Max Roser

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Max Roser
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Max Roser, né en 1983, est un économiste et statisticien spécialisé dans les thématiques mondiales telles que la pauvreté, la maladie, la faim, le changement climatique, la guerre, les catastrophes planétaires et les inégalités.

Il est directeur du programme sur le développement mondial à l'Université d'Oxford, basé à l'Oxford Martin School.

Il est le fondateur et directeur de la publication de recherche Our World in Data.

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Roser nait à Kirchheimbolanden, en Allemagne, un village proche de la frontière avec la France. En 1999, lui et un ami remportent un prix au concours scientifique allemand pour la jeunesse Jugend forscht avec une maquette d'aspirateur à navigation automatique[1]. Der Spiegel rapporte qu'il a parcouru le Nil depuis son embouchure jusqu'à sa source, et qu'il a traversé l'Himalaya et les Andes[2].

Il est titulaire de deux licences (en géosciences et en philosophie) et de deux maîtrises (en économie et en philosophie)[2]. Roser termine sa thèse en 2011 à l'Université d'Innsbruck, en Autriche[3].

Carrière[modifier | modifier le code]

En 2012, l'économiste spécialisé sur les sujets d'inégalités et de pauvreté Tony Atkinson embauche Roser à l'Université d'Oxford. Il travaille dans cette université avec Thomas Piketty, Salvatore Morelli et Tony Atkinson[4]. En 2015, il constitue une équipe de recherche à l’Université d’Oxford pour étudier le développement mondial[5].

Il fonde Our World In Data, une publication scientifique sur le Web afin de présenter « des recherches et des données permettant de progresser face aux plus grands problèmes mondiaux[6]. »

En 2019, il travaille avec Y Combinator sur Our World in Data[7].

Motivation[modifier | modifier le code]

Roser estime que la pauvreté dans le monde, les inégalités, les risques planétaires, les violations des droits de l'homme et l'impact environnemental de l'humanité comptent parmi les problèmes les plus graves de la planète[8],[9].

À propos de sa motivation pour ce travail, il explique : « La mission de ce travail n'a jamais changé : dès ses débuts en 2011, Our World in Data s'est concentré sur les grands problèmes mondiaux et s'est demandé comment il était possible de progresser contre eux. Les obstacles étaient toujours les mêmes : l'apathie et le cynisme[10]. » Il rajoute que « c'est parce que le monde est encore effroyable qu'il est si important d'écrire sur la façon dont le monde s'est amélioré[11]. »

Il critique la focalisation excessive des médias sur des événements isolés qui, selon lui, n'aident pas à comprendre « les changements puissants et durables qui remodèlent notre monde, ainsi que les problèmes importants et de longue date auxquels nous sommes toujours confrontés[8],[12],[13]. » Contrairement aux reportages événementiels des médias d'information, Roser préconise l'adoption d'une perspective plus large sur le changement global, et en particulier une concentration sur ceux qui vivent dans la pauvreté[13]. L’accent mis sur les classes supérieures, surtout dans une perspective historique, serait trompeur car il ne révèle pas les difficultés de ceux qui vivent dans les conditions de vie les plus précaires[14].

Il préconise d'examiner les tendances plus longues en matière de pauvreté, d'éducation, de santé et de violence, car celles-ci changent le monde lentement mais constamment et sont négligées dans les reportages médiatiques actuels[13].

Cartogramme de Max Roser montrant la répartition de la population mondiale. Chacun des 15 266 pixels représente le pays d’origine de 500 000 personnes.

Max Roser est célèbre pour ses recherches sur l'évolution des conditions de vie à l'échelle mondiale et ses visualisations de ces tendances[15],[16],[17]. Il montre notamment que dans de nombreuses sociétés du passé, une part importante (plus de 40 %) des enfants mouraient[18].

Il explique qu'il y a trois messages à retenir de son travail : « Le monde est bien meilleur qu'auparavant ; Le monde est horrible ; Le monde peut devenir bien meilleur[11]. »

Travaux[modifier | modifier le code]

Émissions mondiales de CO2 par région du monde depuis 1750 – un graphique de Our World in Data.

Les travaux de Roser portent sur des problèmes mondiaux tels que la pauvreté, le changement climatique, la mortalité infantile et les inégalité[19].

Dans le cadre d'une recherche menée en 2015 avec Tony Atkinson, Brian Nolan et d'autres, il étudie la manière dont les bénéfices de la croissance économique sont répartis[20],[21],[22].

