier le code]Le choix du type de paire de chaussures (sa nouveauté, son prix, son style, sa fonction, etc.) est interprété comme un indicateur du contenu du budget qui sera déposé[1]. La présentation des chaussures aux médias est un événement analysé et commenté avec légèreté.
Histoire
[modifier | modifier le code]La majorité des traditions parlementaires canadiennes sont issues de la politique britannique. Toutefois, celle-ci semble propre au Canada. On ne la retrouve nulle part ailleurs au monde. Par exemple, au Royaume-Uni, la tradition veut plutôt que le chancelier de l'Échiquier apporte le discours du budget dans une boîte rouge, tradition inexistante au Canada[1].
L'origine de la tradition est inconnue. Des articles de journaux sur le discours du budget du 5 avril 1955 mentionnent que le ministre des Finances Walter Edward Harris a fait « fi du port de chaussures toutes neuves au profit de chaussures "presque neuves" ». Lors du discours du budget du 31 mars 1960, les journaux racontent que son successeur Donald Fleming porte des chaussures neuves[1].
Exemples
[modifier | modifier le code]La tradition est observée autant au niveau fédéral, provincial[2] que territorial. Historiquement, ce sont des chaussures neuves classiques (noires, en cuir) qui sont achetées. Avec la médiatisation de la tradition, les ministres font parfois preuve d'imagination :
Canada
[modifier | modifier le code]- 1979 : John Crosbie porte des mukluks usagés[3].
- 1994 : Paul Martin reçoit des bottes de travail pour symboliser « les grands chantiers et la lutte au déficit »[3].
- 2010 et 2011 : Jim Flaherty achète des chaussures ECCO. Il les fait ressemeler l'année suivante[3].
Québec
[modifier | modifier le code]- 2003 : Yves Séguin n'en achète pas, signe d'austérité économique[4].
- 2010 : Raymond Bachand se rend chez un cordonnier pour faire réparer ses chaussures plutôt que d'en acheter de nouvelles[5].
- 2015 : Carlos J. Leitão porte des chaussures usagées et achète des lacets rouges, au cas où le Québec tomberait en déficit budgétaire[6].
- 2017 : Carlos J. Leitão achète une paire de chaussures neuves, signe que les « temps durs » sont terminés[7].
- 2021 et 2022 : Éric Girard achète des chaussures de course « performantes », « pour courir vite »[8].
Références
[modifier | modifier le code]- « Remarques sur les chaussures neuves pour le discours du budget », sur Parlement du Canada (consulté le )
- Alex Marland et Mary Francoli, « Evolution of a Government Photo Op: The Media Tradition of a Canadian Finance Minister’s New Budget Shoes », Canadian Journal of Communication, vol. 47, no 1, , p. 27–47 (ISSN 0705-3657, DOI 10.22230/cjc.2022v47n1a4117, lire en ligne, consulté le )
- Charles Lecavalier, « Pas de souliers neufs », Le Journal de Montréal, (lire en ligne)
- « Dépôt du budget: pas de souliers neufs pour Séguin », LCN, (lire en ligne)
- « Qu'est-ce que les chaussures des ministres des finances nous disent des budgets? », Radio-Canada, (lire en ligne)
- Marc-André Gagnon, « «Pas de hausse de taxes et de tarifs» promet Leitao », Le Journal de Montréal, (lire en ligne)
- Mathieu Galarneau, « Leitao présente ses nouveaux souliers », Métro Québec, (lire en ligne)
- Marc-André Gagnon, « Une autre paire de souliers de course à la veille du budget », TVA Nouvelles, (lire en ligne)