Pavel Nicolaïevitch Ignatiev

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Pavel Nikolaïevitch Ignatiev
Павел Николаевич Игнатьев
Illustration.
Le comte Pavel Nikolaïevitch Ignatiev en 1917, Ministre de l'Instruction publique de Russie
Fonctions
Ministre de l'Instruction publique de Russie

(1 an, 11 mois et 18 jours)
Prédécesseur Lev Aristidovitch Kasso
Successeur Nikolaï Konstantinovitch Koultchitski
Biographie
Nom de naissance Pavel Nikolaïevitch Ignatiev
Date de naissance
Lieu de naissance Constantinople
Date de décès (à 75 ans)
Lieu de décès Upper Melbourne, Québec, Canada
Nationalité Russe
Conjoint Natalia Nikolaïevna Mechtcherskaïa
Enfants Nikolaï Pavlovitch
Diplômé de Sorbonne, Université de Kiev
Profession Homme d'État russe

Pavel Nicolaïevitch Ignatiev

Pavel Nikolaïevitch Ignatiev (en russe : Павел Николаевич Игнатьев), né le / à Constantinople, Empire ottoman et mort le à Upper Melbourne, Québec, Canada, comte et homme d'État russe. Selon l'usage de l'époque en France, son nom de famille était orthographié en français Ignatieff. Pavel Nikolaïevitch Ignatiev fut ministre de l'instruction publique du au . Avant d'occuper ce poste, le comte Ignatiev fut maréchal de la noblesse dans le comté de Lipovestki (province de Kiev). En 1904, il présida le conseil rural de Kiev. Nommé gouverneur de Kiev, il occupera ces fonctions de 1907 à 1908[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Iouri Stepanovitch Netchaïev-Maltsov (1834-1913).

Né à Constantinople, le comte Pavel Nikolaïevitch est le fils de Nikolaï Pavlovitch Ignatiev, ministre de l'intérieur sous Alexandre III de Russie et de Iekaterina Leonidovna Golitsyna (1842-1917), elle-même fille du prince Leonid Mikhaïlovitch Golitsyne (1806-1860) et de Anna Matveevna Tolstaïa (1809-1897).

Il était issu d'une famille de la noblesse russe, et avait pour ascendant Fiodor Akinfovitch Biakont[2]

En 1913, il fut, avec le prince Elim Pavlovitch Demidov (1868-1943), l'héritier de Iouri Stepanovitch Netchaïev-Maltsov (1834-1913) décédé sans enfants. Cet industriel russe lui légua les usines Gousevskoï Khroustalny Zabod, une cristallerie implantée à Gous-Khroustalny (oblast de Vladimir), les verreries de Novoselski (oblast de Tver) et de Tigodski, implantées près de Liouban (oblast de Léningrad)[3].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Le comte étudia à la Sorbonne puis à l'Université de Kiev dont il sortit diplômé en 1892. La même année, il obtint un poste au Ministère de l'Intérieur. Il effectua son service militaire dans un bataillon du Régiment de la Garde dont le commandant était le tsarevitch Nikolaï Alexandrovitch, futur Nicolas II de Russie.

Administrateur[modifier | modifier le code]

Alexandre Vasilievitch Krivocheïne, Directeur général de l'agriculture et de l'aménagement du territoire en 1915.

En 1895, le comte Ignatiev fut élu maréchal de la noblesse du district de Lipovestki (province de Kiev). En 1904, il présida le zemstvo de la province de Kiev. Le , il fut nommé au poste de gouverneur de Kiev. En 1908, Pavel Nikolaïevitch entra au Conseil d'État. Le , il entra au Ministère de l'Agriculture où il occupa les fonctions de Directeur du Département de l'Agriculture. En , il fut nommé adjoint du Directeur général de l'agriculture et de l'aménagement du territoire, Alexandre Vasilievitch Krivocheïne (1857-1921)[4].

