Hivernage de la flotte ottomane à Toulon

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La flotte barbaresque hivernant dans le havre à Toulon en , par Matrakçı Nasuh (en). En bas à droite, on voit la Tour royale, alors récemment construite en .

L'hivernage de la flotte ottomane à Toulon est un épisode de l'alliance franco-ottomane qui eut lieu pendant l'hiver , au cours duquel François Ier invita la marine ottomane à hiverner dans la rade de Toulon. Il survint immédiatement après le siège de Nice par les forces franco-ottomanes.

Occupation de Toulon par les forces d'Alger[modifier | modifier le code]

François Ier offrit cet hivernage[1] à Khayr ad-Din Barberousse, alors beylerbey d'Alger, pour que les Ottomans puissent continuer à harceler le Saint-Empire romain germanique, et particulièrement les côtes de l'Espagne et de l'Italie, ainsi que la communication entre les deux pays[2].

Seuls les chefs de famille furent autorisés à demeurer en ville. Le reste de la population dut partir, sous peine de mort. François Ier indemnisa cependant les Toulonnais, les exemptant de la taille pendant dix ans[3].

Pendant cet hivernage, les équipages en provenance d'Alger contrôlaient totalement Toulon, comme une colonie implantée en territoire français[4]. La cathédrale de Toulon fut transformée en mosquée, l'appel à la prière eut lieu cinq fois par jour[réf. nécessaire] et la monnaie algéroise[5] était utilisée[réf. incomplète]. Selon un observateur, « à voir Toulon, on pourrait s'imaginer à Constantinople »[6]. Selon l'historien Jean Bérenger, « les Provençaux furent finalement surpris par la discipline des Turcs et l'on note un début de fraternisation entre Chrétiens et Musulmans, en dépit d'incidents mineurs »[7].

Tout au long de cet hiver, les troupes en provenances d'Alger[8] purent se servir de Toulon comme base pour attaquer l'Espagne et l'Italie sous la direction de l'amiral Salih Reis[9] (futur beylerbey d'Alger). Elles ont bombardé et fait des raids sur Barcelone, San Remo, Borghetto Santo Spirito et Ceriale en Italie, et aussi repoussé les attaques navales des Italiens et des Espagnols[10]. Durant cette période, des esclaves chrétiens étaient à vendre à Toulon[11] (ce qui rappelait le marché d'esclaves d'Alger)[Interprétation personnelle ?].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Robert Knecht, Francis I, Londres, New York et Melbourne, Cambridge University Press, , XV-480 p. (ISBN 0-521-24344-0 et 0-521-27887-2), p. 365–366 [lire en ligne].
  2. Théodose Auzias, « Lecture sur le capitaine Paulin, baron de la Garde » (séance du ), Bulletin de l'Académie delphinale, Grenoble, Imprimerie municipale de Prudhomme, t. 5,‎ , p. 152 (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Robert Knecht, The Rise and Fall of Renaissance France, , Oxford, Blackwell, coll. « Blackwell Classic Histories of Europe », , 2e éd. (1re éd. 1996), 591 p. (ISBN 0-631-22728-8 et 0-631-22729-6), p. 181.
  4. (en) M.S. Anderson (en), The Origins of the Modern European State System, , Londres et New York, Routledge, coll. « The Modern European State System », , 2e éd. (1re éd. 1998, Longman), IX-318 p. (ISBN 0-582-22944-8, 0-582-22945-6, 978-1-317-89275-5, 978-1-138-15370-7 et 978-1-317-89276-2, DOI 10.4324/9781315843735), p. 115–116 [lire en ligne].
  5. (en) Christine Isom-Verhaaren, Allies with the Infidel : The Ottoman and French Alliance in the Sixteenth Century, Londres, I.B. Tauris, coll. « The Library of Ottoman Studies » (no 30), , XI-274 p. (ISBN 978-1-84885-728-5, 978-0-85773-227-9, 978-0-85771-973-7 et 978-1-78076-497-9, DOI 10.5040/9780755616701, lire en ligne), p. ???[réf. incomplète].
  6. (en) Roger Crowley (en), Empires of the Sea : The Final Battle for the Mediterranean, , Londres, Faber and Faber, , IX-341 p. (ISBN 978-0-571-23231-4, 978-0-571-29819-8 et 978-0-571-23230-7), p. 74.
  7. Jean Bérenger, « Les vicissitudes de l'alliance militaire franco-turque ( », Revue internationale d'histoire militaire, no 68,‎ , p. 7–50 (14), repris dans Daniel Tollet (dir.) (préf. Lucien Bély), Guerres et paix en Europe centrale aux époques moderne et contemporaine : Mélanges d'histoire des relations internationales offerts à Jean Bérenger, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, coll. « Mondes contemporains », , 662 p. (ISBN 2-84050-258-5), p. 297–329 (303) [lire en ligne].
  8. Fabienne Manière, «  : Barberousse s'invite chez François Ier », sur Herodote.net, (consulté le ).
  9. (en) Harold Lamb (en), Suleiman the Magnificent : Sultan of the East, Garden City, Doubleday, , 370 p. (LCCN 51009932), p. 230 [lire en ligne].
  10. (en) Robert Elgood, Firearms of the Islamic World : In the Tareq Rajab Museum, Kuwait, Londres et New York, I.B. Tauris, , 240 p. (ISBN 1-85043-963-X), p. ???[réf. incomplète] [lire en ligne].
  11. (en) Stanley M. Leathes (en), chap. III « Habsburg and Valois (II) », dans Lord Acton (proj.), Adolphus W. Ward (dir.), George W. Prothero (dir.) et Stanley M. Leathes (dir.), The Cambridge Modern History, vol. II : The Reformation, Cambridge, Cambridge University Press, , p. 77 [lire en ligne].
  12. « Patrimoine numérique. Catalogue des collections numérisées », sur www.numerique.culture.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]