Madeleine Béjart

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Madeleine Béjart
Madeleine Béjart jouant le rôle de Magdelon dans Les Précieuses ridicules
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Madeleine Béjart, baptisée le à Paris et morte le dans la même ville, est une comédienne française du XVIIe siècle, célèbre pour sa beauté, la variété de son jeu et sa personnalité de femme indépendante. Après avoir fondé, en 1643, l'Illustre Théâtre avec Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, dont elle fut la compagne avant de devenir sa belle-mère (officiellement sa belle-sœur), elle appartint à toutes les troupes qu'il anima ou dirigea, et créa certains des principaux rôles féminins des comédies qu'il composa.

Biographie[modifier | modifier le code]

Madeleine Béjart est le deuxième enfant de Joseph Béjart, « huissier ordinaire du roi ès eaux et forêts de France au Palais », et de Marie Hervé, « maîtresse toilière-lingère », qui s'étaient mariés en 1615. Certains auteurs ont suggéré qu'à la fin des années 1630, elle aurait joué avec son frère aîné Joseph II au Théâtre du Marais et en province[réf. nécessaire], mais cette hypothèse n'est corroborée par aucune source documentaire. Il semble en revanche certain que très jeune déjà elle a fréquenté les cercles mondains et littéraires de la capitale.

Vers 1637, elle noue une relation amoureuse avec Esprit de Rémond, chevalier (ou comte, ou baron, selon les documents) de Modène, chambellan des affaires de Gaston d'Orléans, dont elle a une fille illégitime, née en juillet 1638. Reconnue par son père, l'enfant est baptisée une semaine plus tard sous le prénom de Françoise à l'église Saint-Eustache de Paris.

La petite Françoise n'ayant laissé aucune autre trace, certains historiens modernes font l'hypothèse qu'elle est morte en bas âge et que Madeleine aurait eu, entre 1641 et la fin de 1642, une seconde enfant du même père, laquelle, déclarée comme la fille de Joseph Béjart et Marie Hervé, aurait été baptisée au cours des années 1650 avec le quadruple prénom d'Armande Grésinde Claire Elisabeth. C'est du fait de cette fiction juridique qu'Armande Béjart[1] a passé officiellement pour la très jeune sœur de Madeleine, alors que beaucoup de contemporains savaient (ou croyaient savoir[N 1]) qu'elle était sa fille.

En 1643, avec quelques amis, parmi lesquels Jean-Baptiste Poquelin (qui n'a pas encore adopté son pseudonyme de Molière), Madeleine participe à la fondation de la troupe de l'« Illustre Théâtre » dont l'acte d'association lui assure la prééminence sur les autres comédiennes[2]. Après l'échec de cette entreprise, où elle se fait cependant remarquer comme une grande actrice tragique, elle est engagée à Pâques 1646 avec les rescapés de la troupe par la compagnie de Charles Dufresne, qui pendant douze ans sillonnera les provinces méridionales du royaume et la vallée du Rhône, avant de revenir à Paris en 1658. Issue d’une famille férue de théâtre[réf. nécessaire], actrice accomplie, elle sait faire montre d’un talent de gestionnaire et contribue à la bonne marche de la troupe recomposée.

Le contrat d'association de 1643 lui donne le libre choix de son rôle dans les pièces du répertoire (mais non dans les pièces nouvelles, toujours distribuées par l'auteur). Ensuite dans les pièces composées par Molière[2], elle partage les premiers rôles avec Catherine De Brie avant de céder sa place à Armande pour être distribuée uniquement désormais dans les rôles de servante, telle Dorine dans Tartuffe, ou de femme d'intrigue, comme Frosine dans L'Avare. Instigatrice de la carrière théâtrale de Molière, Madeleine Béjart meurt le , un an jour pour jour avant son vieux compagnon.

Elle est inhumée sans difficulté sous les charniers de l'église Saint-Paul, à Paris, malgré la règle d'excommunication des comédiens. Il faut donc supposer qu'elle a reçu les derniers sacrements, après avoir solennellement renoncé, de vive voix ou par écrit, à la profession de comédienne.

Dans son roman d'Almahide, publié au début des années 1660, Georges de Scudéry fait d'elle ce portrait élogieux, qui se réfère sans doute davantage à la comédienne de l'Illustre Théâtre qu'à celle de la Troupe de Monsieur : « Elle était belle, elle était galante, elle avait beaucoup d'esprit, elle chantait bien ; elle dansait bien ; elle jouait de toutes sortes d'instruments ; elle écrivait fort joliment en vers et en prose et sa conversation était fort divertissante. Elle était de plus une des meilleures actrices de son siècle et son récit avait tant de charmes qu'elle inspirait véritablement toutes les feintes passions qu'on lui voyait représenter sur le Théâtre. Cette aimable comédienne s'appelait Iébar[3]. »

Quelques-uns de ses rôles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Au XXIe siècle, la question n'est pas résolue avec certitude.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Forestier-Bourqui, t. 1, p. xxiii.
  2. a et b Voir le contrat de fondation de la troupe, à l'article Illustre Théâtre.
  3. Georges [Madeleine ?] de Scudéry, Almahide, Paris, 1661, p. 1536-1537. (En ligne). Le nom de Béjart est ici présenté sous l'anagramme Iébar.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gustave Larroumet, « Une comédienne au XVIIe siècle : Madeleine Béjart », dans Revue des Deux Mondes, , p. 123-157.
  • Alfred Copin, Histoire des comédiens de la troupe de Molière, Paris, 1886, p. 1-30, consultable sur Gallica.
  • Henri Chardon, Nouveaux documents sur les comédiens de campagne et la vie de Molière. Tome premier. M. de Modène, ses deux femmes et Madeleine Béjart, Paris, Picard, 1886, consultable sur Gallica.
  • Léopold Lacour, Les Maîtresses et la femme de Molière, Paris, Éditions d'art et de littérature, 1914, volume I, « Les maîtresses», p.  1-154 et 231-311, consultable sur Internet Archive.
  • Louis Casté, « Monsieur de Modène, Madeleine Béjart et Molière », Provincia, Marseille, 1934, t. XIV, pp. 145-199.
  • René-Thomas Coèle, « Madeleine Béjart et Molière, modèles des peintres Nicolas Mignard et Pierre Mignard, Avignon 1657 », dans Revue d'histoire du théâtre, 1957, tome IV, p. 276-290.
  • Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, Cent ans de recherches sur Molière, sur sa famille et sur les comédiens de sa troupe, Paris, SEVPEN, 1963, consultable en ligne.
  • Georges Mongrédien et Jean Robert, Les Comédiens français du XVIIe siècle. Dictionnaire biographique, Paris, Éditions du CNRS, 1981, p. 34-35.
  • Nicole Aronson, Molière et Madeleine Béjart : le ballet des incompatibles, roman, Paris, Mercure de France, 1990.
  • Georges Forestier et Claude Bourqui, Molière : Œuvres complètes, t. 1, Paris, éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 8), , 1728 p. (ISBN 9782070117413, présentation en ligne)

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]