Ma liberté

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Ma liberté est une chanson de Georges Moustaki, créée pour Serge Reggiani, interprétée et enregistrée en 1967 par ce chanteur, puis par son auteur Georges Moustaki quelques années plus tard, et par bien d'autres.

Histoire de la chanson[modifier | modifier le code]

C'est Barbara qui fait rencontrer Georges Moustaki (déjà connu comme auteur-compositeur pour Édith Piaf) et Serge Reggiani, alors que celui-ci, comédien, a enregistré quelques chansons de Boris Vian puis de Jacques Prévert, avec un certain succès, en pleine vague yéyé (et éprouve plus de difficultés sur scène où le trac l'envahit parfois à ses débuts), et souhaite poursuivre ce parcours d'interprète. Georges Moustaki lui propose plusieurs chansons qu'il accepte, comme Ma liberté, Ma solitude, ou encore Sarah (connue également sous l'intitulé du début du texte La femme qui est dans mon lit)[1],[2],[3],[4]. Serge Reggiani enregistre les titres que lui a créé Georges Moustaki, dont La liberté, avec d'autres titres, dans un album diffusé en 1967 : N°2 Bobino (sous le label Productions Jacques Canetti)[5]. Le thème rentre en résonance auprès des étudiants avec les événements de mai 68 et la remise en cause qui suit des itinéraires traditionnels post-université[4]. Un 45 tours microsillon comprenant 4 titres sort également en 1969[4].

Moustaki n’a jamais enregistré ce titre en studio mais il l'interprète en 1970, trois ans après Serge Reggiani, sur scène, à Bobino de nouveau, dans un concert enregistré qui donne lieu à un album, Bobino 70 (une première interprétation de Moustaki, dès 1969, se trouve aussi dans les archives de l’INA)[2]. C'est son premier grand concert en solo, lui qui s'était tenu précédemment dans l'ombre d'autres interprètes, jusqu'à la création d'un titre, Le Métèque, qu'il a tenu à chanter lui-même, et qui a été un grand succès. Cette chanson Ma liberté a été également reprise par de nombreux artistes, comme en 2012 par Chimène Badi, en 2014 par Isabelle Boulay et en 2015 par Yuri Buenaventura.

Sans qu'on sache pourquoi, les versions de Serge Reggiani et de Georges Moustaki diffèrent légèrement y compris dans le texte, sans que le sens en soit profondément modifié.

Par exemple, Georges Moustaki chante : «.... Ma liberté / Devant tes volontés / Mon âme était soumise / Ma liberté / Je t'avais tout donné ... »,

Là où Reggiani chante : «... Ma liberté / Devant tes volontés / Ma vie était soumise / Ma liberté / Je t'avais tout prêté .. »[2].

Est-ce Reggiani qui adapte légèrement la proposition de Moustaki, ou Moustaki qui apporte quelques variations infimes sur son texte initial[2] ? Le thème est dans les deux cas le même : il porte sur les aspects positifs et négatifs d’une vie de liberté (qui permet de « larguer les amarres » mais apporte aussi son lot de souffrance « pour pouvoir satisfaire [ses] moindres exigences »)[2]. Et dans le final, il est expliqué comment le choix d'une vie de liberté a été trahi en définitive en choisissant de s’enfermer dans une prison mais une « prison d’amour » gardée par une « belle geôlière »[2]. Chacun des chanteurs apporte sa sensibilité, avec pour Reggiani une interprétation légèrement plus dramatique, plus nostalgique, comprenant davantage de vibrato dans la voix, alors que la voix de Moustaki est très posée, presque soumise, et l'accompagnement musical plus centré sur la guitare[2].

Dans les autres médias[modifier | modifier le code]

Cette chanson a été reprise dans d'autres œuvres, notamment dans des bandes sons télévisuelles ou cinématographiques comme en 2016 dans Willy 1er de Marielle Gautier, Hugo P. Thomas, Ludovic et Zoran Boukherma).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Le Métèque, Ma liberté, et autres chansons de Georges Moustaki », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f et g Olivier Migliore, « Ma liberté de Moustaki, ou l’analyse d’une transformation », Genesis, no 52,‎ (DOI 10.4000/genesis.5854, lire en ligne)
  3. Jacques Pessis, « L'Œil de l'INA : Serge Reggiani, le fabuleux destin du "petit" Italien », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c Fabien Lecœuvre, « Ma liberté », dans Le petit Lecœuvre illustré. Dictionnaire. Histoire des chansons de A à Z, Éditions du Rocher, , p. 332
  5. « Serge Reggiani – Album N° 2 - Bobino », sur Discogs

Liens externes[modifier | modifier le code]