Nicolas Belina-Podgaetsky
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Nicolas Belina-Podgaetsky (en russe : Николай Александрович Белина-Подгаецкий, Nikolaï Alexandrovitch Belina-Podgaïetski), né le à Saint-Pétersbourg[1] et mort le à Braine-l'Alleud (province de Brabant), est un migrant (biélo)russe auteur de livres antisoviétiques à succès publiés en Belgique dans les années 1930-1950.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né dans une famille de petite noblesse terrienne[2], il est admis à l'école des cadets de Minsk puis à l'école militaire. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il accède au rang d'officier et après de nombreuses autres destinations, il rejoint le corps expéditionnaire russe qui combat aux côtés des Alliés dans les pays des Balkans et en Grèce. Après le Traité de Brest-Litovsk, le corps expéditionnaire russe fut dissous et Belina-Podgaetsky échoua en France en tant que civil au chômage. Après quelques petits boulots pour des salaires de misère à Paris, dans les régions dévastées du nord de la France et sur un navire marchand anglais, les choses s'arrangèrent un peu en 1921[2]. Il obtint un poste de contremaître et interprète aux Mines d'Aniche à Somain. Au bout de quelques mois, il reçut une offre de travail à Dortmund, pour un salaire beaucoup plus élevé, en tant que responsable du personnel dans les cokeries exploitées par les Français. Le , il retrouva son ancien poste à Somain, en compagnie de Marguerite Rüger, l'Allemande qu'il avait rencontré et qui devint sa femme[2]. Désormais pleinement communiste, il devint membre du Parti communiste français et, en décembre 1926, répondit favorablement à l'appel de l'Union soviétique au retour. Il retourna en Russie avec sa femme et ses enfants.
Il s'installa à Minsk, où il devint journaliste pour le journal communiste local Rabotchiï (Le Travailleur). Il y travailla jusqu'au , date à laquelle il fut licencié sans motif. Il alla vivre à Moscou et put y travailler comme correspondant pour divers organes de presse. Il disposait principalement d'un revenu suffisant grâce aux différents livres qu'il avait publiés entre-temps[2], avec comme premier roman Udar (La Grève)[2].
Il retourna souvent en Biélorussie et fut témoin de la terreur du Stalinisme qui y régnait : collectivisation de l'agriculture, déportation massive en Sibérie de tous les agriculteurs indépendants, arrestation de la plupart des intellectuels et des professions libérales, persécution de l'Église, famine massive et génocide. Cela l'amena à conclure à la faillite de l'idéal soviétique et il redevint chrétien et décida de fuir. Pour faire sortir d'abord sa femme et ses deux enfants du pays, le couple divorça le . L'ex-épouse put retourner avec ses enfants dans son pays natal en tant qu'Allemande, le [2].
Méfié et soupçonné par la police secrète, il partit pour Odessa, où il était inconnu et d'où il espérait pouvoir s'échapper. Après de nombreux délais et déceptions, il put s'embarquer le comme élève-pilote et journaliste sur un pétrolier à Batoum, naviguant vers des destinations en dehors de l'Union soviétique. Le , il arriva à Singapour, d'où il put fuir vers l'Europe et retrouver sa famille à Dortmund. De là, il partit pour la Belgique[3]. Il se convertit au catholicisme et devint désormais un farouche opposant aux Soviets. Il trouva des éditeurs intéressés par ses nouveaux écrits. Pour la Belgique francophone, il s'agissait des éditions Casterman, plus précisément la collection « Durendal ». Pour les versions néerlandaises, ce fut De Goede Pers, (La Bonne Presse). Il fut également traduit dans d'autres langues.
Non seulement il publia des mémoires saisissants sur ce qu'il avait lui-même vécu et enduré sous les Soviets, mais il décrivit également le sort des chrétiens sous les Soviets dans ses livres pour enfants. Dix histoires pour enfants sont parues en français dans la série Presto-Films et en néerlandais dans la série Vlaamse Filmpjes (Petits films flamands), toutes deux publiées par De Goede Pers à Averbode[4].
Se doutant bien que l'occupation nazie lui causerait des ennuis, il s'enfuit en mai 1940 avec sa famille, d'abord au Portugal, ensuite au Congo belge, où il se mit au service d'organismes d'information et d'espionnage. En 1945 il regagna la Belgique et reprit ses activités anti-soviétiques. Il publia également des articles sur l'actualité en Union Soviétique après la Seconde guerre mondiale, qui furent publiés dans La Libre Belgique.