En octobre 2019, il co-écrit une étude sur la mortalité infantile. Il s’agit de la première étude mondiale cartographiant la mortalité infantile au niveau des districts infranationaux[23]. L'étude, publiée dans Nature, est décrite comme une étape importante pour rendre possible une action réduisant davantage la mortalité infantile[24].

Lui et Felix Pretis constatent en 2017 que le taux de croissance de l'intensité des émissions de CO2 dépasse les projections de tous les scénarios climatiques[25]. Avec Jesus Crespo Cuaresma, il étudie l'histoire du commerce international et son impact sur les inégalités économiques[26].

Roser critique la pratique consistant à se concentrer uniquement sur le seuil de pauvreté international. Dans ses recherches, il suggère d'ajouter un seuil de pauvreté de 10,89 dollars internationaux par jour[27]. Les chercheurs affirment qu’il s’agit du niveau minimum requis pour avoir accès aux soins de santé de base. La raison pour laquelle le seuil de pauvreté mondial est bas est de se concentrer uniquement sur la population extrêmement précaire[28]. Il propose d'utiliser plusieurs seuils de pauvreté différents pour comprendre les dynamiques de la pauvreté mondiale.

Dans le cadre de ses recherches en santé mondiale, il étudie l'impact de la pauvreté sur la santé et contribue dans ce projet à la rédaction d'un manuel sur la santé mondiale[29],[30].

Son article le plus cité, co-écrit avec Hannah Ritchie et Esteban Ortiz-Ospina, porte sur la croissance démographique mondiale[31].

Roser intervient régulièrement lors de conférences où il présente des données empiriques sur la façon dont le monde évolue[32]. Il fait partie du Groupe consultatif statistique du PNUD[33]. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, l'invite en 2018 à des retraites internes auxquelles participent les chefs des institutions de l'ONU pour parler de ses recherches sur le développement mondial[34].

Tina Rosenberg souligne dans le New York Times que les travaux de Roser présentent « une vue d'ensemble qui constitue une parade importante contre le flot constant d'informations négatives sur le monde[35]. » Ses recherches sont citées dans des revues académiques dont Science[36], Nature[37], et The Lancet[38],[39].

Espérance de vie par région du monde, de 1770 à 2018.

Prix[modifier | modifier le code]

En 2019, il figure à la deuxième place parmi les « 50 meilleurs penseurs du monde » par Prospect Magazine[40].

En 2019, Our World in Data remporte le Lovie Award, le prix européen du Web, « en reconnaissance de leur utilisation exceptionnelle des données et d'Internet pour fournir au grand public des recherches compréhensibles basées sur des données — le type nécessaire pour invoquer les enjeux sociaux, économiques et environnementaux[41]. »