Ministre de l'Instruction publique[modifier | modifier le code]

Le comte Ignatiev fut l'adjoint du baron Mikhaïl Alexandrovitch von Taube alors ministre de l'Instruction publique par intérim, après le décès de Lev Aristidovitch Kasso survenu le . Le , sur la recommandation de Alexandre Vasilievitch Krivocheïne, Nicolas II de Russie lui confia le portefeuille de Ministre de l'Instruction publique. D'un esprit libéral, le comte fut très populaire au sein des milieux intellectuels et auprès du public. Pavel Nikolaïevitch Ignatiev fut surnommé : « Ministre de la confiance du public »[1] Afin de réaliser les réformes nécessaires dans le milieu scolaire, il sut créer des liens entre son ministère, la Douma d'État, le Conseil d'État, les collectivités territoriales et l'élite intellectuelle de l'Empire russe.

Dès le début de son mandat de ministre de l'Instruction publique, le comte se heurta aux membres des forces conservatrices, ces derniers refusant toute réforme dans l'éducation. Toutefois, il bénéficia de l'appui des progressistes, ces derniers aspirant à des réformes drastiques.

En , le comte convoqua une réunion des fiduciaires des districts scolaires de l'Empire russe (unités administratives territoriales de l'Empire russe, créées dans le cadre de la gestion des établissements d'enseignement du ministère de l'éducation publique entre 1803 et 1917, et dirigées par des syndics scolaires)[5]. Au cours de cette réunion, il décrivit la direction de la nouvelle politique scolaire qu'il avait l'intention d'appliquer. Au cours de cette réunion, les travaux de la réforme de l'enseignement secondaire furent lancés (programme et notes explicatives) et ils furent publiés la même année[6]. Ces documents, ainsi que d'autres programmes modèles développés par diverses commissions et leurs notes explicatives, seront en partie utilisés après la Révolution d'Octobre par les Bolcheviks dans la préparation des programmes[7].

Les réformistes du système éducatif instaurèrent une seule école (l'école secondaire), avec une scolarité d'une durée de sept ans partagée en deux étapes : une première étape 3 ans, et une seconde de 4 ans. Dans cette dernière, l'élève étudie la langue russe, la littérature, les langues étrangères, l'histoire, les sciences humaines et classiques ; la priorité est donnée à la langue et la littérature russe, à l'étude approfondie du grec et du latin, les mathématiques et les sciences naturelles seront également enseignées aux élèves. Une attention toute particulière a été accordée au respect des besoins de l'enseignement secondaire, de la société et les intérêts de l'économie. Il fut également reconnu comme nécessaire d'assurer la continuité du programme d'études secondaires et des phases suivantes de formation.

Une composante importante du projet de réforme du système éducatif fut la démocratisation de l'éducation nationale en Russie, avec également la création d'un comité de l'école secondaire composé de membres de la société. Les conseils pédagogiques des écoles obtinrent le droit de développer indépendamment des cursus et des programmes pour résoudre les problèmes économiques.

Au cours de son mandat de ministre de l'Instruction publique, le comte Ignatiev organisa deux réunions avec les fiduciaires des districts scolaires (en et mars 1916), en outre, il organisa un certain nombre de congrès pédagogiques où furent débattues les questions sur les réformes à venir. Au cours de l'une de ces réunions, Nikolaï Pavlovitch Ignatiev indiqua : « Nous devons promouvoir le développement des forces productives du pays: l'école devrait servir la vie et les besoins de la population »[8] Malgré l'augmentation des contraintes budgétaires du ministère au cours de la Première Guerre mondiale, le nombre d'établissements de l'enseignement secondaire et supérieur augmenta, et en outre, le ministère réussit à obtenir des fonds pour soutenir un certain nombre d'écoles pour femmes et des universités privées.

En 1916, le comte Ignatiev tenta d'instaurer en Russie l'école primaire universelle et l'enseignement technique et agricole, les forces conservatrices s'opposèrent violemment à cette réforme, et celles-ci furent également rejetées par le gouvernement. En conséquence, le 1er janvier 1917, le comte Ignatiev reçut le titre honorifique de maître de cavalerie de la cour, puis, le , Nicolas II le démit de ses fonctions. Nikolaï Konstantinovitch Koultchitski lui succéda à son poste.

