Marino Faliero
Marino Faliero | |
Marino Faliero par Francisco Pradilla | |
Fonctions | |
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55e doge de Venise | |
– 7 mois et 6 jours |
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Prédécesseur | Andrea Dandolo |
Successeur | Giovanni Gradenigo |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Venise |
Date de décès | |
Lieu de décès | Venise |
Nationalité | Venitien |
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Marino Faliero — également appelé Marin Falier, de son nom en vénitien —, né en 1274 et mort décapité le , est le 55e doge de Venise, élu le .
Biographie
Jeunes années
Marino Faliero est né en 1274[1],[2]. On sait peu de choses sur sa jeunesse, si ce n’est qu’à l’âge de trente ans il devient membre du Conseil des Dix qui venait d'être constitué après la conjuration de Bajamonte Tiepolo.
De noblesse ancienne, issu d'une famille probablement originaire de Fano qui avait déjà donné deux doges à la République de Venise[3], fort riche et propriétaire de vastes terres, Faliero était un homme d’action, hautain mais courageux, capable aussi de gestes violents comme lorsqu'il gifla un évêque qui s’était présenté en retard à une cérémonie présidée par lui[réf. nécessaire].
Dogat
Après la mort d'Andrea Dandolo, Faliero fut élu doge de Venise le , au premier tour de scrutin. Il se trouvait alors à Avignon, comme ambassadeur de Venise auprès du pape Innocent VI.
Il arrive à Venise le 5 octobre suivant, sur le Bucentaure. Son arrivée fut cependant marquée par un incident qui fut qualifié de mauvais augure : perdu dans le brouillard, le navire accosta non pas devant la porte du palais des Doges mais devant les deux colonnes de Saint Marc et de Saint Théodore, entre lesquelles avaient traditionnellement lieu les exécutions capitales.
Son ambition de grandeur, son caractère violent lui firent considérer la fonction ducale comme insuffisante pour un homme de son tempérament.
L'époque de son dogat était en outre marquée par une récession économique dont le peuple pâtissait. Dans de telles conditions, la concurrence avec Gênes était économiquement insupportable ; la guerre contre Gênes avait fortement perturbé le commerce et aggravé les difficultés économiques, conduisant par exemple à un relèvement des taux d’intérêt de 40 %[réf. nécessaire].
De 1350 à 1355, Venise connut une situation économique particulièrement délicate, dans une Europe qui peinait à se remettre des conséquences désastreuses de l'épidémie de peste qui sévit de 1347 à 1351. Faliero tenta alors de négocier un accord secret avec le gouvernement de Gênes, destiné à assouplir la concurrence entre les deux cités rivales.
Conspiration
Faliero eut alors l’idée d’une conjuration permettant d’asseoir la domination de sa famille contre l’aristocratie qui dominait la cité. Il parvint à rallier à son projet quelques grands bourgeois de Venise, comme Bertuccio Isarello, propriétaire de navires, Filippo Calendario, tailleur de pierres et riche propriétaire de chalands ou Bertrando Bergamoso, un riche tanneur.
La date de l’insurrection fut fixée au ; les insurgés, armés, devaient envahir le palais ducal, assassiner les membres des divers Conseils ainsi que les membres de la noblesse présents, supprimer le Grand Conseil et proclamer le doge « Seigneur de Venise ».
La conjuration échoua à cause des confidences de Bergamoso à un de ses amis, le patricien Nicolo Lion. Les conjurés furent rapidement arrêtés et soumis à la torture, livrant le nom de leur chef, le doge en personne. La ville fut alors mise en état d’alarme. Le 16 avril, Bertucio Isarello et Filippo Calendario furent jugés et exécutés, en compagnie de neuf autres conjurés.
Exécution
Le 17 avril, ce fut le tour de Marino Faliero d’être jugé pour haute trahison. Outre la tentative de coup d'État contre les institutions vénitiennes, il lui fut reproché d'avoir tenté de négocier l'accord économique avec Gênes, alors grande rivale de Venise.
Il fut condamné à être décapité. L’exécution eut lieu dans la cour du Palais des Doges, au pied du perron sur lequel, avant de ceindre la couronne ducale, Faliero avait prêté serment d’observer la « promissione ». Le bourreau, son épée dans la main, cria aux spectateurs : « constatez tous qu’il a été fait justice du traître ».
Le cadavre du doge resta exposé toute une journée, la tête tranchée.
Au soir du 18 avril, il fut déposé dans une gondole et inhumé sans aucune cérémonie, dans un caveau creusé dans une chapelle de la basilique de San Zanipolo, nécropole des doges de Venise.
Postérité
En politique
Marino Faliero est le seul des 76 premiers doges à ne pas être peint dans la salle du Grand-Conseil du Palais des Doges, pour cause de haute trahison. L'emplacement où devrait se trouver son portrait montre une tenture noire sur laquelle est inscrite la phrase suivante : « Hic est locus Marini Falieri decapitati pro criminibus » — en français : « Ici se trouve l'emplacement de Marino Faliero, décapité pour ses crimes. »
Cette mise en scène était destinée à impressionner les ennemis de la République et à montrer qu'aucun, fût-il revêtu de la plus haute dignité, n'était à l'abri du châtiment.
Dans l'art et la littérature
L'épisode de la conjuration de Marino Faliero a été porté à la scène à plusieurs reprises :
- Marino Faliero, Doge de Venise, tragédie historique en cinq actes de Lord Byron, terminée le .
- Marino Faliero, tragédie en cinq actes et en vers de Casimir Delavigne, représentée pour la première fois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris le [4],[5].
- Marino Faliero, tragédie lyrique en trois actes, musique de Gaetano Donizetti, livret italien d'Emanuele Bidèra, créée au Théâtre des Italiens de Paris le . Une version avec livret en français, de Louis Danglas, fut créée à Gand en 1852[6].
- Marino Faliero. A tragedy, pièce d'Algernon Swinburne publiée en 1885.
- Ténèbres sur Venise, bande dessinée de Gilles Chaillet publiée en 1987.
- Giorgio Ravegnani, Il traditore di Venezia : vita di Marino Falier doge, Laterza, Bari, 2017.
Notes et références
- (it) « Fiche sur l'encyclopédie Treccani » (consulté le )
- (en) « Fiche sur l'Encyclopédia Brittanica » (consulté le )
- Vital Faliero de' Doni (1084-1095) et Ordelafo Faliero, son fils (1102-1118)
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