Féraud (évêque de Gap)
Évêque de Gap (?) | |
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Pons II de Mevouillon (?) ou Laugier de Nice (?) |
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Féraud, dit de Die, † v. /44, est évêque de Gap de la première moitié du XIe siècle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines incertaines
[modifier | modifier le code]Les origines de Féraud[1] ne sont pas précisément connues. Joseph Roman (Histoire de la ville de Gap, 1892) le nomme Féraud de Die[2].
Sa filiation repose notamment sur l'interprétation d'un acte du Cartulaire de Cluny, no 2779, daté du [3]. Ce document mentionne deux frères, Laugier/Léger et Pons (Leodegarius et Poncius), déterminés à se faire moines à Cluny, et faisant un don à l'abbaye de Cluny de la moitié du castrum d'Altonum (Albon), dans le diocèse de Die, et des dépendances, avec le consentement de six autres frères, dont Féraud (domni Feraldi), — Pierre dit de Mirabel, évêque de Vaison (domni Petri episcoporum), Arnoux/Arnoul/Arnulfe (domni Arnulfi), Geraud/Gérard/Giraud (domni Geraldi), Raoul/Roux/Rodolphe (domnique Rodulfi) et Raimbaud (domni Raimbaldi) —, qui obtiennent en contrepartie des alleux[3].
Deux hypothèses sont développées à partir de cet acte concernant l'origine de ces frères.
La première considère que Laugier/Léger serait Laugier, dit de Nice, mari d'Odile (Poly, 1976[4] ; Estienne, 2004[5] ; Varano, 2011[6]). Selon cette interprétation, Féraud pourrait être le frère de Laugier et ainsi le fils de Pons II de Mevouillon (Poly, 1976[4] ; Estienne, 2004[5]).
Une seconde hypothèse le fait fils de Laugier [de Nice] et de l'une de ses deux épouses (Foulon/Varano, 2013)[7]. La Gallia christiana novissima (1899-1920) indiquait ainsi « fils de Laugier, riche et puissant seigneur des Alpes »[8]. Les auteurs indiquaient que sa mère n'est pas Odile, mais plus probablement Richilde première épouse de Laugier[8]. L'historien Jules Chevalier (1897) avançait lui aussi qu'il était le fils de Laugier, mais issu d'Odile (Odila)[9].
Enfin, une autre hypothèse le dit fils d'Ismidon. Caïs de Pierlas (1885) parlait d'Ismidon de Royans, dit le vieux, et d'Alloy, dame de Royans[10],[11],[12], tandis que Manteyer (1908) avançait l'hypothèse qu'il soit l'un des trois fils — Bermundus, Feraldus et Logerius — d'Ismidon [de Valence ?][13].
L'archéologue médiéviste Marie-Pierre Estienne (2004), reprise par les travaux d'Eliana Magnani (2005), considère qu'il pourrait appartenir à la branche des Mirabel des Mévouillon[5],[14].
Épiscopat
[modifier | modifier le code]Depuis le , et la reconquête sur les Sarrasins, l'évêque de Gap a la souveraineté sur la ville. Dès cette date, les seigneurs vainqueurs des envahisseurs font des dons aux églises, monastères et abbayes. Ils ne font parfois que restituer des biens qui viennent de leur être donné pour leur participation à la libération, mais qui appartenaient à l'Église avant la conquête des Alpes par les musulmans.
Féraud est cité pour la première fois comme évêque dans un document en 1010[2],[14]. Une « dédicace par Féraud, évêque de Gap, de l'église de Saint-André-lès-Gap, fondée par Adalard et sa femme Frodina, qui lui ont donné des revenus suffisants pour entretenir un prêtre »[15],[2],[14]. Cette date est retenue pour le catalogue épiscopal, notamment par la Gallia christiana novissima[8] ou encore la liste publiée par le diocèse de Gap et d'Embrun[16]. Plus récemment, Denyse Riche (2000) donne pour début d'épiscopat l'an 1000[17], et Eliana Magnani (2005) l'année 1003[14].
C'est lui qui, dans un acte de 1023, inféode aux Mison la vicomté de Gap. Féraud donne plusieurs domaines dans la région du Mont-Ventoux[18].
Féraud est présent à une donation faite en 1024 au monastère de Saint-Victor, par Bertrand, comte de Provence. En cette même année, le souverain pontife Benoit VIII écrit à Féraud, ainsi qu'à plusieurs autres évêques pour les inviter à faire rendre à l'abbaye de Cluny les biens dont quelques seigneurs s'étaient emparés.
Cinq ans plus tard, il fait une donation en faveur de l'abbaye de Cluny, le , de l'église de Saint-André-près-de-Gap[2],[17],[14] et d'une portion de la ville de Gap[19].
En 1030, il donne à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, l'église de Saint-Geniez-de-Dromon[20].
En , il est à Marseille, dans le monastère de Saint-Victor, quand le comte Bertrand cède à celui-ci deux propriétés de Pierrefeu et Forcalqueiret. Le , il est à Sarrians, auprès des comtes de Provence Geoffroy et Bertrand, et il assiste au don que ces princes font à l'ordre de Cluny de leur domaine de Septfonds.
