Ninon de Lenclos

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Ninon de Lenclos, gravure par Antoine-Jean-Baptiste Coupé (1784 -ca. 1852)

Anne « Ninon » de l'Enclos, aussi appelée Ninon de Lenclos ou Ninon de Lanclos (Paris, - Paris, [1]) était une courtisane, femme d'esprit et femme de lettres française.

Sa vie

Anne dite Ninon de Lenclos est une femme de lettres, influencée par les idées épicuriennes, qui savait l'italien et l'espagnol tout en étant versée en sciences. Enfant prodige au luth qui citait Montaigne et les grands classiques, elle fut promenée par sa mère de salon en salon où elle faisait sensation. Plus tard, elle apprit le clavecin.

La belle[2] Ninon a, sa vie durant, collectionné une ribambelle d'amants à tel point que Walpole la surnomma plus tard « Notre Dame des Amours ». Elle eut des enfants[3] dont un fils, le chevalier Louis de la Boissière, qui deviendra brillant officier de marine, fruit de ses amours avec Louis de Mornay, marquis de Villarceaux et proche du roi Louis XIV. Elle vivra sa passion durant trois ans avec lui au domaine de Villarceaux, commune de Chaussy (Val d'Oise). Proche de Molière, elle corrigea, à la demande de l'auteur, la première version du Tartuffe.

À son premier voyage à Paris, la reine Christine de Suède accorda une seule rencontre en privé à la seule Ninon de Lenclos dont elle avait la plus haute opinion. Grand amateur de sagesse, Louis XIV se préoccupait souvent, par personne interposée, de l'opinion de Ninon.

Le jour de ses 77 ans, Ninon eut une aventure avec l'abbé de Châteauneuf. À la même époque elle mène de front une autre liaison avec le chanoine Nicolas Gédoyn. Quelques mois avant son décès, à près de 90 ans, elle se fit présenter le jeune Arouet (Voltaire) alors âgé d'environ 13 ans[4] et élève du collège jésuite Louis-le-Grand de Paris. Dans son testament elle lui légua 2 000 livres tournois (l'équivalent de 7 800 € de l'an 2008)[5] pour qu'il puisse s'acheter des livres.

Son salon

Ninon a tenu salon à compter de 1667, en l'hôtel de Sagonne, au 36 rue des Tournelles à Paris. Ses célèbres cinq à neuf avaient lieu chaque jour. Ninon de Lenclos est le symbole de la femme cultivée et indépendante, reine des salons parisiens, femme d'esprit et femme de cœur, représentative de l'évolution des mœurs des XVIIe et XVIIIe siècles français et précurseure de la femme libre et indépendante.

Parmi ses invités, beaucoup d'hommes : Fontenelle ; François de la Rochefoucauld ; Charles de Saint-Évremond ; Paul Scarron ; Jean-Baptiste Lully ; Jean de La Fontaine ; Louis de Lesclache ; Philippe d'Orléans, futur régent de France ; d'Elbène; Antoine Godeau ; Antoine Gombaud, chevalier de Méré ; Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, le fameux mémorialiste ; Roger de Rabutin, comte de Bussy ; Jules de Clérambault ; Damien Mitton ; l'abbé François de Châteauneuf ; Félix-Juvenel de Carlincas ; Huygens ; François Le Métel de Boisrobert ; Charles Perrault ; le poète Chapelle ; Jean Ogier de Gombauld ; l'abbé de Pons ; Louis de Mornay, marquis de Villarceaux ; César Phœbus d'Albret ; Jean Hérault de Gourville ; Henri de Sévigné[réf. nécessaire], mari de la grande épistolière puis son fils Charles de Sévigné ; le peintre Nicolas Mignard dont elle fut un modèle ; Charleval, fils de Madame de Longueville ; Jean Racine (et sa maîtresse la Champmeslé) ; François III Dusson, seigneur de Bonrepaus et commissaire de la Marine ; Nicolas Boileau, dit Boileau Despréaux ; Condé. Molière lui demandera des conseils pour sa pièce le Tartuffe à l'instar de plusieurs autres auteurs qui bénéficièrent de son jugement.

Mais aussi de nombreuses femmes : Catherine de Vivonne ; Marguerite de la Sablière ; Madame de Galins ; Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722), princesse Palatine ; Henriette de Coligny, comtesse de la Suze ; Marie Desmares, dite la Champmeslé, tragédienne réputée et maîtresse de Racine ; sa parente et amie Françoise d'Aubigné, future Madame de Maintenon. Mais aussi lady Montagu qu'elle appelait Madame Sandwich et dont elle dira : « Elle m'a donné mille plaisirs, par le bonheur que j'ai eu de lui plaire. Je ne croyois pas sur mon déclin pouvoir être propre à une femme de son âge. Elle a plus d'esprit que toutes les femmes de France, et plus de véritable mérite.»