En 2022, il est sélectionné parmi « The Future Perfect 50 » de Vox[42].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Traduction[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) imfernsehen GmbH & Co. KG, « Tigerenten Club Folge 183 Jugend forscht '99 » [archive du ], Fernsehserien.de, (consulté le )
  2. a et b (de) Hilmar Schmundt, « Statistiken Frohe Botschaft », Der Spiegel,‎ (lire en ligne)Inscription nécessaire
  3. (de) mb, « Gute Nachrichten », University of Innsbruck,‎ , p. 49 (lire en ligne)
  4. (en) « INET Oxford Highlights: 2012—2014 », The Institute for New Economic Thinking at the Oxford Martin School,‎ (lire en ligne)
  5. (en) « The Oxford Martin Programme on Global Development » [archive du ], Oxford Martin School (consulté le )
  6. « Our World in Data » [archive du ], Our World in Data (consulté le )
  7. « Our World in Data is at Y Combinator » [archive du ], Our World in Data (consulté le )
  8. a et b « About » [archive du ], Our World in Data (consulté le )
  9. « Die Menschheit war früher viel gewalttätiger » [archive du ], Süddeutsche Zeitung (consulté le )
  10. « History of Our World in Data » [archive du ], Our World in Data (consulté le )
  11. a et b Roser, « The world is much better; The world is awful; The world can be much better » [archive du ], Our World in Data, (consulté le )
  12. « Dr Max Roser | People | Institute for New Economic Thinking at the Oxford Martin School » [archive du ], www.inet.ox.ac.uk, Institute for New Economic Thinking at the Oxford Martin School (consulté le )
  13. a b et c « Data Stories #57: Visualizing Human Development with Max Roser » [archive du ], Data Stories, (consulté le )
  14. (en) Max Roser, « Income inequality: poverty falling faster than ever but the 1% are racing ahead », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « Here's how many people have died in war in the last 600 years », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  16. Matthews, « How Obama's optimism about the world explains his foreign policy » [archive du ], Vox, (consulté le )
  17. (hr) Rudež, « Zbog ebole i terorizma čini nam se da je svijet užasan, ali istina je suprotna: Nikad nam nije bilo ovako dobro » [archive du ], Jutarnji list, (consulté le )
  18. Roser, « Mortality in the past – around half died as children » [archive du ], Our World in Data, (consulté le )
  19. (en) Akhtar, « Max Roser doesn't want us to lose sight of progress » [archive du ], Vox, (consulté le )
  20. Nolan, Roser et Thewissen, « GDP Per Capita Versus Median Household Income: What Gives Rise to the Divergence Over Time and how does this Vary Across OECD Countries? », Review of Income and Wealth, vol. 65, no 3,‎ , p. 465–494 (ISSN 1475-4991, DOI 10.1111/roiw.12362, S2CID 158875885, lire en ligne)
  21. Smeeding, Roser, Nolan et Kenworthy, « Rising Income Inequality and Living Standards in OECD Countries: How Does the Middle Fare? », Journal of Income Distribution, vol. 27, no 2,‎ , p. 1–23 (ISSN 1874-6322, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  22. Atkinson, Hasell, Morelli, and Roser, « The Chartbook of Economic Inequality – Data on Economic Inequality over the long-run » [archive du ], www.chartbookofeconomicinequality.com (consulté le )
  23. Burstein, Henry, Collison et Marczak, « Mapping 123 million neonatal, infant and child deaths between 2000 and 2017 », Nature, vol. 574, no 7778,‎ , p. 353–358 (ISSN 1476-4687, PMID 31619795, PMCID 6800389, DOI 10.1038/s41586-019-1545-0, Bibcode 2019Natur.574..353B)
  24. Bachelet, « Data on child deaths are a call for justice », Nature, vol. 574, no 7778,‎ , p. 297 (PMID 31619786, DOI 10.1038/d41586-019-03058-6, Bibcode 2019Natur.574..297B)
  25. Pretis et Roser, « Carbon dioxide emission-intensity in climate projections: Comparing the observational record to socio-economic scenarios », Energy, vol. 135,‎ , p. 718–725 (ISSN 0360-5442, PMID 29033490, PMCID 5625523, DOI 10.1016/j.energy.2017.06.119)
  26. (en) Max Roser et Jesus Crespo Cuaresma, « Borders Redrawn: Measuring the Statistical Creation of International Trade », The World Economy, Rochester, NY,‎ (lire en ligne)
  27. Sterck, Roser, Ncube et Thewissen, « Allocation of development assistance for health: is the predominance of national income justified? », Health Policy and Planning, vol. 33, no suppl_1,‎ , i14–i23 (ISSN 0268-1080, PMID 29415236, PMCID 5886300, DOI 10.1093/heapol/czw173, lire en ligne)
  28. Hasell et Roser, « How do we know the history of extreme poverty? » [archive du ], Our World in Data, (consulté le )
  29. Thewissen, Ncube, Roser et Sterck, « Allocation of development assistance for health: is the predominance of national income justified? », Health Policy and Planning, vol. 33, no suppl_1,‎ , i14–i23 (ISSN 0268-1080, PMID 29415236, PMCID 5886300, DOI 10.1093/heapol/czw173)
  30. (de) Stefan Kohler, Max Roser, Pascal Geldsetzer et Till Bärnighausen, Global Health, De Gruyter, , 523–556 p. (ISBN 978-3-11-044847-4, DOI 10.1515/9783110448474-020), « Ökonomie und globale Gesundheit »
  31. « Max Roser - Google Scholar Citations » [archive du ], scholar.google.com (consulté le )
  32. Max Roser WIRED 2015 talk: good data will make you an economic optimist (Wired UK), (lire en ligne [archive du ])
  33. « | Human Development Reports » [archive du ], www.hdr.undp.org (consulté le )
  34. Roser, « The past and future of global change – Max's slides for his talk at the UN » [archive du ], Our World in Data, (consulté le )
  35. (en) Rosenberg, « Turning to Big, Big Data to See What Ails the World » [archive du ], The New York Times, (consulté le )
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  40. Prospect Team, « The world's top 50 thinkers 2019 » [archive du ], Prospect, (consulté le )
  41. « Meet The 2019 Lovie Awards Special Achievement Winners » [archive du ], The Lovie Awards, (consulté le )
  42. (en) Chittal, « The Future Perfect 50 » [archive du ], Vox, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]