À la fin de sa vie, face à la déliquescence du pouvoir, il partage avec le futur comte Guillaume Bertrand de Provence la ville de Gap[2],[21]. Le partage n'est pas sans conséquence et créé des tensions entre les deux parties. Un accord est trouvé vers 1044 avec son successeur, Rodolphe[2].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- On trouve dans les retranscriptions médiévales et conotemporaines les formes : Feraud, Feroald, Ferold, Ferald, Faroald, Farald, Farold, Faraud, Férandus, etc.
- Joseph Roman, Histoire de la ville de Gap, Gap, J.-C. Richaud, , 374 p. (lire en ligne), p. 17-18, 260. Réédition : Joseph Roman, Petite Histoire de la Ville de Gap des origines au XIXe siècle, Editions des Régionalismes, , 244 p. (ISBN 97828-2-405-458-2, lire en ligne), p. 20-21, 181.
- Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny. Tome troisième - 987-1027, Paris, Imprimerie nationale, 1876-1903 (lire en ligne), pp. 802-804, no 2779.
Acte no 1653 dans Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France (« Charte Artem/CMJS no 1653 »), Cédric Giraud, Jean-Baptiste Renault et Benoît-Michel Tock, éds., Nancy : Centre de médiévistique Jean Schneider ; éds électronique : Orléans : Institut de recherche et d'histoire des textes, 2010. (Telma). (en ligne). - Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne), p. 78, 94-95.
- Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN 978-2-82182-761-5, lire en ligne), p. 32, 39-42 (voir aussi [PDF] en ligne).
- Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]), p. 217).
- Jean-Hervé Foulon, Mariacristina Varano, « Réforme et épiscopat en Provence. Étude comparée des cas de Gap et de Sisteron au milieu du XIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 48, , p. 311-342 (lire en ligne).
- Joseph-Hyacinthe Albanès, complété, annoté et publié par le chanoine Ulysse Chevalier, Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France d'après les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican et les archives locales — Tome premier : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron, Montbéliard, 1899-1920 (lire en ligne), p. 464-465.
- Jules Chevalier, Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de Valentinois et de Diois. Tome Ier, Les anciens comtes de Die et de Valence, les comtes de Valentinois de la maison de Poitiers, Paris, , 477 p. (lire en ligne), p. 177-178.
- Caïs de Pierlas, Le XIe siècle dans les Alpes-Maritimes, études généalogiques, Turin, Hermann Loescher, , 110 + II (lire en ligne).
- Joseph Berge, Les erreurs de l'histoire. Origines rectifiées de maisons féodales. Concerne les comtes de Provence, les princes d'Orange, les d'Adhémar de Monteil, les Poitiers-Valentinois, les vicomtes de Marseille et la maison de Baux, Menton, éd. France-Riviera, , 257 p..
- Édouard Baratier, Georges Duby, Ernest Hildesheimer, Atlas Historique : Provence, Comtat Venaissin, Principauté de Monaco, Principauté d'orange, Comté de Nice, Paris, A. Colin INIST-CNRS, , Cote INIST : S 6285 et H&G, n°120, 217.
- Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne), p. 359.
- Eliana Magnani, « Cluny, Saint-André de Gap, le Dévoluy. L'implantation clunisienne en Haute-Provence – milieu Xe-XIe siècle », dans Dominique Rigaux, Gisella Cantino Wataghin, Regards croisés sur le Dévoluy. Cultures et sociétés dans les pays alpins, CNRS-MSH Alpes, (lire en ligne [PDF]), p. 101-119.
- Analyse. Bibl. nation., mss. lai. 12,659, p. 353. Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Grenoble, Gap, etc., t. H, p. 257.
- « Liste chronologique des évêques » [PDF], sur diocèse de Gap et d'Embrun (consulté en ), p. 2.
- Denyse Riche, L'ordre de Cluny à la fin du moyen âge le vieux pays clunisien, XIIe – XVe siècles, Publications de l'Université de Saint-Étienne, , 765 p. (lire en ligne), p. 113-116.
- Guy Barruol, Les Peuples préromains du Sud-Est de la Gaule : étude de géographie historique, E. de Boccard, 1969, p.237n.
- Joseph Roman, Tableau historique du département des Hautes-Alpes, A. Picard (Paris), tome II, p. 3.
- Édouard de Laplane, Histoire de Sisteron tirée de ses archives, Vve A. Guichard, 1845, Notes sur l'article : Vol. 1, p. 424.
- Henri Pécout, Études sur le droit privé des hautes vallées alpines de Provence et de Dauphiné au Moyen-âge. Documents inédits, Paris, Larose et Tenin, , 282 p., p. 13.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Joseph-Hyacinthe Albanès, complété, annoté et publié par le chanoine Ulysse Chevalier, Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France d'après les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican et les archives locales — Tome premier : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron, Montbéliard, 1899-1920 (lire en ligne), p. 464-465.
- Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349, Impr. valentinoise, 1912-1926. (volumes présents sur gallica.bnf.fr, lire en ligne).
Articles connexes
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