Christopher Costigan

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Christopher Costigan
Naissance
Dublin
Décès (à 25 ans)
Jérusalem
Nationalité irlandais

Découvertes principales premier explorateur du Jourdain et de la mer Morte
Première expédition Jourdain et mer Morte
Hommage Cap Costigan, sur la mer Morte

Christopher Costigan ou Costigin (Dublin 12 mai 1810 - Jérusalem 7 septembre 1835) était un étudiant en théologie irlandais. Il est connu pour être le premier à lancer l'exploration géographique du Jourdain et de la mer Morte, à la recherche de vestiges bibliques.

Nom[modifier | modifier le code]

Le cap Costigan, sur la mer Morte. Photographie de 1900.

Son nom de famille est en réalité Costigin[1], mais aurait été changé en Costigan dans les années 1840, lorsque l'on baptisera Cap Costigan, en l'honneur de l'explorateur, le promontoire qui divise en deux la Péninsule de Lisan (en) sur la mer Morte[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

Durant l'Antiquité déjà, on disait que rien ne pouvait survivre dans ou sur les eaux de cet espace maritime dans lequel se jette le Jourdain: c'était un lieu entouré par la mort. C'est de là qu'est née l'expression « mer Morte » qui va s'imposer dans les langues européennes : c'était un endroit qui empestait la mort. Et en 1816 encore, deux officiers de la marine britannique, le commandant Charles Leonard Irby et le capitaine James Mangles, étaient prêts à faire le tour de l'étendue d'eau, mais ne voulaient pas s'y aventurer pour sonder sa profondeur ou essayer de comprendre d'où venaient ses minéraux et ses sels[3].

C'est ce contexte qu'il faut avoir à l'esprit lorsqu'on envisage la première exploration reconnue de la mer Morte[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Christopher Costigan naît à Dublin où son père est distillateur et sa mère comptable. Il a étudié la théologie au Maynooth College, dans le but de devenir prêtre[2],[4].

Jourdain et mer Morte[modifier | modifier le code]

La péninsule de Lisan, dont la pointe nord a été appelée Cap Costigan.

Durant ses études, Costigan s'intéresse à la géographie de la Terre sainte, et en particulier aux épisodes que la Bible dit s'être passés sur ou à proximité de la mer morte. Bien décidé à explorer le Jourdain et la mer Morte pour y découvrir des vestiges bibliques — comme les sites de Sodome et Gomorrhe, et celui où Loth fut transformée en statue du sel. C'est ainsi que sans rien connaître à la navigation ni à l'exploration géographique, il s'embarque pour Beyrouth, avant de rejoindre Acre où il arrive en août 1835. Là, il achète un petit bateau et engage un marin maltais pour lui servir d'équipage. Les deux hommes transportent l'embarcation par voie terrestre jusqu'à Tibériade, au bord du lac de Galilée, avec l'intention de descendre le Jourdain jusqu'à la mer Morte. Le moment était cependant mal choisi, car le Jourdain est souvent impraticable pendant la saison sèche du mois d'août, si bien que lui et son compagnon durent à nouveau porter leur bateau à plusieurs reprises. Après huit jours, le Maltais refusa de continuer à naviguer, si bien que Costigan dut se résoudre à gagner la mer Morte par voie terrestre, tout en portant le bateau. Manquant d'eau, les deux hommes arrivent ainsi affaiblis au bord de la mer, en particulier Costigan[2],[5],.

Une fois à la mer Morte, et malgré de maigres réserves d'eau, ils entament leur exploration qui durera sept jours pendant lesquels Costigan réussit à parcourir la mer et à effectuer des sondages de profondeur. Mais n'ayant plus d'eau douce, Costigan boit de l'eau de mer, ce qui renforce encore la déshydratation dont il souffrait.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Pierre tombale de C. Costigan. Le nom de famille (3e ligne) est « Costigin »[Note 1].

