Médiathèques de Brest

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Le réseau des médiathèques de Brest est constitué de huit établissements répartis dans les différents quartiers de Brest. Il met à la disposition de chacun plus de 700 000 documents sur différents supports : livres, journaux et revues, CD, partitions, DVD, tablettes et livres numériques, consultables librement et gratuitement. Ouverte en janvier 2017, la médiathèque François-Mitterrand – Les Capucins devient le plus grand site des bibliothèques municipales et contribue à la rénovation urbaine de la rive droite de la Penfeld.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le dépôt littéraire de Brest est créé en 1794 par décret de la Convention. Il est constitué par les collections confisquées à l'abbaye de Saint-Mathieu, aux Carmes de Brest et aux Capucins de Recouvrance[1],[2]. Les ouvrages sont déposés dans la maison dite « Bureau des Marchands », devenue propriété nationale. À la fin de la Révolution française, « Le catalogue des objets échappés au vandalisme » de Cambry en 1794-1795 indique 26 000 volumes pour Brest, chiffre peut-être excessif[3], mais qui est celui indiqué comme composant le fonds de la bibliothèque du district en 1800 dans un ouvrage publié en 1876 sur l'histoire de la ville[4]. Les collections confisquées sont triées et classées au dépôt de Brest par l’abbé Jacques Béchennec (1726-1804), aumônier de l’Intendance de la Marine et grand collectionneur de coquillages, et par Duval Le Roy, professeur de mathématiques à l’école du port de Brest[2]. L'abbé Béchennec, ancien prêtre assermenté et ancien fonctionnaire sous la Terreur, bibliophile et auteur d'un cabinet de curiosité remarqué[5],[6], en devient le premier bibliothécaire.

En 1801, le premier catalogue rédigé par l'abbé Béchennec indique 2 500 volumes (plus 3 100 mis de côté) car les documents mentionnés en 1794-1795 ont été réclamés et remis à leurs propriétaires d'origine, voire vendus, certains manuscrits ayant même été transformés en gargousses, voire récupérés par l'abbé lui-même en compensation de l'absence de traitement. En 1802, le préfet autorise le conseil municipal à reverser des fonds (prélevés sur le bénéfice des octrois) et les 5 600 listés dans le catalogue de Cambry pour reconstituer la bibliothèque. Mais à sa mort en 1804, l'abbé Béchennec n'est pas remplacé. En 1812, à la suite de divers prélèvements autorisés par d'autres institutions locales comme pour la Marine, l'hospice civil, l'évêché ou l'Ecole Centrale, le nombre de volumes tombe à 750.

La reconstitution de la bibliothèque semble remonter à 1833 sur volonté municipale avec des dons (dont 9 volumes donnés par Adolphe Thiers) et des tentatives - souvent vaines - de récupérer des documents prélevés (notamment à l'évêché). Le premier poste de bibliothécaire-archiviste est créé en 1843 pour le poète Hippolyte Violeau, qui ne semble pas le plus enthousiaste à cette fonction et qui quitte ses fonctions l'année suivante. En 1846, Fleury réalise le premier catalogue raisonné et méthodique de la bibliothèque et des archives (les deux étant encore liées) et un premier historique de la bibliothèque. La municipalité mène une politique d'achats active et ouvre une salle de lecture dans les combles de l'hôtel de ville en 1850. A cette date, elle gère environ 5 000 volumes, fonds régulièrement enrichi : le succès étant au rendez-vous, la salle de lecture est transférée dans une galerie de la halle aux blés, à proximité du musée, avec 24 000 volumes en 1853 (et plus de 16 500 lecteurs inscrits et plus de 19 500 prêts sur place en 1864 car "aucun ouvrage ne sortira de la bibliothèque" selon le règlement de cette année). Le règlement stipule que "les employés devront refuser aux jeunes gens les ouvrages dont la lecture pourrait être dangereuse", que "le silence le plus absolu doit être conservé", que "les personnes qui se présenteront à la bibliothèque devront être proprement vêtues" et que "les enfants ne seront point admis". Les "séances du soir" accueillent 50 lecteurs en moyenne. La bibliothéconomie se professionnalise : impression du catalogue, premier récolement, réalisation des fiches catalographiques, enregistrement de chaque don et legs qui restent très nombreux. En 1898, la bibliothèque compte 56 000 volumes. Dès 1873, le responsable fait état des découpages de gravures dans les livres et des problèmes avec les scolaires.

En 1912, la bibliothèque est ouverte du mardi au samedi, de 10h à 18h de juin à septembre, de 10h à 17h les autres mois, avec une ouverture supplémentaire de 19h à 22h. L'équipe se compose de 4 personnes. Mais le prêt à domicile ne s'effectue encore que sur autorisation expresse du maire, sur proposition du bibliothécaire : il ne sera mentionné que dans le règlement de 1907, car la fonction première est celle d'une bibliothèque d'étude (le prêts de romans relevant des cabinets de lecture et des bibliothèques populaires).

