Fontaine d'Adam et Ève (Riom)

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Fontaine d'Adam et Ève
Fontaine d'Adam et Ève
Présentation
Destination initiale
Fontaine publique
Style
Construction
Milieu du XVIIe siècle
Commanditaire
Ville de Riom
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune
Adresse
rue Sirmond
Coordonnées
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La fontaine d'Adam et Ève est une fontaine située dans le centre-ville de Riom en Auvergne, rue Sirmon. Elle est réalisée avec pour matériau de construction la pierre de Volvic.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1277, l'abbé de Mozac, Pierre de la Ferté Chauderon, a concédé in perpetuum aux consuls de Riom le droit d’exploitation de la source de Dragonescha située à Saint-Genès-l’Enfant (Malauzat, 63) pour l'alimentation en eau de la ville de Riom pour 140 livres tournois[2]. L'article de Matthieu Perona indique que des éléments de canalisation en terre cuite ont été retrouvés montrant que d'importants travaux d'adduction d'eau à la fin du XIIIe siècle. La source était probablement proche de la pisciculture Saint-Genès où il y a une petite maison en pierre de Volvic, la chapelle des eaux, sur le tympan de laquelle a été sculpté le blason de la ville de Riom avec une date : 1654. En 1644, le circuit d'alimentation des fontaines de la ville est réaménagé, probablement à la suite de la grande peste de 1631. Il n'y a alors que quatre fontaines dans la ville[3]. Les conduites de l'aqueduc amenant l'eau de la source de Dragonescha sont remplacées par de la pierre de Volvic. La fontaine a été construite au milieu du XVIIe siècle après cette réalisation. Son édification a été attribuée au sculpteur Jean Languille[4], ou à son fils Guillaume. La fontaine a été restaurée en 1714.

Le père mariste Jean Bonnet a dénombré 62 fontaines en 1796 dans une étude sur les Fontaines riomoises[5]. *

Protection[modifier | modifier le code]

La fontaine d'Adam et Ève a été classée au titre des monuments historiques le [1].

Présentation[modifier | modifier le code]

Elle se rattache au style de la Seconde Renaissance inspirée de l'Italie bien qu'elle ait été réalisée au milieu du XVIIe siècle.

La fontaine est plaquée contre le mur d'une maison à l'angle de la rue Sirmond et de la rue Gomot. Elle doit son nom « d'Adam et Ève » au couple présenté sous la forme deux cariatides formant deux pilastres et représentant un torse d'homme nu, l'autre un torse de femme nue, qui ont les bras croisés sur leur poitrine. Cependant, ce nom qui lui a été attribué par la population n'est pas correct car le premier homme et la première femme possèdent une caractéristique qu'ils ne pouvaient avoir : un nombril. Les torses des cariatides sont posées des gaines ornées d'une guirlande de fruits s'appuyant chacun sur un socle. Les cariatides supportent une partie d'entablement avec l'amorce d'un fronton. Entre les deux socles se trouvent le bassin de la fontaine. Au-dessus du bassin, l'eau s'écoule par une tête d'égipan, et le trop-plein par les oreilles.

Un cartouche se trouve au-dessus de la tête d'égipan dans lequel a été gravée une inscription latine qui a donné lieu à plusieurs interprétations :

NUNC BIBE
QUI NONDUM POTERAS MIHI CREDERE NYMPHAE
SI TIBI NULLA FIDES, NON MIHI NULLUS AMOR
RES. AN. SALUT. MDCCXIV

Dont la traduction du Père Bonnet est :

Bois maintenant, toi qui ne pouvais pas encore
Croire en moi, la nymphe de cette eau.
Si toi tu n'as pas confiance
Moi je ne suis pas sans amour.
Restaurée l'an de grâce 1714

Le Père Bonnet a expliqué ces vers sibyllins. Avant l'installation de cette fontaine, l'eau utilisée était tirée des puits dont l'eau était plus ou moins polluée. En 1631, et les années suivantes, Riom est ravagée par la peste. En 1645, l'eau de Saint-Genest-l'Enfant est captée amenant à Riom de l'eau pure et potable qu'on pouvait boire sans risque. C'est le sens des paroles qu'adresse la nymphe au voyageur.

Au-dessus, se trouve un cartouche aux armes de Riom qui sont représentées avec deux étoiles[6]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Fontaine dite d'Adam et Eve », notice no PA00092271, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Matthieu Perona, « La formation du territoire de Mozac. Des limites médiévales de la justice de l’abbaye à la commune de Mozac », Bulletin Historique et Scientifique de l’Auvergne, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, t. CXVIII, no 1,‎ , p. 107-108 (lire en ligne)
  3. Renaud 2007, p. 33
  4. Note : Jean Languille est un sculpteur ayant travaillé au château d'Effiat en 1631. On trouve dans le Registre des délibérations communales de Riom du  : « un nommé Languille, maître sculpteur, dezire se retirer en cette ville pourveu qu'on le traite doucement et par forme d'abbonement en ses tailles ». En 1634, on le retrouve au château de Nonette où il assiste deux huissiers riomois dans l'expertise d'une statue qui devait être transportée à Riom (Henri Salveton, « Notice sur un important fragment de statue conservé dans l'église de Nonette (Puy-de-Dôme) », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand,‎ , p. 28-29 (lire en ligne)). On lui attribue, sans preuves, les cariatides et les atlantes de la porte cochère du 36 rue du commerce et de la fontaine d'Adam et Ève, à Riom. Son fils, Guillaume, est cité avec son père comme « maîtres sculpteurs » originaires de Riom dans un prix-fait de 1656 pour la réalisation du retable du chœur de l'église du couvent des Ursulines de Clermont, aujourd'hui dans la cathédrale de Clermont-Ferrand (Dominique Hervier, « Mobilier liturgique dans les églises de Midi-Pyrénées », Bulletin Monumental, t. 173, no 4,‎ , p. 385 (lire en ligne)). Il est associé en 1648 avec l'architecte Jacques Pothier pour le chantier de reconstruction du dôme de l'église Notre-Dame du Marthuret. Benoît Languille, son second fils ou son petit-fils, n'est plus mentionné que comme tailleur de pierre quand il est adjudicataire de travaux au palais de Riom, en 1688 (Bénédicte Renaud, Riom. Une ville à l'œuvre. Enquête sur un centre ancien - XIIIe et XXe siècles, Lyon, Éditions Lieux Dits, (ISBN 978-2-914-528-38-2), p. 158-159, 179 notes 559, à 561).
  5. Abbé Jean Bonnet, Fontaines riomoises, Riom, Les Amis du vieux Riom, , 3e éd., 48 p.
  6. Note : le remplacement des fleurs de lis par des étoiles date de la révolution de 1830.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Werner, « La fontaine d'Adam et Ève », dans Riom, Chamalières, Éditions Canope, (ISBN 2-906320-11-0), p. 135-136

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]