Gordyène

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La Gordyène, Gorduène, Corduène, Cordyène, Cardyène, Carduène, Korduène, Gordiane, Kordchayk ou Korčayk’ (en kurde: Kardox, en arménien : Կորճայք, en syriaque Beth Qardu, en hébreu : קרטיגיני[1]) est une ancienne région du nord de la Mésopotamie située dans l'est de l'actuelle Turquie (province de Şırnak).

Histoire[modifier | modifier le code]

Son nom, ainsi que celui de ses habitants antiques, les Kardukhiens (que les Kurdes actuels revendiquent comme ancêtres[2]) signifie « nomades des pâturages, campant sous des tentes »[3].

Sujets de l'Urartu, les Kardukhiens entrent dans la sphère d'influence achéménide au VIe siècle av. J.-C., puis séleucide et ensuite parthe. Au début du Ier siècle av. J.-C. sous Tigrane II, la Gordyène est intégrée au royaume d'Arménie puis, après la défaite de Tigrane devant Lucullus puis Pompée, à Rome (de -65 jusqu'en +37), avant de revenir sous le contrôle des Parthes (37-47)[4].

Puis, le pays appartient à Rome (47-252), avant de revenir aux Sassanides (252-287).

En 298 par le traité de Nisibe, Dioclétien l'incorpore à l'Empire romain. En 363, Jovien doit toutefois la céder au roi sassanide Shapur II ; elle reste dans le giron sassanide jusqu'en 578, année pendant laquelle Maurice Ier l'incorpore à l'Empire byzantin. Elle est ensuite conquise par les Arabes en 640.

Province arménienne[modifier | modifier le code]

Les quinze provinces de l'Arménie majeure, avec la Gordyène au sud.

Selon le géographe arménien du VIIe siècle Anania de Shirak, la région était la sixième province de l'Arménie historique[5] (même si l'antique royaume n'a été contrôlé par l'Arménie que pendant environ 250 ans[6]), l'un des quatre bdeshkhs (« marche ») du royaume arménien[7]. Elle était divisée en 11 districts ou cantons (gavar, գավառ)[8] :

  • Korduk’ (Կորդուք) ;
  • Kordrik’ Verin (« Haut-Kordrik », Կորդիք վերին) ;
  • Kordrik’ Miǰin (« Moyen-Kordrik », Կորդիք միջին) ;
  • Kordrik’ Nerk’in (« Bas-Kordrik », Կորդիք ներքին) ;
  • A[yr]truank’ (Այտվանք) ;
  • Aygark’ (Այգասք) ;
  • Mot’ołank’ (Մոթողանք) ;
  • Orsirank’ (Որսիրանք) ;
  • Kart’unik’ (Կարթունիք) ;
  • Čahuk (Ճահուկ) ;
  • Ałbak P’ok’r (« Bas-Ałbak », Աղբակ Փոքր).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Efraim Elimelech Urbach, I. Abrahams, The Sages, 1089 pp., Magnes Press, 1979, (ISBN 965-223-319-6), p.552
  2. Karnamak Ardashir Papakan and the Matadakan i Hazar Dastan. G. Asatrian, Prolegomena to the Study of the Kurds, Iran and the Caucasus, vol. 13, (DOI 10.1163/160984909X12476379007846, lire en ligne), p. 1–58 : « Generally, the etymons and primary meanings of tribal names or ethnonyms, as well as place names, are often irrecoverable; Kurd is also an obscurity » ; « It is clear that kurt in all the contexts has a distinct social sense, “nomad, tent-dweller”. It could equally be an attribute for any Iranian ethnic group having similar characteristics. To look for a particular ethnic sense here would be a futile exercise. » ; p. 24: « The Pahlavi materials clearly show that kurd in pre-Islamic Iran was a social label, still a long way off from becoming an ethnonym or a term denoting a distinct group of people. »
  3. Article de l'Encyclopedia Britanica (1911) sur [1]
  4. Articles de l'Encyclopedia Britanica (1911) sur [2] et Parthian City Index
  5. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat, (1re éd. 1982), 991 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 43.
  6. (en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian People form Ancient to Modern Times, vol. I : The Dynastic Periods: From Antiquity to the Fourteenth Century, Palgrave Macmillan, 2004 (ISBN 978-1403964212), p. 15.
  7. (en) Richard G. Hovannisian (dir.), op. cit., p. 16.
  8. (en) Robert H. Hewsen, Armenia: A historical Atlas, The University of Chicago Press, Chicago et Londres, 2001 (ISBN 0-226-33228-4), p. 102-103.