Son œuvre

On lui connait plusieurs recueils de lettres, dont :

  • Lettres de Ninon de L'Enclos au marquis de Sévigné, collectées par Damours, 1750, éditions Francois Joly.
  • Lettres de Ninon de L'Enclos au marquis de Sévigné, collectées par Crébillon fils, éd. François Joly, Amsterdam, 1750. Deux parties en un volume in-12, XII-184-200 pages (chaque partie est précédée d'un titre gravé par Fessard).

En fait, la première édition de ces lettres a été attribuée, à tort, par Gay à Damours, mais Tchemerzine les a restituées à Crébillon fils. Voir Gay II, 828. Tchemerzine IV, 197.

  • Bibliothèque épistolaire, ou choix des plus belles lettres des femmes les plus célèbres du siècle de Louis XIV. Lettres de Ninon de l'Enclos, de Mme de Maintenon, des Ursins, de Caylus, etc., recueillies par A. Delanoue.
  • En 1659, dans La coquette vengée, elle y répond à plusieurs attaques dont elle fut l'objet. Elle y défend, en tant que femme de lettres, la possibilité d'une vie bonne et morale en l'absence d'apparat religieux. Elle y dit aussi avec quelque esprit: « beaucoup plus de génie est nécessaire pour faire l'amour que pour commander aux armées » et « nous devrions faire attention au montant de nos provisions, mais pas à celui de nos plaisirs : ceux-ci doivent être recueillis jour après jour. »

Citations

  • «Si Dieu apparaît le plus souvent aux femmes, c'est qu'il tient à leur faire part d'un mystère qu'il veut rendre public.»[réf. nécessaire]
  • «Si les hommes connaissaient nos faiblesses, ils nous prendraient toujours.»[réf. nécessaire]
  • «Les premiers billets doux sont ceux que les yeux lancent.»[réf. nécessaire]
  • «L'amour est la pièce du monde où les actes sont les plus courts et les entractes les plus longs ; de quoi voulez-vous remplir les intermèdes, si ce n'est par les talents ?»[réf. nécessaire]
  • «Il n'appartient qu'à un homme de peu d'expérience de faire une déclaration en forme. Une femme se persuade beaucoup mieux qu'elle est aimée par ce qu'elle devine que par ce qu'on lui dit.»[réf. nécessaire]

Divers

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(langue non reconnue : ninon + de + langue non reconnue : lenclos) Ninon de Lenclos (Wikisource) Plusieurs pièces de théâtre l'ont prise pour thème, dont :

  • Ninon de l'Enclos, comédie historique en un acte, mêlée de vaudevilles par Henrion, Armand Henri Ragueneau de la Chainaye. Éditeur Mad. Cavanagh, Paris, An XII [i.e. 1804].
  • Le grand Huyghens, qui fut au nombre de ses amants, composa quelques vers à son sujet :
Elle a cinq instruments dont je suis amoureux :
Les deux premiers, ses mains ; les deux autres, ses yeux ;
Pour le plus beau de tous, le cinquième qui reste,
Il faut être fringant et leste.

L'histoire ne dit pas si l'astronome le fut assez...

Bibliographie

  • Roger Duchêne, Ninon de Lenclos ou la manière jolie de faire l'amour, Fayard, 1984 et 1987 (ISBN 2213606633).
  • Martial Debriffe, Ninon de Lenclos - La belle insoumise, France-Empire, (ISBN 2704809399).
  • Martine Amsili ([3]) Chez Ninon de Lenclos pièce de théâtre éditée aux Editions de la Librairie théâtrale (2004)
  • Paul Gordeaux Ninon de Lenclos, éditions Minerva Genève,1970, coll. Les Amours Célèbres

Liens externes

Notes

  1. MM de Monmerqué et Paulin, Les historiettes de Tallemant des Réaux, 3e édition, J. Techener, libraire, , p. 12 et 25.
  2. Ou plus exactement « séduisante », voir notamment Lettres de Mme de Coulanges et de Ninon de l'Enclos, Chaumerot jeune, , p. 198, sur [1] consulté le 9 janvier 2009.
  3. Nombreuses références, dont Lettres de Mme de Coulanges et de Ninon de l'Enclos, Chaumerot jeune, , p. 198, voir [2] consulté le 9 janvier 2009.
  4. L'abbé de Chàteauneuf me mena chez elle, j'étais âgé d'environ 13 ans, j'avais fait quelques vers..., voir Jean Orieux, "Voltaire", p.85, ed.Flammarion 1966 Livre de Poche.
  5. pour la valeur de l'héritage voir Jean Orieux, Idem. La chronologie p.18 donne à l'héritage une valeur de 1 000 F de 1966 mais c'est une erreur, le texte p.86 dit bien 2 000 livres (10 000 F de 1966 précise Orieux) et la livre de l'époque est la livre tournois, dont la valeur égale celle de 0,38 g d'or.