Jeanne Chauvin
Jeanne Chauvin, née en 1862 et morte en 1926, est la première femme avocate française à plaider, en 1907.
Biographie
Fille de notaire, elle est la deuxième femme de France à obtenir une licence de droit en 1890 et la première à soutenir son doctorat en 1892[1], qu'elle consacre aux professions accessibles aux femmes.
Sarmiza Bilcescu, première doctoresse en droit dans le monde, est la première femme à suivre régulièrement les cours à la faculté de Droit de l'université de Paris. Elle soutient sa thèse de doctorat en Droit en 1890, ayant pour titre « De la condition légale de la mère », deux ans avant sa collègue française Jeanne Chauvin.
Le 24 novembre 1897, pourvue de tous les diplômes requis, elle se présente à la Cour d'appel de Paris pour prêter le serment d'avocat. Elle essuie un refus, au motif que la loi n'autorise pas les femmes à exercer la profession d'avocat, exercice viril par excellence. Elle devra attendre trois ans, à la suite de pressions féministes, pour que Raymond Poincaré et René Viviani fassent voter une loi qui fut promulguée le permettant aux femmes d'accéder pleinement au barreau avec accès à la plaidoirie. C'est ainsi qu'elle peut prêter serment le , la deuxième après Mme Petit, qui a prêté serment le . Jeanne Chauvin fut cependant la première avocate de France à plaider, en 1907.
La loi de décembre 1900 suscite une réaction misogyne importante aussi bien au Palais que dans le public. Certains juristes, comme le juge Paul Magnaud, applaudissent cependant à cette entrée des femmes dans le palais de justice, espérant même qu'elles pourraient bientôt devenir magistrates. Les choses ont bien évolué puisque près de la moitié des effectifs des barreaux est aujourd'hui représentée par des femmes.
Elle est professeur de droit au lycée Molière (Paris)[2].
Bibliographie
- Jeanne Chauvin, Étude historique sur les professions accessible aux femmes : influence du sémitisme sur l’évolution de la position économique de la femme dans la société, Paris, Giard et Brière, 1892
- Jeanne Chauvin, Cours de droit professé dans les lycées de jeunes filles de Paris, Édition V. Giard & E. Brière, Paris, 1895
- Sara Lynn Kimble, Justice Redressed: Women, Citizenship, and the Social Uses of the Law in Modern France, 1890-1939, Ph.D., University of Iowa, 2002
- Mary Jane Mossman, The First Women Lawyers: A Comparative Study of Gender, Law and the Legal Professions, Portland, Hart, 2006
Références
- Catherine Marry, Celles qui dérogent... in Christian Baudelot et Roger Establet, Quoi de neuf chez les filles ? : entre stéréotypes et libertés, Nathan – (ISBN 978-2-09278-083-1)
- Centenaire du lycée Molière. Mémorial 1888-1988, p. 68.
- Sylvie Chaperon. "Une génération d’intellectuelles dans le sillage de Simone de Beauvoir" ("Una generación de intelectuales en la estela de Simone de Beauvoir"), in Clio, 13/2001 http://clio.revues.org/135?&id=135]
- Carole Lécuyer. "Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République: l'étudiante" , in Clio, 4/1996 http://clio.revues.org/437?&id=437]
- Savoir et Recherche. La Place des Femmes , Université du Littoral Côte d'Opal, Working Paper Nº 16, enero 2006, p.7 http://riien.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2007/01/doc116.pdf]