Jacques Decour

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Jacques Decour
Fonction
Rédacteur en chef
Commune
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Daniel DecourdemancheVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Jacques DecourVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Jacques Decour, nom de plume de Daniel Decourdemanche, est un écrivain et résistant français, né le à Paris, mort pour la France fusillé par les nazis le (à 32 ans) au fort du Mont-Valérien.

Biographie

Né dans une famille d'agents de change, Jacques Decour fait ses études à Paris au lycée Carnot, où il reste six ans, puis au lycée Pasteur de Neuilly. Il commence des études de droit, mais, après quelques années, change d'orientation : il étudie la littérature allemande et devient, en 1932, le plus jeune agrégé d'allemand de France[1].

En 1930, il publie son premier roman, Le Sage et le Caporal, chez Gallimard. Il est nommé, en 1931, professeur de français en Prusse au lycée de Magdebourg. Là, il écrit Philisterburg, qui décrit les risques que représentent la montée du nationalisme et « le mythe inadmissible de la race ». Ce livre, publié en 1932, fait scandale en France où l'opinion publique refuse de prendre en compte les signes menaçants provenant d'Allemagne.

Il est ensuite nommé au lycée de Reims et adhère au mouvement des jeunesses communistes. Il part ensuite à Tours où il entre au Parti communiste.

En 1937, il devient professeur d'allemand à Paris au lycée Rollin (lycée qui, à la Libération, deviendra le lycée Jacques-Decour en son hommage). La même année, il devient rédacteur en chef de la revue Commune, éditée par l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont le directeur est Louis Aragon. À la démobilisation, il entre dans la Résistance en créant deux revues : en 1940 L'Université libre et en 1941 La Pensée libre, qui sera la plus importante publication clandestine de la France occupée.

En 1941, Decour devient le responsable du Comité national des écrivains qui projette la publication d'une nouvelle revue, les Lettres françaises qu'il ne verra pas paraitre, puisque le , Decour est arrêté par la police française. Remis aux Allemands, il passe en jugement devant le tribunal militaire allemand. Son avocat est Maître Fernand Mouquin. Condamné à mort, il est fusillé le , une semaine après Georges Politzer et Jacques Solomon. En prison, le jour de son exécution, il écrit à sa famille une lettre particulièrement émouvante, message d'adieu d'un condamné à ceux qu'il aime. Il y exprime notamment sa confiance dans la jeunesse, persuadé que son sacrifice ne sera pas vain :

« .../... comme je n'ai pas de religion, je n'ai pas sombré dans la méditation de la mort; je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour faire du terreau. La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles. Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir[2]. »

Publications

Sépulture de Jacques Decour au cimetière Montmartre.
  • Le Sage et le Caporal, Gallimard, Paris, 1930 ; réédition Farrago, Tours, 2002 (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites).
  • Philisterburg, Gallimard, Paris, 1932 ; réédition Farrago, Tours, 2003.
  • La Révolte, article de La Nouvelle Revue française, no 246, , repris dans Comme je vous en donne l'exemple... et dans Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites, Farrago, 2002.
  • La Religion romantique en Allemagne, dépôt de sujet de thèse de doctorat, 1934.
  • Les Pères, Gallimard, 1936 ; réédition Farrago, Tours, 2002 ; (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites).
  • Pages choisies de Jacques Decour, les Éditions de Minuit, Paris, (publié dans la clandestinité pour le Comité national des écrivains), préface non signée de Jean Paulhan.
  • Comme je vous en donne l'exemple..., textes de Jacques Decour présentés par Aragon, Éditions sociales, Paris, 1945 ; réédition Les Éditeurs français réunis, 1974.
  • Nos jeunes morts sont secrets. Littérature et résistance, Éditions Farrago, 2003.
  • La Faune de la collaboration. Articles 1932-1942, Éditions La Thébaïde, 2012
  • Quand vous voudrez de mes nouvelles..., textes et photos de Jacques Decour, publié à l'occasion du 75e anniversaire de sa mort, édition établie par Emmanuel Bluteau, La Thébaïde, 2017.

Traduction

  • Le Triomphe de la sensibilité, in Théâtre complet de Goethe, Bibliothèque de la Pléiade, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1942.
  • Les Mystères de la maturité de Hans Carossa, éditions Stock, 1941 (sous le nom de Daniel Decourdemanche).
  • L'Art gothique de Wilhelm Worringer, Paris, Gallimard, 1941 (sous le nom de Daniel Decourdemanche).
  • La Carrière de Doris Hart de Vicki Baum, 1948.
  • Les dessous de la diplomatie de Hans Rudolf Berndorff, 1932.
  • Suivi de L’élaboration de la pensée par le discours de Heinrich von Kleist.
  • Le Roman d’un coup d’État d'Alfred Neumann, 1935.
  • Les désordres sexuels de Richard Schauer, 1934.
  • La Sexualité dans l’univers de Curt Thesing, 1933.
  • Le fils d’Hannibal de Ludwig Ernst Wolff, 1938.

Hommages

National

Jacques Decour est cité à l'ordre de la Nation le [3]. Son nom est gravé au Panthéon sur une plaque citant la liste des « écrivains morts pour la France » pendant la guerre de 1939-1945.

La mention Mort pour la France lui est attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants en date du [4].