Le professor Wim Coudenys écrivit à son sujet qu'il était « l'écrivain émigré russe le plus prolifique depuis les années trente jusque dans les années cinquante ».
Publications
[modifier | modifier le code]- L'Ouragan Rouge. Souvenirs d'un Journaliste Russe, Paris-Bruxelles, coll. « Durendal », 1937.
- In Rooden Storm, Averbode, 1938.
- L'Uragano Rosso, Rome, Istituto San Michele, 1937.
- Hors de la tempête. Souvenirs d'un journaliste russe, Paris-Bruxelles, coll. « Durendal », 1938
- Evasione dall' U.R.S.S., Florence, F. Lemonnier, 1941.
- Le tourbillon de neige, conte soviétique, Florence, F. Lemonnier, 1939.
- Derrière les murs d'une casemate, Casterman, s.d.
- Au service de la patrie, Casterman, s.d.
- Het grote avontuur, Brugge, Franciskaanse Standaard, 1948.
- Onder de koloniale vlag, Brugge, Franciskaanse Standaard, 1950.
Dans les séries Presto Films, Vlaamse filmpjes :
- Michka, le jeune hussard - Michka de jonge huzaar.
- L'Étendard des hussards - Het vaandel van de huzaren.
- Le Château hanté - Het spookkasteel.
- Michka, prisonnier de guerre - Michka, krijgsgevangene.
- L’Agent secret B.R. 55 - Geheim agent B.R. 55.
- Les Éclaireurs de la nuit - De nachtverkenners.
- Le Petit Carillonneur - De kleine beiaardier.
- Kolka, voleur de chevaux - Kolka de paardendief.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (nl) Paul Janssens, « Tussen generaal Doerakin en Michael Strogoff: Belgische boeken over Rusland van 1830 tot 1988 », dans Montagne Russe. Belevenissen van Belgen in Rusland, EPO, .
- (nl) Rita Ghesquière et Patricia Quaghebeur (dir.), Averbode, een uitgever apart, 1877-2002, Uitg. Averbode, De Goede Pers & Leuven, Kadoc, .
- (en) Wim Coudenys, « Russian collaboration in Belgium during World War II », Cahiers du monde russe, vol. 43, nos 2/ 3, , p. 479-514 (DOI 10.4000/monderusse.8511, lire en ligne).
- (nl) Wim Coudenys, Leven voor de Tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België, Leuven, Davidsfonds, .
- (en) Wim Coudenys, « Proselytism, Charity, Imperialism: Russian Emigrés in Belgium between Catholicism and Orthodoxy », dans Die Russische Diaspora in Europa im 20. Jahrhundert, Frankfurt am Main, Peter Lang, (ISBN 978-3-631-56932-0), p. 119 - 135.
- (nl) John Rijpens, Vlaamse Filmpjes, troetelkind of ondergeschoven kindje?, Brussels, Academic and Scientific Publishers (ASP), .
- (en) Wim Coudenys, Nicolas Belina Podgaetsky and the manipulation of the Russian image in Belgium around WW II, .
- (en) Wim Coudenys, A Russian Saul: Nikolai Belina-Podgaetskii and religious persecution before and after defection, Turnhout, Brepols, .
- (en) Wim Coudenys, « Fictional, but Truthful.’ Nicolas Belina-Podgaetsky, a Soviet Journalist at the Service of Catholic Anti-Communism », Revue d’Histoire Ecclésiastique, no 1, , p. 148–180 (lire en ligne).
- (en) Wim Coudenys, « A Failed “Apostolat de Presse” Boris Solonevich and Catholic Anti-Communist Propaganda (1945–1955) », dans L. Fleishman, S.M. Newerkla, M. Wachtel (Eds.), Skreshcheniia sudeb. Literarische und kulturelle Beziehungen zwischen Russland und dem Westen. A Festschrift for Fedor B. Poljakov, (593-618), vol. 49, Berlin, Peter Lang, coll. « Stanford Slavic studies », (ISBN 9783631783856, lire en ligne)
Références
[modifier | modifier le code]- Il se qualifiait lui-même comme étant 'journaliste russe'.
- Nicolas Belina-Podgaetsky, L'Ouragan Rouge : Souvenirs d'un Journaliste Russe, Paris-Bruxelles, coll. « Durendal », .
- Nicolas Belina-Podgaetsky, Hors de la tempête : Souvenirs d'un journaliste russe, Paris-Bruxelles, coll. « Durendal », .
- « Presto Films/Vlaamse Filmpjes » (consulté le ).
Liens externes
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