Finalement, la très forte fièvre qui le prend l'oblige à renoncer. Son compagnon l'emmène au monastère, tout proche, de Deir Hajla (en). Un prêtre du nom de John Nicolayson le fait transporter à Jérusalem le 5 septembre et admettre dans un hospice franciscain, où on lui diagnostique une hyperpyrexie sévère. Malgré les soins prodigués, il décède le 7 septembre 1835, à l'âge de 25 ans, et il est enterré au cimetière latin du mont Sion[2],[5],[3]. Le registre franciscain porte la notice « Inhumé au mont Sion le 7 septembre 1835, Christopher Kastini [sic], un Irlandais, âgé d'environ 33 ans. » Sa tombe a disparu, mais bien que déplacée, la pierre tombale était encore mentionnée en 1911[4].

En 1935, le géographe et érudit Zev Vilnay (en) chercha la pierre tombale, mais sans succès. Ce n’est qu’après la Guerre des Six Jours qu’il a retrouvé la pierre tombale, abandonnée dans le cimetière. La pierre tombale a alors été nettoyée et fixée au mur du cimetière[6]. En 2003, elle a été déplacée dans la cour du complexe franciscain de la Via Dolorosa (station n° 2), et elle est exposée au public depuis 2014.

Postérité[modifier | modifier le code]

Costigan est aujourd'hui considéré comme le premier explorateur européen moderne du Jourdain et de la mer Morte[7], et sa mémoire est commémorée par le nom du cap Costigan, la pointe la plus septentrionale de la Péninsule de Lisan (en) sur la mer Morte, nom donné lors de l'expédition de William F. Lynch en 1848[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Traduction de l'épitaphe: « Arrête-toi voyageur, et lis, non sans larmes ! Cette pierre recouvre Christopher Costigin, troisième fils de Sylvester Costigin de Dublin, un jeune homme talentueux et charmant. À la demande de son père mourant, il étudia au Minewood College en Hibernia (Irlande), excellant dans les disciplines libérles. C'est en voulant voir les Lieux saints, qu'il contracta la fièvre dans la mer d'Asphalte (mer Morte), et fut alors transporté à Jérusalem par un « Bon Samaritain », puis avec grand dévouement, au monastère des franciscains. Il est mort, et il a été enseveli, selon la coutume de l'Église catholique. par les abbés respectés du monastère, en l'année du salut 1835, à l'âge de 25 ans. // Sur son fils bien-aimé décédé en terre étrangère, sa mère bien-aimée, Catharina, a posé cette pierre tombale. Oh, mon fils ! Que la Sion céleste t'accueille, là où il n'y a ni mort ni deuil ni souffrance, mais où règne la joie éternelle. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. Eriksen 1986
  2. a b c et d Colum McCann, Apeirogon, Paris, 10/18, , 646 p. (ISBN 978-2-264-08124-7), p. 351-354; 356-359; 374-378
  3. a b et c (en) Thomas O’Loughlin, « "The unfortunate Costigan", first surveyor of the Dead Sea », History Ireland, vol. 19, no 1,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c (en) C. Costello, « Nineteenth-Century Irish Explorers in the Levant », Irish Geography, vol. 7, no 1,‎ , p. 88-96 (v. p. 92-94) (lire en ligne)
  5. a et b (en) « Dead Sea History – The Ancient Story Behind the Dead Sea », sur deadsea.com (consulté le )
  6. (he) Zev Vilnay, « Comment j’ai trouvé la pierre tombale de Costigan » (יצד מצאתי את מצבת קוסטיגן) in Et tu as aimé ton pays autant que toi (ואהבת לארצך כמוך), Jérusalem, 1975, p. 168-171.
  7. (en) Munther J. Haddadin, Diplomacy on the Jordan. International Conflict and Negotiated Resolution, New York, Springer Science & Business Media, , xx + 535 p. (ISBN 978-0-792-37527-2, lire en ligne), p. 5

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) H. Goren, « Geography of religious traditions. The beginning of scientific study of the Dead Sea », Negev, Dead Sea and Arava Studies, vol. 8, nos 3-16,‎ (lire en ligne)
  • (en) Erik Olaf Eriksen, « The Illness of Christopher Costigin: A Case of Heat Stroke », Dublin Historical Record, vol. 39, no 3,‎ , p. 82-85 (lire en ligne Accès payant)

Articles connexes[modifier | modifier le code]