Jacques Decour au présent

18 villes en France et 2 en Allemagne honorent le nom de Jacques Decour:

  • Bobigny (Seine- Saint-Denis) : École élémentaire « Jacques Decour »
  • Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) : Groupe scolaire « Jacques Decour », Maternelle + Élémentaire. Ligne de bus no 201, arrêt « Jacques Decour ». Musée de la Résistance Nationale, panneau « Jean Paulhan », Jacques Decour cité
  • Combes et Rosis (Hérault) : Forêt domaniale des Écrivains combattants, stèle « Allée Jacques Decour ». Écrivains qui « ont versé peu d’encre, mais tout leur sang » (Roland Dorgelès). Stèle rénovée, ainsi que les 64 autres. Inauguration le par le sous-préfet de Béziers en présence de l’Association des Écrivains combattants (AEC)
  • Fleury-Mérogis (Essonne) : Rue « Jacques Decour »
  • Garges-Les-Gonesse (Val-d’Oise) : Ligne de bus no 31, arrêt « Jacques Decour ». Rue « Jacques Decour »
  • Lanester (Morbihan) : Rue « Jacques Decour »
  • Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) : Boulevard « Jacques Decour ». Cité « Jacques Decour ». Gymnase « Jacques Decour ». Groupe scolaire « Jacques Decour », Maternelle + Élémentaire. Décision du Conseil municipal du . Inauguration le par Mme Denise Decourdemanche, sa sœur. Ligne de bus no 620, arrêt « Cité Jacques Decour ». Square « Jacques Decour »
  • Magdeburg (Allemagne) : Stolperstein « Hier lehrte Daniel Decourdemanche, gen. Jacques Decour, Jg.1910, Resistance, verhaftet 17.2.1942, ermordet 30.5.1942, Paris ». Pavé de mémoire inauguré le devant le Domgymnasium où Jacques Decour fut professeur d’échange en 1930-1931
  • Montataire (Oise) : Groupe scolaire « Jacques Decour », Maternelle + Élémentaire. Rue « Jacques Decour ». Décision du Conseil municipal du
  • Nanterre (Hauts-de-Seine) : Club d’échecs « Jacques Decour ». Groupe scolaire « Jacques Decour », Maternelle + Élémentaire. PMI (Protection maternelle infantile) « Jacques Decour ». Rue « Jacques Decour ». Salle de quartier polyvalente « Jacques Decour ». Square « Jacques Decour »
  • Paris (Ville de Paris) : Cité scolaire « Jacques Decour » (IXe), Collège + Lycée. Plaque « Aux écrivains morts pour la France » au Panthéon (Ve), Jacques Decour cité. Sépulture au cimetière de Montmartre (XVIIIe), division 25, ligne 19, tombe 13
  • Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) : Fonds « Jacques Decour », Archives nationales. Don de Mme Brigitte Decourdemanche, sa fille, le . Pôle Seconde Guerre mondiale
  • Reims (Marne) : Plaque « Aux morts pour la France 1939-1945 », collège Université, Jacques Decour cité. Plaque « Guerre de 1939-1945, morts en déportation et dans les Territoires d’Outre-mer », lycée Georges Clemenceau (hall du bâtiment administratif) inaugurée en 1958, Jacques Decour cité. Plaque « Honneur à tous les maîtres de l’école laïque victimes de la barbarie nazie tombés pour la défense de la liberté. Honneur à nos héros marnais », square des Victimes-de-la-Gestapo, Jacques Decour cité
  • Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines) : Rue « Jacques Decour ». Inaugurée en 1958
  • Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) : Collège « Jacques Decour ». Ligne de bus no 50 « Jacques Decour »
  • Sevran (Seine-Saint-Denis) : Allée « Jacques Decour ». Ligne de bus no 618, arrêt « Jacques Decour »
  • Suresnes (Hauts-de-Seine) : Cloche des Fusillés, Mont-Valérien, Daniel Decourdemanche cité. Domicile familial 19, rue « Jacques Decour » (ex rue des Verjus)[5],[6]. Ligne de bus AS, arrêt « Jacques Decour ». Rue « Jacques Decour »
  • Tours (Indre-et-Loire) : Plaque commémorative, lycée Descartes (hall d’honneur), dévoilée le . Rue « Jacques Decour », inaugurée le et cérémonie de l’Amicale des Vétérans du PCF 37, Tours Nord
  • Tübingen (Allemagne) : Wildermuth-Schule, construite en 1927. Renommée «Collège Decourdemanche » (1945-1955) par les militaires français alors en poste dans la zone Sud de la ville
  • Vierzon (Cher) : Rue « Jacques Decour ». Décision du Conseil municipal du

Notes et références

  1. Notes sur Jacques Decour, sur le site de l'académie d’Orléans-Tours.
  2. La vie à en mourir, lettres de fusillés, 1941-1944, Taillandier, 2003.
  3. Nicole Racine, « DECOUR Jacques [DECOURDEMANCHE Daniel, dit] », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr (consulté le ).
  4. Daniel DECOURDEMANCHE alias Jacques Decour, base des fusillés du Mont-Valérien, site memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  5. Michel Hebert et Guy Noël, Suresnes. Mémoire en images, t. 1, Éditions Alan Sutton, 1995, p. 60.
  6. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 28.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Decour, l'Oublié des lettres françaises, par Pierre Favre, Farrago, 2002, (ISBN 2-84490-099-2).
  • Jacques Decour, par Jean Paulhan, 1943.
  • L’Allemagne vue par les écrivains de la résistance française, par Konrad Bieber, préface d'Albert Camus, 1954.
  • Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), par l'Association des écrivains combattants, 1960.
  • La Résistance et ses poètes : France, 1940-1945, par Pierre Seghers, 1974.
  • La guerre des cancres : un lycée au cœur de la Résistance et de la collaboration, par Bertrand Matot, 2010.
  • Quand vous voudrez de mes nouvelles... Publié à l'occasion du 75e anniversaire de la mort de Jacques Decour, La Thébaïde collection Histoire, 2017.

Articles connexes

Liens externes

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