Révolution de Février[modifier | modifier le code]

L'Académie des Sciences à Saint-Pétersbourg sur l'île Vassilievski.

Après les événements de février 1917, la Commission d'enquête du gouvernement provisoire soumit le comte Ignatiev à un interrogatoire. Elle enquêtait sur de possibles activités illégales de l'ex-ministre de Nicolas II[9]. À l'automne 1917, il fut élu membre honoraire de l'Académie russe des Sciences (ce titre lui fut ôté par contumace en 1928 et à titre posthume restitué en 1990). En 1917, il fut également nommé membre honoraire de l'Université de Petrograd.

En , le comte Ignatiev et sa famille s'installèrent à Kislovodsk. Au cours de son séjour dans cette ville du Caucase, il commença à écrire ses Mémoires[10]. En , il fut arrêté comme otage par la Tcheka et envoyé à Piatigorsk, mais grâce à son excellent travail au Ministère de l'Instruction publique, le conseil de Kislovodsk demanda sa libération[11].

Exil[modifier | modifier le code]

Peu de temps après l'occupation du Caucase par les troupes de l'Armée blanche, le comte Ignatiev, accompagné de son épouse et de ses enfants, partit de Kislovodsk. En , la famille s'installa à Novorossiisk, puis en mars 1919, elle quitta la Russie pour la Bulgarie. Le comte Ignatiev séjourna quelque temps en France puis s'installa en Grande-Bretagne, en . Il présida l'organisation à l'étranger de la Croix-Rouge russe[10].

Émigration au Canada[modifier | modifier le code]

En 1925, la famille Ignatiev quitte la Grande-Bretagne pour le Canada. En 1928, elle s'installa définitivement à Melbourne au Québec.

Mariage[modifier | modifier le code]

Il épousa la princesse Natalia Nikolaïevna Mechtcherskaïa (1877-1944), fille du prince Nikolaï Petrovitch Mechtcherski (1829-1901) et de Maria Alexandrovna Panina (décédée en 1903)[12] à l'église russe de Nice, le [13]. Sept enfants naquirent de cette union :

L'un de ses petits-fils est Michael Ignatieff, ancien chef du Parti libéral du Canada.

Décès et inhumation[modifier | modifier le code]

Le comte Pavel Nikolaïevitch Ignatiev mourut le à Melbourne (Québec). Il fut inhumé au cimetière Saint-Andrew à Melbourne (Québec)[15]. Son épouse, ses fils, ses brus furent également inhumés dans ce cimetière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b www.admin.tomsk.ru
  2. www.russianfamily.ru
  3. gus-info.ru
  4. www.hrono.ru
  5. slovari.yandex.ru
  6. book-download-lib.ru
  7. Очерки по истории советской школы и педагогики: 1917-1920 Fiodor Filippovitch Korolev. 1958. page 51
  8. L'école dans la société russe 1917-1927. Ievgueni Mikhaïlovitch Balachev. Académie russe des Sciences. 2003. page 15
  9. La Chute du régime tsariste. Procès-verbaux des interrogatoires et témoignages donnés en 1917 par la Commission d'enquête extraordinaire du gouvernement provisoire. Pavel Chegolev. Éditeur Leningrad d'État Publishing House. 1926. Tome 6. page 26
  10. a et b « http://nature.web.ru/db/msg.html?mid=1185892 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  11. www.cic.gc.ca
  12. ru.rodovid.org
  13. ru.rodovid.org
  14. r-g-d.org
  15. www.interment.net

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Bauchpas. L'émigration blanche. Paris, 1968[source insuffisante]
  • (en) Michael Ignatieff, The Russian Album, New York, Viking, 1987
  • book.google.fr
  • book.google.fr
  • books.kb200.com La Chute du régime tsariste. Procès-verbaux des interrogatoires et témoignages donnés en 1917 par la Commission d'enquête extraordinaire du gouvernement provisoire. Pavel Chegolev