En 1938 débutent des évacuations par crainte des menaces croissantes de guerre, en priorisant les ouvrages et documents les plus précieux (car en 1939, la bibliothèque compte 120 000 documents), conservés dans plusieurs lieux successifs. Un état des lieux de la lecture publique en 1940 ne dénombre pas moins de 40 bibliothèques à Brest : en plus de la bibliothèque municipale, 4 bibliothèques populaires, des bibliothèques d'administrations, des bibliothèques privées, des bibliothèques paroissiales, des cabinets de lecture...

En avril et en juillet 1941, la bibliothèque (ainsi que le musée) est détruite une première fois par des bombardements. Malgré les sauvetages, les subventions, la récupération des fonds des bibliothèques populaires, l'aide de l'association des amis de la bibliothèque (fondée en 1943) et les dons, ses collections en cours de reconstitution par l'énergique Geneviève d'Harcourt (en poste depuis 1939 jusqu'en 1943) sont à nouveau détruites par un second bombardement lors du siège de Brest en août 1944.

Bibliothèque municipale provisoire installée dans deux classes d'une école maternelle 6 rue Bugeaud en 1941, après les bombardements de la halle aux blés.

Après la guerre, la bibliothèque reconstitue ses collections mais est hébergée dans deux baraques provisoires. Un nouveau bâtiment, commencé en 1954 est inauguré en 1957. L'essor de la lecture publique à partir des années 1970 permet d'ouvrir des médiathèques de quartier et la création d'un bibliobus[7].


Sites[modifier | modifier le code]

Collections patrimoniales[modifier | modifier le code]

Les collections patrimoniales du réseau des médiathèques de Brest sont conservées à la médiathèque François Mitterrand - les Capucins.

Ces  collections rassemblent  11 000 documents, rares ou précieux, du XVe siècle au XXIe siècle comprenant 7 incunables, 200 manuscrits, près de 200 livres d’artiste ainsi que 3000 volumes de journaux, essentiellement du XIXe siècle. Les fonds numérisés sur le site Internet Yroise sont le reflet des fonds conservés physiquement dans la réserve patrimoniale[8].

Le fonds patrimonial est valorisé par la bibliothèque numérique Yroise, ouverte en 2021, sur le modèle des "marques blanches" de Gallica de la BnF. Cette bibliothèque a été financée par le programme Bibliothèque Numérique de Référence (phase 1) du Ministère de la Culture.

Expositions[modifier | modifier le code]

Les médiathèques organisent périodiquement des expositions, comme la Recouvrance[9], le monde de Jim Sévellec[10], Imaginaires, les rivalités dans le football à Brest[11] etc.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Fonds patrimonial, 1450-9999 », sur ccfr.bnf.fr (consulté le )
  2. a et b Olivier Desgranges, « L’affectation des bibliothèques confisquées à Rochefort, ville-arsenal de la Marine (1790-1803) », Histoire et civilisation du livre, vol. 14,‎ , p. 335‑351 (lire en ligne Accès libre)
  3. Jacques (1749-1807) Auteur du texte Cambry, Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l'an III (Nouv. éd.) / par Cambry ; publ. par ordre de l'administration du département, (lire en ligne)
  4. Levot, P. J., Histoire de la ville et du port de Brest sous le Directoire et le Consulat; avec un plan de la ville et du port, etc, Brest, , 476 p. (lire en ligne)
  5. Marrache-Gouraud, M., Martin, P., Moncond’hui, D., & Pasquier, T., « Cabinet de Béchennec (Abbé) », sur Curiositas, les cabinets de curiosités en Europe (consulté le )
  6. Cambry, J., Voyage dans le Finistère: ou, État de ce département en 1794 et 1795, Volume 2, vol. 2, Brest, France, Brest : Come, fils ainé et Bonetbeau, fils, , 639 p. (lire en ligne Accès libre), p. 146
  7. Patrimoine des bibliothèques de France. 8: Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Payot, (ISBN 978-2-228-88971-1)
  8. « Qui sommes nous? | Yroise », sur yroise.biblio.brest.fr (consulté le )
  9. « Exposition "La Recouvrance : 30 ans de navigation" | Ateliers des Capucins », sur www.ateliersdescapucins.fr (consulté le )
  10. « Exposition "Dans les pas de Jim Sévellec" | Ateliers des Capucins », sur www.ateliersdescapucins.fr (consulté le )
  11. François BRULÉ, « À Brest, un siècle de foot brestois réuni dans une exposition », sur Ouest-France.fr, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Bleton 1959] Jean Bleton, La nouvelle Bibliothèque municipale de Brest, Bulletin des bibliothèques de France, (lire en ligne), p. 113-117
  • Hélène Sainsot, "Brest : bibliothèque municipale", dans Patrimoine des bibliothèques de France : Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Payot, 1995, 9782228889711, p.48
  • Jean-Claude Le Dro, Historique de la bibliothèque municipale de Brest : des origines à 1979, Brest, 1981

Liens externes[modifier | modifier le code]