Le Gardien (Pinter)

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Le Gardien
The Caretaker
Auteur Harold Pinter
Genre Comédie dramatique
Nb. d'actes 3
Dates d'écriture 1959
Lieu de parution Londres
Éditeur Eyre Methuen
Date de parution 1960
Compagnie théâtrale le au Arts Theatre, Londres
Metteur en scène Donald McWhinnie
Personnages principaux
Aston
Mick
Davies

Le Gardien (The Caretaker) est une pièce de théâtre en trois actes du dramaturge et prix Nobel britannique Harold Pinter, écrite en 1959 et publié en 1960 par Eyre Methuen.

C'est la sixième pièce de Pinter et son premier succès en tant que dramaturge. La première représentation a lieu au Arts Theatre à Londres le . La production est ensuite transférée au Duchess Theatre au bout d'un mois. Cette première mise en scène obtient un total de 452 représentations pour une recette de 35 000 livres[1]. La même production est reprise sur Broadway en .

La pièce tire son origine d'un épisode de la vie de Pinter, qui occupa un appartement voisin de celui de deux frères, dont l'un hébergea momentanément un clochard. Pinter lui-même avait très peu d'argent à l'époque.

La pièce a été adaptée au cinéma par Clive Donner en 1963, sous le titre The Caretaker.

Argument[modifier | modifier le code]

Aston invite Davies chez lui (une pièce unique encombrée d'un bric-à-brac) après l'avoir tiré d'une dispute dans un café. Davies finit par accepter l'offre d'Aston de l'héberger temporairement, n'ayant ni argent, ni domicile, ni papiers. Il se révèle vite être un vieil homme opportuniste, parasitique et peu amène, se plaignant de tout et volontiers raciste. Mick, propriétaire de la maison dans laquelle vit son frère Aston, semble irrité par l'intrusion de Davies et le rudoie. Aston propose à Davies d'être gardien de l'immeuble mais sa patience finit par s'user devant l'égoïsme du vieil homme. Davies tente alors d'obtenir l'appui de Mick contre son frère, mais la manœuvre échoue. À la fin de la pièce Davies en appelle à nouveau à Aston mais il est clair que ce sera en vain.

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Aston, un jeune homme qui a subi un traitement psychiatrique. De nature semble-t-il généreuse, il offre l'hospitalité à Davies.
  • Mick, son frère cadet.
  • Davies, un clochard. Ce personnage aime parler de lui, et la présence même d'Aston, lui suffit à tenir un discours, plus destiné à lui-même, qu'à Aston. Pour le spectateur (et le lecteur), il est difficile de croire à tout ce qu'il affirme. Davies a un problème d'identité et il se perd entre son "monde" à lui et la réalité.

Thèmes[modifier | modifier le code]

Pinter est associé au théâtre de l'absurde, et on trouve dans sa pièce des éléments qui s'y rattachent. Ainsi le comportement des personnages n'est pas toujours clairement motivé : que font Aston et Mick dans cette chambre ? Pourquoi Aston héberge-t-il Davies ? Pourquoi Mick lui est-il hostile d'emblée ? Pourquoi les deux frères offrent-ils un emploi de gardien à Davies ? Est-ce une offre sincère ? Ont-ils d'ailleurs besoin d'un gardien ? Qui est réellement Davies, qui a deux ou trois noms ? Chacun des trois protagonistes semble se réfugier dans des projets dont on comprend vite qu'ils ne verront jamais le jour : récupérer d'hypothétiques papiers laissés à Sidcup depuis quinze ans pour Davies ; construire un abri dans le jardin pour Aston, préalable à la rénovation de la maison ; faire du taudis un appartement de standing pour Mick ; comme Vladimir et Estragon dans En attendant Godot, ils attendent, tentant de s'abuser eux-mêmes par des chimères supposées améliorer leur existence et lui donner sens.

Cependant, la pièce ne rejette pas entièrement les conventions dramatiques : elle contient une intrigue, certes ténue mais qui progresse entre un début et une fin, et les personnages ne sont pas entièrement détachés de la réalité. Il n'est pas impossible d'attribuer une explication rationnelle à leur comportement. Et si les échanges verbaux entre Aston, Davies et Mick manquent souvent de suite, si les pauses et les hésitations abondent, si certains de leurs comportements paraissent étranges, il n'est pas possible pour autant de parler d'irrationalité ou d'illogisme : au fond ce sont des échanges qui rappellent curieusement ce que l'on entend dans la vie réelle.

Publications et traductions françaises[modifier | modifier le code]

  • La Collection (suivi de) L'amant (et de) Le Gardien, trad. de l'anglais par Éric Kahane, Gallimard, 1967 ; et rééd.
  • Le Gardien, trad. de l'anglais par Éric Kahane, Paris, L'Avant-scène, 1970
  • Le Gardien, nouvelle traduction de Philippe Djian, Gallimard, 2006

Production originale britannique[modifier | modifier le code]

Arts Theatre, Londres, 1960[modifier | modifier le code]

Lors de cette première mise en scène, Pinter joue lui-même le rôle de Mick certains soirs, en remplacement de Bates.

La même production est reprise sur Broadway à partir du pour 165 représentations. En Amérique, Peter Woodthorpe est remplacé par Robert Shaw.

Productions françaises[modifier | modifier le code]

Théâtre de Lutèce, 1961[modifier | modifier le code]

Théâtre Moderne, 1969[modifier | modifier le code]

Théâtre Daniel Sorano, 1981[modifier | modifier le code]

Théâtre de l'Œuvre, 1989[modifier | modifier le code]

Théâtre de l'Œuvre, 2006[modifier | modifier le code]

Adaptation cinématographique[modifier | modifier le code]

La distribution du film reprend celle de la production originale jouée sur Broadway.

Récompense

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Theatre archive : the Caretaker.
  2. « Jamais deux sans trois », Jean-Pierre Thiollet, Le Quotidien de Paris, 5 janvier 1981